J’imagine que tu es confiné ou du moins très limité dans tes déplacements, un peu comme tout le monde en ce moment ?
Pour le coup, on n’est pas confinés ici. Il y a pas mal de boutiques, de cinémas, de salles de sports, qui sont fermées, mais la plupart des boutiques restent ouvertes quand même. Le problème que j’ai, c’est que l’une de mes seules sorties quotidiennes, en dehors des pracs, c’était la salle. Et la salle où je vais d’habitude s’est retrouvée fermée. Pour compenser, j’en viens à streamer tous les jours, à la place de la salle, mais le fait de ne plus faire de sport à la salle, ça m’affecte vraiment. On est obligé de le faire à la maison, mais ce n’est clairement pas pareil…
Des émeutes, Anonymous contre Donald Trump, le racisme... L’actualité est très chaude en ce moment du côté des États-Unis...
Je vis dans un quartier résidentiel tranquille, dans une petite ville au sud de Cincinnati, un suburban. Je suis donc assez déconnecté des violences et émeutes qui éclatent un peu partout aux États-Unis. J'éprouve beaucoup de sympathie pour les mouvements pacifiques qui essaient de faire changer les choses. Personnellement, je suis parti aux US en plein milieu des violences entre Gilets Jaunes et forces de l'ordre à Paris, en décembre, et je retrouve ici beaucoup de blessés similaires. Certes pour des raisons différentes, mais retrouver ces violences-là dans la rue n'est jamais bon signe. J'espère que cela marque un tournant dans l'histoire américaine afin d'enfin faire avancer l'équité dans ce pays.
À quoi ressemblent tes journées aux States, en dehors du boulot ?
Avant le confinement, ça se limitait à la salle. Je n’ai pas 21 ans, on vit au Kentucky, donc sortir le soir, aller au bar ou en boite, ce n’est pas possible. Du coup, ce que je voulais faire en France, quand je voulais m’amuser, je ne peux plus le faire là. Alors ce qu’on fait, c’est des campfires. On va faire des feux avec la bande de potes de Xander (Yeti, son coéquipier chez eUnited, N.D.L.R) et on se réunit autour, tranquille.
Dans quels endroits pouvez-vous faire ça ?
Ah bah dans le jardin ! Là-bas, c’est autorisé, avec un cercle de métal.
Des apprentis pyromanes, quoi…
(Rires.) En gros, c’était ça, ou alors avec Callout (un autre coéquipier, N.D.L.R), on se réunissait et on faisait des restos, une fois tous les mois.
Qu’est-ce qui te manque le plus par rapport à la France en dehors de tes proches ?
Ce qui me manque le plus de la France, c’est mon indépendance. J’avais mon propre appart’, ma propre vie, mes propres moyens de locomotion. Je faisais moi-même mes courses. Et je ne fais plus ça maintenant. Du moins, je ne suis plus indépendant, puisque je suis dans une coloc’. Et je n’ai pas de permis ici, je n’ai pas de voiture non plus…
Ton ancien coach, Crapelle, s’est lui aussi expatrié très loin de l’Europe, puisqu’il a rejoint l’Australie et Fnatic. Peut-on avoir une réaction de ta part sur son départ de Rogue ?
Son départ de Rogue, je pense que ça peut s’expliquer par leurs cinq grosses déceptions à des événements majeurs. Deux first-rounds consécutifs au Six Invitational, deux firsts-rounds à des finales de Pro League d'affilé, et un quart de finale de Major, complètement one-sided, contre une équipe de Challenger League. Donc, sans vouloir paraitre dur dans les mots : toutes ces déceptions en LAN, alors qu’en online ça se passait bien, il devait y avoir un problème mental dans l’histoire. Et je pense que Crapelle a essayé beaucoup des choses, mais a fini par sentir finalement qu’il ne pouvait plus apporter d’autres choses. C’est ce que je pense, attention, je ne suis pas dans sa tête. Mais, du coup, l’aventure Fnatic qui s’offre à lui, c’est super cool. Parce qu’il s’entend super bien avec Dizzle… Je sais qu’ils ont toujours été très proches, ils ont une vision similaire de comment doit fonctionner une équipe. C’est cool qu’ils se retrouvent dans le même staff, et qu’il ait pu rebondir, dans une écurie aussi sympa, en plus. Je suis content pour lui.
Toujours à propos de Rogue : que pense-tu de leur résultat au Six Invitational, leur dernière LAN ? Il semblerait que t’avoir écarté n’a finalement rien changé au problème de résultat sur ce format…
Sur l’aspect LAN, c’est discutable, oui. Mais après ils font champions de PL sur une saison assez constante. Malgré des matchs extrêmement serrés, mais à chaque fois ils s’en sortent. (Rires.) Après, c’est vrai que pour le côté LAN… mon kick n’a pas été extrêmement… utile. À mon avis, le profil de ripz, qui m’a remplacé, n’est pas si différent du mien. En tout cas, de loin, je n’ai pas l’impression qu’il est le team-changer découlant de mon kick. En gros, j’ai été kick pour qu’il y ait une équipe différente, un projet différent, mais je n’ai pas eu l’impression, lors du Six Invitational, de voir un Rogue très différent du Giants qu’on a eu à Tokoname. Je n’ai pas l’impression qu’il y a eu ce reversement d’identité recherché pour performer en LAN. Même si ça reste un événement, et qu’ils ont depuis emmagasiné 6 mois ensemble pour montrer que ça va porter ses fruits.
Avant de passer à ton équipe actuelle, que penses-tu de l’état du jeu actuellement ? C’est un sujet qui fait beaucoup parler...
Hmm, je pense qu’il y a beaucoup de gens qui sont impatients. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas qu’on est en pleine pandémie mondiale. C’est très compliqué pour Ubisoft, à l’heure actuelle, de développer des moyens conséquents, pour régler les problèmes de cheaters, les bugs récurrents depuis le début du jeu. Rainbow Six est un jeu très complexe, et fait comme il est fait, il restera une importante source de bugs, c’est sur. Il faudra toujours beaucoup de moyens pour les régler. Et du temps. On est en pleine crise, donc perso, ma seule réaction, c’est de ma montrer patient. Et même tourner le négatif en positif ! Je ne sais pas si t’as vu, mais j’ai joué en stream, en SoloQ, quelques heures tous les jours, depuis le mois dernier… donc forcément j’ai rencontré trois à quatre cheaters par jours. J’en ai fait une vidéo marrante, où j’en rigole, tu vois ? Ce n’est pas grave. C’est le jeu que j’aime, c’est le jeu auquel j’ai décidé de dédier ma vie ces dernières années, ça fait mal de voir autant de cheaters, mais ce n’est pas grave. C’est qu’un jeu, il faut juste être patient et ils vont finir par sauter, comme d’habitude.
Après une demi-saison du côté de eUnited, quel bilan tires-tu de ton expatriation sur les serveurs américains ?
D’un point de vue collectif, c’est très décevant. Je pense que nos résultats en prac’, et nos matchs, laissaient à penser qu’on avait un gros potentiel. Contre les plus grosses écuries américaines, on a vraiment joué un très bon jeu, rivalisant avec des Spacestation, TSM et DarkZero. Mais contre des équipes de bas de tableau, on a vraiment fait des mauvais matchs. Je pense que le bilan collectif, pour résumer tout ça, c’est qu’on a eu Bagel en nouveau coach, on a eu moi qui venait d’Europe avec une certaine vision du jeu que je prenais de Rogue, et ensuite on avait le squelette d’Obey, avec leur vision du jeu et leur manière d’aborder les matchs. Le problème, ça a été qu’on a eu tellement de conflits dans ces visions de jeu, qu’on a été dans tous les sens. On aurait eu besoin de plus de temps pour trouver notre identité, avant cette mi-saison. Ce qui fait qu’on a manqué de constance, que ce soit dans la préparation de jeu ou dans notre niveau. Et je pense que ce manque de constance s’explique par le manque d’une identité claire dans notre équipe. C’est un point sur lequel on a travaillé depuis la pause, pour se retrouver collectivement sur un standard qu’on aimerait afficher pour la nouvelle NA League.
D’un niveau personnel, qu’as-tu acquis depuis ton arrivée là-bas ?
Ça a été une grosse libération de pas mal de poids que j’avais avant sur les épaules. J’ai commencé à comprendre que je jouais mieux quand je m’amusais et que je me faisais confiance. Quand j’arrêtais de me mettre trop de pression, et que je me mettais à jouer pour l’équipe et pour le fun. C’est à partir de ce moment que j’ai compris quel joueur je voulais être. Ça a été une grosse révélation, cette demi-saison en Amérique du Nord.
Tu penses, sans rentrer dans le - on veut tout gagner et finir premier - que vous allez pouvoir jouer quelles positions lors de la future saison ?
Le principal objectif c’est d’arriver dans les places qualificatives pour les Majors. C’est notre première étape, en tant qu’équipe d’underdogs. Surtout pour une équipe avec des joueurs aussi jeunes que nous. C’est très important qu’on commence à prendre cette expérience sur des événements majeurs. On doit faire partie des 16 meilleures équipes du monde, à la fin de chaque stage, pour aller au Six Invitational. Et ensuite, quand on y sera, il faudra continuer de performer autant qu’on peut, tout en amassant un maximum d'expérience. Il faut y aller étape par étape.
Pour cela, vous serez accompagné de Meepey, un ancien joueur très réputé en Europe qui se reconvertit dans une position de staff…
Suite au départ de Bugs, notre précédent analyste, nous avions réalisé une série d'entretiens et sélectionné un candidat potentiel pour le remplacer. Les critères principaux étant l'éthique de travail et l'innovation. Quand MeepeY est devenu free agent, j'ai tout de suite demandé à annuler les entretiens en cours pour mettre l'accent sur ces nouvelles pépites de staff qui viennent du monde pro. Son expérience en tant que joueur, ses capacités d'analyse, ses outils statistiques et sa vision de jeu en font un atout inestimable pour notre équipe. Je suis très heureux qu'on ait réussi à le signer.
De ton côté, tu t’es montré très performant depuis ton arrivée sur le sol américain. Est-ce que cela a attiré les convoitises ?
À la mi-saison, on a reçu une offre d'échange, mais c’est tout. Je n’avais même pas commencé à jouer à ce moment-là. De toute façon, ce n’est pas mon objectif. Ce qui compte, pour moi, c’est de faire fonctionner ce qu’on a entrepris.
Tu vas avoir la chance d’évoluer dans un championnat totalement disputé en LAN. Est-ce que ça t’excite ?
Ouh… ça m’excite ! (Rires.) Surtout qu’on connait tous mon succès en LAN auparavant. (Rires.) Non, en vrai, ça va vraiment être fou. C’est le meilleur environnement dans lequel tu peux évoluer quand tu es joueur pro. Ça va vraiment nous apporter une expérience en plus, c’est quelque chose de très différent du online. Et il y a plein de choses qui vont avec le fait de jouer dans une ligue, chaque semaine, comme : vivre avec son équipe, devoir gérer autrement le team-building, avec l’identité d’équipe qui peut se fissurer ou au contraire se solidifier. On aurait déjà dû être à Vegas et je ne sais pas quand on ira, on attend plus d’informations pour l’instant, mais on a hâte. C’est ce qui pourra faire aussi de Rainbow Six un e-sport très sympa à suivre.
En Europe les matchs seront disputés pour leur part en online. Est-ce que tu penses que cela peut offrir un avantage aux équipes nord-américaines et favoriser leurs résultats en Majors par la suite ?
C’est clair que ça va leur donner beaucoup plus d'expérience en LAN. Après tu peux essayer de reproduire cette expérience dans des bootcamps. Mais, le truc, c’est que quand tu fais des bootcamps, tu t’entraines. Tu ne fais pas des matchs officiels, et même si tu en fais, tu n’as pas la scène, les caméras, les projecteurs braqués sur toi. Pas de public. Le bootcamp, c’est vraiment une simulation de LAN, synthétique, avec beaucoup d’éléments manquants. Donc au final, ouais, aller jouer ta ligue en offline, toutes les semaines, ça va forcément te donner une expérience que d’autres équipes n’auront pas en Europe. Après, les équipes brésiliennes ont joué le Brasileirão pendant des années, en LAN, et n’ont pas pour autant pris un avantage majeur sur l’Europe lors des Majors ou les Pro League. Sur le papier, c’est un avantage, mais est-ce que ça se concrétisera dans la réalité ? Je ne sais pas.
Qu’est-ce que tu penses à titre personnel, sans vouloir te mettre dans une situation délicate, du traitement qu’ont subi les ex-joueurs d’Evil Geniuses et Luminosity Gaming ?
Ça fait toujours beaucoup de mal. Voir des confrères, des joueurs qui ont un excellent niveau, qui ont dédié leur vie au jeu, et des équipes comme Evil Geniuses qui ont eu autant de succès, traités de cette manière-là... c’est forcément très triste. Maintenant, je trouve qu’on a incombé beaucoup de choses à Ubi, alors qu’à la base se sont Luminosity et EG qui n’ont pas voulu rester sur le jeu. Ce sont ces deux organisations qui ont pris la décision de quitter le jeu, et par conséquent de virer leurs joueurs. Je pense donc qu’il y a un certain nombre de responsabilités à attribuer à tout le monde.
Et que dit l’opinion publique - les autres joueurs du championnat, les casteurs, les fans - de tout ça ?
Il y a vraiment beaucoup de sympathie pour ces joueurs-là, qui sont très aimés de la communauté. Maintenant, le problème, c’est que nous en tant que joueurs, présentateurs ou spectateurs, on n’a aucun impact sur les décisions ou la vie de ces joueurs-là...
La région NA a souvent été la cible de moquerie, considérée comme plus faible. Alors que SSG, Team SoloMid, DarkZero ou encore EG ont montré de très belles choses par le passé. Maintenant que tu en fais partie, quelle est sa différence avec l’Europe, et est-elle réellement moins forte comme on le prétend ?
On m’a souvent posé cette question et je réponds tout le temps la même chose : je pense qu’il n’y a pas de différence globale entre NA et EU. Je pense que s’il y a une différence, elle n’est pas dans le niveau de jeu, mais ailleurs. Plutôt dans la mentalité et la relation entre les équipes. Pendant un temps, l’Europe a été bien au-dessus de l’Amérique du Nord, mais je pense qu’avec des équipes comme SSG ou TSM, qui sont vraiment montés en puissance ces derniers temps, DarkZero qui est aussi très constant, il y a déjà trois équipes sur huit, en North League, qui pourront s'immiscer sans problèmes dans la lutte pour remporter des titres majeurs.
Tu as évoqué des problèmes de mentalité. Peux-tu développer ?
Aux États-Unis, tout le monde parle la même langue maternelle, tout le monde a des liens, ou des amis, dans telle ou telle équipe. Mais aussi des rivalités. Tout le monde y va de sa petite querelle, d’un joueur pro à un autre, parce qu’ils se connaissent tous. Et pendant un temps, il y a eu une histoire, on va dire de « consanguinité », un peu comme pour le CS français à une époque, entre les échanges de joueurs américains, qui créait d’énormes rivalités. Puisque tu as des joueurs qui se retrouvent dans une équipe et jouent contre leurs anciennes équipes. Ce sont des joueurs qui se connaissent très bien, qui ont des groupes de discussion, se balancent des trucs et des infos de partout. Il y a une plus grosse proximité entre les joueurs, les équipes, et donc forcément ça suscite plus de place aux dramas, aux disputes, aux querelles, mais aussi aux meilleures amitiés. C’est ce qui fait que quand tu es en European League, certes tu as une bonne relation, du fair-play, avec les autres équipes, mais cela est très distant. Il y a très peu d’équipes qui sont très soudées les unes des autres, alors qu’en NA, au contraire, tu as beaucoup de cœurs d’équipes qui sont soudés avec d’autres. Ce qui crée plus de tension. C’est vraiment une mentalité différente, et un univers très différent.
On se croirait presque dans Dallas ou Les Feux de l’amour…
(Rires.) Alors, je ne sais pas si j’utilise les bons mots - et je ne veux vraiment pas être lu comme quelqu’un qui débarque dans la région et qui commence à la critiquer - mais je n’ai pas l’impression que c’est très sain. Ce n’est que mon avis, basé sur 6 mois passés ici. D’un point de vue logique, et extérieur, je pense que tout le monde sera de toute façon d’accord de par la nature de comment sont construits les États-Unis et leur Pro League jusqu’ici largement composé de joueurs américains.
Le grand vainqueur de cette régionalisation en Amérique du Nord est sûrement le Canada, qui va prendre davantage de poids sur la scène internationale non ?
Évidemment, ça leur permet d’avoir enfin une nationalisation et un véritable écosystème. Il y avait une Canadian League avant, mais elle était moquée, pas extrêmement respectée ou suivie. Désormais, il y aura quelque chose de beaucoup plus fleuri, davantage développé, qui va permettre de faire monter des joueurs canadiens au plus haut niveau. Même s’il va bien sûr falloir être patient, rattraper un retard conséquent, puisque les meilleurs joueurs du pays sont dans déjà dans la division américaine. Ça prendra son temps, mais je pense que c’est vraiment une bonne décision pour le long terme.
Rien à voir, mais le poulet du Kentucky, c’est aussi bon que ça ?
(Rires.) J’en ai testé plein, mais… voilà, c’est du poulet quoi... (Rires.) C’est bon, c’est vrai qu’il est meilleur que beaucoup d’autres que j’ai goûté. Mais ça reste du poulet, ça va difficilement révolutionner ta vie. (Rires.)
Avant de nous laisser, j’aimerais que tu nous partages la situation la plus cocasse que tu as vécue depuis le début de ton American Dream…
Faut que tu me laisses réfléchir un peu là, parce qu’il y en a que je ne dois pas dévoiler. J’ai des trucs, mais jamais je ne pourrais dire ça en public, dans une interview. Attends… ouais : j’allais au supermarché, parce que j’avais besoin de repartir en France, à l’ambassade américaine, pour récupérer mon passeport et faire mon visa. J’avais besoin d’une photo d’identité datant de moins de six mois, et je n’en avais aucune sur moi, donc j’ai dû aller à un photomaton. Moi, je n’ai jamais caché que j’aime bien les vêtements, la mode, et du coup je suis habillé normal, en mode français : un trench, une marinière, un chino… Et le truc que je n’avais pas compris, c’est que pour les jeunes Américains, où j’habite, le style c’est : hoodie, short et baskets. On ne s’attend pas à ce qu’un mec de mon âge soit habillé comme je l’étais. Et donc j’arrive au photomaton, où il y avait un mec qui prenait la photo, et là… il me fait des avances, pensant que j’étais homosexuel. Il s’est basé sur mon style vestimentaire qui sortait de l’ordinaire. C’était drôle, surprenant, même si j’ai dû lui dire que je n’étais pas intéressé, malheureusement pour lui. (Rires.) Mais j’ai trouvé ça très drôle, cette différence de culture, dans laquelle on t'attribue une orientation sexuelle en fonction de ta tenue.
Du coup, est-ce qu’il y a eu récidive ?
En fait, je me suis rendu compte, après plusieurs semaines, que chaque personne que je croisais avait une attention toute particulière à mon style vestimentaire. Et vraiment : ici, être français et s’habiller avec un trench, ça plait aux hommes. (Rires.) Alors ça m’est arrivé plusieurs fois, pas aussi ouvertement, mais ça m’est arrivé plusieurs fois d’avoir une interaction un peu... du même genre.
Du coup, tu n’as pas voulu abandonner ton style ?
Non. Je reste le même. Ce qui m’intéresse c’est mon style vestimentaire et je m’en fiche pas mal de ce qu’ils pensent. (Rires.)