Gears of War 4 est enfin disponible sur Xbox One et PC. A cette occasion, nous vous proposons de retrouver notre avis sur ce TPS bien bourrin.
- Genre : Aventure, action
- Développeur : The Coalition
- Editeur : Xbox Game Studios
- Supports : Xbox One, PC
Une nouvelle aube
Nouveau studio, nouvelle génération et donc nouvelles ambitions pour la franchise Gears of War sur les machines Microsoft. Si l'on met de côté un Judgement et son scoring parfaitement dispensable, la saga GoW a été l'une des machines à succès de la Xbox 360. En plus de profiter des avancées techniques de l'Unreal Engine 3 d'Epic, Gears of War premier du nom proposait un système de couverture qui allait complètement bouleverser notre manière d'aborder les third person shooters, tant et si bien que toutes les mécaniques de cover de 90% des jeux modernes viennent de ce titre qui date tout de même d'il y a presque 10 ans. Par la suite, la licence n'a pas forcément proposé d'autres avancées majeures, mais plutôt quelques idées de level design originales et des gunfights toujours plus nerveux et sanglants. Avec Gears of War 4, The Coalition ne trahit pas cette évolution, en incorporant quelques petites nouveautés comme autant de nouvelles manières d'exécuter du streum : il est désormais possible d'attraper un adversaire planqué derrière le même abri que soi afin de l'étourdir et lui planter un bon coup de couteau dans la nuque. Même punition avec les sauts d'obstacles en pleine course, qui peuvent désorienter et laisser une ouverture de quelques secondes pour une exécution. En termes de mécaniques pures, Gears 4 ne propose malheureusement rien d'autre de notable. Pour ce qui est de sa campagne, tout se joue donc sur son univers métamorphosé, ses personnages et son scénario et, histoire de ne pas laisser de suspens inutile, le pari n'est qu'à moitié réussi. Cela a tout de même le mérite d'introduire de nouveaux types d'ennemis et ainsi de nouvelles armes, très sympas à utiliser : un lance-disques, un quadruple shotgun, un lance-missiles portatif... Si certaines idées ont déjà été vues ailleurs, The Coalition a tout de même réussi à renouveler l'armurerie de la série avec originalité.
Pour ce quatrième opus canonique, les développeurs projettent Sera dans le turfu, avec une ambiance bien plus bucolique, naturelle, pour ne pas dire sauvage. Alors que les locustes ne sont plus, une nouvelle génération marche sur les traces des héros d'antan, comme JD et Dei, fils de Gears et ex-Gears eux-même, mais aussi la mystérieuse Caitlyn, une jeune fille issue d'un groupe d'étrangers construisant leurs villages éco-responsables un peu partout sur la planète. On ne va pas s'étaler outre-mesure sur le scénario du jeu afin de ne pas gâcher les rares surprises aux joueurs qui auront eu la bonne idée de fermer les yeux à chaque nouveau trailer. Ce qu'il faut savoir, c'est que même si la proposition d'une Sera plus tribale est vraiment très bonne, on ne peut s'empêcher de tomber dans la soupe à la grimace en constatant la sous-exploitation de ce "nouvel univers" : mise en scène pataude, doublage français en dents de scie, mais surtout scénario complètement coupé à la truelle sont les principales griefs que l'on pourrait adresser au solo de GOW4. On se retrouve alors à bouillir devant son écran après les crédits de fin, à ruminer sur le fait que la fin n'en est pas une et que toutes les questions posées lors des huit dernières heures n'avaient obtenu aucune réponse, comme si Microsoft était certain que tout le monde achèterait une suite qui arrivera forcément. En parcourant la campagne de Gears of War 4, vous aurez donc le droit à un tiers de scénario mal mis en scène, et étalé sur huit heures, avec un découpage en actes qui traînent parfois en longueur. Vraiment dommage, d'autant que les deux premiers actes du jeu laissent augurer une excellente campagne... Finalement, elle sera tout juste honnête.
Pour la Horde (3.0) !
Mais Gears ce n'est pas qu'une campagne, et côté modes multijoueurs, les amateurs seront copieusement servis, avec une sélection de six modes standards, deux modes compétitifs avec des sessions de placement permettant ensuite d'être assigné à une division à la manière de Halo 5, des modes en coopération pour jouer avec ses amis en écran splitté (même sur PC), possibilité de lancer des parties privées... Gears of War 4 est très loin d'être avare en contenu, même si certains pourront protester contre la petite dizaine de cartes disponibles pour le moment. Si la campagne tourne à 30 images par seconde, le multijoueur reste quant à lui accroché à ses 60fps sur One, pour un confort de jeu optimal. Les évolutions sont également mineures du côté du multijoueur, avec des rixes toujours aussi nerveuses en cinq contre cinq sur des objectifs que n'importe quel amateur de la série connaît sur le bout des doigts. Notons tout de même un nouveau système de progression mélangeant les cartes de Halo 5 et les coffres d'Overwatch. Concrètement, il faudra engranger de l'or au fil des parties pour ensuite acheter des caisses de ravitaillement contenant des cartes correspondant à divers bonus et contenus. On parle ici de skins d'armes, de personnages, mais aussi d'avantages pour le fameux mode Horde 3.0, la seconde escale de ceux qui n'ont que faire du PVP. Il s'agira une fois encore de survivre à plusieurs vagues d'ennemis afin d'atteindre le haut du leaderboard, mais aussi de collecter quelques points d'expérience permettant d'améliorer sa classe de héros (à choisir parmi cinq différentes). Pour cette nouvelle itération, The Coalition a sorti le Fabricator, une sorte d'atelier transportable qu'il va falloir défendre, mais surtout remplir de crédits afin d'acheter de nouvelles défenses comme des tourelles, des barricades, etc. La petite subtilité étant la possibilité de changer le Fabricator de position à n'importe quel moment afin de fortifier une autre position. Pour le reste, il s'agit toujours d'un excellent défouloir à savourer entre potes, avec là aussi, une bonne dizaine de cartes sur lesquelles se faire plaisir.
Les rouages de la Guerre
Avant d'attaquer la partie technique, une petite parenthèse pour vous dire tout le bien que l'on pense du système Xbox Play Anywhere inauguré il y a quelques semaines. Ce service permet aux joueurs PC de profiter des exclusivités One, mais également de jouer avec les joueurs consoles. Par exemple, pour la rédaction de ce test, il aura été possible de parcourir Gears of War 4 en coopération en étant sur deux supports différents. Même s'il n'est pas sans contraintes et que les prix du Windows Store sont encore beaucoup trop élevés, le système fonctionne vraiment bien. Autre petite délicatesse qui fait clairement plaisir : l'écran splitté, même sur PC. C'est d'ailleurs cette masse de détails et de petites attentions qui fait que l'on pardonne à Gears of War 4 sa campagne en demi-teinte. Il s'agit d'un jeu généreux proposant un contenu tout à fait satisfaisant et suffisamment d'options et paramètres pour qu'il soit possible d'en profiter à sa convenance. Et puis il y a la technique : sur certains plans, Gears 4 n'a rien à envier à Uncharted 4 chez la concurrence, avec des panoramas de toute beauté et quelques environnements franchement bluffants, comme le village des étrangers ou la propriété des Fenix. On mettra un léger bémol sur quelques effets graphiques un peu plus disgracieux, comme les gerbes de sang qui tendent à partir vers le rose saumoné et les explosions de grenades qui tranchent un peu avec le reste. On reste également un peu sur notre faim au niveau de la bande-son, avec des compositions très loin d'égaler celles de la première trilogie.