Heureusement que Rogue était là pour sauver l'honneur du Vieux Continent. À l'image de MAD Lions en 2021, ils ont été la seule équipe européenne à passer la phase de groupe, et encore par la petite porte avec une seconde place dans leur poule. Et tout comme MAD Lions, ils ont perdu en quart sans réussir à arracher une seule game à leurs adversaires. De candidat plausible à la victoire finale en 2018 et 2019, d'outsider à ne pas sous estimer avant cette période dorée, le LEC semble être devenu une ligue en perte de vitesse. Mais ces performances sont-elles vraiment inédites ?
Une déception de la part des Rogue ?
La première semaine de la phase de groupe avait pourtant donné beaucoup d'espoir aux fans européens. Les victoires de Fnatic contre T1, de Rogue contre TES et DRX, et même les matchs de G2 laissaient penser que les équipes du Vieux Continent avaient les armes pour passer à l'étape suivante. Seulement la seconde semaine a été cruelle, avec seulement une game remportée sur 10. Au final seuls les Rogue sont passés, en laissant au passage la première place du groupe au quatrième seed sud-coréen. Pour la seconde année consécutive, le LEC n'a eu qu'un seul représentant en quart, ce qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de League of Legends. Lorsqu'une année avait été décevante, la suivante permettait souvent à l'espoir de renaître, avec des équipes qui se surpassaient. Mais en 2022, le miracle n'a pas eu lieu.
Seulement, les Rogue sont-ils vraiment à blâmer ? Cette année, même nos joueurs historiques ont déçu, que ce soit Caps chez G2 qui n'a pas réussi à imposer sa domination sur la midlane, Jankos impuissant dans sa jungle, ou alors les Fnatic dont le duo Upset/Hylissang n'était pas à la hauteur des meilleures botlanes du monde ? Mis en avant dans le clip officiel des Worlds, Humanoid n'a pas vraiment convaincu non plus, de même que Wunder qui avait pourtant l'habitude de briller bien plus aux Worlds qu'en saison régulière. Au final, seul Larssen a réussi à faire un peu rêver les fans avec ses performances individuelles.
Mais évidemment les Worlds ne se limitent pas aux coups d'éclats solitaires. Seulement même sur le plan collectif, les équipes européennes n'étaient pas au niveau. Leur maîtrise des escarmouches était plutôt en dessous de la moyenne des Worlds, tandis que la macro était au mieux correcte mais loin d'être folle. Alors qu'avant des équipes comme Origen pouvaient briller grâce à une gestion très intelligente de la carte, et elles semblaient impossibles à snowball parce qu'elles arrivaient toujours à compenser quelque part sur la carte, ou qu'encore des équipes comme G2 et Fnatic pouvaient écraser certains des meilleurs joueurs grâce à des exploits individuels, nos représentants de 2022 nous ont semblé bien ternes en comparaison. Et rejeter la faute sur Rogue serait une erreur, car ils ont finalement bien tenu leur rang de seed 1, à la fois en se qualifiant pour les quarts, mais aussi en étant l'équipe a montrer le plus de fulgurance dans le jeu.
Il faut aussi noter qu'ils n'ont pas été les seuls dans ce cas, le match Fnatic contre T1 restera sans doute le plus beau match d'une équipe EU dans ce mondial, mais les Rogue ont été les plus réguliers. Et c'est peut être ça le pire, c'est qu'on a pas senti que l'équipe évoluait en dessous de son niveau de jeu. C'est juste que le niveau européen n'est plus assez haut pour se battre sur la scène mondiale, et le problème est globale. Même avec une bonne réserve de talents, si le niveau global reste faible, impossible de progresser suffisamment pour continuer à rivaliser avec les formations de la LCK ou de la LPL.
La pire performance de l'histoire vraiment ?
Heureusement non. La pire performance Européenne a eu lieu en 2014, avec aucune équipe qui n'a passé les groupes. SK, Fnatic et Alliance se sont cassés les dents sur leurs adversaires, et sont rentrés à la maison rapidement, alors que même les NA avaient envoyé deux équipes en quart. Mais c'est justement après cette débâcle que l'Europe est rentrée dans sa période dorée.
Après cela, les équipes européennes ont progressé et sont devenues vraiment dangereuses. En 2015 Fnatic et Origen sont allés en demi-finales, et H2K a continué cette série en 2016 (oui ils ont eu de la chance sur le tirage des quarts, mais avaient réussi à finir 1er d'un groupe avec le seed 1 de la LPL et le seed 2 de la LMS ce qui n'était pas rien à l'époque). Même si en 2017 aucune équipe EU n'atteint les demis, les Misfits font plus que douter les SKT en quart, et les Fnatic sont loin d'être ridicules face aux RNG.Puis en 2018, 2019 et 2020, c'est l'explosion de Caps et de G2 Esports (on a pas oublié que Caps était chez FNC en 2018), qui pour la première fois ont fait passer les Européens d'adversaires dont il faut se méfier, à de réels challengers pour le titre mondial.
Espérons que l'histoire va se répéter en ce sens, et que le LEC redeviendra une région capable de bouleverser l'équilibre entre LPL et LCK. Entre l'arrivée de nouvelles structures, et la création de "SuperTeam" les ambitions européennes ne sont pas encore mortes.