Depuis le 7 mai, ceux qui ont précommandé Hood: Outlaws and Legends ont pu commencer à s'adonner aux joies du braquage en équipe, en attendant la sortie officielle du jeu de Sumo Digital le 10 mai 2021. Celui-ci s'est déjà montré dans de nombreuses vidéos pour présenter son gameplay à base de deux équipes de 4 joueurs s'opposant pour dérober le trésor détenu dans un bastion protégé par des gardes sous la houlette d'un redoutable Shérif. Chacune des 4 classes jouables a également été détaillée dans des bandes-annonces dédiées. Afin de découvrir par nous-même le résultat de ce titre multijoueur en PvPvE édité par Focus Home Interactive, nous avons donc enfilé nos haillons médiévaux et sommes descendus sur le terrain pour en découdre.
- Genre : Action multijoueur
- Date de sortie : 10 mai 2021
- Plateforme : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series
- Développeur : Sumo Digital
- Éditeur : Focus Home Interactive
- Prix : 29,99 €
- Testé sur : PC
Shérif, fais-moi peur
Bienvenue dans une époque formidable où les riches croulent sous l'or bien à l'abri dans leurs châteaux et où le peuple dévasté par la pauvreté meurt de faim en les regardant. Une situation qui n'a certes pas beaucoup évolué depuis et qui peut pousser à la rébellion. Et c'est à cette tentation que vous allez succomber ici en incarnant un hors-la-loi s'infiltrant avec trois de ses camarades dans un bastion protégé par un implacable Shérif et toute une garnison armée. Votre objectif est de dérober le trésor de l'État pour le redistribuer aux plus démunis, et vous enrichir aussi un peu au passage. Pour cela, vous allez devoir subtiliser discrètement la clé accrochée à la ceinture du Shérif. Mais attention, vu la stature du bonhomme, s'il vous met la main dessus, vous succomberez en quelques secondes seulement. Une fois cette clé en poche, il faut ensuite atteindre la chambre forte pour en déverrouiller la porte et s'emparer du coffre tant convoité. Il ne reste alors plus qu'à le transporter vers un point d'extraction et à le hisser à bord de votre embarcation en tournant une manivelle. Chacun des rangs que vous atteignez vous rapporte un peu d'or, et le sixième vous assure la victoire. Mais ni le Shérif et ses gardes, ni l'équipe adverse de hors-la-loi ne comptent vous laisser faire et chacun tentera de vous en empêcher.
Chaque personnage se distingue par son arme, sa capacité unique, son trait et l'équipement auquel il peut accéder. Robin, le Rôdeur, est efficace à distance grâce à son arc long mais doit éviter autant que faire se peut le corps-à-corps dans lequel il n'excelle pas. Mieux vaut donc pour lui disparaître rapidement une fois repéré. Pour cela, les bombes aveuglantes peuvent être utiles. Sa capacité unique (Clairvoyance) lui permet de tirer une flèche explosive dévastatrice. Marianne, la Chasseresse, est la reine de la discrétion, notamment grâce à sa capacité Voile qui lui permet de devenir invisible aux yeux des gardes et bien difficile à repérer pour les autres joueurs. Grâce à son arbalète, elle peut tirer un puissant carreau ou en charger plusieurs, mais qui perdront en efficacité avec la distance. Ses bombes fumigènes sont un bon moyen de réduire le champ de vision des ennemis. Tooke, le Mystique, est un combattant polyvalent au corps-à-corps avec son fléau qui lui permet d'asséner des frappes de taille ou de rester hors de portée en le lançant sur son adversaire. Grâce à son endurance qui se régénère rapidement, il peut s'avérer un atout de poids dans le groupe, surtout que sa capacité Instinct révèle à son équipe la position des ennemis à proximité tout en soignant les blessures. Quant à son équipement, il prend la forme d'un gaz qui réduit l'endurance et trouble la vision, ce qui handicape bien ceux qui se retrouvent à l'intérieur de la zone. Enfin, John, le Cogneur, est la brute épaisse de la bande. Sa force colossale lui permet de manier un énorme marteau qui le rend particulièrement dangereux au corps-à-corps. Qu'il balaye avec celui-ci ou qu'il vienne vous écraser par le haut, mieux vaut s'en méfier. Sa bombe à rayon d'explosion accroît encore sa capacité de destruction, et lorsqu'il déclenche sa capacité Courroux qui lui octroie davantage de santé et une endurance infinie, il faut faire preuve de bien du courage pour rester à sa portée.
Dans les bois, il y a toujours un Robin
Le point de ralliement de tout ce beau monde est le Repaire, un camp de hors-la-loi où l'on peut s'exercer sur des mannequins, mais aussi accéder à différentes options. Il est ainsi possible de modifier ses armes et ses tenues une fois celles-ci débloquées en atteignant un certain niveau de joueur, de personnage ou de repaire. Outre votre niveau général de joueur, chaque personnage dispose en effet de son propre niveau et le repaire s'améliore grâce au soutien que vous apportez au peuple. Cela dit, on n'observe pas vraiment de changement de celui-ci, tout comme les différentes tenues apportent bien peu de variété, tout juste un liseré qui change de couleur ou quelques plumes rajoutées de-ci de-là, mais rien de véritablement différent. Il en est de même avec les armes. À côté de cela, les graphismes sont plutôt réussis avec quelques effets météorologiques bienvenus, même si l'on regrette que seulement 5 cartes soient actuellement disponibles. D'autant plus que, même si l'époque et le concept le justifient, elles se ressemblent un peu toutes. Davantage d'originalité aurait été appréciable. Pour ce qui est des personnages, en revanche, on ne peut pas dire que les visages soient réussis. Robin et Marianne, avec leurs haillons, masquent le leur respectivement sous une capuche et du maquillage, ce qui permet de faire illusion, mais John montre fièrement le sien et ce n'est pas vraiment une réussite. Seul Tooke, avec son air hautain, tire son épingle du jeu. On reprochera également ici qu'aucun élément de personnalisation, à part les quelques effets sur les vêtements, ne soient proposés. On se retrouve donc tous avec les mêmes personnages, adoptant les mêmes postures. Sur l'écran de matchmaking, lorsque l'on se prépare à passer à l'assaut, on a ainsi l'impression d'être face à des clones.
L'animation des personnages, lors des combats ou de leurs déplacements comme lorsqu'ils enjambent des obstacles ou grimpent aux cordages, est plutôt convaincante. Par contre, les corps qui auraient pu inquiéter les gardes, nous obligeant à les dissimuler par exemple, ne sont pas un soucis puisqu'ils disparaissent rapidement. En même temps, ceux-ci nécessiteraient une petite visite chez l'opticien, voire d'être équipés d'un sonotone. Il est bien proposé de les distraire en sifflant ou en lançant des pierres, mais à quoi bon. De toute façon, nous en reparlerons un peu plus loin, on n'a pas vraiment le temps de s'amuser à ça. Le camp est aussi le lieu où l'on peut consulter les défis proposés afin d'obtenir des récompenses supplémentaires, ainsi que se renforcer grâce à des Atouts. Ceux-ci permettent d'obtenir des bonus au choix afin d'être plus efficace sur le terrain. Mais il faut là encore commencer par les débloquer, et si le premier est gratuit, les suivants doivent se monnayer. Enfin, c'est aussi de là que l'on peut lancer soit des parties d'entraînement qui verront une seule équipe de 4 joueurs se confronter à l'État en PvE coopératif, ou des parties de cambriolages PvPvE avec 2 équipes de hors-la-loi concurrentes. Mais seule cette seconde option constitue le véritable mode de jeu proposé par Hood, l'autre ne servant qu'à se faire la main sans véritable challenge. Notons que 3 niveaux de difficulté sont proposés pour l'IA. Il est possible bien entendu de créer sa propre partie avec ses amis en complétant les slots libres avec du pick-up comme de se lancer seul dans une partie. Mais l'un des gros points noirs du jeu est son matchmaking interminable, alors que le jeu vient tout juste d'être lancé, et qui ne semble pas tenir compte des niveaux de chacun, ce qui peut générer de forts déséquilibres quand les atouts entrent en jeu. Terminons cette partie technique en précisant que les bruitages comme la musique de fond sont de bonne facture, et que les textes sont traduits en français. Les voix, en revanche, restent en anglais, mais cela n'a guère d'importance contrairement au clavier qu'il faut basculer en QWERTY sur PC, à moins de réassigner les touches. Un détail regrettable.
Les légendes ne meurent jamais
Hood: Oultlaws and Legends se présente donc comme un jeu d'infiltration où l'on cherche à se glisser discrètement derrière les lignes ennemis pour s'emparer aux yeux et à la barbe des gardes et du Shérif le trésor qu'ils sont censés protéger. Sur le papier, cela parait intéressant, sauf que, en dehors des parties entraînement, ça ne se passe pas vraiment comme cela. En effet, en PvPvE, le but étant d'être le premier à mettre la main dessus et à vite s'enfuir avec, on n'a pas trop de temps à perdre avec les gardes. Surtout qu'en courant un peu, on les laisse derrière nous. Du coup, en dehors du moment où l'on cherche à extraire le coffre et qu'il faut défendre notre position, on ne se soucie guère de les alerter, même si cela génère la fermeture des herses et l'appel de renforts. Il reste bien la quête des 6 bijoux de chaque carte en éliminant sans se faire repérer des gardes pour avoir une chance de tomber dessus, mais bon. Au niveau du combat, il y a les classiques attaques légères et lourdes qui consomment de l'endurance, qu'il faut penser à laisser se régénérer pour ne pas se retrouver à court. Celle-ci permet également de parer les coups ou encore de tourner la manivelle plus rapidement. Et attaquer en pleine course déclenche un saut avant de frapper. Par contre, impossible d'attaquer ou de se défendre si l'on a le coffre dans les mains, il faut le poser dans ce cas-là. Et pour pouvoir utiliser la capacité spéciale d'un personnage, encore faut-il avoir au préalable rempli sa jauge en exécutant joueurs ou gardes. Celle-ci étant un bon moyen de prendre l'avantage, il est conseillé d'y recourir le plus possible. Notons qu'en cas d'alerte, les capacités ne peuvent pas être utilisées et que la jauge ne se remplit plus.
John est le personnage le plus facile à utiliser du fait de sa force et de son marteau qui ne nécessite pas de trouver des munitions, contrairement à l'arc de Robin et à l'arbalète de Marianne. De plus, il est le seul à pouvoir soulever les herses pour pouvoir passer et il est capable de transporter le coffre et de tourner la manivelle plus rapidement que les autres. Le fléau de Tooke ne nécessite pas non plus de munition, mais son maniement un peu plus ardu en fait le personnage le plus délicat à gérer. Pour ce qui est des bombes, en revanche, chacun se doit d'en trouver pour pouvoir les utiliser. De manière générale, les combats ne nous ont pas particulièrement enthousiasmé. Nous avons en effet trouvé ceux-ci assez approximatifs. Le level design des cartes offre par contre pas mal de possibilités. Déverrouiller les portes ou encore déployer des cordes d'en haut ou en tirant dessus d'en bas permet notamment de créer des raccourcis. Et si la coordination de l'équipe est importante, la revendication des points de capture l'est tout autant. En effet, en cas de décès, chaque joueur peut réapparaître au point de capture de son choix, à condition que celui-ci ait été conquis par son équipe. Plus il sera éloigné et plus il faudra de temps pour revenir. Celui qui se trouve proche du point d'extraction est donc primordial. Par contre, en PvP, cela se transforme rapidement en rush bête et méchant depuis le point d'extraction. La mort n'a en effet que bien peu d'importance et c'est dommage. Sans doute aurait-il été mieux de limiter le nombre de vies ou d'imposer des temps de respawn de plus en plus longs pour inciter à accorder un peu d'importance à sa vie. Et pourquoi le Shérif et ses gardes se contentent-ils de vouloir nous exterminer sans jamais chercher à récupérer le trésor ?
Aussi imposant et dangereux qu'il soit, le Shérif, avec sa vitesse de déplacement inversement proportionnelle à sa taille et à son poids, peut facilement être mis à genoux, soit avec une bombe, soit en enchaînant les dégâts à distance. Et même s'il n'est que momentanément assommé, cela laisse toujours un peu de répit. Quoi qu'il en soit, si le titre de Sumo Digital peut s'avérer amusant un après-midi, le temps de sa découverte, son mode de jeu unique avec toujours le même objectif risque de lasser rapidement, surtout compte tenu de son manque de contenu. Il ne faut ainsi que quelques heures pour avoir l'impression d'avoir tout vu. Une campagne solo permettant de donner corps au lore et de découvrir chacun des personnages aurait par exemple été bienvenue. Surtout que le lore existe, puisqu'en accumulant les victoires avec chaque héros, on découvre sa légende avec à la clé un vêtement légendaire au bout de 35 victoires. Alors bien sûr, des mises à jour devraient venir enrichir le gameplay avec de nouveaux modes de jeu, des événements pour la communauté et de nouveaux éléments de cosmétique tout au long de la première année. La roadmap qui a été divulguée annonce en effet 4 saisons à thèmes, mais seule Litha, la première qui sera rapidement déployée, est entièrement gratuite, les trois autres nécessitent d'acheter le Year One Battle Pass à 24,99€ pour bénéficier de tout le contenu, à moins d'avoir opté dès le départ pour la Year One Edition à 49,99€. Mais cela nous paraît tout même bien cher pour ce que le jeu a à offrir et quelques cosmétiques supplémentaires. Hormis le PvP, il nous fait en effet penser au mode multijoueur de Ghost of Tsushima, sauf que celui-ci est bien plus complet, varié et fun, tout en étant gratuit. Surtout que si Litha apportera notamment une nouvelle carte intitulée Mountain avec de longues lignes de vue rendant compliquée la traversée des ponts étroits reliant les deux zones de la carte, ainsi qu'un nouveau mode de jeu sanglant, les 3 autres saisons (Samhain, Yule et Ostara) semblent surtout se focaliser sur des éléments cosmétiques. Eidaa, une nouvelle hors-la-loi, fera toutefois son apparition au cours de la deuxième saison.
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