Voici la troisième publication de fanfiction sur l'univers de Guild Wars 2. Après la création des Sylvaris et de Rata Sum, voici un texte dédié à Ogden, le dernier des nains.
Millenium continuera de publier les récits envoyés pour le concours pendant les jours et semaines à venir. Si vous n'avez pas participé à celui-ci, mais que vous aimeriez voir publier sur notre site vos écrits (ou vos dessins), n'hésitez pas et envoyez-les à eskrau@millenium.org.
Ogden, le dernier des nains par Bernard J. K.
Le loup pointa le bout de son nez, entre deux arbres, reniflant l’air. Secouant la tête il grogna, s’aplatissant sur le sol, scrutant la montagne. Une petite forme se distingua, petit être grimpant péniblement la montagne. Le souffle du loup dégagea un léger nuage de brume dans l’air alors que ses yeux, attentifs à chaque mouvement, tentaient de distinguer d’autres formes. Non, l’être, quel qu’il soit était seul. Un autre loup pointa le bout de son nez, apercevant également la forme se déplaçant lentement, faisant mine d’avancer à son encontre, menaçant. L’alpha, toujours aplati sur le sol, le fit reculer d’un grognement, le second loup acceptant l’ordre, la tête baissée et les oreilles aplaties, se fondant de nouveau entre les arbres. L’être tourna alors la tête vers le loup, des yeux brillants d’intelligence braqués sur lui, faisant frissonner l’alpha. Après un moment d’hésitation, le loup se releva, poussant un hurlement qui résonna dans la montagne, puis suivit le chemin de son compère, intimidé, malgré lui, par la présence de cet être mystérieux…
Ogden sourit dans son manteau, observant le loup s’éloigner. Ces bêtes étaient décidément très malignes. Soupirant, appuyé sur la branche lui servant d’appui il scruta à son tour la montagne, les yeux plissés, un sourire fugace s’éternisant sur ses lèvres. Un long voyage l’avait mené jusqu’ici, à l’accomplissement de toute une vie. Il était jeune encore, quand il entendit parler de la Première Cloche, un artefact perdu, jusque-là inconnu des légendes… Partant en quête de tous les écrits y faisant allusion il accumula une fabuleuse somme de connaissances la concernant, cherchant, sans relâche. C’est ainsi que, lors du rituel du Grand Nain, il était absent, ignorant tout de la situation de sa race. Ce n’est que bien plus tard, armé de ses recherches, qu’il revînt sur ses terres, triomphant, persuadé d’être à même de retrouver l’artefact. Il découvrit alors la terrible vérité… Il n’y avait plus personne avec qui partager sa découverte. Il parcourut les écrits de son peuple, avec la même ardeur qui l’avait amené jusque-là, comprenant sans doute bien mieux les tenants et les aboutissants des choix de sa race que ceux-là mêmes qui les avaient faits. Une prophétie, découverte dans une crypte secrète d’Ascalon lui revînt en mémoire :
« Alors que la pierre aura remplacé la chair, le dernier d’entre eux trouvera la Première Cloche, et du marteau du Grand Nain la fera résonner, ainsi seulement, le peuple perdu reviendra à la vie, pour découvrir son destin. »
Ogden, armé de ses connaissances, avait alors reprit sa route, décidé à aller au bout de sa route, où qu’elle puisse le mener.
C’est ainsi qu’il se retrouva au milieu des Cimefroides, regardant un loup s’éloigner, restant à l’écart de la marche du destin. Il reprit alors sa route, de sa démarche lente et décidée, martelant la neige de ses pas, les yeux brillants. L’aube se leva tout à fait, chassant les dernières ombres de sa lumière, la neige reflétant de ses mille feux les rayons du soleil, éclairant la silhouette du nain, sa mine bourrue comme jaillissante de sa barbe rousse.
Au bout d’une demi-heure de route, il découvrit enfin l’ouverture qu’il appelait de tous ses vœux. La roche semblait s’être presque déchirée, pour laisser apparaître cette embrasure, sombre et intrigante. Ogden rabattit sa capuche, révélant sa tignasse rousse, allumant sa torche d’une main habile, reprenant sa route, un sourire épanoui sur le visage. Bientôt, au-delà de la portée de sa torche, il n’existait déjà plus que les ténèbres, la roche, déchiquetée, laissant apparaître un simple chemin de roche lisse, descendant dans les profondeurs de la montagne. Le temps n’avait bientôt plus d’importance, le nombre de ses pas se perdant dans les ténèbres, Ogden continuant à avancer, sans relâche, décidé à ne plus s’arrêter d’ici la fin de sa route. La chaleur commença bientôt à monter, à mesure qu’il s’enfonçait dans les profondeurs. Il arriva bientôt dans une première salle, parfaitement rectangulaire, les murs lisses, sans aucune anfractuosité, quatre gigantesques statues de nain ornant les quatre coins de la salle, les yeux braqués sur un réceptacle, au centre. Ogden s’avança, la tête baissée, la majesté de la salle forçant son respect.
Sur le réceptacle trônait un Marteau, des runes d’or, de bronze et d’argent en ornant le pourtour, le manche ciselé dans une pierre d’ébène. Le reste du Marteau était fait dans une pierre semblant irradier la lumière, les runes se reflétant sur les murs de la salle puis sur le visage d’Ogden, à mesure qu’il s’en rapprochait. Ce devait être le marteau du Grand Nain, celui-là même qui forgea les premiers nains, leur donnant la vie. Ogden, le cœur battant, la respiration haletante avança la main, comme au ralenti, vers le manche du marteau, les yeux écarquillés. Il déposa alors les doigts sur le manche, la pierre semblant onduler, réagissant à sa présence. Il saisit alors le marteau, le soulevant, le portant devant son visage ébahi devant la beauté de l’arme. Il ne pesait quasiment rien, une arme parfaite en tous points. Ogden poursuivit alors sa route, laissant sa torche derrière lui, finissant de se consumer, sans même y porter attention, le Marteau irradiant suffisamment de lumière pour lui éclairer la route. Sortant de la salle, il retomba à nouveau dans un tunnel, cette fois parfaitement lisse, de la même manière que la Salle du Marteau. La chaleur aurait dû être insupportable, mais maintenant qu’Ogden tenait le marteau elle semblait lui glisser dessus, ne l’embarrassant même pas.
Il sût enfin qu’il était arrivé, émergeant du couloir, arrivant dans une salle dix fois plus grande que la précédente, les murs semblant être faits de lave coulant sans relâche, un trône, majestueux, de la même matière que le manche du marteau, siégeant au fond de la salle, semblant attendre le retour du Grand Nain. Sur la gauche de la salle trônait une enclume immense, de la taille d’une maison et sur la droite une cloche, en or massif, splendide, sans fioriture, ni joyaux. Elle reposait sur un socle, où était gravée une inscription, composée de la même prophétie qui avait amené Ogden ici, mais où une mention avait été ajoutée :
« Alors que le dernier écho de la torche s’éteindra, un Héros surgira, pour montrer la voie au peuple de la Montagne »
Les yeux brillants, sentant toutes les convergences de son destin s’épanouir dans ce moment, Ogden brandit le marteau au-dessus de sa tête, frappant la cloche de toutes ses forces, le premier de ses échos résonnant comme le rugissement d’un dragon, comme le battement du cœur d’une nation entière, attendant de revenir à la vie…