Après un mystérieux et fourni teasing, le Patch 10.2.6 : Plunderstorm a finalement été déployé le mercredi 20 mars 2024 sur World of Warcraft : Dragonflight. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a su faire parler de lui non seulement entre les fans du MMORPG de Blizzard, mais aussi au-delà, bien au-delà ! En effet, pour la première fois dans l'histoire de WoW cette mise à jour n'apporte pas véritablement du contenu en jeu mais un mode additionnel sans lien, ou presque, avec ses versions habituelles...
Plunderstorm : Quand Blizzard crée la surprise... sur WoW
Il n'existe sans doute pas de mot approprié afin de décrire la réaction des joueuses et joueurs de World of Warcraft au moment de l'annonce du contenu du Patch 10.2.6 : Plunderstorm. Longtemps jalousement gardé secret, on savait seulement qu'il contiendrait des pirates, absolument rien de plus. Bon nombre ont alors imaginé tout un tas d'idées objectivement farfelues, comme toujours, et pourtant Blizzard prenait un malin plaisir à appuyer sur l'arrivée imminente de cette curieuse mise à jour.
Le plus probable était une énième mise à jour mineure introduisant du contenu très anecdotique que l'on aurait sans doute oublié aussi vite que la Reconquête de Gilnéas du Patch 10.2.5. Du contenu banal en somme, pas très intéressant mais qui servirait à temporiser en attendant le Patch 10.2.7 et la Saison 4 de Dragonflight. Bref, pas folichon et très insuffisant, mais sympathique tout de même, ne crachons pas trop dans la soupe.
C'est dans cette atmosphère entre défiance et déception anticipée que Blizzard a choisi de révéler Plunderstorm le 20 mars 2024. Loin de toutes les mises à jour déployées depuis bientôt vingt ans sur son MMORPG, l'éditeur a cette fois créé un mode de jeu temporaire unique dans l'histoire tant de son jeu que sa propre histoire en tant qu'éditeur : un Battle Royale. Et si cela peut sonner comme un très mauvais Poisson d'Avril anticipé, il n'en est rien, Plunderstorm existe réellement !
Le concept est très similaire aux Battle Royales que l'on connait toutes et tous bien, Fortnite, Apex Legends ou Player's Unknown Battleground (PUBG) pour ne citer qu'eux, à ceci près qu'il se déroule dans l'une des zones de World of Warcraft, les Hautes-Terres Arathies, et exploite les mécaniques et le moteur graphique du jeu. Si vous ne l'avez pas essayé, on a conscience de l'absurdité que cela peut représenter dans votre esprit, mais pas de panique, on va démêler tout ça !
WoW : Plunderstorm, comment fonctionne ce Battle Royale made in Blizzard ?
Pour pouvoir jouer à Plunderstorm, vous devez simplement disposer d'un abonnement actif à World of Warcraft ainsi que n'importe quelle version de l'extension Dragonflight. C'est beaucoup, certes, mais on y revient plus en détail à la suite de cet article. Connectez vous simplement à Dragonflight et vous constaterez qu'un nouvel onglet "WoW : Plunderstorm" est accessible dans le coin supérieur gauche de l'écran de sélection de personnage. A partir de là, il vous suffit de créer un personnage qui n'a aucun rapport avec ceux que vous incarnez dans le jeu que vous connaissez bien avant de plonger dans une vaste zone où 59 autres joueuses et joueurs vous attendent pour tenter d'être le ou la dernière survivante !
La suite est pour le moins simple : vous atterrissez dans un lobby, une "salle d'attente" en gros, avant de vous retrouver sur le dos d'un énorme perroquet dans les cieux au-dessus des Hautes-Terres Arathies. Là, il ne vous reste qu'à plonger en piqué en direction du lieu où vous souhaitez atterrir grâce à la mécanique de Vol à dos de dragon introduite avec l'extension Dragonflight.
Débute alors un périple d'une quinzaine de minutes tout au plus au cours duquel vous devez fouiller des coffres, tuer des créatures contrôlées par l'ordinateur et défaire des joueuses et joueurs afin d'obtenir non seulement de nouveaux pouvoirs (quatre au maximum : deux offensifs, deux utilitaires), en plus de la seule ressource de ce mode de jeu, le "PIllage", faisant office de points d'expérience pour atteindre le niveau 10 au maximum et gagner en puissance, mais aussi de points de réputation permettant d'améliorer votre niveau de Renom auprès de L'Équipage de Labarrique et ainsi déverrouiller des récompenses cosmétiques pour Plunderstorm, Dragonflight et même Classic !
Le Battle Royale de World of Warcraft : verdict !
En toute franchise, j'ai cru, comme beaucoup, à une mauvaise blague lorsque Plunderstorm a été annoncé, cela ressemblait à première vue davantage à un moyen de nous détourner d'une annonce majeure ultérieure qu'à un véritable changement majeur dans l'histoire de WoW. Pourtant, ce Battle Royale a bel et bien vu le jour et j'ai osé lui laissé sa chance. Et, sans langue de bois aucune, force est de constater que le pari est une franche réussite à quasiment tous les égards. Plunderstorm a donné un second souffle à vingt années de World of Warcraft que personne n'aurait pu anticiper, et l'absence de datamining ou de tests publics en amont de son déploiement ont largement contribué à cette formidable surprise. "Ce n'est pas WoW, mais en même temps un peu quand même... j'adore" m'entendais-je dire !
En terme de gameplay, la maniabilité est exactement semblable à celle que l'on connaît sur WoW et quiconque a déjà pratiqué le PvP a déjà de solides bases en matière de déplacements et de positionnement pour être excellent dans Plunderstorm. Tout le reste est cependant complètement différent, à commencer par la façon d'infliger des dégâts : oubliez le ciblage par tabulation ici (ou presque), cela a été remplacé par des techniques infligeant des dégâts en cône face à vous le plus souvent, une mécanique ayant progressivement intégré le fameux MMO depuis l'extension Legion. Et le résultat est, à mon avis et à ma grande surprise, très réussi !
Les parties sont plutôt rapides, 20 minutes tout au plus si vous atteignez le Top 1, et les lobbys sont si pleins qu'elles s'enchaînent sans la moindre difficulté. Ça s'enchaîne, c'est simple, sans prise de tête : tout ce que devrait être un jeu à vrai dire, et c'est là toute la force principale de Plunderstorm.
Alors bien sûr, ce mode de jeu temporaire souffre de très sérieux problèmes encore aujourd'hui, à l'heure où j'écris ces lignes, à commencer par l'équilibrage des compétences qui est aux fraises à bien des égards, ou bien la partie Est de l'arène qui n'est tout simplement pas exploitable si tant est que l'on cherche à être le dernier survivant (encore que cela reste faisable, mais péniblement). Plus encore, la façon d'atterrir, de "drop" comme on dit dans le jargon, est très discutable et mériterait d'être revisitée afin de ressembler davantage au drop des autres Battle Royales : on pourrait par exemple sauter du navire volant de Jaina Portvaillant ou d'une canonnière de la Horde en déplacement afin d'atterrir où on le souhaite plutôt que se voir imposés un lieu aléatoirement à chaque lancement de partie et en subir les affres tout le long.
Mais ne nous ne laissons pas abuser par les faux débats, le mode vient de débarquer, il a des défauts c'est normal : Plunderstorm est un mode de jeu extrêmement prometteur pour l'avenir de World of Warcraft et de Blizzard dans sa globalité. C'est sans aucun doute l'un des meilleurs moyens pour l'éditeur américain de se diversifier tout en intéressant de nouveaux fans potentiels à l'une de ses plus grandes franchises : Warcraft. En ce sens, il semble intéressant d'imaginer que l'avenir nous réserve sans doute d'autres belles surprises du même acabit, à commencer par le "Timerunning Pandamonium" prévu pour la fin de l'été 2024 avec le Patch 10.2.7, et bien d'autres ultérieurement.
En fait, pour le première fois Blizzard a fait le choix osé mais remarquable de proposer de la nouveauté aux joueuses et joueurs de World of Warcraft. L'éditeur nous a à toutes et tous dit "Vous aimez WoW ? Alors essayez d'y jouer différemment !", et c'est quelque chose que j'aime beaucoup. Parce que le MMORPG est un genre aussi vieillissant que redondant, et pour se démarquer de la concurrence il est nécessaire tant d'attirer de nouvelles têtes que de proposer de la variété. Il est d'autant plus rébarbatif qu'on a tendance à s'encroûter dans les modes de jeu qu'on préfère sans jamais s'essayer à autre chose, nous limitant ainsi à une boucle sans fin de contenus répétitifs que l'on connaît sur le bout des doigts. Le WoW que l'on connaît doit perdurer et être le cœur de la franchise, bien sûr, mais il ne peut pas être seul dans un océan de fans souvent aussi durs que passionnés avec lui.
Plunderstorm propose ainsi de revisiter deux genres à la fois, celui du MMORPG et celui du Battle Royale tout en offrant du contenu à une communauté laissée pour compte depuis bien trop longtemps sur World of Warcraft : les joueuses et joueurs adeptes de PvP. En faisant partie, je prends ce mode de jeu comme une lettre d'amour à mes consœurs, compères et moi-même qui n'avons eu de cesse de jouer à WoW malgré un fort désintérêt de la part de la Team 2. Nous n'avons pas été oubliés, et par-dessus ce mode a même conquis bon nombre d'Azerothiens qui ne supportaient pas le PvP jusqu'à présent.
Est-ce suffisant ? Non. Cela ne l'est jamais, ça ne doit jamais l'être sans quoi la situation telle qu'elle existe pour le PvP de WoW se reproduira. Mais l'initiative doit, à mon humble avis, être chaleureusement saluée afin d'envoyer un message fort à Blizzard, celui d'une communauté qui aime la nouveauté, qui est prête à évoluer et à envisager le MMORPG comme le pilier de quelque chose de plus vaste encore, pas d'une communauté de joueuses et joueurs bloqués dans le passé et ne jurant que par Wrath of the Lich King et des vieilleries ayant plus de 15 ans (bien que cela n'empêche pas d'apprécier cette version du jeu, attention).
Quel avenir pour World of Warcraft : Plunderstorm ?
L'élément qui saute immédiatement aux yeux lorsqu'il est question de l'avenir de Plunderstorm se situe tout naturellement du côté de son modèle économique. Si ce mode prévu pour durer six semaines, jusqu'au 1er mai 2024, venait à recevoir l'approbation d'une grande partie des joueuses et joueurs alors on pourrait l'imaginer devenir un mode de jeu permanent et surtout gratuit.
Qui plus est, on sait déjà que la zone qui devait accueillir le champ de bataille de Plunderstorm était à l'origine Drustvar (source), on peut donc déjà imaginer de nouvelles zones si une suite était prévue. Plus encore, on pourrait également envisager l'arrivée de nouveaux cosmétiques, de nouveaux pouvoirs (à condition qu'ils ne soient pas trop nombreux pour ne pas surcharger ce mode), et tout un tas d'autres nouveautés aussi diverses que variées.
Mais le point d'orgue de l'avenir de Plunderstorm se situerait du côté de son modèle économique : il doit absolument s'agir d'un jeu entièrement gratuit à l'instar des autres Battle Royales. De cette façon, n'importe qui pourrait y accéder sans restriction, de quoi offrir à ce mode une popularité colossale tout en plaçant World of Warcraft sous les projecteurs et incitant les adeptes de Plunderstorm à envisager un abonnement pour jouer à ce MMO.
L'autre élément majeur qui pourrait, et devrait sans doute, être l'avenir de Plunderstorm c'est sa portabilité. Étant donné que les mouvements, le ciblage et le nombre de compétences accessibles sont à la fois très différents et similaires à ceux que l'on connaît dans World of Warcraft, il y a fort à parier que son arrivée sur consoles, notamment les Xbox Series, soit d'ores et déjà envisagé du côté de Blizzard et Microsoft depuis la conception même de ce mode de jeu. Rien n'est confirmé, bien sûr, mais le jeu à la manette semble correspondre tout naturellement, alors pourquoi s'en priver ?
A moindre échelle, Blizzard pourrait également avoir ouvert la même porte qu'a récemment ouvert Epic Games avec son multivers dédié à Fortnite. Avec Plunderstorm, on nous envoie le message fort que World of Warcraft peut être bien plus qu'un banal MMORPG et que la concurrence n'a qu'à bien se tenir puisque demain on pourrait avoir, au hasard, un roguelike façon Vampire Survivors en guise de nouveau mode de jeu PvE par exemple (des éléments dédié à ce roguelike populaire ont été dataminés il y a quelques temps, d'où cet exemple).
Les idées peuvent être aussi variées que formidables à vrai dire. Fortnite, pour reprendre le cas le plus extraordinaire du genre, propose à ce jour non seulement un Battle Royale mais aussi un jeu de courses en collaboration avec Rocket League, un jeu de simulation en collaboration avec Roblox, un karaoké inspiré de Guitar Hero, un jeu de survie façon Minecraft et bien, bien d'autres. Qui sait ce que pourrait devenir World of Warcraft si Blizzard s'engageait sur une telle voie ? Qui sait combien de joueuses et joueurs pourraient se mettre à WoW après avoir essayé Plunderstorm et adhéré aux mouvements et à la patte graphique directement issus de WoW ?
World of Warcraft : Plunderstorm me semble être une aubaine pour quiconque aime World of Warcraft. Bien au-delà des clivages en matière d'intérêt ou non ce qui est proposé, il s'agit d'un formidable moyen d'étendre l'influence de Blizzard et de notre MMORPG favori à une audience absolument gigantesque, le tout en restant fidèle à l'esprit et à l'univers de la franchise que l'on apprécie tant. Que l'on aime ou pas Plunderstorm, il semble évident qu'il nous faille l'accueillir comme une bénédiction plus qu'être réticents par simple peur de la nouveauté. C'est en vivant dans le passé et la nostalgie que l'on ternit les choses que l'on aime, et aucun passionné du jeu ne souhaite que cela arrive après tout !
Pour finir ma seule véritable inquiétude se situe du côté du PvP : j'ose espérer que Blizzard n'envisage pas Plunderstorm comme le seul avenir du PvP de WoW. Il ne l'est pas et ne doit pas l'être, cela doit demeurer deux choses distinctes équilibrées et travaillées de façon indépendante et régulière. Ce mode ne doit être une excuse pour laisser le PvP de WoW pour mort, il y a encore beaucoup à faire, à commencer par une mise à jour sérieuse du matchmaking, ou bien des équilibrages plus réguliers comme réclamé depuis des mois ! Plunderstorm c'est bien, mais cela ne doit jamais remplacer le PvP originel de WoW !