Quand on crée l'une des séries les plus testostéronées au monde, c'est toujours compliqué pour un studio de reprendre le flambeau. Epic Games en avait fini avec Gears of War au bout de trois épisodes, mais pas Microsoft, qui compte bien exploiter l'une des licences les plus aimées des Xboiteux (et l'une des plus lucratives aux USA, il faut le dire). Quand les mecs de The Coalition ont sorti Gears 4, il fallait une transition douce, on voyait déjà quelques patterns se dessiner avec plus de mobilité, plus de couleur et plus de sentiments, mais tout ceci restait léger. Avec Gears 5, le changement est plus net, plus distinct, on peut clairement voir une vraie volonté des développeurs d'apporter du neuf à la licence.
- Genre : Shooter-Cover, Action
- Date de sortie : 10 septembre 2019
- Plateforme : PC, Xbox One
- Développeur : The Coalition
- Éditeur : Microsoft Studio
- Prix : 69,99€ (disponible sur Amazon)
- Testé sur : PC et Xbox One X
Lanzhimmer
Pourtant, le début de campagne est on ne peut plus classique. On retrouve James Dominic "JD" Fenix, Kait Diaz et Delmont Walker, accompagnés de nos bons vieux Marcus Fenix, Damon Baird et Augustus "Cole Train" Cole. Nos vétérans sont grisonnants mais on est toujours très content d'entendre leurs voix pour s'envoyer quelques fions à droite, à gauche. JD et ses potes ont aussi un peu changé, dans leurs faciès (un léger lifting) mais aussi dans le ton et leur état d'esprits, ils sont plus sérieux, moins innocents que dans l'épisode précédent. Il faut dire qu'ils sont passés par tout un tas d'étapes, souvenez-vous, Gears 4 nous laissait sur une fin abrupte où Kait avait été obligée de tuer sa mère, qui devenait petit à petit une reine de la Vermine (la descendance des Locustes), et recevait en même temps un collier qui appartenait à sa grand-mère (dont la forme est clairement celle du symbole de la Horde, de quoi semer le doute chez le joueur). Depuis, Kait subit un curieux mélange de migraines et de visions, de quoi la déstabiliser dans son quotidien. Mais nos joyeux larrons doivent se bouger, la vermine continue de progresser et le rayon de l'Aube, la seule arme humaine capable de nettoyer la planète Sera de cette menace, ne marche plus très bien. Ils vont alors parcourir les différents endroits où la CGU avait un rapport de près ou de loin pour pouvoir envoyer des satellites en orbite et permettre une meilleure visée du Rayon de l'Aube, malgré l'interdiction de la supériorité hiérarchique.
Évidemment, on résume un peu l'histoire car, sans non plus être surprenant, Gears 5 offre une histoire assez captivante, en donnant des réponses à quelques questions encore en suspens, jusqu'à des événements qui arrivent bien avant le premier Gears of War, et qui proposeront même quelques plot twists. Mais il offre aussi un super prétexte pour permettre à nos héros de voyager. Comme la plupart des trailers l'ont montré, vous visiterez le grand froid, mais aussi un canyon désertique, une base de la CGU sous les tropiques et encore quelques lieux qui rappelleront les fondations de la licence comme des villes ou des souterrains. The Coalition s'y était déjà essayé lors du quatrième épisode, mais celui-ci va plus loin dans l'envie de dépayser le joueur qui voit autre chose que du béton et de la pierre dans un Gears. La musique orchestrale est souvent épique et parfois dramatique (mais de bonne facture quoi qu'il arrive), les palettes de couleurs se diversifient toujours plus et on passe du bleu glaçon au sable rouge, surplombé par des skybox rappelant la fascination qu'avait Bungie dans Halo Reach. Comme on le sait, la planète ne va plus très bien et des tempêtes gigantesques éclatent à sa surface, provoquant perte et fracas. Assez mal utilisées dans Gears 4, elles prennent tout leurs sens dans celui-ci, notamment parce que l'acte 2 et 3 nous font évoluer dans une zone ouverte, en proie aux caprices des tempêtes.
Oui, vous avez bien lu, Gears 5 possède des zones ouvertes, comme peuvent en avoir Metro Exodus ou Dragon Age Inquisition. Pas des zones gigantesques, mais assez grandes pour permettre de ralentir le rythme pour faire un peu de narration et de placer quelques quêtes secondaires en plus de votre trame principale. Ces quêtes se résument assez facilement : dézinguer de la vermine à grands coups de pied au cul pour récupérer un machin ou libérer des civils, en soi rien de bien motivant. En revanche, elles sauront apporter leur lot de profondeur au background de Gears. L'acte 3 se passe dans le désert sur une ancienne zone de guerre entre l'URI et la CGU (la Russie et les USA en gros), l'occasion de retrouver Palduk qu'on a vu dans Gears Judgement, mais aussi de comprendre un peu plus les conflits qui les opposent et de rencontrer les Vasgariens, une civilisation de nomade. Ces quêtes secondaires vous donneront aussi accès à des améliorations pour Jack, votre poti-pote robot des premiers Gears qui est maintenant un membre à part entière de l'équipe Delta (et bien plus malin que Del, qui, lui, ne saura pas faire grand chose de ses dix doigts). Ce dernier pourra taser les ennemis qui s'avancent un peu trop, vous amener des munitions, activer des interrupteurs, mais il aura aussi des capacités offensives et défensives qu'il faudra activer. Il pourra flasher vos ennemis qui sont à couvert pour les déstabiliser et les rendre vulnérable ou mettre des pièges électriques, tout comme il pourra vous immuniser contre les dégâts pendant un court temps ou scanner les environs. Vous débloquerez d'autres capacités au fur et à mesure de l'histoire et, fait intéressant, il pourra même être incarné par un joueur. La campagne peut maintenant être faite à trois (en local ou en ligne), l'un des joueurs pourra donc servir de soutien pour ses copains. L'idée est plutôt bonne et pourra permettre aux moins familiers avec le gameplay de Gears de quand même participer à l'éradication de la Vermine.
Handsom-o Jack & Deb-mont
Mais sinon, que fait-on dans Gears 5 ? Il serait étonnant de faire autre chose que d'éclater des moches dans des gerbes de sang. Le jeu tient quand même un genre de Shooter-Cover bien à lui, avec sa propre lourdeur de gameplay, son système de rechargement au timing serré et son bestiaire si particulier. Cependant, comme dit plus haut, The Coalition cherche constamment à rendre son rythme plus dynamique, il veut bousculer un peu plus le joueur qui s'est coltiné tous les Gears en difficulté max depuis 2006 et le forcer à dégager de ses positions. Et il faut dire que c'est plutôt réussi, tout d'abord il garde les ajouts qu'il avait déjà faits dans le 4, avec les choppes par-dessus les couvers, les ennemis bien plus mobiles et agressifs ou encore l'environnement, toujours plus destructible, la technique au service du gameplay. Notre personnage est d'ailleurs plus agile qu'avant, c'est d'autant plus marquant vu que vous allez contrôler Kait quasiment tout le long de l'aventure (un gabarit moins imposant du coup). Mais ce qui va vous faire bouger, c'est surtout les créatures. Les développeurs ont été assez malins et ont préparé tout un tas d'ennemis qui vous feront forcément bouger, comme des rebus kamikazes chargés d'explosifs, des nuées de sangsues qui pourront vous faire du dégât ou corrompre vos Defbots (eh oui, il fallait bien une dose de robot à affronter). Ces ennemis évolueront avec le temps, ils finiront par être plus agressifs, plus résistants, plus malins, notamment les drones standard qui prennent une fulgurance dans les dernières heures de jeu (par une habile dose de scénarium) et sauront vous pousser dans vos derniers retranchements si vous n'utilisez pas vos différents outils et restez planqué derrière votre petit muret d'un mètre vingt, même en difficulté intermédiaire.
Côté armes, les ajouts sont assez minimes, on a une grenade aveuglante, un Lanzor avec un lance-grenade à la place de la tronçonneuse, un pistolet-mitrailleur, une machine gun rudimentaire, ou encore une masse à deux mains (une arme blanche n'a jamais fait de mal). Et pour les plus fouineurs, sachez que des armes "légendaires" sont cachées sur les différentes cartes, ces dernières seront des armes ornées avec une capacité passive particulière ou des dégâts supplémentaire. Ce ne sont pour la plupart que des façons supplémentaires de faire sauter la tête de vos adversaires, Gears 5 excelle toujours dans les gunfights jouissifs où vous allez pouvoir mettre à profit vos talents de tireur aux côtés de votre capacité à évaluer une situation. Il arrive très souvent qu'à votre arrivée dans une arène, vous ayez un peu de temps pour repérer des caisses explosives qui pourront faire s'écrouler un pan de mur, faire tomber des snipers ou vous débarrasser d'une grosse bestiole plus rapidement. Mais vous pouvez aussi passer un peu de temps à faire de l'"infiltration". Attention, ça reste bas du front au possible, vous restez des Gears, mais vous pourrez parfois attraper quelques ennemis par-ci, par-là, en leur mettant un bon coup de couteau entre le nez et le menton, ce qui n'est pas bien utile en difficulté intermédiaire mais sera plus important dans les modes de difficultés supérieurs.
Tous ces ajouts de gameplay auront, bien évidemment, un impact sur le multijoueur. C'est maintenant une habitude pour la série, le jeu est tout le temps accompagné de jeu en ligne et de ce côté-là, il y a assez peu de variations, il y a de nouvelles cartes mais on retrouve les mêmes modes en classé avec le roi de la colline, le death match, l'escalade (capture de plusieurs anneaux sur la carte) ou le gardien (protéger et tuer le VIP). Ces mêmes modes se greffent avec le Dodgeball, l'arcade et la course à l'armement en matchmaking plus casuel (pour le moment, les modes Exécution et Zone de Guerre sont absents, gageons qu'ils seront rajoutés plus tard). En soi, les fans de la série ne seront pas perdus et les nouveaux auront de quoi faire côté compétitif, avec un réseau solide et un système de recherche de joueurs assez bien pensé, avec différents paramètres. Mais c'est bien du côté co-op que Gears prend son sens, en plus de la campagne, vous aurez de quoi faire entre copains, avec le mode horde 3.0, tel qu'il a été pensé dans Gears 4 sur d'autres cartes inspirées de la campagne et avec plus de personnages aux capacités différentes, dans lequel vous devrez repousser 50 vagues d'ennemis de plus en plus durs et où il faudra préparer des défenses (d'ailleurs, maintenant, tout le monde peut réparer les défenses, de quoi éviter d'avoir automatiquement un technicien). Mais la nouveauté de cet épisode, c'est le mode Fuite, qui reprend un peu le concept de Left 4 Dead : Quatre joueurs qui seront capturés et emmenés dans une ruche et devront s'enfuir en posant du poison qui va se répandre petit à petit dans la zone. Les joueurs devront avancer avec uniquement une arme de poing et chercher leur chemin sans se faire envahir par le poison. Assez classique en somme, l'intérêt se situe surtout dans le fait que, en plus des trois cartes de développeurs, les joueurs pourront faire leurs propres ruches et les partager, de quoi renouveler l'expérience avec pour seul limite l'imagination et le sadisme de la communauté.
Et côté technique ?
Un petit paragraphe en dehors du texte pour parler du côté technique du jeu. Nous avons joué à Gears 5 sur PC, dans une config assez solide sans pour autant être à la pointe technologiquement (i7 4790, 1070 et 16 Go de RAM le tout sur un SSD), il faut dire que cette version PC est très bien optimisée avec tout un tas de paramètres pour s'adapter au mieux à chaque configuration (et même la possibilité de reculer le FOV et d'enlever le flou de mouvement, le luxe), et ici, tout au max, c'est du 1080p qui atteint les 90 FPS au maximum (mais on bloquera à 60 pour plus de confort). Nous avons aussi essayé à trois sur la même machine, et cette fois, outre le fait que l'affichage à trois reste assez petit pour ce genre de jeu (même sur un écran de 43"), le PC galérait un peu plus, avec quelques chutes de framerate dans les zones de bagarre (avec quelques ajustements, on peut être un peu plus confortable).
Sur Xbox One X, le jeu est moins joli que sur PC, avec moins de profondeur dans l'occlusion ambiante et l'éclairage, des temps chargement plus longs et surtout, un petit voile blanc qui apparaît et donne la sensation d'être envahi de poussière. Cependant, c'est du 4K et 60 FPS constant en solo ! Une jolie prouesse au vu de la qualité du jeu, mais dont les FPS descendront à fur et à mesure que vous rajoutez des joueurs sur votre bécane (atteignant difficilement les 30 FPS à trois). Aucun soucis si vous jouez à trois en ligne. À noter qu'aucune option vidéo n'est disponible, que ce soit un 4K plus joli en 30 FPS, ou un 1080p plus fluide (n'oublions pas que la Xbox One X peut gérer les 120 FPS).
On a eu quelques retours concernant la version Xbox One S, seulement disponible en 1080p 30 FPS en solo, mais n'ayant pas la console sous la main, difficile d'en parler plus en profondeur.
On note aussi la qualité du Xbox Play Anywhere qui marche à merveille, avec un switch entre chaque plateforme qui se fait sans aucun souci pour transférer les sauvegardes.
Voir la suite