Malgré son intégration relative au monde étudiant notamment, l’implication plus ou moins importante dans les jeux vidéo reste socialement inadéquate, dérangeante et peut conduire dans certains cas à une forme de tabou. Fixée sur des stéréotypes encore profondément ancrés, la société a du mal à accepter le fait qu’une personne passe plusieurs heures par jour sur des jeux vidéo, exemple flagrant, le jeu vidéo se fait remarquer par son absence ou quasi-absence au sein du Ministère de la Culture français, là où il tient une place importante dans certains pays asiatiques. Pire encore, l’image de l’adolescent mâle, renfermé et asocial, à l’hygiène douteuse, les yeux rivés à son écran est celle qui persiste dans l’imaginaire. Que dire alors par exemple de la croissante et nombreuse population d’hommes adultes, ancrés dans une vie professionnelle et une vie familiale, ou encore, ô malheur, de la communauté féminine sur les jeux vidéo !
C’est en cela que nombre de personnes sont contraintes, non réellement par honte, mais plutôt par convention sociale, de dissimuler cet aspect de leur temps de loisir auprès de certains proches. Le cadre familial peut être dans certains cas très favorable à la pratique des jeux vidéo, comme pas du tout ; la plupart des parents d’étudiants se situent après la quarantaine et dans les générations précédentes qui ne sont pas nées avec internet et les technologies actuelles, mais qui ont dû s’adapter, et qui sont à ce titre plus réceptifs aux préjugés.
L’impression de devoir alors mener une « double vie », c’est ce que Pauline semble partager avec certains d’entre nous.
Peter Parker aussi mène une double vie : que dirait Oncle Ben s'il soupçonnait son côté geek ?
P. W. : Vous est-il arrivé de dissimuler à des amis, des connaissances le fait que vous jouez ? Avez-vous parfois l'impression de mener une sorte de « double vie » entre les études et le jeu ?
Pauline : Le terme de double vie correspond assez bien à la situation que je vis. J’ai un groupe d’amis, rencontrés à la fac, qui savent que j’adore les jeux vidéo, et je joue beaucoup avec certains qui partagent la même passion. D’un autre côté, j’ai un groupe d’amis que je connais depuis le lycée, ils me prennent pour une extraterrestre quand je leur parle de jeu vidéo, alors je préfère ne pas en parler et je leur cache. J’ai des relations et des sujets de conversation très différents avec ces deux groupes d’amis, j’ai l’impression de ne pas être la même personne. Mais cette double identité me plaît assez, je me sens comme un agent secret ou une super héroïne … Trêves de plaisanteries, si mes parents ou ma famille savaient le temps que je passais sur mon ordinateur, je ne sais pas quelle serait leur réaction, je pense qu’ils ne me comprendraient pas et encore moins, si je leur disais que j’aimerais bien vivre de cela.