C'est en 2000 que débute la série des MotoGP avec Namco qui sortira 4 versions annuelles sur PS2, avant que THQ reprenne le flambeau avec Climax au développement sur Xbox puis Xbox 360, PS2 et PC en passant à une nomenclature avec le numéro de l'année à partir de MotoGP '06. En 2008, Capcom prend le relais avec la PS3 et la Wii en plus de la Xbox 360 et du PC, et c'est enfin Milestone qui passe aux commandes à partir de 2013 avec un passage sur PS4 en 2014 et l'arrivée de la Switch en 2018. MotoGP 20 est ainsi le huitième titre MotoGP développé et édité par le studio milanais, avec une exception à la règle en 2016, en choisissant comme titre Valentino Rossi The Game au lieu de MotoGP 16. Et si les différentes moutures ont été plus ou moins bien reçues, l'édition 2019 était clairement dans le haut du panier. Alors que le mode carrière avait quelque peu déçu l'an dernier, le retour de la carrière managériale cette année permet-il de mener la licence vers ses plus hauts niveaux ? Faisons vrombir les moteurs et allons voir cela tout de suite.
- Genre : Simulateur de course moto
- Date de sortie : 23 avril 2020
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Switch, Stadia
- Développeur : Milestone
- Éditeur : Milestone
- Prix : 59,99€ sur PC, 69,99€ sur PS4 et Xbox One, 49,99€ sur Switch, disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Dans les bottes de Valentino Rossi ou de Michael Doohan
Le Grand Prix moto (MotoGP) est un championnat du monde regroupant les meilleurs pilotes mondiaux sur des prototypes mis au point par les constructeurs qui fait de cette compétition la catégorie reine des courses de vitesse motos. Le coûteux travail de recherche et développement qui doit être effectué en amont y est tout aussi important que la course en elle-même. Les pilotes s'affrontant sur piste de mars à novembre, la période hivernale est mise à profit par les écuries pour développer les engins les plus efficaces possibles pour la prochaine saison. Avant de prétendre pouvoir concourir en MotoGP, les jeunes pilotes doivent faire leurs preuves en Moto3 puis en Moto2, des compétitions similaires mettant respectivement en piste des motos 4 temps de 250cc et des motos équipées depuis 2019 d'un moteur Triumph à trois cylindres en ligne de 765cc, contre des motos allant jusqu'à 1000cc en MotoGP.
MotoGP 20 reprend donc ces trois compétitions avec la possibilité de mener une carrière complète au sein des écuries officielles ou des nouvelles écuries lancées par les sponsors en débutant en Moto3, avant de passer en Moto2 et de finir en MotoGP, avec comme objectif ultime de décrocher le titre de champion du monde, le tout en manageant son équipe, y compris technique, et en prenant part à la mise au point de son bolide, tout en orientant la recherche et développement. Bien entendu, il est également possible de participer aussi à des courses en dehors de toute carrière sur les 20 circuits officiels, dont le tout nouveau Kymi Ring, en Finlande, inauguré en août 2019, auxquels se rajoutent 2 circuits historiques : Donington Park Circuit au Royaume-Uni (2015) et Mazda Raceway Laguna Seca aux USA (2013).
Il peut s'agir d'une simple course contre-la-montre, d'un week-end GP, ou d'un championnat complet en pouvant choisir son pilote parmi les pilotes officiels correspondant aux 3 catégories de motos (la Moto-E a disparu par contre) ainsi que parmi les pilotes du mode historique en GP 4 temps et en 500cc 2 temps, la cylindrée reine utilisée de 1949 à 2002. Le mode historique est en effet toujours présent, mais a été revu par rapport à l'an passé. Il s'agit désormais simplement de courses aléatoires dans les 3 niveaux de difficulté permettant d'obtenir des points en cas de podium que l'on peut ensuite dépenser sur le marché historique pour débloquer de nouveaux pilotes et de nouvelles motos, un intérêt tout relatif donc. Ce sont en tout 46 pilotes et 43 motos qui sont à collectionner, seuls quelques-uns comme Valentino "The Doctor" Rossi en 4T et Michael Doohan en 2T étant accessibles dès le départ.
Tout pour le bitume
La version 2018 de MotoGP s'était faite remarquer par ses graphismes améliorés, la topographie de ses tracés et son réalisme accru, mais manquait cruellement de contenu. MotoGP 19 avait remédié à cela tout en proposant une intelligence artificielle révolutionnaire nommée ANNA (Artificial Neural Network Agent), mais péchait par des environnements assez fades et l'absence d'un véritable mode carrière digne de ce nom. MotoGP 20 tente à son tour de gommer les défauts de ses aînés. Ainsi a-t-on à nouveau droit à des graphismes améliorés (éclairages, dégâts sur la moto, météo, asphalte, ...), mais ceux-ci restent toutefois encore bien modestes. Si le travail sur les éclairages et le bitume est à saluer, tout comme la modélisation des motos et des équipements du pilote ou encore son animation sur la moto, les environnements paraissent toujours assez vides, sans âme et parfois même artificiels. Ce n'est pas que l'on ait trop le temps de regarder cela une fois en piste, mais tout de même. Notons d'ailleurs qu'un mode photo est proposé pour immortaliser vos meilleurs moments.
Et si le soin du détail à été poussé jusqu'à scanner le visage des managers des équipes officielles, l'ensemble des personnages manque de réalisme. Le jeu bénéficie par contre de 60 images par seconde, tout au moins sur PC, PS4 Pro et Xbox One X. Quant à la version Switch, que nous n'avons pas eu entre les mains, espérons qu'elle ne soit pas trop amputée comme ce fut le cas dans les versions précédentes. Pour ce qui est d'ANNA, l'intelligence artificielle, celle-ci passe en version 2.0 afin de s'améliorer encore en étant capable de s'adapter aux conditions climatiques, d'apprendre par elle-même et de prendre des décisions stratégiques, mais aussi de tenir compte des nouvelles données physiques à gérer comme la consommation d'essence et l'usure des pneus découpée en 3 parties distinctes (bande de roulement et épaulement droit et gauche) pour toujours plus de réalisme dans le comportement de la moto. L'aérodynamisme, le freinage et les dégâts ont également été améliorés. Et pour ceux qui apprécient tout autant le contenant que le contenu, des options de personnalisation sont offertes tant pour le pilote que la moto. Six éditeurs graphiques sont même accessibles, dont les nouveaux éditeurs de combinaison et de livrée de la moto, avec possibilité de partager ses créations.
Il n'en demeure pas moins que si la concurrence est belle et bien présente sur la piste et la stratégie indispensable pour jongler entre performance et consommation (essence et pneus), le niveau des pilotes nous a semblé quelque peu déséquilibré. Très efficaces en ligne droite ou dans les petites courbes, ils semblent en effet perdre tous leurs moyens dès qu'un virage un peu sévère se présente. De même, la pluie les pousse à réduire leur vitesse alors qu'en mode assisté nous n'avons guère à nous en préoccuper, ce qui nous rend donc plus efficace sous la pluie. De plus, quelques incohérences demeurent, comme ce pilote devant nous tout le tour et réalisant pourtant un temps bien inférieur quand on consulte le classement. La sensation de vitesse est en tout cas bien présente, tout particulièrement sur les motos GP, bien entendu, avec différentes vues parfaitement jouables, et la différence de sonorité des moteurs est bien retranscrite. Les commentaires (en français) manquent en revanche de conviction et se répètent rapidement. Techniquement, à part quelques effets de clipping notamment sur la foule dans les gradins, le jeu ronronne, si ce n'est que nous avons été confronté à un problème de "connexion au serveur interrompue", nous empêchant de poursuivre le mode carrière faute de pouvoir effectuer la prochaine course. Espérons que ceci ne soit pas récurrent et qu'une solution soit déployée pour la sortie du jeu.
Un plan de carrière plein gaz
Tout commence par la création de notre pilote : nom, sexe, nationalité, visage et âge de 16 à 99 ans (sic) sans que celui-ci n'ait d'incidence sur son aspect physique. On peut ensuite rejoindre une des équipes officielles de la saison 2020 ou une toute nouvelle écurie créée par des sponsors de l'univers de MotoGP. Dans le mode Carrière de Manager dont on salue le retour, on devra choisir le manager qui s'occupera de négocier pour nous les meilleurs contrats ainsi que la catégorie dans laquelle nous voulons débuter (Moto3, Moto2 ou MotoGP), mais aussi un ingénieur en chef et un analyste de données en faisant en sorte que ces deux derniers développent la meilleure synergie possible. Bien entendu, chacun pourra ensuite être remplacé en fonction des offres reçues. Et c'est avec tout le personnel technique que nous mettons au point notre moto et décidons de son développement en orientant la recherche et développement (moteur, cadre, aérodynamisme, électronique) grâce aux résultats obtenus lors des tests de développement au cours des essais libres des week-ends de Grand Prix.
Les chronos réalisés lors des essais libres puis des qualifications décideront de notre place sur la grille de départ. Ce n'est toutefois pas en décrochant la pole position que l'on pourra tout de suite prétendre monter sur la première marche du podium, encore faudra-t-il parvenir à conserver cet avantage jusqu'à la fin. Et il faudra aussi assurer une certaine régularité au cours de la saison pour monter au sommet du classement des 32 pilotes. En Moto3, avec l'assistance, sauf erreur de conduite ou pour éviter un accident, les freins seront dispensables, mais en Moto2 et a fortiori en MotoGP il faudra savoir en user au bon moment, mais avec parcimonie pour ne pas perdre trop de précieuses secondes. Et s'il y a peu de risque de chuter en prenant de l'angle tant que l'on reste sur la piste, c'est une autre affaire face au contact des autres pilotes. Ceux-ci peuvent s'avérer particulièrement gênants et l'usage du coude-à-coude manque de réalisme. Dans le peloton, cela s'avère exagéré et complique bien les choses.
Si MotoGP est exigeant, il reste toutefois accessible au plus grand nombre en s'accordant parfois quelques entorses avec le réalisme. L'aide au pilotage est ici d'une grande utilité : freins automatiques à l'entrée des virages, freins avant et arrière couplés, aide à la trajectoire, transmission semi-automatique, rembobinage de quelques secondes en cas d'erreur, assistance électronique sur tous les modèles de motos, ... Mais attention, même avec toute cette aide et au niveau de difficulté le plus simple, ce n'est pas gagné d'avance. Il faut en effet parvenir à avoir toujours la bonne inclinaison et à bien gérer les changements d'angle, tout en sachant freiner quand c'est nécessaire. Et après un peu d'entraînement, si cela s'avère trop facile, il est alors temps d'accroître la difficulté petit à petit en réduisant l'assistance, tout en accroissant la difficulté pour une expérience plus réaliste : IA réglable de 20% à 120%, activation des dégâts, pénalités moins tolérantes, conditions météo défavorables avec suppression du contrôle de la traction (contre le dérapage et l'usure des pneus) et de l'anti-wheelie, réduction du frein moteur, vue casque, ... Dès lors, MotoGP 20 peut s'avérer vraiment très ardu à maîtriser, d'autant plus qu'il faudra apprendre les rudiments par soi-même puisqu’aucun tutoriel de type école de pilotage n'est proposé.
Tout ne se résume toutefois pas à une question de vitesse, ce qui se passe dans les stands est tout aussi important. Il est par exemple primordial de choisir les bonnes gommes en fonction de la température et des conditions climatiques, tout comme la quantité de carburant embarquée, sachant que plus celle-ci est importante et plus la moto gagne en autonomie et en stabilité, mais perd en rapidité et en usure des pneus. Un minimum de carburant sera ainsi à privilégier pour réaliser les meilleurs temps. Mais bien d'autres réglages peuvent être opérés par soi-même ou en demandant à son ingénieur de circuit. Cet aspect stratégique se retrouve en course avec le changement à la volée de la cartographie moteur, permettant de gagner en performance au prix d'une plus grande consommation, ou à l'inverse le choix d'économiser du carburant en réduisant la puissance de la moto. Notons enfin pour terminer la possibilité, comme à l'accoutumée, de jouer aussi en multijoueur. Il suffit pour cela de rejoindre un salon ou de créer sa propre partie privée ou publique ou encore en tant que directeur de course. Un mode multijoueur local sans fil est également au programme sur Nintendo Switch.
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