Qu'on apprécie ou pas les films de la licence Jurassic Park, il est difficile de nier que les dinosaures sont impressionants. Le parc d'attraction montré au début de Jurassic World ne manque pas non plus de faire rêver. C'est ce dernier que vous allez pouvoir finalement reproduire et aménager à votre façon dans Jurassic World Evolution, sur PC mais aussi sur Xbox One et PS4, ce qui est assez rare pour le signaler. Vous allez pouvoir gérer l'intégralité du projet dans ce jeu de gestion, que ce soit la récolte des fossiles, l'extraction d'ADN pris dans l'ambre, la recréation des dinosaures en laboratoire, l'aménagement du parc et finalement la réception des visiteurs dans ce dernier. Espérons qu'ils réussiront à en ressortir avec le sourire, et pas sous la forme d'un énorme tas de matière fécale.
- Genre : Gestion de parc
- Date de sortie : 12 juin 2018
- Plateforme : PS4, Xbox One, PC
- Développeur : Frontier Developments
- Éditeur : Frontier Developments
- Prix : 54,99€
Le profit trouve toujours un chemin
La Fondation Hammond est aussi ambitieuse qu'incompétente, elle semble prendre un malin plaisir à sélectionner les pires idées possibles et espérer un résultat idéal. C'est ainsi qu'ont été fondés une série de parcs d'attraction pleins de dinosaures sur les îles Las Cinco Muertes (Les Cinq Morts) : outre leur nom qui fait office de gros spoiler, ces îles coupées du monde sont fréquement frappées par de violentes tempêtes et une activité sismique terriblement régulière. Nous vous l'avions dit, ils n'ont que de grandes idées. En tant que nouveau gérant de ces parcs, il sera de votre devoir de remédier à ces différents fiascos et à rétablir la marge bénéficiaire de l'entreprise. Dans cette optique, minimiser le nombre de pertes humaines parmi les visiteurs est considéré comme une chose favorable (mais facultative). Pour les fans, vous aurez le plaisir de reconnaître rapidement certains personnages et les éléments de la licence Jurassic Parc, tout particulièrement les excellentes musiques. Le plus notable est probablement Ian Malcolm (Jeff Goldblum) et son doubleur sans la version française, qui commentera votre progression et interagira avec les différents responsables de la Fondation Hammond, qui sont aussi orgeuilleux qu'incompétents. Vous allez vraiment retrouver l'ambiance des films dans ce domaine, pour le meilleur et pour le pire.
On commence donc par poser des barrières autour d'une zone de l'île riche en prairies, forêts et eau douce, avant de construire un Laboratoire de la fondation Hammon. Ce laboratoire se charge de l'incubation de nouveaux dinosaures, lorsqu'il dispose du matériel génétique requis. Pour cela, il vous faut un Centre des Expéditions qui se chargera d'envoyer des équipes d'excavation aux quatre coins du monde (ce qui prend une à trois minutes en temps réel). Votre Centre de Gestion des Fossiles se chargera ensuite de stocker leurs trouvailles, comme des ossements préservés, des insectes ou des oeufs fossilisés qui peuvent être revendus pour un afflux rapide d'argent, ou analysés afin d'en extraire des fragments d'ADN. Avec suffisament de fragments, vous pourrez alors recréer une espèce particulière de dinosaure. Ce n'est cependant pas le fruit du hasard, chaque site d'extraction ne dispose de fossiles que de quelques espèces bien particulières.
Comme dans les films, vous pouvez vous amuser à bidouiller la génétique des dinosaures, il faut bien dire qu'après tout ce temps, leur génome est en bien mauvais état, il faut donc boucher les trous avec autre chose. Grâce à l'aide de votre Centre Scientifique, vous pourrez utiliser des gènes de grenouille basique au départ, qui n'ont aucun effet notable, mais par la suite vous pourrez changer la pigmentation de leur peau et améliorer certaines caractéristiques, par exemple la digestion, la résistance aux maladies ou augmenter l'agressivité au maximum (cela me semble être une excellente idée, les enfants adorent les méchants dinos). Cette facette du gameplay prendra plus d'importance ultérieurement, lorsque vous aurez plus de fonds et de gènes disponibles, afin d'optimiser la rentabilité du parc et créer des attractions encore moins éthiques que Pokémon, comme des combats de dinosaures. Saluons au passage la très large variété de dinosaures disponibles, il y en a des dizaines, des plus connus aux plus confidentiels.
Plutôt Denver ou Godzilla ?
Les premiers dinosaures comme le Tricératops sont plutôt accomodants, du moment qu'ils ont un peu d'espace, de nourriture et d'eau, ils ne vont pas vous ennuyer. Cependant, pour attirer un large public dans votre parc, il faut une quantité de dinosaures également large et variée. Certains dinosaures sont bien plus difficiles à satisfaires ou ne peuvent pas vraiment cohabiter, malheureusement Jurassic World Evolution nous laisse le découvrir par nous-même. Tentez de libérer un dinosaure carnivore dans la même zone que les herbivores, et cela va rapidement vous coûter cher. Cela ne s'arrête cependant pas à une division entre proies et prédateurs, certains dinosaures sont solitaires, d'autres ne sont confortables qu'en grands groupes, certains aiment les forêts, d'autres les plaines, certains tolèrent les autres dinosaures, et d'autres sont racistes…hum. Tous ces paramètres et bien d'autres, sont découverts à la dure, après s'être demandé pourquoi ces sales bestioles ont passé la dernière heure à attaquer les barrières et à s'échapper pour piétiner le public. Il faut rapidement disposer d'équipes de gardes, qui servent d'hommes à tout faire : cela va de la réparation des installations aux soins des dinos en passant par le réapprovisionnement des mangeoires. Accueuillir les véritables stars du jurassique, comme le T-rex, va vous en faire suer. Pour les dinosaures qui s'échappent (et croyez moi, il y en aura beaucoup), il faudra des gardes spéciaux héliportés, dotés de fusils à fléchettes tranquilisantes. Ce sont aussi les hélicoptères qui permettront de ramener les dinosaures endormis dans leur cage, ou dans une autre plus adaptée à leurs besoins. Vous pouvez aussi les vendre si vous en avez assez de gérer les escapades homicidaires d'un de vos petits protégés. Toute cette partie gestion des besoins des dinosaures est à la fois la plus complexe du jeu, de très loin, mais aussi la plus pénible. Comme les dinosaures peuvent défoncer les barrières en acier en un temps record (elles sont en papier ?), si votre gestion du parc n'est pas parfaite, on peut rapidement se retrouvé coincé dans une boucle sans fin de tâches ingrates et répétitives. Devoir sélectionner le bâtiment des gardes pour les envoyer réparer manuellement chaque barrière est horriblement pénible. Même chose pour la chasse aux dinosaures échappés, qu'il faut ensuite faire transporter. C'est dans ce contexte que les énormes défauts de l'interface sont les plus flagrants.
iPark
L'interface de Jurassic World Evolution est épurée, trop même. Il n'y a quasiment aucun chiffre ou indication à l'écran, les boutons ne sont pas non plus nombreux et les raccourcis claviers sont presque inexistants, on peut sentir qu'elle a été pensée pour les consoles et le grand public. Cet affichage minimaliste est certainement esthétique et permet d'apprécier les jolis graphismes, mais une fois un parc digne de ce nom installé, les choses tournent mal. De nombreuses fonctionnalités vitales doivent être sélectionnées manuellement sur la carte, ou il faut passer pas un écran secondaire (voire tertiaire) dans l'écran de gestion afin de pouvoir accéder à certaines fonctonnalités pourtant essentielles. C'est assez ridicule et très pénible. Devoir passer son temps à ouvrir plusieurs écrans pour des tâches qu'on doit répéter chaque minute, comme les expédition et le scan des fossiles, s'avère rapidement insupportable. Les contrats, dont nous parlerons plus en détails dans quelques lignes sont aussi en tête de liste des fonctionnalités qui auraient dû être accessibles sur l'écran principal. Il est dommage que ces fonctionnalités ne puissent pas être optimisés non plus, il faut croire que cela a été pensé pour remplir le temps de jeu. Après tout, il est impossible de mettre le jeu sur pause pour gérer une crise, il n'y a pas non plus moyen d'accélérer le temps lorsqu'il n'y a rien à faire. Autant dire que les débuts de partie peuvent parfois s'avérer ennuyeux, avant que les ennuis ne commencent.
Parc d'attraction oblige, il n'y a pas juste des dinosaures dans des cages. À votre charge de gérer toute l'infrastructure qui rend son fonctionnement possible, que ce soit l'alimentation en électricité, les routes, la sécurité, les attractions (comme les baies d'observation et les sphères), et les services. Installer fast food, boutiques de souvenirs et autres activités commerciales permettra à la fois de satisfaire les visiteurs et de faire rentrer un peu d'argent. Vous pouvez paramétrer leurs produits, personnel et prix de vente, mais c'est assez superficiel et ne demande que d'optimiser la rentabilité. Il faut aussi dire que la gestion du parc se concentre clairement sur les dinosaures. L'entrée du parc est fixe, vous n'avez pas besoin de gérer l'alimentation en eau, les toilettes, le nettoyage ou même le personnel. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise décision de la part des développeurs, mais sachez que vous ne trouverez pas ici un simulateur pointu qui vous demandera de vous préoccuper des problèmes basiques. On regrettera d'ailleurs qu'il n'y ait pas eu d'équilibrage dans le prix des actions et infrastructures, certains éléments sont proprement aberrants. Construire un gros laboratoire coûte 400 000 dollars, mais une simple mangeoire pour herbivores en coûte 250 000. Qui plus est, lorsque vous demandez aux gardes de réapprovisionner ladite mangeoire, cela coûte 200 000 dollars. Qui aurait cru que les dinosaures soient de tels gourmets ? Ces prix absurdes sont particulièrement handicapants en début de partie lorsque vous lancez votre parc, alors que par la suite, lorsqu'il est suffisament gros, vous pouvez tout simplement ignorer la rentabilité.
Comme mentionné plus haut, outre les grandes infrastructures, il vous faudra aussi gérer les situations de crise comme les tempêtes, les évasions de dinosaures mais aussi les sabotages. Comme vous allez vite le découvrir (ou le confirmer une nouvelle fois), la Fondation Hammond aime employer des trous du c.. absolus qui auraient pu être sur le banc des accusés à Nuremberg vu leur absence totale de scrupules et leurs actions disproportionnées. La Fondation est divisée en trois branches principales, la section Science, la section Divertissement et la section Sécurité. Toutes les sections veulent absolument mettre leurs mérites en avant et étendre leur influence. Cela veut dire que chaque fois que vous réalisez un contrat pour une section, cela va augmenter votre réputation auprès de cette dernière, mais diminuer votre réputation auprès des deux autres, même quand cela devrait leur être bénéfique, le pire étant que la thématique de ces contrats n'est pas bien définie, et que ces contrats sont souvent ridicules. Quand la section Science vous donne pour objectif d'avoir moins de six visiteurs dévorés par des dinosaures carnivores lors des trois prochaines minutes, cela en dit long. Surtout quand réaliser cet objectif met en colère la section Sécurité, le pire étant que ces psychopathes vont activement saboter votre parc si votre réputation n'est pas assez élevée. Ils peuvent empoisonner les dinosaures, ouvrir toutes les portes automatiques des cages du parc, ce qui libérera tous les dinosaures, ou carrément couper toute l'alimentation électrique durant de longues minutes, ce qui vous privera même de la capacité de faire appel aux gardes pour régler la situation, c'est juste fantastique.
Si on met de côté les aberrations du système de contrats et de réputations, qui reste dans la lignée de l'univers de Jurassic Parc dans lequel les humains sont profondément stupides, l'interface rend la chose encore plus pénible, la raison étant que les contrats sont générés aléatoirement et que vous ne pouvez en réclamer qu'un par minute (vous pouvez accepter ou refuser). Lorsque vous cherchez désespérement à monter une réputation pour débloquer les missions, récompenses et infrastructures qui leurs sont liées, il est agaçant d'avoir à faire des dizaines d'aller-retours dans les menus pour réclamer un nouveau contrat à chaque fois, et tomber sur le cooldown qui semble droit sorti d'un jeu mobile. Le fait que beaucoup de contrats soient bien trop difficiles ou pénibles à faire alors que d'autres sont d'une facilité navrante n'aide pas. Certains contrats sont liés à la possibilité de pouvoir piloter vous-même l'hélicoptère et les jeeps des gardes si cela vous amuse. Non seulement cela permet d'observer les dinosaures et de découvrir le parc d'en bas, mais cela permet aussi de réaliser les différentes actions des gardes manuellement, comme tirer sur les dinosaures, les soigner (avec une fléchette), ou encore prendre des photos promotionnelles qui vous rapporteront de l'argent. C'est un peu gadget mais ça fait partie de l'expérience Jurassic Parc, et c'est relativement bien conçu. Du moins ça le serait, si cela ne vous empêchait pas de gérer le parc pendant ce temps, ce qui vous expose à des catastrophes. Heureusement qu'il n'est pas vraiment possible de perdre dans ce jeu.
100 000 millions d'années plus tard
Ironiquement, alors que Jurassic World Evolution n'est pas spécialement complexe, son tutoriel à rallonge tout au long du mode carrière fait un bien piètre boulot. Des éléments fondamentaux du gameplay ne vous sont jamais expliqués directement, c'est à vous de les découvrir à force d'expérimentation, ou généralement, en réalisant les trois missions principales liées aux réputations sur chaque carte. Nous disons chaque carte, car le parc est divisé sur les différentes îles, chacune avec ses problèmes et défis à relever, par exemple protéger le parc des tempêtes, ou commencer avec un énorme déficit. Débloquer un nouveau parc en obtenant une note suffisamment bonne pour votre parc actuel permet alors de changer de zone et de mettre votre précédent parc sur pause. Il y aurait pu avoir d'excellentes choses faites sur ce principe (un peu comme Anno 2205, malgré tous ses autres défauts), avec des synergies et spécialisations entre les différents parcs, par exemple un pour certaines espèces, ou pour les services et transports, mais ce n'est pas le cas ici. C'est comme si chaque parc était totalement stand alone. Qui plus est, les choses que vous transférez d'un parc à l'autre sont terriblement arbitraire. Vous ne conservez pas l'argent, mais tous les bâtiments débloqués, les recherches et les génomes sont conservés, ce qui est logique. Par contre, les réputations ne le sont pas. Il va donc falloir remonter tour à tour les trois réputations sur chaque île afin de débloquer tout le contenu et toutes les missions. Le fait de devoir rester sur une île à farmer une réputation pour débloquer un élément spécifique avant de passer à la suivante n'est pas non plus très fun. Heureusement que les îles ont des particularités et que le nombre croissant de dinosaures ainsi que d'attractions aide à tromper la lassitude qui s'installe rapidement.
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