De nos jours, les bons RPG japonais se font rares et les nombreux amateurs de ce sous-genre du jeu de rôle commencent à regretter amèrement les années bénies où des hits de l'envergure de Secret of Mana et Terranigma débarquaient dans leurs boutiques d'import.
Nous vous proposons donc ce petit voyage dans le temps afin de découvrir l'histoire d'une catégorie de jeu encore trop sous-représentée en Europe à notre goût et peut-être lancer un élan de nostalgie chez certains d'entre vous. Mais tout d'abord, une petite entrée en matière s'impose, pour les quelques hurluberlus du fond de la salle qui n'auraient jamais eu la chance de goûter aux joies du jeu de rôle façon soleil levant.
J-RPG : mode d'emploi
1) Défintion
Pour ceux qui ne connaissent vraiment pas le jeu de rôle japonais, sachez juste que dans un titre type, vous contrôlerez une équipe de héros se retrouvant forcément au bout d'un moment à devoir sauver le monde d'une quelconque menace. Chaque personnage aura des statistiques propres voire une classe et il vous faudra les améliorer en engrangeant de l'XP et de l'argent afin d'augmenter de niveau et de pouvoir acheter de meilleurs équipements. Le J-RPG est aussi souvent décrié pour ses innombrables clichés, distinguables d'un jeu à un autre. Héros amnésique, village natal détruit, l'équipier qui se révèle en fait être quelqu'un de votre famille, la fille du groupe qui n'arrête pas de gémir... Et il y en a encore beaucoup, mais il faut avouer que ça fait aussi partie du charme de ce genre de jeu.
Pareil, pas d'exploration aussi poussée que dans un Elder Scrolls par exemple, le joueur étant invité assez régulièrement à avancer dans la trame du jeu. La liberté se gagnera généralement après les trois premiers quarts du scénario, très souvent grâce à un véhicule volant. Moins matures que les histoires contées dans les RPG occidentaux, les aventures dépeintes dans les jeux de rôles cèdent plus facilement aux sirènes de la mièvrerie, de la pose-attitude et du fan-service. Mais attention, je ne vous cite là que quelques généralités, nombreux sont les titres qui arrivent à échapper à tous ces poncifs. Pêle-mêle, on pourra citer la série des Shadow Hearts, les Persona, les Valkyrie Profile les Parasite Eve ou bien sûr la série la plus loufoque du monde du J-RPG : les excellents Mother.
2) Les différentes catégories de J-RPG
Le RPG japonais est un type de jeu dérivé des jeux de rôles disponibles sur micro-ordinateurs au milieu des années 80, qui étaient eux-même très inspirés des jeux de rôle papier de l'époque. Le genre J-RPG se décline en plusieurs sous-catégories (les même que pour les jeux de rôle occidentaux). Essayons de voir ensemble le gameplay de chacune d'entre elles, sachant que certains J-RPG sont à la limite de l'inclassable, comme par exemple Vagrant Story qui mélange carrément stratégie, tour par tour et action au sein d'un même système de jeu.
- Le A-RPG (Action RPG)
Comme son nom l'indique, l'A-RPG offre des combats plus dynamiques que les autres catégories de jeux de rôle et mettront les réflexes et les skills du joueur à rude épreuve. Le style a commencé à faire des émules un peu partout dans le monde grâce à Seiken Densetsu 2 alias Secret of Mana sur Super Nintendo. Le premier Seiken Densetsu était lui aussi bien arrivé jusque chez nous sous le nom Mystic Quest. Très gros jeu de la Gameboy, MQ est un titre assez méconnu par rapport à son petit frère, ce qui ne l'empêche tout de même pas d'être un digne représentant du style A-RPG.
De nos jours, l'un des plus gros représentants de cette catégorie est bien évidemment Kingdom Hearts, licence reprenant les univers de Disney et de Squaresoft/Square-Enix, le tout saupoudré d'un gameplay aux petits oignons qui fait la part belle aux combos de malade. On pourra aussi citer l'excellente série des Tales of de Namco Bandaï ou encore le déjà culte Xenoblade de Monolith. De manière générale, un bon A-RPG se veut particulièremet jouissif dans ses affrontements et dispose d'une montée en puissance très marquée à chaque level up.
Si vous comptez vous mettre aux A-RPG, les Kingdom Hearts semblent tout indiqués si vous souhaitez mettre un pied dedans. Maniabilité simple à appréhender, univers sympa et scénario moins niais que ce qu'il n'y parait, seul problème : l'ensemble de la série est éparpillée sur tout un tas de supports. Et puis si vous vous fichez des graphismes, pourquoi ne pas tenter l'aventure Secret of Mana ? Jeu culte parmi les jeux cultes, SOM allie 2D impeccable et OST de fou furieux à un gameplay assez technique (jouable jusqu'à 3) et à une histoire qui se laisse suivre (malgré la traduction française complètement foireuse).
- Le Dungeon RPG
Le système de combat dans un Dungeon RPG peut-être de plusieurs types, mais sa construction restera sensiblement la même d'un jeu à un autre. Vous partez d'un HUB central et allez explorer des donjons aux corridors générés aléatoirement, à la recherche d'équipements de plus en plus puissants. Souvent le HUB évoluera au fur et à mesure de la progression dans le scénario, laissant entrevoir de nouvelles possibilités enrichissant le système de jeu et gardant le joueur scotché à l'écran. Car un bon Dungeon RPG se voudra très addictif, la quête de puissance étant souvent très motivante. Que les déplacements se fassent case par case ou de manière plus classiques, une bonne préparation avant de sortir en donjon sera toujours la clé du succès.
A moins que vous ne manquiez de chance... Car comme tout bon jeu faisant intervenir l'aléatoire, il est très probable que quelques morts surviennent de façon assez dégueulasse. Genre réputé hardcore car très punitif, les moins patients d'entre vous risquent de quitter le navire dès les premières heures, tant la tâche peut se révéler ardue. On pourra citer en tant que dignes représentants de cette catégorie : Azure Dreams, Breath of Fire : Dragon Quarter, les Etrian Odyssey ou encore la sympathique série des Chocobo Dungeon. Dans le cas d'Etrian Odyssey ou de Dragon Quarter, on pourra aussi parler de Rogue-like, sous-genre apprécié par ceux qui aiment se faire du mal.
Si vous êtes intéressés par cette catégorie, c'est déjà un peu plus compliqué puisqu'il vous faudra tout de même une certaine expérience personnelle du jeu de rôle en général afin de vous en sortir. Persona 3 & 4 feront cependant des candidats de premier choix, tout comme Recettear sur PC. Ce dernier vous demandera de gérer une boutique typique de RPG, mais pour récupérer de belles marchandises, vous devrez engager un héros que vous pourrez contrôler dans quelques donjons. De manière générale, une fois bien installé dans un jeu de ce type, difficile d'en sortir avant de l'avoir bouclé, le tout étant assez chronophage.
- Le J-RPG au tour par tour
Certainement la catégorie la plus représentée du genre J-RPG. Dans un tour par tour classique, le joueur a tout le temps de décider quelle action chaque personnage effectuera et bien évidemment sur quel ennemi l'attaque va être lancée. Les licences préservant encore ce style de jeu se font rares, mais quelques-une résistent encore et toujours. Ainsi Dragon Quest, Pokemon et les Shin Megami Tensei sont de dignes représentants de ce classicisme qu'ils embrassent goulument depuis maintenant plus de deux décennies. A côté de cela, de nombreux dérivés du tour par tour ont vu le jour et le modèle hybride le plus connu est sans aucun doute possible la jauge ATB (Active Time Battle) instaurée dans les Final Fantasy. Concrètement, chaque protagoniste sur le champ de bataille a une jauge ATB qui se remplit avec le temps. Une fois celle-ci pleine, l'action du joueur peut alors être décidée.
Seulement, les ennemis n'attendront pas que le joueur ait finit son tour pour répliquer, ainsi il faudra parfois anticiper les assauts des opposants et savoir se défendre au bon moment. Un bon J-RPG au tour par tour se distingue surtout grâce à de petites subtilités lors de ses affrontements et à faire en sorte que le farming soit bien équilibré, pour que le joueur puisse avancer dans la trame scénaristique sans avoir à passer quatre heures à tuer du trash-mob. Une surabondance de combats aléatoires peut aussi complètement pourrir le rythme d'un jeu, un exemple parfait de ce cas de figure étant Skies of Arcadia sur Dreamcast (excellent jeu au demeurant).
En ce qui concerne les RPG tour par tour, ne commencez pas directement par un des jeux de la série Shin Megami Tensei. Etant réputé très hardcore, cette licence ne plaira qu'aux gamers les plus ténus, n'ayant pas peur de perdre une heure ou deux de jeu à cause d'une mort injuste. Non, il faut rester sur les bases : Final Fantasy IX est par exemple une très bonne entrée en matière : bon scénar', gameplay pas trop complexe et graphismes qui n'ont pas tant vieilli que ça. Dragon Quest VIII ferait lui aussi office d'excellent tremplin pour qui veut s'essayer au tour par tour.
- Le T-RPG (tactical RPG)
Catégorie de RPG qui requiert le plus de réflexion de la part du joueur. Au contrôle d'une armée de soldats sur de grandes cartes quadrillées, les déplacements sont limités et la portée des attaques et le placement de vos unités seront des éléments déterminants lors des batailles. Les affrontements s'effectuent au tour par tour, avec une phase pour le joueur et une autre pour celle de l'adversaire. Les objectifs d'un combat sont divers et variés, allant de la simple destruction de l'armée ennemie à la protection d'une unité en particulier. Le T-RPG possède aussi un aspect gestion avec le recrutement, l'équipement et l'entretien de vos armées.
La majorité des tactical ne disposent pas de phases d'exploration et toute la narration se fera entre deux batailles, par une série de dialogues que certains pourraient trouver barbants car généralement complexes. La plupart du temps, le scénario mêlera tragédies et trahisons sur fond de conflits politique complexe. La PSP regorge de ce type de jeux et il existe de très nombreuses séries cultes de ce genre souvent boudées par les joueurs. Dans les plus connus, on pourra citer : les Tactics Ogre, les Fire Emblem, les Disgaea ou encore les Valkyria Chronicles.
Avec le Dungeon RPG, le Tactical est ce qu'on appelle un genre de niche, c'est à dire que seule une certaine catégorie de joueurs sera à même d'apprécier pleinement les tenants et aboutissants d'un titre de ce type. Toutefois, il ne faut pas hésiter à se lancer et beaucoup de T-RPG user friendly ont vu le jour ces dernières années. Ainsi, les Valkyria Chronicles sont un excellent début : beaux, assez faciles à appréhender, un scénario bien mis en scène et quelques subtilités qui rendent les jeux très accrocheurs. On pourra aussi citer les Disgaea comme point de départ, cette série étant délirante et bourrée de contenu jusqu'à la moelle. Attention toutefois à ne pas se laisser submerger par toutes les possibilités d'un de ces jeux.
2) Dénominateurs communs
Si le gameplay diffère d'une catégorie à l'autre, certains pré-requis sont quant à eux communs à tous les types de RPG. Par exemple, avoir un scénario accrocheur et bien mis en scène est quelque chose de très important afin de retenir l'attention du joueur. Pour les Dungeon-RPG et les T-RPG où la mise en scène est volontairement minimaliste, les dialogues se doivent par contre d'être de tout premier ordre, avec des personnages aux psychologies développées et une trame réussissant à faire cohabiter le complexe et le concis. On pourrait alors citer quelques exemples de RPG japonais qui auraient pu prétendre au qualificatif de titre culte si leur histoire n'avait pas été aussi plate et lente, comme Blue Dragon ou encore Eternal Sonata : de bons jeux à la fin particulièrement prenante, mais qui ennuient le joueur tout au long de son aventure à cause de cut-scenes mal réalisées ou de péripéties sans réel intérêt.
Autre caractéristique commune à tous les jeux marquants du genre : la qualité de leur bande-son. Nobuo Uematsu, Hiroki Kikuta, Motoi Sakuraba, j'en passe et des meilleurs. Tous ces noms restant dans l'ombre des producteurs et autres chefs de projet contribuent pourtant bien souvent à faire en sorte qu'un titre soit réussi ou non. Que seraient Suikoden 2, Xenogears ou Final Fantasy VI sans leurs magnifiques OST ? Qui n'a pas eu envie de déchirer Jenova avec rage lorsque le thème d'Aeris jouait pendant le combat succédant sa mort ou bien qui n'a pas trémoussé son popotin à chaque fois qu'un affrontement se lançait dans Final Fantasy VIII lors des passages avec Laguna ?
Dernier point à aborder concernant ces dénominateurs communs : le character-design. Car même si ça peut paraitre anecdotique, se taper 50 heures avec une bande de têtes à claques sortis tout droit du lycée n'est pas forcément du goût de tout le monde. Heureusement, quelques créatifs de génie arrivent encore aujourd'hui à nous pondre des persos au charisme indéniable. Yuuji Himukaï (Etrian Odyssey), Masayuki Doi (Shin Megami Tensei 4) ou encore Akihiko Yoshida (Bravely Default) sont de véritables artistes chatouillant nos mirettes encore aujourd'hui.