Quand d'anciens développeurs de Hitman et PAYDAY travaillent ensemble, on obtient un jeu dans lequel on alterne entre assassinats discrets et fusillades avant de ramasser du butin. Le gameplay tiré de XCOM et les têtes d'animaux n'étaient pas prévus cependant. Voici nos impressions après avoir terminé la démo, qui couvrait environ les deux à trois premières heures de Mutant Year Zero: Road to Eden.
- Genre : Aventure, infiltration, tactique au tour par tour
- Date de sortie : 4 décembre 2018
- Plateforme : PC, Xbox One, PS4
- Développeur : The Bearded Ladies
- Éditeur : Funcom
- Prix : 34,99€
Un canard et un sanglier entrent dans un bar
Mutant Year Zero est un jeu de rôle sur table, à l'origine, et il fait à présent la transition au format vidéoludique entre les mains d'un studio norvégien. Même si ce n'est pas sous la forme d'un RPG pur, l'ambiance et l'histoire n'ont pas été négligées pour autant, bien au contraire. Dans un futur proche, l'humanité a réalisé une série de 1 sur ses jets de dés, il en a résulté une combinaison de catastrophes toutes suffisantes pour déclencher l'apocalypse individuellement, entre le changement climatique, des épidémies, une guerre nucléaire et des "zombies" pour couronner le tout. Les rares humains qui ont eu la chance douteuse de survivre à tout cela semblent ne pas avoir conservé toute leur tête, comme le prouve l'Aîné. Ce vieux schnock un peu cintré aime rabâcher les oreilles de la nouvelle génération, c'est-à-dire les mutants, avec les méfaits réels ou supposés des anciens, ceux de notre civilisation. C'est donc avec un mélange d'ignorance et de préjugés que nos deux protagonistes de départ, avec leur apparence peu orthodoxe, parcourent La Zone; les ruines du vieux monde, afin de rapporter de la féraille ainsi que des artefacts à l'Arche, le dernier bastion autoproclamé de l'humanité. La présence de néons glauques et de psychopathes nous interdit de les contredire. Dans un tel contexte, absolument n'importe quoi peut arriver, même si le début de l'histoire semble assez conventionnel, avec l'habituel prétexte utilisé pour aller explorer le monde, les choses vont rapidement prendre une tournure étrange. Le fait que le jeu soit assez beau et avec beaucoup de cachet ne gâche rien. En prime, les nombreux dialogues de Mutant Year Zero: Road to Eden ne manquent pas de saveur, ils mélangent une grande candeur, du cynisme et des jeux de mots sur les canards, ce qui rend l'exploration des ruines du monde bien plus palpitante ; la simple découverte d'une chaîne hi-fi ou d'un accessoire de jardin pouvant donner lieu à quelques échanges mémorables.
Duck tales
XCOM a incontestablement laissé sa marque sur la branche du genre tactique au tour par tour qu'il a fondé, presque tous les jeux qui sortent dans cette catégorie s'en inspirent et ne peuvent s'empêcher d'user de son nom pour offrir facilement une idée aux joueurs potentiels de ce qui les attend (par exemple Warhammer 40,000: Mechanicus sorti il y a quelques jours). Mutant Year Zero: Road to Eden fait de même et, comme les autres, il apporte ses touches personnelles. Outre son univers sous acide (tant littéralement que figurativement), il découpe son gameplay en trois phases. La première vous fait explorer les différentes zones à la recherche de feraille, d'armes et d'artefacts alors que vous cherchez à rejoindre votre prochain objectif. Nous n'avons pas ici un système de missions rigides à la XCOM, c'est la lampe torche en main que notre canard et sa bande vont visiter en temps réel de nombreuses zones reliées les unes aux autres, dont beaucoup n'ont aucun lien avec l'histoire principale. Il sera même possible de revenir régulièrement à l'Arche pour visiter ses commerces après avoir écouté le sermon de l'Aîné. Cela sera l'occasion de débloquer des bonus spéciaux, d'acheter du matériel et d'améliorer ses armes. Cela offre un sentiment de liberté assez rare dans un genre qui n'aime pas nous laisser nous balader. Mais les choses deviennent vraiment intéressantes quand il faut éteindre la lampe torche...
Duck and cover
Une des premières choses que vous apprendrez dans Mutant Year Zero: Road to Eden est qu'il semble toujours faire nuit, par défaut vos personnages courent avec la lampe torche allumée pour éclairer leur chemin et trouver du butin, mais quand elle est éteinte d'un simple clic de souris, ils se font alors plus discrets. La Zone est un endroit dangereux qui regorge d'ennemis en tumeur et en os, ainsi qu'en rouille et en cables. Mais vous avez l'avantage de l'initiative, des cercles rouges sont affichés au sol afin d'indiquer leur zone de détection, tant que vous n'entrez pas à l'intérieur, vous passerez inaperçu. Cette phase du jeu n'est pas sans rappeler XCOM 2 spécifiquement, sauf que l'infiltration se fait ici en temps réel. Vous pouvez choisir de tendre une embuscade, ou alors tout simplement de contourner les ennemis s'ils sont trop puissants ou trop nombreux pour vous, chose qui arrivera souvent. Il est plaisant de se voir offrir la liberté de choisir ses combats. Il est cependant avisé de tuer tout ce qui peut l'être, afin d'engranger de précieux points de mutation ainsi qu'autant d'équipement que possible. Chacun de nos mutants ayant tout un arbre de talents qui n'attend que d'être rempli afin d'enrichir vos options.
Pour revenir à l'infiltration, son fonctionnement est simple et efficace, vous êtes encouragé à reconnaître le terrain puis à attaquer un à un les ennemis esseulés, comme les gardes en patrouille autour du camp principal. Tant que vous parvenez à tuer un ennemi avant son tour de jeu, et qu'aucune arme bruyante n'ait été utilisée, l'alarme ne sonnera pas. En procédant lentement mais sûrement, et surtout méthodiquement, vous pouvez annihiler l'adversaire sans qu'il ait eu la moindre occasion de jouer dans certains cas. Si vous ratez votre coup, par exemple si un tir manque ou que vous aviez sous-estimé les points de vie de votre cible, tous les ennemis de la carte vont rappliquer pour vous faire la peau ou les plumes. Ceci dit, comme les combats sont au tour par tour, vous pouvez toujours profiter de la distance et du couvert des arbres pour les intercepter et espérer vous en sortir tant bien que mal à la Pyrrhus. Si vous avez bien géré la phase furtive, mais si vos ennemis sont nombreux et regroupés, il va falloir adopter une autre approche et vous préparer pour le véritable show down. Par exemple, en embuscant les membres de votre groupe sur différentes positions aux alentours, de préférence à couvert derrière un arbre ou un mur, voire mieux, en hauteur. Si vous décidez d'utiliser les grands moyens et de sacrifier des consommables disponibles en quantité limitée, vous pouvez surprendre un groupe d'ennemis en lançant directement 2 ou 3 grenades à leurs pieds avant leur tour de jeu, c'est aussi une façon de se battre. Mais cette option est trop coûteuse, ou elle n'est pas toujours viable, dans ce cas, il va falloir faire parler les flingues.
Boar with me
Si vous avez joué aux XCOM nouvelle génération, les combats devraient vous être instantanément familiers. Mutant Year Zero: Road to Eden utilise le système des deux points d'action par tour et par personnage, avec des couvertures (demi-couvert, couvert complet) qui ont un impact sur les chances de toucher, des compétences spéciales avec une forme de temps de recharge, des grenades et, surtout, des tirs qui ratent quand vous aviez absolument besoin qu'ils touchent. Dans le cas présent, il est vraiment important de bien gérer la phase d'infiltration avant le combat puisque vos héros ont rapidement un sérieux désavantage numérique et que, même en termes de puissance individuelle, ils sont loin d'avoir le dessus. Deux ou trois coups mal placés peuvent mettre un de vos mutants au sol, sachant qu'à moins de jouer en mode facile, la vie n'est pas récupérée d'un combat à l'autre sans utiliser une trousse de soin.
Il faudra donc bien orchestrer vos actions et avoir une solide maîtrise des tactiques à employer pour s'en sortir. La démo ne nous a pas permis d'affronter des ennemis vraiment avancés, mais il convient de préciser que même les tous premiers n'hésitaient ni à utiliser des cocktails Molotov avec une efficacité redoutable, ni à ramener leurs coéquipiers à la vie pour un second round. Il ne faut pas s'attendre à ce que la difficulté et la complexité des combats atteignent celle du mod Long War de XCOM, après tout, il semble que votre escouade ne dépassera pas les 3 ou 4 membres du total. Mais nous avons rapidement dû faire preuve de ressource pour nous tirer de certains combats engagés prématurément. Quand des adversaires vous mitraillent depuis les hauteurs, qu'un boss blindé vous court après et qu'un robot médic soigne les blessés, nous étions satisfaits de voir que simplement tenter d'utiliser la manière forte n'était pas possible. Si vous n'avez pas un positionnement précis, combiné à des choix avisés pour l'équipement et les talents, cela va mal finir. Il faudra faire bon usage de pouvoirs comme l'immobilisation de zone, la charge à travers les murs ou encore le vol combiné à un fusil de sniper pour gérer les combats les plus délicats d'une façon qui n'est pas instantanément évidente. Une grenade EMP au bon endroit et au bon moment fait aussi toute la différence. La présence d'un mode "Mutant de fer" ainsi qu'un mode difficile devraient contribuer à offrir une expérience satisfaisante en la matière pour les plus mordus de tacticals.
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