De nombreux studios s'attaquent au genre créé par Diablo premier du nom, et ce n'est pas une mince affaire quand même ses successeurs légitimes ont des difficulté à satisfaire les joueurs. Certains restent dans l'ombre, comme Book of Demons, malgré ses qualités indéniables, et d'autres ont échoué même avec une licence prestigieuse, comme Warhammer Chaosbane. Ironiquement, Wolcen pourrait presque porter la mention Warhammer avec sa direction artistique et son univers. Ceci étant dit, et à présent que vous avez vu la note, voyons voir en détails ce qui la justifie à nos yeux.
- Genre : Action RPG, Hack and slash
- Date de sortie : 13 février 2020
- Plateforme : PC Steam
- Développeur : WOLCEN Studio
- Éditeur : WOLCEN Studio
- Prix : 34,99€
- Testé sur : PC
SOS enfants battus
Wolcen vous propose d'incarner 2 des 3 prestigieux enfants de Heimlock, le grand inquisiteur. Il s'agit d'un homme ou d'une femme, d'une classe indéterminée. Ce choix aura quelques répercussions lors de la campagne et des dialogues. Mentionnons au passage que, bien le petit studio Wolcen ne se soit pas payé de véritables cinématiques, le moteur du jeu permet d'animer des cutscenes parfois très impressionnantes. Et globalement, le jeu, qui utilise le CryEngine, est beau. Les modèles et les décors fourmillent de détails et rendent très bien même en 4k. Notre seul regret en la matière est l'impossibilité de reculer la caméra davantage, mais cela aurait probablement posé un sérieux problème d'équilibrage.
Pour revenir à notre histoire, notre trio s'en va faire la guerre avec papa, mais comme toujours, les choses dégénèrent instantanément, et on se retrouve pris dans une toile de mensonges, de trahisons, de retour de divinité démoniaque et surtout, pire que tout, de disputes de familles. Heureusement, aucun problème n'est insoluble quand on peut librement faire usage de la violence, et autant le dire, vous allez trouver beaucoup de solutions lors de vos aventures, vous allez même pouvoir être créatif en la matière. La campagne, longue d'une grosse vingtaine d'heures, est une bonne introduction aux mécanismes du jeu ainsi qu'à l'univers original de Wolcen, qui a son charme. Assez classique et prévisible, elle a tout de même ses bons moments, et elle se laisse suivre pendant qu'on cherche en permanence comment tuer plus efficacement son prochain. C'est ce qui nous intéresse vraiment ici, après tout, sauver le monde est devenu la pire des routines.
3 en 1
Nous sommes en 2020, et il n'est pas donné à tous d'avoir un éclair de génie dans un genre aussi lourdement exploré que les action RPG. Si vous êtes un habitué du genre, vous allez vite voir où Wolcen a pioché ses idées dans la concurrence, ce qui n'est pas une mauvaise idée quand c'est bien fait et que ça fonctionne. Comme mentionné plus haut, Diablo 2 et 3, ainsi que Path of Exile viennent en tête de liste, mais à défaut de réinventer la roue, Wolcen nous propose de s'amuser avec son tricycle géant comme nous allons le voir. Les bases du gameplay sont très simples, il n'y a pas de classe à proprement parler, juste 3 archétypes (guerrier, mage, archer) pour démarrer, avec une pièce d'équipement et une compétence de départ, sachant qu'elles peuvent être acquises aisément par la suite si vous changez d'avis.
Un clic gauche pour attaquer avec votre arme, le clic droit pour utiliser une compétence plus puissante, puis les touches 1 à 5 par la suite pour les autres, simple et efficace. La gestion des ressources est inhabituelle par contre, puisque c'est une barre qui vous fait jongler entre la volonté et la rage en fonction de vos techniques. Lancer un sort utilise votre volonté et alimente votre rage. Écrabouiller un tas d'ennemis avec un marteau géant épuise votre rage et régénère votre volonté. La chose est plus profonde qu'elle en a l'air, et elle contribue à ouvrir en grand la porte d'un système de "classe" hybride qui combine différents types de compétences afin d'exploiter les 2 ressources ambivalentes.
Vous allez rapidement découvrir que vous pouvez, et devez tout faire à votre sauce. Oubliez la distribution automatique des points de statistique à chaque niveau et les sorts appropriés pour progresser au rythme prévu par les développeurs. Cela sera à vous de choisir comment affecter vos points d'attributs, et il faudra trouver ou acheter vos compétences parmi 40 possibles (chacune avec 16 modifications à débloquer) pour décider comment jouer. La seule limitation étant votre choix d'arme, il faudra faire des compromis si vous souhaitez utiliser en parallèle des techniques de mage et de guerrier, en ayant par exemple une épée dans une main et un artefact magique dans l'autre.
La roue de l'infortune
Beaucoup risquent de prendre peur au moment d'attribuer leurs points de talent, avec la roue du destin, composée de 3 sections qui peuvent pivoter afin de créer de nouvelles voies à explorer et ainsi se composer véritablement une classe unique. C'est évidemment un twist de la fameuse roue de talent de Path of Exile. Chaque section de la roue correspond à un archétype plus ou moins spécialisé de classe, comme paladin, nécromancien, assassin, etc. Au fil des niveaux, vous êtes libre de vous tracer votre propre chemin d'un bout à l'autre pour saisir les talents spéciaux qui vont définir radicalement votre gameplay.
La beauté de la chose est que vous aurez largement assez de points pour combiner plusieurs concepts à votre manière, mais clairement pas assez pour tout débloquer non plus. Il est incroyablement satisfaisant de planifier son personnage et de rêver aux combinaisons surpuissantes qui vont ressortir de tout cela. Mais d'un autre côté, nous ne sommes que très peu aidé visuellement, et il faut prendre le temps de passer le curseur sur plusieurs centaines de sphères afin de savoir ce qu'elles offrent individuellement. Ce n'est pas un exercice qui plaira à tout le monde, mais pour les fans d'optimisation et de planification, c'est du caviar.
D'enfant à régent
Bien qu'il soit facile à prendre en main, le gameplay sait aussi être punitif quand il le faut. Les boss de la campagne ne plaisantent absolument pas, et chacun d'entre eux aurait sa place en tant que boss de fin d'un autre jeu. Il y a plusieurs phases, des techniques à éviter dans tous les sens avec la roulade, et la mort peut arriver instantanément si vous n'esquivez pas ce qu'il faut. C'est aussi ce qui contribue à son intérêt. Une fois l'histoire terminée, le jeu ne vous oubliera pas, et une immense quantité de farming vous attend pour vous tenir occupé. Il est pour le moins inhabituel dans ce type de jeu que le déblocage de certains pouvoirs et bonus de haut niveau soit lié à la restauration d'une ville sous votre égide. Ce n'est pas révolutionnaire, mais c'est assez bien pensé, et cela récompense la prise de risque ainsi que la progression plutôt que de simplement tuer des monstres faiblards par millions.
Il vous sera offert la possibilité de participer à des expéditions qui ne sont pas sans rappeler les Failles supérieures de Diablo 3, à la différence près que vous pourrez choisir d'appliquer différents modificateurs. Par exemple, les champions ennemis peuvent avoir plus de vie, votre roulade se régénère moins vite, vous êtes traqué par des boss pénibles régulièrement ou autres, avec de belles récompenses à la clé. Vous pouvez aussi activer des modificateurs de carte spéciaux, afin de chasser les coffres, les scarabées au trésor, voire les boss. Notre seul regret est qu'il ne soit pas donné la possibilité de refaire la campagne avec un mode de difficulté plus élevé, ni même de retourner explorer ses cartes. Il faudra créer un nouveau personnage pour cela.
Le retour de l'erreur 37
Nous avons dit beaucoup de bien de Wolcen au-dessus, mais le jeu n'est pas dénué de défauts. Nous avons constaté de nombreux bugs, heureusement mineurs. Cependant, certains joueurs ont eu moins de chance, et leur sauvegarde a été perdue. Le problème ne devrait plus se présenter, mais c'est un symptôme du fait que Wolcen est victime de son succès. Le week-end de sa sortie, il était littéralement impossible de jouer en ligne. Heureusement, il y avait tout de même la solution de créer et de jouer un personnage exclusivement hors ligne, mais celui-ci ne peut pas être utilisé pour jouer en coopératif par la suite. Comme il faut plus d'une cinquantaine d'heures pour amener un personnage au niveau maximum, cela peut être frustrant de se heurter à cette séparation.
D'une manière plus générale, le jeu souffre encore d'un certain manque de finition. L'interface n'est pas toujours très claire et il faut souvent aller chercher les informations une à une. Faire le tri des objets au sol ou dans son inventaire peut être un véritable casse-tête gourmand en temps. Des objets restent bloqués dans l'interface des vendeurs et il faut les bouger manuellement. L'IA des invocations est aussi problématique, et ces dernières préfèrent parfois vous regarder bêtement plutôt que d'aller au combat. Ce ne sont que quelques exemples parmi d'autres, et même s'il n'y a rien de vraiment bloquant, n'attendez pas une expérience de jeu aussi confortable et intuitive que dans le AAA grand public d'un très gros studio.