Après avoir fait l'expérience du jeu de rythme avec Entwined en 2014, Pixelopus s'attaque aujourd'hui à un tout nouveau genre avec Concrete Genie. Annoncé en 2017, l'univers magique du titre lui donnait déjà un cachet unique et envouteur. L'équipe de développement, composée d'une vingtaine de personnes, a su entretenir le mystère pendant plusieurs mois avant de devoir repousser la sortie de près d'un an. Voyons ensemble de quelle façon se concrétise toute cette attente.
- Genre : Action-aventure
- Date de sortie : 9 octobre 2019
- Plateforme : Playstation 4
- Développeur : PixelOpus
- Éditeur : Sony Interactive Entertainment
- Prix : 29,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : Playstation 4
Les messages cachés
La ville portuaire de Denska est désertée depuis plusieurs semaines, la transformant en ville fantôme. Les habitants l'ont abandonnée et il semblerait que la vie ainsi que la lumière les aient suivis. Les rues sont désormais complétement vides et l'atmosphère sombre ne fait que renforcer ce sentiment de solitude. Les seules personnes à être encore présentes sont un groupe d'enfants ayant pris possession des lieux et dont le passe-temps préféré est de persécuter Ash, un jeune artiste du même âge. Passant ses journées à créer des esquisses de monstres sympathiques appelés Génies dans son carnet ainsi que sur le sol, le jeune homme tente d'éviter tout contact avec les brutes de Denska. Malgré les avertissements de ses parents, lui interdisant l'accès à la ville, c'est ici que le garçon se sent inspiré et donne vie à ses plus belles créations grâce à son pinceau.
Malheureusement, un jour, ce groupe d'amis s'empare du carnet de Ash et déchire une à une les pages devant ses yeux. Se défoulant une dernière fois sur l'artiste, les 5 voyous l'envoient dans le téléphérique menant au phare qui serait apparemment maudit. Arrivé au pied du phare, une mystérieuse substance bloque le mécanisme, impossible donc de retourner à Denska pour le moment. Cherchant à retourner en ville, le seul chemin s'offrant à lui pour le moment reste le phare abandonné dans lequel des pages de son carnet semblent voler comme par magie. C'est à ce moment qu'une lumière aveuglante apparaît, avec un visage comme crayonné ; Ash se rend compte que son Génie préféré, qu'il a lui-même dessiné est là, sous ses yeux. Luna deviendra le guide du jeune homme, conférant à son pinceau, devenu géant, le pouvoir de donner vie à ses créations. Il apprend également que la matière noire se répandant progressivement sur Denska s'appelle les Ténèbres et que son arme récemment acquise lui permettra de redonner vie aux rues de la ville en lui apportant la lumière, et ainsi de combattre cette nouvelle menace.
A fight between Light and Darkness
En plus d'apporter les bases de l'histoire et du gameplay, cet épisode au phare servant de prologue permet de découvrir tous les moyens offerts au joueur afin d'en apprendre davantage sur cet univers et surtout les événements passés. Les années précédant l'action de Concrete Genie sont narrées sous forme de courtes cinématiques de dessins animés agréablement mises en scène à certains moments clés. Le second moyen d'en découvrir plus sur le lore est simplement la collecte des journaux disséminés un peu partout dans la ville. Les titres, ainsi que les commentaires de notre protagoniste, apporteront quelques précisions sur ce qui a poussé la population à quitter Denska. Petit bémol cependant, les coupures de la Denska Tribune ne sont pas traduites, et même si le texte est simple à comprendre, cet élément pourrait en bloquer certains.
C'est grâce à ces coupures, principalement, que l'on apprendra qu'un bateau échoué ayant déversé tout son pétrole sur les côtes est à l'origine de cet exode. Et c'est ici que Pixelopus traite son premier sujet de fond ; le problème de l'écologie dans notre société. Sous ses airs de conte moderne, le studio souhaite réellement faire passer des messages qui sont au cœur des préoccupations mondiales d'aujourd'hui. Les Ténèbres s'emparant petit à petit de tous les quartiers de Denska sont clairement représentés par cette marée noire.
Le harcèlement moral et physique constitue le deuxième point sur lequel Concrete Genie souhaite se concentrer. En effet, les enfants qui ont pris possession des lieux ne sont pas seulement là pour créer des antagonistes au récit, mais ils servent également ce propos plus profond. Tout au long de l'aventure, les brimades subies par Ash ne feront que s'accentuer pour devenir toujours plus violentes, que ce soit moralement ou physiquement. Grâce à des flashbacks, on nous fait découvrir les raisons de ces comportements, ce qui nous pousse à changer d'avis sur certaines idées reçues et ouvre la porte à d'autres problèmes tout en découvrant la bonté dont Ash fait preuve. Toute cette évolution renforce le sentiment d'empathie ressenti pour le jeune garçon.
Un coup de pinceau artistique
Cette aventure est servie par un gameplay particulier et original. Les armes disponibles sont un pinceau géant et le carnet de croquis. L'objectif premier sera d'illuminer à nouveau les ampoules de la ville de Denska en peignant sur les murs des différents quartiers. Pour ce faire, il faudra récupérer les pages du carnet en se baladant dans les rues ainsi que sur les toits pour avoir accès à un certain nombre de motifs préconçus afin de créer des scènes plus ou moins grandes et totalement personnalisables. L'exploration est très fluide, il est possible de s'accrocher à de nombreux éléments du décors, de glisser sur des câbles reliant les toits et de sauter assez facilement de bâtiment en bâtiment. Malheureusement, certains murs ne pourront pas être peints aussi facilement que les autres car déjà infestés de Ténèbres. Pour ce faire, des petits esprits présents sur le sac de notre héros sont là pour indiquer des anciens dessins de Génies présents sur les sols de la ville. A ces endroits, il est possible d'invoquer ces créatures aux pouvoirs élémentaires de feu, d'électricité ou de vent qui, en échange de la création de certains motifs, accorderont un bonus de Super Peinture capable de dissiper les Ténèbres sur les murs. Ces Génies, grâce à leurs pouvoirs, pourront également interagir sur les éléments physiques du décor afin de résoudre des puzzles, qui ne sont jamais vraiment de gros défis. Le design des créatures est lui aussi laissé à l'imagination créative du joueur et à l'image des motifs, de plus en plus de personnalisations se débloqueront en récupérant les pages du carnet.
Ce point précis est très important, puisque c'est au joueur de créer ses propres compagnons, ce qui crée dès le départ un attachement certain et pousse tout naturellement à répondre de plus en plus à leur désir et ne pas les laisser seuls dans un coin. Les phases de peinture, que ce soit pour créer les scènes ou les Génies, demanderont un temps rapide d'adaptation car elles se réaliseront principalement à l'aide du Sixaxis de la manette.
Ce qui aurait pu être une mécanique plutôt répétitive se révèle être une véritable source de liberté et de plaisir visuel. La satisfaction de créer ce qui peut devenir un chef d’œuvre sur chaque mur définit Concrete Genie : une expérience visuelle relaxante. Le gameplay du titre se compose en réalité de deux parties distinctes. La première et la plus importante où il faudra redonner vie à la ville, et la deuxième dans laquelle Ash va devoir prendre les armes suite à un événement du scénario. Durant tout le début, les brutes vous barreront la route et la seule issue sera la fuite, bien qu'ils ne représentent pas une réelle menace. Mais oui, étonnement, Concrete Genie propose une seconde partie d'aventure plus sombre qui est un véritable virage à 180° de ce qui a été établi depuis le début de l'histoire ; de l'action bien évidemment justifiée.
A cette occasion, on y découvre une mise en scène plus dynamique nous permettant d'affronter les ennemis avec une fluidité qui est propre au titre de Pixelopus. Sans trop en révéler, l'ambiance encore plus sombre de cette seconde partie permet d'apprécier d'avantage le travail effectué sur les différents effets de lumière. Petit point négatif, un système de ciblage aurait été le bienvenue pour aborder plus aisément les affrontements.
Un spectacle sons et lumières
La force majeure de Concrete Genie est bien évidemment sa direction artistique couplée à de magnifiques effets visuels. Pixelopus maîtrise son sujet et ça se sent. Le titre plonge immédiatement le joueur dans un monde à part comme Tim Burton sait si bien le faire avec ses films. Les animations fluides dans tous les mouvements et celles des visages rappelant des productions telles que Coraline, Kubo et l'armure magique ou encore L'Etrange Noël de Monsieur Jack ajoutent une touche nostalgique non négligeable. C'est exactement à ce moment que l'on comprend pourquoi la petite équipe avait besoin de quelques mois de plus afin de donner vie à cet univers incroyable.
La découverte de ce monde se fait sous une ambiance sonore bienveillante qui fait partie intégrante du récit. En plus de proposer un fond musical exceptionnel, chaque coup de pinceau, chaque motif produit un son particulier. Du côté des Genies, ils ne peuvent pas parler mais émettent leurs demandes via des dessins et l'on peut sentir leurs émotions grâce à des grognements particulier. Le clou du spectacle vient du fait que plusieurs doublages sont disponibles dont le français qui est, soit dit en passant, de très bonne facture. Ceux qui ne sont pas à l'aise avec la langue de Shakespeare pourront tout à fait profiter de cette expérience dans leur langue maternelle et pour une petite production comme celle-ci, profiter d'une telle qualité de doublage est assez rare pour être souligné.
Les différentes zones, bien que peu nombreuses, ont le mérite de se diversifier et de proposer des environnements de qualité. Même en passant du temps sur les fresques, l'histoire se bouclera malheureusement assez vite, d'autant plus que plus on avance, plus on s'accroche à sa manette. Le titre propose quelques bonus à récupérer, comme terminer de collecter toutes les pages du carnet, des badges ornant petit à petit le sac d'Ash sont également récupérables en trouvant certaines demandes particulières à effectuer pour les Génies sur les murs. Au cours de l'aventure, il est également possible de repeindre des panneaux avec des motifs récupérés au cours de l'exploration et Luna, logeant dans le phare, aura elle aussi un petit secret à nous faire découvrir. Le contenu proposé est peut-être le plus gros défaut du jeu, on a vite fait le tour de ce qu'il y a à faire. En le terminant, un mode exploration libre permettant de peindre les différentes zones à sa guise ainsi qu'un mode VR distrayant se débloquent, mais rien de bien grandiose. C'est bien dommage car à un tel prix, on s'attendait à un peu plus de matière, d'autant plus que ce que l'on nous propose est plus que plaisant.
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