Après le succès retentissant de Persona 5 et de sa version Royale, la saga d'Atlus a remporté l'adhésion de milliers de fans supplémentaires. Alors, lorsqu'un nouveau projet annexe issu de l'épisode a été annoncé par l'éditeur japonais, cela n'a surpris personne, du moins dans un premier temps. Car le trailer accompagnant l'annonce laissait clairement entendre que le tour par tour avait été mis au placard pour un genre diamétralement opposé : le beat them up, plus communément appelé musou. Développée par Omega Force, cette suite directe aux événements de P5 va vous faire traverser le pays en quête des désirs viciés de la population japonaise, tout un programme !
- Genre : Beath Them Up
- Date de sortie : 23/02/2021
- Plateforme : PC, Switch, PS4
- Développeur : Koei Tecmo
- Éditeur : Atlus
- Prix : 59,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Desireless
Tout commence par un échange de SMS : épuisés par leur hobby de Voleurs Fantômes, les membres du groupe de Persona 5 se disent qu'une petite virée estivale serait particulièrement bienvenue. Comme vous vous en doutez, rien ne va se passer comme prévu et s'il s'agira bien d'un road trip à travers le Japon, les lycéens n'auront pas forcément l'occasion de jouer les touristes : de nouvelles menaces capturant les désirs des habitants du Japon ont fait leur apparition, et c'est la petite troupe qui va devoir se charger de remettre les choses dans l'ordre, sous la tutelle d'un mystérieux inspecteur de police. Dites au revoir au métavers et aux palais, dans Strikers les héros sont bons pour s'enfermer dans les prisons psychiques des instigateurs de ces larcins de désir.
Un point de vue inédit sur le papier, qui ne change finalement pas grand chose en pratique : il s'agira toujours d'écumer des donjons thématiques afin de provoquer un changement radical dans le comportement des cibles des Voleurs Fantômes. Chaque nouvel acte, et donc lieu visité, est tout de même l'occasion d'en apprendre davantage sur les membres du groupe, même si la redondance avec les thèmes abordés dans le premier jeu est trop prégnante. Cela n'empêche en rien de profiter des nouvelles aventures de ce Scooby Gang d'un genre nouveau, à la poursuite des désirs dérobés. Mention spéciale, d'ailleurs, aux nouveaux ajouts du casting, Sophia et surtout Zenkichi le flic zélé, particulièrement classe et bien écrit : ce sont eux qui permettent à P5S d'être abordé comme une véritable suite et non comme un épisode 1.5 plein de bonne volonté, mais au schéma narratif déjà-vu dans le jeu d'origine.
Soupe musou
Pour une "suite", les changements opérés sur le gameplay sont pour le moins radicaux : d'un tour par tour ultra-soigné aux innombrables options de confort, on passe sur un jeu d'action bien bourrin, développé par les papas des piliers du beat them up de masse. Avec Strikers, Omega Force se la joue cependant plus fine que d'habitude et si vous aurez bien entendu l'occasion de balayer des dizaines de streums en quelques coups de dague, le jeu réussit tout de même à intégrer toutes les subtilités qui font la force des Persona dans un jeu d'action, ce qui est tout de même un petit tour de force. Ainsi, en plus de leurs combos au corps à corps, chaque personnage dispose de sa persona et Joker garde l'avantage de son statut de Trickster, avec la capacité d'embarquer plusieurs masques de monstres dans son roster. Comme toujours, les forces et faiblesses élémentaires sont au cœur des hostilités, avec des One More qui se traduisent ici par des coups spéciaux inédits et dévastateurs. De même, les all-out attacks sont de la partie, avec un déclenchement conditionné par l'épuisement d'une jauge de stun sur les ennemis.
Et il va bien falloir analyser les faiblesses du bestiaire pour s'en sortir, parce que Strikers n'est clairement pas un jeu facile, l'échec n'est jamais bien loin : une rencontre malencontreuse avec une ombre un peu plus puissante que les autres alors que vous manquez de MP en plein donjon et "couic", retour au dernier point de sauvegarde. Points de sauvegarde qui permettent d'ailleurs de revenir dans le monde de la réalité véritable lorsque les choses se corsent pour une bonne régénération, du moins dans les premières heures de jeu. Un peu plus tard, il n'y aura plus que certains checkpoints à apporter ce genre de confort, ce qui vous poussera à utiliser vos consommables et vos plats mitonnés avec soin depuis le van du groupe. En donjon, chaque baston contre un élite est susceptible de faire remporter le masque dudit monstre pour l'ajouter à votre collection et si vous l'avez déjà, il fera monter votre capital de points de fusion. Ceux-ci sont utilisés dans la velvet room, pour faire prendre des niveaux gratuitement aux persona que vous créerez en en sacrifiant deux autres, encore une manière particulièrement maligne de détourner une mécanique indissociable de la série et des Megaten en général.
Enfin, structure plus linéaire oblige, les Social Links sous leur forme d'origine ont eux aussi bougé pour laisser place à des points à distribuer dans un tableau de compétences passives très pratiques pour gagner en confort lors de l'exploration des prisons. Cela fait beaucoup de choses à assimiler et ce, dès les premières heures : ceux qui débarquent et qui ne cherchent qu'un simple jeu d'action défouloir risquent de vite déchanter. Strikers va bien, bien au-delà. Pour les autres, par contre, il y a de fortes chances pour que vous accrochiez rapidement à la formule, tant le soin apporté à la transposition des mécaniques signatures de la licence transpire par tous les pores du soft. On regrettera cependant un level-design un brin paresseux, qui n'hésite pas à tirer sur les mêmes ficelles et à faire passer les joueurs de petit atelier en petit atelier, à chaque fois avec des éléments distinctifs qui permettent de varier les situations, mais qui ne suffisent pas à masquer les redondances de la structure même des prisons, dommage. Pour rester sur les choses qui fâchent, on notera de gros soucis de lisibilité de l'action à intervalles réguliers, a fortiori dans les arènes les plus exiguës, ce qui arrive tout de même régulièrement : il est tout à fait regrettable de se prendre un taquet de provenance inconnue alors que vous pensez assurer comme une bête.
Bas les masques !
Strikers reprend l'esthétique et le bon goût de son ainé et c'est pas nous que ça va déranger. Testé sur PC, le jeu a été mis à jour très régulièrement au cours de notre session de test pour finalement déboucher sur une version très bien optimisée : c'est très fluide et les 60 images par seconde ne bougent pas, même lorsque l'écran est inondé d'ennemis. Par contre, le niveau technique reste toujours aussi faiblard, avec un clipping abusé, dans les différents lieux touristiques visités par nos loustics et des environnements réalistes tout juste passables. Heureusement, le jeu se rattrape en donjon avec sa direction artistique soignée et quelques trouvailles visuelles particulièrement réjouissantes. Le tout est habillé par de nouvelles compositions funky du meilleur effet, on ne se lasse pas du tout nouveau battle theme. En bref, P5S était un pari audacieux, mais remporté haut la main par Omega Force, qui sont parvenus une nouvelle fois à transformer une licence de RPG tour par tour culte en jeu d'action survolté.