Les parties classées de League of Legends, qu'elles soient en équipe ou individuelles, sont un excellent moyen mis en place pour donner de l'enjeu à votre jeu préféré, et faire d'un simple divertissement une véritable compétition. Remportez un maximum de parties, et vous pourrez affronter l'élite des joueurs européens, dans la division Challenger. De nombreux joueurs participant actuellement à la prestigieuse compétition des League of Legends Championship Series faisaient partie du haut du classement des Challengers avant de se faire repérer par une structure européenne. Ce fut le cas récemment pour le suédois Betsy, qui officie désormais pour Gambit Gaming, en remplacement de niQ venant, lui aussi, de soloQ. Mais ce n'est pas donné à tout le monde d'atteindre le haut du classement, et encore moins d'obtenir sa place dans une équipe européenne. On est alors en passe de se demander ce qui différencie les joueurs LCS des joueurs Challenger ? Le classement des meilleurs joueurs Challenger a-t-il réellement un sens ? Pourquoi certains des meilleurs joueurs de soloQ ne sont-ils pas dans une structure participant aux LCS ?
Les difficultés de la solo queue
La soloQ n'a pas la même valeur aux yeux des joueurs qu'une partie normale. Lorsque vous partez à l'aventure en classé pour grimper les divisions, vous êtes plus motivé que jamais. Mais ce n'est pas forcément le cas des 9 autres joueurs de la partie. Par ailleurs, il y a, dans une grande majorité des parties jouées, au moins 8 personnes de la partie que vous ne connaissez pas, et que vous ne rencontrerez plus par la suite. Il est ainsi plus difficile de se faire confiance ou d'écouter des conseils d'inconnus, le teamplay s'en trouve amoindri. Si l'on suit la même idée, un joueur de soloQ, qu'il soit sur la midlane ou en support, aura du mal à se sacrifier pour son équipe, contrairement à ce que l'on peut voir en équipe. La mentalité est différente selon les joueurs, et leur façon de gérer leur mental également. On a souvent entendu des joueurs dire que camper une lane était la chose à faire pour grimper d'élo, tant la victime sera mise à mal et n'aura plus envie de jouer. Et jouer en 4v5 n'est pas chose facile. Il faut bien sûr la complicité du jungler et d'une lane, ce qui n'est pas non plus assuré selon votre division, car on n'est pas certain de savoir ce que les autres joueurs feront.
« En solo queue, il faut jouer comme si notre équipe ne savait pas ce qu'elle faisait»
Cette phrase, prononcée par certains experts de soloQ, est une aide pour tout joueur souhaitant monter. En attendant trop de vos coéquipiers, c'est-à-dire de l'aide du jungler ou plus de vision sur la carte par exemple, vous pourriez rapidement être déçu d'eux s'ils ne répondent pas présents. Alors qu'en partant du principe qu'ils n'entreprendront rien pour vous, si les circonstances font que vos partenaires savent ce qu'ils font, il sera plus facile de gagner la partie et de monter de division.
Les hypercarrys s'essouflent
En soloQ, les joueurs partent du principe que l'issue de la partie va se jouer sur la réussite ou la perte d'une seule lane. Les joueurs vont préférer s'orienter vers des champions qui seront capables de faire la partie tout seuls, comme Riven en toplane par exemple. Même si les 2 autres lanes perdent, il est tout de même possible de remporter la partie avec un hypercarry, comme l'est Riven, mais aussi Nasus ou encore Vayne. Pour autant, ces champions ont forcément une faiblesse, sinon, ils seraient choisis 100% du temps : ils sont facilement mis à mal. Dans le cas de Nasus, son début de partie est une tare pour lui, et il n'aura d'intérêt qu'une fois son A bien stacké. Pour Riven, en cas de swap-lane, elle aura du mal à avoir de l'impact dans la partie. Il en est de même pour tous les hypercarrys, mais en soloQ, les joueurs n'y pensent pas autant qu'ils le feraient en compétition, c'est pourquoi ces champions sont oubliés des LCS par exemple, et qu'ils fonctionnent formidablement bien en soloQ, en bronze comme en Challenger. Le fait qu'ils aient un late game monstrueux combiné au fait que les parties en soloQ durent à cause du manque de travail d'équipe est un facteur de la force des hypercarrys. Dernièrement, certains tels que Kog'Maw sont sortis en compétition, mais tous les autres champions de l'équipe qui le choisi sont extrêmement présents pour le protéger. En soloQ, par contre, un hypercarry devra se débrouiller seul, et le joueur dessus se doit de maîtriser à la perfection son champion s'il veut réussir à avoir de l'impact dans la partie.
À tous les niveaux, les hypercarrys tels que Riven peuvent fonctionner.
Pour compenser cette tendance des hypercarrys, et ce depuis la Saison 4, la Faille de l'Invocateur demande de plus en plus de cohésion d'équipe afin d'arriver à ses fins. 1 seul joueur aura plus de mal pour mener son équipe vers la victoire désormais comme ça l'a été durant les saisons précédentes. Depuis quelque temps, en soloQ, il ne s'agit pas d'une équipe qui gagne et d'une qui perd, mais plutôt d'une qui perd et d'une qui ne perd pas. Le throw (être trop gourmant et gâcher une partie qui aurait dû être gagnée) est devenu un élément important de ce mode de jeu. Les mécaniques en solitaire n'ont plus la même importance qu'avant, et laissent donc leur place à la stratégie. Ainsi, la soloQ relève le niveau d'une équipe, et non d'un joueur, car il est plus facile pour un joueur de faire perdre la partie à ses 4 coéquipiers, plutôt que de leur donner la victoire, sauf cas rare. La compétition en équipe, quant à elle, est basée sur la stratégie plus que sur les mécaniques, comme le montre la toute nouvelle méta des midlaners, orientée sur le farming et sur la sécurité, avec l'apparition de Karthus par exemple.
Dopa, ou l'homme qui a vaincu la soloQ
Parmi les joueurs ne pouvant plus réellement monter, et nous parlons ici des joueurs de niveau Master / Challenger, il y en a certains qui espèrent atteindre un échelon supérieur : une place pour les LCS. Comment différencier ces joueurs au niveau pratiquement similaire ? Ce n'est qu'une question de points et de place, mais certains sont plus aptes à la compétition que d'autres. Tout d'abord, il faut savoir que le classement non plus n'a pas beaucoup de valeur. Si vous regardez bien, dans le haut du classement Challenger, les comptes des joueurs LCS ont beaucoup moins de parties jouées que les autres joueurs, à points quasiment égaux. Certains sont spécialistes de ce mode de jeu, d'autres n'arrivent pas à atteindre les sommets alors qu'ils arrivent à briller dans une équipe.
Dopa est devenu l'un des meilleurs joueurs de soloQ au monde
Pour un certain nombre de personnes, Apdo, ou Dopa ou encore Dopa0, et plus qu'un simple joueur, il est le meilleur. Et pour cause il est parvenu à décrocher de nombreuses fois le rang 1 du ladder coréen, devant Faker et ses compatriotes. Pourtant, le niveau est sensiblement le même entre le midlaner des SK T1 Telecom et Dopa. Le fait que Dopa n'est jamais réellement trouvé d'équipe vient uniquement du fait qu'il n'a pas l'envie d'en trouver une, et que sa seule tentative s'est soldée par un échec, du fait de son compte banni. On pourrait aussi ajouter qu'actuellement, malgré le fait qu'il fasse toujours partie des meilleurs joueurs de soloQ du monde, son niveau en équipe n'est pas forcément celui que tout le monde attend. Alors certes, il excelle sur la midlane, mais également sur la toplane, dans la jungle et en support. C'est ça qui fait de lui un excellent joueur de soloQ. Il n'est pas un « one trick pony » comme pourraient l'être d'autres joueurs (qui ne jouent très bien qu'un seul champion et qu'un seul rôle). Mais son comportement lui a fait défaut, il n'a pas respecté la Charte de l'Invocateur. Incarnati0n est dans le même cas. Sans son passé de DDOSeur et de joueur toxique pour la communauté, il aurait pu être l'un des meilleurs midlaners européens, voire du monde. Il est actuellement banni pour une durée infinie du jeu et se voit obligé de se limiter aux parties classées en solitaire.
La différence entre soloQ et LCS
Il peut y avoir énormément de raisons pour qu'un très bon joueur de soloQ ne soit pas dans une structure compétitive. On pourrait ainsi citer la motivation, l'envie ou le temps pour prétendre à la compétition, comme WhiteKnight108. En jungle, il a toujours raflé les premières places du classement Challenger, mais n'a été que le remplaçant de ForellenLord pour Team Alternate... D'autres n'arrivent pas à gérer la pression, comme Seraph à l'époque où il était chez Counter Logic Gaming. D'autres encore n'arrivent pas à s'adapter à la méta des champions de leur voie, comme Mimer, passé chez Supa Hot Crew ou MeetYourMakers, sans jamais performer, alors qu'il a 4 comptes en Challenger. Certains sont des "one trick ponies", comme le streamer Boxbox, qui maîtrise à la perfection Riven, mais aura du mal à percer en compétition seulement grâce à ce champion. Enfin, il y a des joueurs qui, sans raison visible, n'ont jamais performé aux LCS alors qu'ils étaient des maîtres de soloQ. On peut ainsi nommer ForellenLord, numéro 1 d'Europe de l'Ouest pendant un bon moment avec plus de 3000 elos mais qui n'a rien obtenu avec son équipe. Karalius également, en Saison 2, où il a dû être remplacé en cours de split chez les aAa alors qu'il avait passé la barre des 2500 elos.
ForrellenLord fut le premier joueur à passer les 3000 élos. Et pourtant...
À côté de ça, il faut se dire que beaucoup, beaucoup de joueurs qui participent actuellement aux LCS ont été recrutés par le biais de la soloQ. C'était certes il y a un petit moment, mais aujourd'hui, c'est encore possible, comme nous l'ont montré niQ et Betsy pour Gambit Gaming, ou encore Selfie (Kori) pour les MeetYourMakers. La nouvelle line-up Fnatic est composée à 80% de joueurs n'ayant pas ou très peu d'expérience professionnelle. La réciproque n'est forcément vérifiée : des joueurs aux LCS peuvent être en dessous en solo queue, comme Diamondprox en Saison 1, où il n'avait que 1800 elo quand certains approchaient les 2200, ce qui ne l'a pas empêché d'avoir le parcours qu'on lui connaît et d'avoir participé aux Worlds. La seule chose qui unit la soloQ et la compétition est la gestion du placement et de la vision. Sans ces 2 éléments, aucune chance que vous ne réussissiez quoi ce que ce soit. Et on le voit chaque semaine en LCS, des erreurs de positionnement peuvent engendrer un avantage d'objectifs pour une équipe, voire même mettre fin à la partie.
Ainsi, il y a des joueurs dont le niveau ne fait douter personne en soloQ, mais pour lesquels la compétition n'est pas envisageable, et d'autres pour lesquels la soloQ les a amené au sommet. Certes il y en a moins qui réussissent, mais n'est-ce pas là la définition même de n'importe quel sport de haut niveau ?
De la SoloQ aux LCS, un reportage de Riot Games |
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