La licence Bravely Default a déjà 7 ans. Après un premier épisode qui avait réussi, à sa manière, à combler de nombreux amateurs de J-RPG classiques grâce à quelques bonnes idées et un parti-pris scénaristique pour le moins déroutant, puis un End Layer qui recyclait déjà pas mal son ainé, voici venir Bravely Default 2, le véritable second épisode canonique de la licence. Découvrez ce que nous avons pensé de ce nouveau RPG jap' exclusif à la Switch de Nintendo.
- Genre : J-RPG
- Date de sortie : 26/02/2021
- Plateforme : Nintendo Switch
- Développeur : Claytech
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 44,49€ disponible sur Amazon
- Testé sur : Switch
Quêtes et requêtes
Cela fait maintenant plusieurs années que Square Enix est à la recherche d'un studio capable de produire des expériences dignes de leurs jeux cultes de l'ère 16-bits, produits avec des ingrédients simples rappelant les premiers Final Fantasy. On se souvient de I Am Setsuna, ou plus récemment de Lost Sphear par Tokyo RPG Factory, mais ils sont bien loin du graal rétro que de nombreux amateurs de RPG japonais recherchent. Chez SE, la licence la plus proche du but, c'est finalement Bravely Default, réalisée par Silicon Studio, déjà à l’œuvre sur Final Fantasy : The 4 Heroes of Light sur DS. Grâce à ses mécaniques qui venaient renouveler intelligemment le tour par tour et son dérivé du système de jobs des FF, le titre est sorti sur 3DS à un moment où la pénurie de J-RPG à l'ancienne se faisait clairement sentir. Aujourd'hui, cinq ans après la parution de "End Layer", le contexte a quelque peu changé et l'arrivée de Bravely Default 2 sur Nintendo Switch n'est plus celle du "messie" qui va redorer le blason des prod jap de ce type : de l'eau a coulé sous les ponts et ces dernières se portent désormais très bien, merci la scène indépendante. Si l'on prend la peine de vous raconter tout ça, c'est parce que BD2 tombe dans les travers du jeu qui veut faire "comme les bons vieux RPG jap d'antan" mais ne prend pas la peine de corriger leurs défauts.
Ainsi, le synopsis n'étonnera personne : un héros amnésique rencontre "par hasard" deux mercenaires qui explorent le monde et une princesse déchue en quête de 4 cristaux primordiaux, nécessaires au bon équilibre du monde. Ensemble, le quatuor va alors partir en quête des pierres et en profitera, tant qu'à faire, pour régler les soucis de chaque royaume qu'il visitera. La suite, on ne vous la fait pas et puis on entrerait rapidement dans le domaine du spoiler, toutefois tout est cousu de fil blanc et si vous avez terminé Bravely Default premier du nom, vous vous demanderez si vous n'avez pas un remake de ce dernier entre les mains. Côté dialogues, l'écriture enfantine permet au jeu d'aller à l'essentiel et de dérouler son scénario de manière efficace mais totalement classique : sur la première trentaine d'heures de jeu, BD2 va vous resservir exactement la même structure à chaque chapitre, comprenant deux donjons et l'obtention de nombreuses Astérisk, sur lesquelles nous reviendrons un peu plus bas. Ce nouvel opus a tout de même pour lui un ton un peu plus mature, malgré cette patte "innocente" et l'ennemi n'hésite pas à massacrer de nombreux quidams pour parvenir à ses fins. Un petit mot tout de même sur les quêtes annexes : à part quelques exceptions qui permettent d'en apprendre plus sur l'un de nos 4 héros, le jeu est blindé de missions Fedex indigentes, que vous finirez par laisser sur le bas-côté tant elles confinent à l'ennui et nuisent au rythme de l'aventure.
Pas de Brave, pas de chocolat
Bravely Default 2 reprend exactement les mêmes mécaniques que ses prédécesseurs, avec quelques petits réglages en combat et surtout des astérisk inédites. Ces pierres permettent à son porteur de changer de classe et donc de compétences : plus il combattra équipé d'une astérisk, plus son set de compétences va s'agrandir et lui donner accès à des techniques de plus en plus craquées. En plus du job principal, qui va prendre les points dédiés normalement, chaque héros de la lumière peut se voir attribuer une classe secondaire, qui n'évoluera pas, mais qui octroiera tout de même ses pouvoirs en complément de la classe principale. Avec un nombre d'astérisk assez important, et certains jobs très originaux, il est vraiment possible de se faire plaisir et d'expérimenter les combinaisons de classe pendant des heures et des heures de farm. Ce système est LE point fort de la série et le bouchon est poussé encore un peu plus loin avec ce second épisode : monter ses classes à la recherche du quatuor ultime peut rapidement devenir addictif et vous poussez à enchainer les combats sur la mappemonde ou en donjon. Donjons qui, par ailleurs, sont tout à fait anecdotiques et ne sont finalement que des labyrinthes de plus en plus complexes poussant à toujours plus de combats aléatoires : là encore, du classique, mais du classique ennuyeux. On note tout de même quelques efforts pour rendre les longues sessions de leveling un brin plus intéressantes : de nombreux objets vont vous permettre de déclencher des combats groupés à peu près n'importe où, ces derniers offrant un bonus de points de classe bienvenu. Dans le même ordre d'idée, les trash trop bas niveau pour vous fuiront lorsque vous les approcherez, très pratique pour faire le tri et s'épargner les combats inutiles.
Sur le champ de bataille, on retrouve les mécaniques de Brave et Default, déjà expliquées dans notre preview du jeu : grâce à elles, il est possible de réserver ou de prendre un crédit de tours afin d'exécuter plusieurs actions en une seule fois. Cela apporte un petit twist sympathique aux combats au tour par tour et une couche supplémentaire de stratégie lors des combats de boss souvent ardus. En effet, les rencontres majeures vont vous demander d'avoir vos jobs au bon niveau et des personnages correctement préparés, sous peine de vous prendre une cuisante défaite. Et encore, même si tous ces ingrédients sont réunis, attendez-vous à des affrontements particulièrement longs. C'est peut-être d'ailleurs la seule chose que l'on pourrait reprocher aux combats de BD2 : ils s'étendent beaucoup trop dans le temps, même ceux contre les ennemis lambdas. L'épopée de nos 4 héros élus des cristaux devrait de toute façon vous tenir au corps pendant plus de cinquante heures, bien plus si vous prenez la peine d'écumer ses dizaines de quêtes annexes (inintéressantes pour la plupart, rappelons-le).
Poupée ruse
C'est pas franchement jojo. Sorti des royaumes visités et leur effet "peint à la main" très réussi, le jeu manque affreusement de charme : le character design chibi, qui passait très bien sur 3DS grâce au celshading, est particulièrement disgracieux sur les modèles 3D de ce second épisode. Les balades sur la carte du monde sont du même acabit, avec de l'aliasing à tous les étages et un framerate asthmatique en docké. En monde portable, les choses vont un peu mieux et l'ensemble est "regardable", mais diantre, qu'il est difficile de s'attacher ne serait-ce qu'un peu à l'univers du jeu tant l'ensemble est sommaire. Le bestiaire, plutôt bien modélisé, se tape des color-swap dès les premières zones, sans complexes : vous reverrez inlassablement les mêmes types d'ennemis avec une teinte différente et un ou deux inédits, aux designs complètement hors sujet pendant toute la durée du jeu. Même constat pour l'OST, pourtant sublime et entrainante dans le premier Bravely Default : la grande majorité des pistes ne prend tout simplement pas, avec l'horrible impression que tout a été composé et enregistré à la va-vite, impression qui va finalement de pair avec notre impression finale au sujet de BD2.