Du côté de l'eSport, le dopage reste un fait encore assez jeune pour le grand public. Pourtant, des bruits de couloir circulent depuis de nombreuses années déjà sur l'utilisation de certaines drogues sur certaines scènes du jeu vidéo compétitif.
Parmi les jeux les plus touchés, Call of Duty obtient la palme. Il est ainsi fréquent que des accusations d'utilisation de drogues dans le but d'améliorer ses performances soient lancées contre une grande majorité des joueurs américains de la licence d'Activision. En tête de liste de ces dopants, on retrouve l'Adderall, médicament à base d'amphétamines interdit en France.
StarCraft II n'échappe pas non plus à cette drogue très populaire chez les étudiants américains. En 2011 déjà sur des forums ou dans un article du Monde datant de 2013, la question est rapidement évoquée. Là encore, les rumeurs persistent, mais sont rapidement balayées d'un revers de la main.
Le joueur de Call of Duty Clayster, tout à gauche, consomme de l'Adderall sur ordonnance depuis ses 8 ans
Dans certains domaines, des sources anonymes affirment que l'usage de drogues à des fins dopantes se fait de manière régulière. La pratique est connue de tous les acteurs concernés et ne semble pas sortir réellement du domaine privé, afin que les spectateurs ne puissent s'en faire une idée concrète. Le sujet est bien réel, mais reste tabou.
C'est en marge de l'ESWC Montreal CSGO 2015 que la glace va être brisée en public pour la première fois. Le célèbre joueur de Counter-Strike, Semphis, lâche une vraie bombe lors d'une interview. Il admet que son équipe Cloud 9 était dopée lors de l'ESL One Katowice et que tous les joueurs de la ligue professionnelle de l'ESL le sont également.
Devant le fait accompli, certains médias généraux s'emparent de l'affaire et le scandale provoqué au sein même de la sphère esportive force les organisateurs à réagir. C'est l'ESL qui fait le premier pas en annonçant un partenariat avec l'Agende Mondiale Antidopage pour effectuer les premiers contrôles lors de ses prochains tournois.
League of Legends semble pour le moment être épargné
Également concerné par cette initiative de l'ESL, la scène League of Legends semble la moins touchée. Plus jeune et moins implantée historiquement d'un point de vue performance aux États-Unis, il est logique que peu voire pas d'affaires de dopage aient émergé des joueurs professionnels de LoL. Nul doute cependant que si un quelconque scandale venait à apparaître, Riot Games aurait vite fait de remettre de l'ordre parmi tout ce beau monde.
Nous avons interrogé Samishh sur le sujet, manager expérimenté de la scène Call of Duty, actuellement en charge de l'équipe Millenium :
« La prise d'Adderall permet au joueur qui en prend de mieux se concentrer sur tous les éléments du jeu. Ainsi, il sera attentif à la moindre communication donnée, à son radar et surtout dans ses duels. On pourrait dire que son « taux » de réaction est amélioré car il n'est pas gêné par les éléments nocifs et extérieurs au jeu. Donc oui, l'Adderall est un réel apport qui augmente les performances des joueurs.
Concernant la prise de drogue plus classiques, tout dépend de chacun. Fumer avant un match est un risque car il baissera le taux de réaction des joueurs « normaux », mais permettra aux joueurs trop « excités » de mieux se concentrer.
Concernant l'Adderall il se démocratise sur le milieu PC et je pense que les joueurs américains de Call of Duty l'ont fait découvrir à leurs homologues de Counter-Strike. La mise en place de mesures de lutte de la part de l'ESL ne peut qu'être une bonne nouvelle pour nos scènes, en espérant que la MLG (NDLR, principale organisation aux États-Unis sur CoD) suivra les normes concernant ce fléau. »