Nous entamons maintenant la partie la plus fastidieuse (en termes de quantité de lecture) de cette chronique, puisque Kog'Maw semble avoir inspiré de nombreux artistes. Je vous ai cependant épargné toute la galerie de peluches, sculptures et autres manipulations en trois dimensions, toutes plus « cute » les unes que les autres (car oui, c'est un aspect assez couramment mis en valeur chez Kog'Maw) et je me suis donc limitée aux interprétations sur papier (ou tablette numérique... Ou autre, à vrai dire !). Sur ce, je vous invite à me suivre.
Oui, je dois dès à présent vous l'accorder : drôle de façon d'entamer une revue de Kog'Maw, avec un Kog'Maw qui ne ressemble pas à Kog'Maw. Heureusement pour nous, l'artiste - du nom de Whitep, et que l'on peut retrouver sur Deviantart, avec un style relativement varié, bien que parfois faible(petit coup de coeur cependant pour son dessin « Another Sketch 3 » à la Muscha) - nous précise qu'il s'agit ici d'une proposition de skin pour notre cher être baveux.
Pourquoi avoir choisi de commencer par là, donc ? Eh bien je voulais tout d'abord mettre en avant la beauté de l'exécution. On aime ce style naturaliste, que l'on retrouve dans les carnets d'études de ces voyageurs et biologiste d'un autre temps. Seule la première figure est complète : les autres petits schémas, synthétiques mais justes, qui viennent agrémenter une page jaunie à l'ancienne dans le cadre d'une composition harmonieuse, insistent uniquement, par un jeu de contraste entre traits noirs et couleur, sur les différentes caractéristiques que l'artiste veut ici mettre en avant (à savoir les différentes compétences du champion). Pour ceux (à mon image) qui ne connaissaient pas la référence, je vous invite à aller voir du côté de la série Tremors et de ses sympathiques petites bestioles du doux nom de Skriekers. La représentation en est fidèle, et notre artiste parvient à en exploiter la physionomie pour l'adapter aux compétences de notre champion. On aime, on partage !
Puisque nous parlions de l'effet vintage du fond, restons sur cette déviation du support, et tournons-nous vers cet artiste, Sugarcube-Owl, que l'on peut retrouver sur sa page Devianart qui saura ravir les gens en manquent de poneys (très sympathiques au demeurant).
C'est sans doute la première chose qui saute aux yeux, et qui m'a par ailleurs immédiatement charmé : le support. Non, nous ne sommes pas face à notre sempiternelle feuille de papier blanche (virtuelle ou non - colorée ou non). Notre artiste a ici choisi d'exploiter du carton (carton IRL, attention !), ce qui donne automatiquement plus de caractère à l'œuvre. Mais en plus de cette originalité, le fanart mélange différentes techniques - peinture blanche et noire (à ce qu'il me semble) et stylo bleu - ce qui revêt à mon goût encore plus de charme. Certes, le champion en lui-même n'est pas parfait - la bouche me semble un peu trop adoucie, ressemblant davantage à la dentition d'une mémé édentée qu'à celle d'un champion du Néant, et le chapeau ne respecte pas les règles de perspective d'usage - mais les effets d'ombre et de relief sont relativement bien respectés, par un nuancé de blanc bleuté, pour reprendre le bleu du trait, mai surtout, l'artiste a su insufflé une personnalité à son personnage, qui me semble ici le joyeux comédien de Broadway, avec ce petit air « I'm singing in the rain » que vous allez désormais chantonner toute la journée ou soirée durant. Petit plus non négligeable, et qui mérite un petit point bonus : Kog'Maw a désormais des baskets - peut-être pour mieux pouvoir danser sous la pluie ?
Poursuivons notre tour de l'original pour revenir à des fondements plus inquiétants, qui collent donc davantage avec notre champion. Et nous pouvons remercier Wednesday Wolf pour cela, que l'on peut retrouver sur sa page Deviantart, mais aussi sur son site personnel, et où l'on peut y découvrir ou explorer son style si particulier, et que j'apprécie particulièrement, donc.
Cela n'est pas forcément évident à première vue, mais il s'agit bien ici de Kog'Maw. Mais si, regardez, la forme du corps, les trois paires d'yeux, les sortes de cornes, sur le haut de la tête, les dents... et même la bave ! Notons le tout de suite, cette bave nous est proposée violette, comme une sorte de tache d'encre que l'on aurait essayé d'essuyer, et qui lui donne cette impression de texture que l'on retrouve notamment chez Kassadin ou Malzahar avec leur énergie. Je vous parlais d'une encre qui aurait coulé : c'est la facture picturale de cette œuvre, puisque le trait d'encre pose les bases de la forme, et que la dilution de cette encre permet de donner un peu plus de consistance, de relief, et d'effet d'ombre et de lumière. C'est ainsi que l'artiste garde quelques zones de blanc, sur le haut du crâne, notamment, ou sous le ventre, pour jouer avec la lumière, et que les zones d'ombre, en contraste, telles que les piques et la jonction avec les pattes, ressortent davantage. Les pattes avant paraissent bien petites, ridiculement petites, mais il ne s'agit pas d'être réaliste. L'accent est après tout principalement mis sur la tête du champion, sa principale arme, il faut le reconnaître. Le trait semble un peu brut, brouillon, et certains iront jusqu'à établir un lien avec le style propre aux dessins de Tim Burton : on aime ça !
Vous le verrez, le fanart qui va suivre n'est fondamentalement pas si différent de celui que je viens de vous présenter, même s'il serait trop simple de se limiter à ce constat. En effet, on peut commencer par signaler que ce dessin se contente exclusivement de traits et de taches. Il n'y a pas d'efforts de remplissage ou de colorisation comme on peut en trouver sur des œuvres plus classiques. Je n'irai pas jusqu'à parler de minimalisme, mais il faut reconnaître que l'artiste a limité les détails : ainsi, les éclaboussures ne sont que suggérées, tout comme les « cornes » du champion. Seule la partie ombragée de ces éléments est finalement signalée, ce qui offre une légèreté globale au dessin. Le choix de la couleur - ou plutôt des couleurs - participe aussi à cette impression. On a en effet un dégradé passant du vert (voire jaune) au gris, en passant par un nuancé de rose et de rouge, qui correspond concrètement aux couleurs du champion : rouge pour les yeux, vert pour la bave, et un gris légèrement chaud, qui devient du violet lorsque le champion utilise son passif. La réalisation du dessin est extrêmement intelligente, et particulièrement efficace.
Il faut dire que l'artiste, Gaius-Draws, n'en est pas à son coup d'essai, et exploite déjà cette facture, mais aussi de nombreuses autres, sur ses nombreuses autres œuvres, toutes plus réussies les unes que les autres. Vous pouvez les retrouver sur sa page Deviantart ou sur son Tumblr.
Retournons maintenant pour finir vers quelque chose de plus classique, mais de tout aussi plaisant pour les yeux. Remercions tout de suite SizoW, que l'on peut retrouver sur Deviantart et qui a, il faut le reconnaître, un sacré coup de crayon, qu'il soit virtuel ou non.
Dans un style qui se rapproche bien du réalisme que les quelques fanarts précédents, Kog'Maw est ici mis en scène dans le cadre du Lunar Revel. Certains feront automatiquement le rapprochement avec son skin Lion chinois, mais il est à noter qu'il s'agit ici d'une autre interprétation. En effet, la tête de lion que porte notre champion n'est pas la même - elle est ici plus sobre, d'un vert brillant amenant à nous poser la question de la matière de cette tête. Le reste du costume - à savoir la queue de dragon - est aussi plus sobre, en un sens. Elle aussi verte, avec quelques éléments dorés ou cuivrés - difficile à dire avec cette lumière ambiante tamisée par les différents lampions - et un simili de fourrure rouge, elle est cependant plus longue et ondule à travers le dessin, invitant le regard à le parcourir, pour se dissiper légèrement dans une profondeur marquée par un certain flou (ou en tout cas une perte de netteté). Le fond est très richement détaillé, entre feux d'artifice et architecture traditionnelle, et l'on aime à repérer quelques éléments ajoutés par l'artiste, comme les clochettes sur les « cornes du Kog'Maw, les dagues qu'il cache entre ses pattes, ou encore la bave qui s'étire entre ses mâchoires grand ouvertes. Le dessin est très bruyant, en termes de couleurs et de mouvements, mais il n'agresse pas non plus l'oeil, grâce aux teintes chaudes qui viennent s'opposer à la couleur du champion. Un dessin à la thématique et à la technique très réussies.
J'espère que cette nouvelle Galerie vous aura plu. Je vous retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode, une nouvelle fois consacré au Néant - ou presque !