Warhammer est sûrement l’un des univers fantastiques les plus denses et complexe qui soit. Mais c’est aussi probablement le plus manichéen. Rien de plus simple donc pour en faire des jeux où l’on affronte les forces du mal, ce qu’une pléthore d’éditeurs ne se sont pas privés de faire, souvent avec un résultat souvent assez moyen mais parfois très correct. Warhammer Chaosbane est le dernier jeu en date issu de cet univers, mais aussi la première entrée dans la version médiévale du genre très éprouvé des Hack'n Slash. L’heure est donc venue de voir ce que donne la fusion de ces deux mondes.
- Genre : Hack'n Slash
- Date de sortie : 4 juin 2019
- Plateforme : PC, Xbox One, PS4
- Développeur : Eko Software
- Éditeur : Bigben Interactive, Games Workshop
- Prix : 49,99€
- Testé sur : PC
Pour savoir mettre l’ambiance…
Avant de rentrer dans le vif du sujet, penchons-nous un peu sur le contexte historique dans lequel se situe le jeu. Disons-le d’emblée, celui-ci sert de prétexte. Cependant, il a le mérite de se situer dans une partie de l’histoire qui n’a été que très peu abordée jusqu’ici, à savoir l’ascension de l’empereur Magnus. Le choix de cette époque est plus que bienvenue et contraste avec la tendance majoritaire qui tend à s’intéresser à la période de « La fin des temps ».
C’est donc dans ce contexte que vous êtes amené à jouer l’un des quatre personnages principaux : un homme, un nain, un haut elfe et une elfe sylvain. Chacun d’entre eux possède sa propre histoire, même s’il s’agit ici d’un bien grand mot, car hormis une cinématique d’introduction et de conclusions, ainsi que quelques dialogues spécifiques, vous vivrez peu ou prou la même expérience à chaque fois. Ce qui est bien dommage quand on sait que la force de l’univers de Warhammer réside principalement dans la richesse de son univers. Il ne faudra pas non plus compter sur l’intrigue principale qui a juste le mérite d’exister. Non, la force du jeu se trouve ailleurs, mais nous y viendrons.
Lorsque l’on parle de Warhammer, les attributs sombres, terrifiants, voire cauchemardesques viennent rapidement à l’esprit. La transcription de ce type d’atmosphère n’est pas toujours chose aisée, et il est souvent complexe de trouver la bonne limite entre trop peu et juste trop. Sans être transcendante, celle retransmise au travers de Warhammer Chaosbane remplit son office, notamment grâce à son bestiaire directement inspiré des figurines du jeu de plateau originel. On pourra peut-être reprocher aux développeurs leur manque de prise de risques à ce niveau, mais il serait néanmoins bête de bouder son plaisir face à des modélisations plutôt fidèles. Même s’il faut bien avouer que le moteur graphique utilisé pour le jeu est un peu vieillot, le côté pastel apporté aux textures sert ici bien le propos. On regrettera quand même l’absence de sang au sol lorsque vos ennemis meurent. Sans parler d’effusion d’hémoglobine, cela aurait pu apporter un peu plus de cachet et de crédibilité au jeu.
Les différents décors remplissent eux aussi leur office. Bien que très (trop) peu nombreux et parfois très (trop) sobres, ceux-ci sont parsemés de plusieurs petits détails bienvenus. Cette sobriété, critiquable à plusieurs égards, permet au moins d’offrir une meilleure lisibilité de l’action qui se déroule. En effet, Hack’n Slash oblige, vous n’échapperez pas aux hordes infinies d’ennemis venant se déverser sur vous, vous obligeant à déchaîner un torrent de sorts et d’effets pyrotechniques pour en venir à bout. Et malgré cette action omniprésente, le jeu reste très lisible et fluide, même lorsque votre écran est saturé.
…Il faut avoir la classe
Afin de massacrer joyeusement vos adversaires, vous pourrez donc choisir une des quatre races disponibles. Notez ici qu’il n’est ici pas possible de personnaliser la création de votre personnage, tant au niveau physique que technique. Chaque race est affiliée à une classe. On retrouvera donc le typique guerrier nain, le mage Haut Elfe, le soldat Humain ou encore le ranger Elfe Sylvain. Afin de combler ce manque, les développeurs ont misé sur la diversité des sorts et talents disponibles. Car si on est certes loin des cadors du genre, il faut avouer que Warhammer Chaosbane propose un choix tout à fait honorable en ce qui concerne la personnalisation de vos compétences.
Celles-ci se débloquent de deux manières différentes. La première consistera à monter des niveaux (jusqu’à un maximum de 50) afin d’acquérir automatiquement des capacités actives et passives. La seconde sera d’investir des points dans votre arbre de talent. Celui-ci vous permettra également d’augmenter vos attributs passifs tels que votre vie, vos dégâts, votre génération de ressources. Ces mécaniques permettent une certaine souplesse sur le choix de vos compétences même s’il faut avouer qu’elles ne sont pas d’une originalité débordante.
Car il faut bien avouer que Warhammer Chaosbane ne s’est pas trop attardé sur les détails, et c’est bien là son principal défaut. Le monde du Hack’n Slash est par définition très répétitif dans son exécution. Cependant, au fil du temps, plusieurs mécaniques ont été trouvées afin de ne pas lasser les joueurs en renouvelant sans cesse l’expérience de jeu à chaque session. Malheureusement, ici, la plupart d’entre elles manquent à l’appel. Exit donc la génération aléatoire de niveaux et de mini-boss. Sur les quatre actes qui composent le jeu, vous n’aurez le droit qu’à 2, voire 3 cartes par acte, tout au plus. Pour chacune d’entre elles, il ne s’agira que de longs couloirs remplis d’ennemis sans grandes subtilités, avec quelques détours pour trouver des coffres à fouiller. Alors oui, vous trouverez certaines créatures plus robustes que les autres, mais celles-ci sont toujours identiques et souvent placées au même endroit. Seuls les boss de chaque acte parviennent à vous faire sortir de cette routine. Associant des combats techniques à un design réussi, ces derniers offrent un vrai défi, surtout à haut niveau. C’est d’ailleurs sur eux que vous trouverez la plupart du temps les meilleurs équipements.
À ce propos, il faut noter que le jeu fait encore une fois dans le minimalisme. Il fait également fit du système de création d’objets. Vous ne trouverez qu’un seul type d’arme et d’armure par classe et l’interface visiblement pensée pour les console ne vous demandera qu’un ou deux clics pour équiper directement le meilleur équipement de votre inventaire. Même si la plupart des pièces proposent quelques subtilités dans leur statistique, il semblera que les développeurs aient oublié d’indiquer à quoi servaient certaines caractéristiques. Le jeu est d'ailleurs globalement avare en explication. Par exemple, il nous a fallu farfouiller dans le menu de configuration des touches pour trouver comment utiliser la compétence associée à la soif de sang.
Par ailleurs, ne prenez pas la peine de chercher un marchant où dépenser votre or, celui-ci vous servira uniquement à payer vos réapparitions ou vos points de talents. En dehors des rares PNJ de quêtes, les seules interactions que vous aurez seront avec votre coffre et un vendeur vous permettant de vider votre stock d’objets en échange de point de réputation. Réputation qui, après un certain temps, vous permettra de débloquer des compétences passives parfois très intéressantes.
À plusieurs tout est meilleur
Cependant, il faut noter que se concentrer sur le jeu solo serait perdre de vue la façon dont le jeu a été pensé. Car si le jeu possède bien des problèmes flagrants, il faut bien avouer que ce dernier joue la carte du multijoueur à fond. Ce qui est généralement vrai dans le monde Hack’n Slash ne fait pas exception ici. Alors qu’un joueur aguerri pourra se balader sans trop de difficulté en solitaire, les choses se corsent à plusieurs avec des ennemis bien plus résistants. Les combats deviennent donc très vite tactiques et il faut savoir jouer des différentes mécaniques de sa classe pour venir à bout de vos adversaires. Ces dernières sont d’ailleurs suffisamment bien pensée pour offrir un large panel de possibilité en multijoueur. Il sera donc très plaisant de passer du temps avec vos compagnons pour optimiser vos sorts afin de trouver la meilleure synergie possible.
C’est aussi là le meilleur moyen de profiter de la partie « endgame » du jeu. En effet, une fois votre premier run terminé, il vous sera bien évidemment possible de rejouer chacun des environnements et boss du jeu de différentes manières. Que ce soit en exploration libre ou en boss rush, vous aurez de nombreux moyen d’améliorer votre équipement pour relever des défis toujours plus élevés. Encore une fois, même si cet aspect donne très rapidement un sentiment de vide en solitaire, il prend tout son sens à plusieurs.
Notons pour finir un point qui n’est pas des moindres : le jeu est jouable à 4 en local sur le même support, Windows inclus. Durant notre session de test, il ne nous a malheureusement pas été possible de pousser l’expérience si loin, mais une telle fonctionnalité est plus que bienvenue par les temps qui cours et l’on comprend mieux certains choix fait par les développeurs. On se rend ainsi compte que l’objectif ici n’était pas de transcender le genre, mais d’offrir une expérience agréable à parcourir entre amis. Et parfois, c’est tout ce que l’on demande.
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