D'après les propos du studio Pixelated Milk, leur objectif avec WARSAW était de faire découvrir un pan méconnu et tragique de l'histoire tout proposant une expérience de jeu amusante. Ce qui est parfois difficile à concilier comme nous allons le voir. Comme nous le mentionnons plus haut, le jeu semble très fortement inspiré d'un autre tactical RPG et rogue-like sorti il y a quelques années, le célèbre The Darkest Dungeon, que cela soit dans sa direction artistique, ses animations, ses mécanismes de gameplay et sa difficulté punitive avec mort permanente. Avant que cela ne devienne une rengaine, ne vous étonnez donc pas lorsque nous allons les comparer. Si vous ne connaissez pas Darkest Dungeon et que le genre vous intrigue, vous devriez aller le tester. Ceci étant dit, avançons dans les décombres de Varsovie (Warsaw en anglais) occupée.
- Genre : Tactique, RPG
- Date de sortie : 2 octobre 2019
- Plateforme : PC, versions consoles à venir
- Développeur : Pixelated Milk
- Éditeur : gaming company
- Prix : 19,99€
- Testé sur : PC Steam
Warsaw 40 000
En 1944, Varsovie et la Pologne ne connaissent que la guerre. Après des années d'occupation brutale par l'envahisseur nazi, la fin de la guerre et la libération semblent poindre à l'horizon, mais elles sont rouges comme l'armée soviétique, qui est en grande partie responsable de leur situation actuelle. Puisque c'est l'attaque surprise des Russes qui a permis à l'Allemagne nazie de vaincre rapidement la Pologne quelques années auparavant. La résistance polonaise souhaite donner une chance à son pays de décider de son destin, et de rester libre et indépendant à l'issue de la guerre. Une résistance massive est alors organisée dans la capitale, Varsovie, pendant des semaines afin d'user les forces allemandes, et possiblement les forcer à quitter les lieux. Malheureusement, comme vous pouvez le découvrir en ouvrant un livre d'histoire (ou une vidéo YouTube), bien que leur lutte fut héroïque et qu'elle coûta très cher aux Allemands, elle finit dans le sang des patriotes sans accomplir son objectif. La résistance fut utilisée par l'Armée rouge avant d'être massacrée par les nazis, la ville fut quasiment entièrement rasée puis la Pologne passa les décennies qui suivirent sous le joug de l'URSS.
WARSAW propose donc de participer à cette lutte perdue d'avance. Vous incarnez un groupe de résistants qui doit tenir les différents quartiers de Varsovie aussi longtemps que possible, en menant différentes opérations commando dans les ruines de la ville. Chaque jour passé est une petite victoire, mais le manque de ravitaillement, le moral en chute libre et les différents événements qui vous demanderont de faire des choix cornéliens sur un fond de musique polonaise nostalgique vous rapprochent de la défaite. Il n'y a pas de vraiment de fil rouge ni de véritable histoire, votre résistance sera surtout ponctuée de faits divers, souvent sordides, d'anecdotes, et autres. Avoir un narrateur aurait certainement été un plus pour se plonger dans l'ambiance, car vos parties sont destinées à être courtes au départ comme nous allons le voir. À défaut, le jeu a le mérite d'être disponible dans de nombreuses langues dont le français, ce qui est plutôt rare pour "petit indé".
Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux
Les missions auxquelles vous prendrez part sont divisées en deux phases, la première est la navigation libre dans les rues de Varsovie (dont le plan serait basé sur la carte d'époque). Vous démarrez avec une barre de 100 points d'action qui permettent de se déplacer dans les rues et d'explorer les alentours. Vous êtes libre de rechercher des caches de butin qui s'avéreront vitales pour continuer la lutte, des événements aléatoires qui peuvent être bons ou mauvais en fonction de vos choix et de votre chance, et surtout, des groupes de soldats allemands. Votre objectif ne sera pas toujours d'éliminer les patrouilles allemandes, cela peut être de détruire un tank, réparer des lignes téléphoniques, tuer un officier haut gradé, etc. En général il vaut mieux éviter tous les combats qui ne sont pas obligatoires, car les munitions sont rares. Chaque balle doit compter. Il vaut donc parfois mieux faire un détour quand c'est possible. Mais certaines patrouilles seront sur le qui-vive et il faudra faire bon usage des bâtiments, ou le combat sera tout simplement inévitable.
Le système de combat est similaire en de nombreux à ceux de The Darkest Dungeon, à la différence près que les personnages ne sont pas simplement à la file indienne. Lorsque le combat s'engage, votre groupe, qui peut compter jusque 4 résistants, est placé sur une petite grille de 4 cases de long par 2 de large. Il en va de même pour vos adversaires en face. Il s'y trouve aussi des obstacles qui peuvent servir de couverts et qui absorberont une partie des dégâts. Ici pas d'initiative, mais un nombre d'actions totales que chaque camp peut entreprendre par tour, lié à son nombre d'unités, à raison d'un point par unité. Rien ne vous empêche d'utiliser plusieurs actions avec la même unité durant le même tour, mais ses barres d'endurance vont s'épuiser et avec elles, ses performances ainsi que sa capacité à agir à nouveau (ce qui n'est pas sans rappeler Valkyria Chronicles cette fois). Vous pourrez donc choisir de mitrailler dans tous les sens à l'arme lourde pour tenter de tuer quelques ennemis rapidement, ou à l'inverse de soigner en boucle pour sauver votre groupe par exemple.
Chaque personnage dispose de 4 compétences différentes, ainsi que de la possibilité de bouger sur la grille. Cette dernière option sera spécialement importante puisque chaque compétence possède des contraintes de positionnement à la fois pour le personnage et pour ses cibles. Pour un tir de base, votre résistant doit être sur une des 4 cases du fond, et il ne peut cibler que les 4 cases du fond de la grille adverse par exemple. Il est donc vital d'avoir une bonne composition de groupe et de compétences afin d'avoir la capacité d'attaquer les ennemis peu importe les circonstances, la dimension tactique repose en grande partie là dessus. Malheureusement bien trop de contraintes et de limitations ont été appliquées à ces compétences, et il est courant de se retrouver incapable d'attaquer certains ennemis, en particulier si un membre de votre groupe est mort, ou qu'il n'a pas pu être emmené en mission à cause de ses blessures. Ce problème est exacerbé par vos réserves de munitions, qui sont de 3 types. Chaque compétence offensive en consomme, parfois beaucoup, et comme dit plus haut, vous n'en avez que très peu en stock. Qui plus est, elles doivent être transportées sur le terrain et elles prennent la majorité de la place dans vos sacs.
Mais dès qu'un combat se prolonge un peu, ces précieuses munitions fondent comme neige au soleil, il est tout à fait possible d'épuiser l'intégralité des munitions de la résistance en une seule escarmouche si vous n'y prenez pas garde, ou vous y serez tout simplement forcé pour avoir une chance de gagner. Vous pouvez alors vous retrouver bloqué dans une fusillade sans munitions pour attaquer et/ou aucune compétence pour attaquer un ennemi retranché dans un coin. Votre seul option est alors d'abandonner la mission, ce qui précipitera la défaite de la résistance en plus de vous faire perdre tout votre butin. Pouvoir fuir le combat actuel aurait été une option bienvenue. Précisons au passage qu'un personnage meurt généralement instantanément et de façon permanente si ses points de vie atteignent zéro, sans filet de sécurité, et sans que le jeu vous permette de recruter des remplaçants aisément. Priez pour ne pas recevoir un coup critique à l'arme lourde.
Vos problèmes ne s'arrêtent pas là, vous avez probablement saisi pourquoi il vaut mieux éviter un maximum de combats, mais se balader éternellement dans Varsovie n'est pas une option. Votre barre de points d'action de départ s'épuise avec chaque mouvement. Si elle tombe à zéro avant d'avoir atteint tous vos objectifs, c'est l'échec automatique, une fois encore. Atteindre de nombreux objectifs à l'aveuglette, ironiquement sans carte globale pour se repérer et avec simplement des indicateurs de proximité n'est pas une mince affaire. Les boussoles qu'il faut penser à emmener en mission aident en la matière, mais les fusées de détresse vont consommer une grande partie de vos points d'action pour un résultat peu satisfaisant. Rien n'est jamais simple dans WARSAW.
"The cost of preparedness - measured now in gold, later in blood."
Une fois la mission terminée, en bien ou en mal, un événement aléatoire se déroulera. Il peut exiger une décision difficile de votre part, avec des conséquences généralement difficiles à mesurer. Mais il permettra aussi régulièrement de recruter un nouveau résistant unique pour votre équipe, ce qui n'est pas de trop vu les circonstances. Votre lutte ne démarre qu'avec 3 résistants spéciaux et une partisane plus faible mais remplaçable en cas de mort, du moins si vous en payez le prix. Toutes les blessures accumulées au combat sont conservées une fois rentré, même si vous les aviez soigné sur le terrain, et il n'est pas rare qu'il faille des jours avant qu'un résistant ait récupéré toute sa vie. Cela ne serait pas un problème s'il était possible de recruter des remplaçants, mais vous risquez d'être mortellement en sous-effectif les premières semaines, si vous tenez jusque là. L'absence de sang frais ainsi que l'impossibilité de faire avancer le temps en dehors des missions va vous forcer à prendre des risques démesurés, dont il peut résulter la mort d'un de vos déjà trop rares résistants, ou il vous faudra simplement abandonner une mission et une fois encore, précipiter votre chute.
La résistance dans sa globalité est mesurée par son élan, au départ de 100%, il va diminuer au fil des événements négatifs, des morts et de la perte des quartiers. Chaque quartier s'est fortifié et tente de résister, mais comme dans Xcom: Enemy Unknown, vous ne pourrez pas être partout à la fois, vous ne pourrez accomplir qu'une seule des 3 missions proposées simultanément. Ce qui veut dire que 2 missions seront automatiquement échouées. Il en résultera l'augmentation de l'usure de ces quartiers et une diminution de leur moral. Si le moral d'un quartier tombe à zéro, il se rend, vous perdrez alors de l'élan. Vous pouvez utiliser des provisions pour remonter le moral de ces quartiers, mais en pratique, vous n'en aurez généralement même pas assez pour votre propre usage. La majorité de vos provisions servira à acheter les munitions dont vous aurez tant besoin. Votre seule source de revenu sera ce que vous ramassez sur le terrain, il faudra donc vendre tous les objets en surplus et faire un usage aussi conservateur que possible du reste, sous peine de se retrouvé désarmé. Le moins qu'on puisse dire est que la situation est désespérée et que les quartiers vont vite tomber. À votre charge de trouver une stratégie qui vous permettra de tenir le plus longtemps possible.
Votre planque ne peut pas être améliorée, mais elle propose quelques services et elle vous permettra d'offrir des promotions à vos résistants si vous avez réussi à sécuriser des médailles via vos victoires. Cela vous permettra de débloquer de nouvelles compétences, parfois très puissantes, si vous survivez assez longtemps pour les débloquer. Vous pourrez aussi réparer des armes trouvées sur le terrain afin d'améliorer un peu votre arsenal. Il est cependant dommage que votre effectif réduit ainsi que la limite à seulement 4 compétences par personnage s'avèrent aussi frustrantes. La moindre erreur dans votre composition de groupe, ou le moindre problème (mort, mauvais placement, épuisement des munitions) vous condamne à un échec cuisant et parfois assez ridicule. Il ne reste alors qu'à abandonner la mission, voire la partie et à en relancer une. Sauvegarde automatique oblige, il n'est pas possible de charger une sauvegarde antérieure. On ne peut qu'essayer de tirer les bonnes leçons de ses erreurs, pour que cela se passe mieux la fois suivante.
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