Pathfinder: Kingmaker est le dernier-né du studio Owlcat Games. Ce studio russe s'est fait connaître principalement pour avoir travaillé sur Heroes of Might & Magic V, Allods Online et plus récemment Skyforge. En juin 2017, ils lancèrent une campagne Kickstarter pour financer une adaptation vidéoludique du jeu de rôle papier Pathfinder. Sur les 500 000 dollars souhaités, le studio en reçoit 909 057, ce qui leur permet de concrétiser leur souhait.
En plus des paliers de la campagne Kickstarter réalistes (campements pour se revigorer, adaptation du jeu sur Linux et MacOS, ajouts de classes supplémentaires pour les personnages), un certain Chris Avellone apparaît dans les membres de l'équipe. Pour ceux du fond qui n'écoutent que quand on annonce l'heure d'aller à la cantine, Chris Avellone est un game designer et écrivain qui a travaillé pour de prestigieux studios de développement de RPG PC. On peut citer Black Isle Studios (Fallout, Planescape: Torment, Icewind: Dale) et Obsidian Entertainment (Star Wars: Kinghts of the Old Republic II, Alpha Protocol, Fallout: New Vegas). Il a également prêté main forte sur de nombreux succès récents comme Wasteland 2, FTL: Advanced Edition, Pillars of Eternity, Divinity: Original Sin et plus récemment Prey.
Dire que le bonhomme touche de l'or est un euphémisme et dire qu'il est une addition souhaitable pour le projet Pathfinder: Kingmaker ne l'est pas moins.
C'est avec un studio de développement rodé, un game designer et écrivain prestigieux et une campagne Kickstarter réussie que le RPG Pathfinder: Kingmaker s'est réalisé. En route pour l'aventure !
- Genre : Jeu de rôle en temps réel
- Date de sortie : 25 septembre 2018
- Plateforme : PC, MacOS, Linux
- Développeur : Owlcat Games
- Éditeur : Deep Silver
- Prix : 39,99 €
La gaule de Rion
L'univers de Pathfinder (le jeu de rôle papier comme le RPG qui nous intéresse) se déroule dans le high fantasy de Golarion. On y retrouve peu ou prou les races (à savoir des humains, des nains, des elfes, des orcs, des kobolds, des halfelins, des demi hommes, etc) et les classes de personnages (barbare, barde, druide, roublard, moine, paladin) habituelles de ce genre d'univers. L'univers de Pathfinder arrive tout de même a tirer son épingle du jeu en proposant aux joueurs beaucoup de nuances dans ses peuples et ses classes.
À titre d'exemple, un rôliste jouant à Pathfinder pourra incarner un enquêteur (mélange entre un alchimiste et un roublard) de la race des dhampirs, qui sont des rejetons maudits créés par des vampires. Sans s'adonner à une énumération maladive, sachez que Pathfinder regorge de peuples et de classes et je ne peux que conseiller, pour les plus curieux, de visiter le wiki français de la version papier du jeu de rôle Pathfinder.
Pathfinder: Kingmaker, sans intégrer la totalité des races et des classes, possède tout de même une bonne partie des possibilités de la version papier de Pathfinder.
Un autre aspect fondamental de l'univers de Golarion est l'omniprésence de divinités. Qu'elles soient majeures, mineures, mortes ou diaboliques, une bonne partie des personnages et certaines intrigues s'articulent autour de ces divinités.
Le portail de Balladur
Pathfinder: Kingmaker s'inscrit dans la droite lignée des RPG dits cRPG, c'est-à-dire des jeux de rôle en vue isométrique inspirés des jeux de rôle papier. Parmi les grands classiques du genre, on peut citer les deux premiers Fallout, Baldur's Gate et parmi les jeux plus récents Pillars of Eternity et Tyranny. Ces jeux placent le focus essentiellement sur la narration et la profondeur du gameplay.
Dans Pathfinder: Kingmaker, à l'instar de ses petits copains, tout commence avec la création du personnage. Comme énoncé dans le paragraphe précédent, le joueur aura accès aux races principales peuplant le monde de Golarion et pourra choisir également la classe qu'il souhaite attribuer à son personnage. En plus de cela, il pourra opter pour un alignement. Cet alignement est le même que celui du jeu de rôle papier Donjons & Dragons (Pathfinder se base lui-même sur les règles de la version 3.5 de Donjons & Dragons) et consiste à infléchir la moralité et la relation que peut avoir notre personnage avec la justice.
À titre d'exemple, un personnage de nature chaotique bon sera plus facilement tenté de suivre ses propres règles et se sentira obligé de sauver ses semblables. Un second personnage qui lui, est purement neutre, fera sauter sa moralité d'un pied sur l'autre suivant la situation à laquelle il fera face. Il pourra sauver ou non un de ses semblables et pourra aisément coopérer avec un PNJ avec une mauvaise moralité. En jeu, le système fonctionne, car on sent que les PNJ et compagnons du joueur réagissent en fonction de leur alignement à leur environnement. Les phases de dialogue prennent également en compte l'alignement de notre personnage principal, ce qui permet de pleinement incarner notre avatar.
Lors de la création de notre personnage, on pourra piocher parmi une jolie galerie de 14 classes. La campagne Kickstarter ayant été une réussite et certains paliers ayant été franchis, les développeurs ont ajouté trois classes aux 11 existantes dans le jeu d'origine. Durant la progression, les joueurs auront le choix de mélanger la classe de leur personnage avec une autre et également de spécialiser celle-ci. Un alchimiste pourra choisir l'archétype Grenadier, rendant ce dernier fort avec les armes martiales et remplaçant sa résistance au poison pour une compétence qui rend les explosions de bombes inoffensives pour les alliés.
En ce sens, Pathfinder: Kingmaker favorise grandement la construction de builds différents (pour le plus grand bonheur des fans du theorycrafting) et octroie un sérieux coup de peps à la rejouabilité.
Hitchcock à la campagne
Une fois votre avatar créé de toutes pièces, il ne vous reste plus qu'à vous jeter à corps perdu dans la campagne. Cette dernière est en réalité une adaptation de Stolen Lands, une campagne créée par Tim Hitchcock pour le jeu de rôle papier Pathfinder. La campagne se déroule dans le pays de Brevoy, et plus précisément dans les Terres Volées. Brevoy est un pays à la politique conflictuelle. En effet, le pays est construit autour de deux nations qui se tirent la bourre et où un despote sévit. Le joueur devra se frayer un chemin dans ce conflit en affrontant le tyran et en posant les fondations d'un nouveau royaume.
Comme dans tout bon cRPG, le gameplay de Pathfinder: Kingmaker s'articule autour de la narration et des combats. Le joueur conversera avec les PNJ à travers des dialogues à choix multiples où plusieurs variables entrent en jeu. Le personnage modelé par le joueur sera le principal intéressé lors des scènes de dialogue et le jeu prend en compte les statistiques et l'alignement de ce dernier. Par exemple, un personnage avec un score jugé suffisant en connaissances de la nature pourra tenter une ligne de dialogue adaptée à sa compétence. Le jeu lancera automatiquement des dés pour rendre cette tentative de dialogue un succès ou un échec. Dans le cas d'un échec, le PNJ réagira négativement à la tentative du personnage du joueur (la situation peut se transformer en un combat dans certaines situations.) et, en cas de succès, le joueur infléchira la conversation en sa faveur. Grâce à ces skill checks, les dialogues en deviennent plaisants et on peut incarner plus en profondeur notre personnage grâce à des réactions liées aux alignements.
Le jeu propose bien évidemment des quêtes annexes qui, pour notre plus grand bonheur, ne se limitent pas à quêtes Fedex. Il y a quelques quêtes nulles du genre "Aller chercher des baies sauvages" mais ce genre de quêtes sont construites avec une couche d'intérêt supplémentaire. Pour nos baies, il faudra par exemple les livrer dans un temps imparti sinon elles deviendront périmées. Même si certaines quêtes peuvent sembler dispensables (aller tuer un cochon géant), elles peuvent donner des informations supplémentaires sur le lore du jeu ou améliorer nos relations avec nos compagnons, les rendant ainsi plus mémorables. En parlant de compagnons, sachez qu'ils ont tous une personnalité unique et on aura également l'occasion de converser avec eux (voire même de se faire des bisous sous la couette). Par ailleurs, ils proposent des quêtes que l'on pourra compléter.
D'une manière générale, on s'amusera à vouloir faire les quêtes annexes de par leur écriture et les informations que l'on peut récupérer sur le monde du jeu.
Paf le roi
Pathfinder: Kingmaker est un jeu verbeux, à savoir qu'on lira et on participera à des dialogues souvent. Le jeu ne se résumant pas à un roman interactif, il propose, fort heureusement, une partie baston. Un combat en temps réel avec pause active dans Pathfinder: Kingmaker se déroule ainsi : Les ennemis et nos avatars lancent un jet d'initiative. Les résultats de ces jets sont classés et tout un chacun exécutera son action par rapport au résultat obtenu : Un personnage avec un jet d'initiative plus grand que son voisin exécutera son action avant lui. Une fois le combat engagé, au joueur de placer correctement son groupe et d'utiliser les sorts et autres buffs sur les bonnes cibles. Pathfinder: Kingmaker propose une richesse d'approche bienvenue : Chaque classe propose un gameplay, des compétences et des sorts différents et le jeu favorise une approche tactique. On place ses personnages correctement, on garde en tête les ennemis jurés de chacun (un personnage choisit un type d'ennemis contre lequel il sera plus efficace), on lance des sorts de buff, on vise et on décoche une flèche. BIM.
Sans réinventer la roue, les combats sont souvent grisants (surtout dès que le nombre d'ennemis augmente, ou que l'on a un boss en face de nous) et profond. On prend un malin plaisir à analyser le combat à venir et à imaginer la meilleure stratégie à mettre en place.
Le duc aux bras longs et à la courte cuisse
Le dernier pan de gameplay de Pathfinder: Kingmaker est la baronnie. À la fin du premier chapitre, le jeu nous offre la possibilité de construire notre royaume. En premier lieu, on aura accès à certains bâtiments à placer sur des emplacements vides à l'aide de points de construction. Parmi les possibilités, on peut citer un magasin, une taverne (pour boire une chopine et améliorer l'économie) ou encore un sanctuaire. Une fois les formalités terminées, le joueur devenu baron devra assigner ses compagnons (ou bien des personnages rencontrés durant le jeu) à des postes tels qu'un général des armées, un trésorier, un prêtre ou un ministre. Les personnages assignés à chacun des postes (pour un total de 10 postes) représenteront une statistique particulière du royaume. Un général représente bien évidemment l'armée tandis que le trésorier s'occupera de l'économie. Il est important de garder ses statistiques dans le vert sous peine d'un game over qui pique. Il est important de bien choisir ses leaders, car leurs personnalités entrent en jeu et si vous les contrariez un peu trop souvent, ils risquent de vous dire adieu.
Durant votre séjour au royaume, vous devrez faire face à des événements qui seront soit des opportunités (vous en sortirez gagnant), soit des problèmes à résoudre. En cas de succès dans le premier cas, vous obtiendrez des gains dans vos statistiques de royaume (qui, rappelons-le, sont nécessaires à la prospérité). Il est important d'assigner le bon leader à la bonne situation, histoire d'augmenter vos chances de succès lors de l'événement. Cela dit, le jeu vous laisse tout de même le choix et vous pouvez, par exemple, envoyer votre général lors d'une opportunité requérant quelqu'un de diplomatique. Les problèmes, quant à eux, doivent être résolus sous peine de malus dans vos statistiques. La quête principale continue à travers le système de problèmes (dont les objectifs sont accompagnés d'un temps de résolution). Cela dit, ces derniers proposent, à l'instar des opportunités, diverses quêtes à remplir.
Le dernier point du système de baronnie est l'expansion. Cette possibilité provient, encore une fois, du système d'événements qui vous proposera de conquérir les voisins d'à côté. Il vous suffira alors d'assigner un leader à l'événement et, en cas de succès, de construire un nouveau royaume.
Sans être un modèle de jeu de gestion, l'aspect baronnie de Pathfinder: Kingmaker est plaisant et plus que bienvenu dans le genre du RPG.