Le cinéma sud-coréen fait de plus en plus d'adeptes, une popularité grandissante que l'on doit à quelques films, notamment grâce à Parasite de Bong Joon-ho, véritable carton de l'année 2019 qui a été multirécompensé à l'international. Il a en effet reçu plusieurs distinctions prestigieuses dont l'Oscar du Meilleur film, mais aussi la Palme d'Or à Cannes. Pour les amoureux du cinéma coréen, d'autres titres sont incontournable comme Old Boys (voire même toute la filmographie de Park Chan-Wook par extension), l'excellent Mother de Bong Joon Ho (encore lui), ou même Dernier train pour Busan, film d'horreur salué par la critique.
En revanche, vous êtes surement passés à côté de cette pépite sortie en 2018.
Un triangle amoureux
En 2018 sort Burning de Lee Chang-Dong, qui nous avait déjà gratifié en 2000 de l'excellent Peppermint Candy. Dans Burning, nous suivons Jong-soo (Yoo Ah-in) qui n'a d'autre choix que d'accepter des petits boulots pour survivre. Une vie de misère, à l'opposé de ce à quoi il aspirait après avoir fait des études pour devenir écrivain. Mais le jour où il rencontre par hasard son ancienne camarade de classe Hae-mi (Jeon Jong-seo), la situation semble s'inverser. Les deux se lient d'amitié et passent même une nuit ensemble, avant que l'amie d'autrefois ne disparaisse pour un temps en Afrique. Cette rencontre donne un nouvel élan à Jong-soo, qui n'espère plus qu'une chose, la retrouver à son retour de voyage. Mais lorsqu'il vient la chercher à l'aéroport, celle-ci n'est pas seule, et revient avec un autre homme : Ben (Steven Yeun), qui semble être le parfait opposé de Jong-soo.
Malgré une situation ambigüe, les trois passent du temps ensemble, jusqu'au jour ou Ben leur dévoile son hobby pour le moins insolite : mettre le feu à des serres... Et nous nous pouvons en dire plus pour ne pas vous gâcher le plaisir.
Burning peut être à la fois qualifié de film aux multiples mystères, mais aussi de thriller psychologique. Le réalisateur utilise les personnages complexes de Jong-soo et Hae-mi pour créer un suspens, et en révèle juste assez sur eux pour les rendre intéressants. Plus vous en apprenez sur eux, plus vous serez perdus grâce aux nombreux rebondissements. Aucune solution grossière n'est proposée, rien d'évident n'est expliqué en profondeur. C'est au spectateur que revient la lourde tâche d'interpréter à sa façon les différentes situations et ambiguïtés qui se déroulent sous ses yeux.
Un produit typiquement coréen
Comme d'autres films du pays, Burning contient sa part de critique sociale, sur la société coréenne à deux niveaux notamment qui est poussée à l'extrême de manière bouleversante dans le long-métrage. Chang-Dong ne propose pas de solution, au contraire. il fait ressentir à son public l'impuissance, d'abord douloureuse puis assommante, avec laquelle on doit finalement faire face à un destin prétendument gravé dans la pierre.
En l'occurrence, le destin de Jong-Soo, né dans une famille pauvre et poussé par cette injustice à des actes de plus en plus radicaux, bien décidé à s'approprier son propre bonheur. Par la violence si nécessaire.
Sur Rotten Tomatoes, Burning récolte l'excellente note de 95% côté presse, et 81% côté public. "Burning est un thriller à combustion lente qui est totalement captivant du début à la fin. C'est l'émasculation économique qui entraîne une violence inévitable. C'est le scénario de Lee qui brille : riche en métaphores et en symboles, le film est pourtant étonnamment subtil." peut-on lire dans la critique de Dustin Chang pour Floating World.
Burning est disponible en streaming sur Prime Video.