Alors que la plupart des œuvres cinématographiques s'illustrent à leur façon auprès d'une partie des spectatrices et spectateurs après leur passage sur grand écran, toutes ne finissent pour autant pas par convaincre. Et même si certains films récents sont concernés, c'est Ghost in the Shell, l'adaptation d'un manga parue en 2017, qui fait à nouveau parler de lui ces derniers jours pour une excellente raison que nous rappellent nos confrères d'Espinof.
Ghost in the Shell : Une erreur de casting ?
Véritable classique défendu bec et ongles par ses plus grands fans, l'anime Ghost in the Shell figure sans aucun doute parmi les oeuvres les plus incontournables du genre, encore aujourd'hui. Et avec un tel succès, il était évident que son adaptation sur grand écran ne pouvait être que décevante pour ses plus grands adeptes, un pari que les adaptations successives ne cessent de démontrer à quelques exceptions près (Super Mario Bros : Le film et Dungeons & Dragons : L'honneur des voleurs pour ne citer que les plus récentes).
Avec 169 millions de dollars de recettes, le film Ghost in the Shell de Rupert Sanders paru en 2017 ne s'est pas montré à la hauteur des attentes puisqu'il dépassait tout juste son budget de production (110 millions de dollars), justifiant la mise au rebut d'une éventuelle suite. L'un des problèmes principaux qui avaient été relevés à l'époque par les fans était ni plus ni moins que le choix de l'actrice visant à incarner Motoko Kusanagi, la protagoniste principale.
En effet, c'est Scarlett Johansson, une actrice américaine connue pour ses innombrables rôles au cinéma depuis le milieu des années 90, et notamment celui de Natasha Rommanoff, ou Black Widow, dans une partie des films du Marvel Cinematic Universe. Pour une partie des fans de l'anime d'origine, c'est une actrice d'origine asiatique qui aurait du avoir le rôle. Or, le fait qu'une américaine était imposée en tant que figure principale d'une œuvre alors que son origine ethnique ne correspondait pas à ce qui était dépeint dans l’œuvre originale posait problème.
"Dark Vador ne devrait pas parler anglais"
Ce supposé problème d'origine ethnique d'une actrice ou d'un acteur au premier plan d'une oeuvre de fiction n'est pas nouveau. Il n'est d'ailleurs tellement pas nouveau qu'il continue de perdurer avec certaines adaptations récentes, notamment La Petite Sirène pour lequel Ariel avait été incarnée par Halle Bailey, une actrice afro-américaine, alors que le personnage de l'oeuvre d'origine était une femme blanche de peau. Un débat stérile et ouvertement teinté de théories xénophobes, qu'on se le dise.
Et justement, Mamoru Oshii, le réalisateur du film Ghost in the Shell paru en 1995 auquel les fans ont tant comparé l'oeuvre de Rupert Sanders, s'est exprimé à ce sujet auprès de nos confrères d'IGN avant la sortie du film. Pour lui, le fait de choisir une actrice asiatique ou pas n'aurait pas du avoir la moindre incidence aux yeux des spectateurs : le personnage principal a beau se nommer Motoko Kusanagi, cela demeurerait d'une part une cyborg, et d'autre part un personnage complètement fictif. Par conséquent, selon Oshii, il n'existerait pas le moindre intérêt sérieux à se focaliser sur ce genre de chose. Pire, celles et ceux se prêtant à ce jeu le feraient par intérêt politique.
Plus loin encore, le réalisateur expliquait qu'à ses yeux si Scarlett Johansonn n'avait pas le droit d'être Motoko Kusanagi, alors Dark Vador n'avait pas non plus le droit de parler anglais. Après tout, n'est-il pas supposé œuvrer dans une galaxie lointaine, très lointaine de la nôtre ? Tout serait une question de "conventions de cinéma", et l'expression artistique devrait à ses yeux être "indépendante de la politique" (ce qui ne veut pas dire qu'elle ne doit pas traiter de la politique, au contraire !).
Un excellent rappel donc que les adaptations doivent demeurer des adaptations, pas des copies strictement parfaites de l’œuvre originale. Parce qu'au fond, s'il s'agissait d’œuvres parfaitement conformes et identiques que l'on recherchait n'irait-on pas simplement pas revoir une énième fois celles que l'on connaît déjà par cœur ? Après, libre à chacun d'aimer ou pas le film ou les acteurs qui s'y trouvent tant que ce sont leurs performances qui sont jugées, pas leur origine ethnique.