Six ans après sa première apparition durant l'ExileCon 2019 l'Action RPG et Hack'n'Slash néo-zélandais Path of Exile 2 est finalement déployé en Accès anticipé. Jusqu'à son déploiement officiel prévu pour la deuxième partie de l'année 2025, les joueuses et joueurs ont la possibilité de plonger dans le sombre monde de Wraeclast afin de partir à la poursuite d'une créature malfaisante exploitée par de mystérieux antagonistes. Seul espoir : un condamné un mort ayant réussi à survivre in extremis à son exécution !
Nous avons eu la chance de pouvoir jouer plusieurs dizaines d'heures durant à Path of Exile 2 en amont de son déploiement officiel en Accès anticipé et vous présentons donc notre verdict alors que Wraeclast s'apprête à accueillir des milliers de vaillants héros. Nous ne jugerons cependant que les contenus de l'Acte I et de l'Acte II puisque la surprise de la suite doit être préservée d'après l'éditeur ! Pareillement, le système de monétisation du jeu ne sera pour le moment pas jugé puisqu'absent de la phase de test a laquelle on a pu assister.
- Genre : Action RPG, Hack'n'Slash
- Date de sortie : vendredi 6 décembre 2024 en Accès anticipé (date de sortie définitive non annoncée)
- Plateformes : PC, PS5, Xbox Series
- Développeur : Grinding Gear Games
- Éditeur : Grinding Gear Games
- Prix : 29,99 pour l'Accès anticipé, Free to Play au déploiement du jeu
- Testé sur : PC
La sombre épopée d'un condamné à mort
Contrairement à la plupart des jeux modernes, dans Path of Exile 2 oubliez toutes les options de personnalisation, le choix du genre du personnage que vous vous apprêtez à incarner ou n'importe quoi d'autre, vous n'avez le choix que de la classe dans PoE 2. En la matière le jeu a d'ailleurs bien évolué par rapport à son prédécesseur qui propose cette fois six classes uniques, chacune ayant accès à deux Ascensions différentes à terme (des sous-spécialisations pour faire simple).
Avec ce pari osé qui surprend mais ne gêne pas nécessairement de prime abord, le jeu ne propose pas une page de création de personnage conventionnelle. Au lieu de cela vous découvrez directement la cinématique d'introduction qui vous place d'emblée dans le cœur de la sombre intrigue qui vous attend, après quoi vous devez "simplement" choisir entre six condamnés à mort, chacun représentant chacune des classes disponibles. En sélectionnant n'importe lequel vous débutez instantanément votre aventure en survivant à votre exécution... avant de réaliser que les autres n'ont pas échappé à leur sort !
Votre arrivée en jeu fait directement suite à la courte cinématique introduisant à votre exécution manquée. Le premier élément le plus intéressant de Path of Exile 2 vous est alors présenté : on vous laisse le choix entre vous déplacer en cliquant avec la souris, comme dans Diablo IV par exemple, ou bien avec les touches ZQSD (par défaut) la souris ne servant alors qu'à pivoter sur vous-même pour changer la direction des coups que vous infligez.
Et si l'on aurait tendance à être aisément séduits par la deuxième option, sachez qu'une troisième existe également et permet de jouer... à la manette ! On a essayé, et on vous avoue y prendre rapidement goût, d'autant plus que l'interface est complètement repensée si vous optez pour ce choix. Fans de manette vous allez être servis, mais les pro-clavier prendront un plaisir certain également, c'est d'ailleurs pour le mode clavier ZQSD que l'on a opté au cours de notre test.
A partir de là, l'intégralité ou presque de votre périple se fera par vos propres moyens, sans véritable aide de la part des développeurs qui ne se sont globalement contentés que d'un pseudo tutoriel d'à peine dix minutes au cours duquel vous apprenez à vous déplacer, à manier votre première arme, à utiliser les premières compétences défensives et offensives que l'on vous offre sous la forme d'une Gemme brute à sertir, de vos premiers objets magiques à identifier à l'aide de parchemins, le tout culminant avec la rencontre avec Le meunier boursouflé, le premier boss de Path of Exile 2.
Ce dernier est évidemment assez ridicule et ne fait office que de prétexte à l'apprentissage de l'une des principales compétences que vous exploiterez à outrance dans la quarantaine d'heures requises pour venir à bout des trois premiers Actes, et même au-delà : l'Esquive sous la forme d'une roulade !
En Wraeclast, la proie c'est vous
C'est votre arrivée au Campement de la clairière, le premier village, qui marque le vrai début de votre aventure dans les sombres contrées de Wraeclast, le monde de Path of Exile 2. Vous obtenez alors votre première récompense de quête, une nouvelle Gemme brute synonyme de nouvelle compétence à apprendre, ainsi que vos premières quêtes. On ne vous fera pas l'affront de vous narrer (et vous spoil) la suite du périple : ce n'est pas l'objectif de ce test, sachez simplement qu'à partir de là vous êtes livré à vous-même.
Ce court laps de temps est souvent celui que l'on choisit afin de prendre, même l'espace de quelques secondes, le temps de réaliser l'univers dans lequel on se trouve. Et cela tombe bien puisqu'on évoquait précédemment cette fameuse possibilité d'esquiver à l'aide d'une roulade : cela fait partie de ces éléments qui nous donnent des indices quant aux choix qui ont été faits par Grinding Gear Games. Parce que si la roulade rappelle évidemment les fameux Souls-Like, notamment Elden Ring ou Dark Souls pour ne citer que les plus populaires, il faut bien prendre conscience que cette mécanique sera au cœur de votre potentiel défensif dans PoE 2.
Et si cette nouveauté peut sembler assez anodine, elle est en réalité le marqueur forts de choix de game design qui font l'identité de ce nouvel opus, le démarquant même largement de son prédécesseur. Ce choix majeur dans la lignée de celui fait par certains concurrents modernes, Lost Ark et Diablo IV notamment, pousse même le vice plus loin encore puisque votre roulade n'a pas de temps de recharge ni la moindre limitation dans PoE 2. Libre à vous donc de rouler en permanence si cela vous chante, même si en vérité cela n'a guère d'intérêt en dehors des combats puisqu'elle n'augmente pas votre vitesse de déplacement.
Cette volonté marquée de s'inspirer d'un genre très populaire ces dernières années est par ailleurs appuyée par la difficulté globale du jeu. Parce que dans PoE 2 oubliez les modes "Tourment" et autres difficultés croissantes : vous n'avez pas le choix, l'univers dans lequel vous vous trouvez ne propose qu'une seule et unique difficulté que vous réussissiez ou pas à vous y frotter. Là encore on se doute aisément d'où vient cette idée de prime abord farfelue : les Souls-Like, encore eux ! Un pari très osé à une ère où les jeux ont souvent tendance à se "casualiser" au moins en partie afin d'être rendus accessibles, mais pourquoi pas !
Expliqué comme cela, le nouveau genre d'Action RPG que propose Path of Exile 2 peut sembler sympathique. Sauf que voilà, la réalité vous rattrape assez rapidement par le col et vous explique que dans le monde de Wraeclast ce n'est pas vous qui faites la loi, ce sont les créatures qui le jonchent. Tous les combats sont au moins éprouvants à défaut d'être parfois exagérément difficiles, incluant les créatures "de base" qui n'ont guère d'intérêt seules ou en petits groupes mais dont le large nombre pose souvent problème, vous menant droit au point de passage le plus proche.
Cette difficulté palpable se ressent aussi et surtout par l'approche qu'a le jeu d'aborder l'échec. Dans Path of Exile 2, si vous mourrez dans une zone donnée vous réapparaissez au point de passage le plus proche à condition de l'avoir découvert, certes, mais chacune de vos morts fait également réapparaître l'intégralité des créatures de l'ensemble de la zone. Autant dire que si vous mourrez après 20 minutes à batailler contre des ennemis difficiles vous êtes bon pour tout recommencer, et parfois avec plus de peine encore puisque les affixes des créatures "Élites" sont réinitialisés et changés à chaque nouvelle tentative ! Une vision assez "hardcore" de l'échec donc qui s'avère parfois très frustrante, mieux vaut avoir les nerfs accrochés, on vous aura prévenus !
Enfin, pour ce qui est de la difficulté de Path of Exile 2 tout du moins, impossible d'aborder ce thème sans évoquer les rencontres de boss. Non seulement elles sont aussi nombreuses que parfois inattendues, mais en plus elles mettent largement à l'épreuve tant le Build pour lequel vous avez opté que votre capacité à vous concentrer et surtout recommencer en boucle en cherchant des stratagèmes pour survivre aux assauts répétés de vos impressionnants adversaires. Chaque boss est unique en son genre, de ses visuels à ss mécaniques, et c'est l'un des plus grands points forts du jeu, et la plupart vous mettront à l'épreuve durant cinq à dix minutes sans la moindre pause, autant dire qu'en cas de mort le compteur du temps passé sur certains boss monte aussi vite que le taux d'agacement généré par ces rencontres.
Malgré leur difficulté ces combats spéciaux s'avèrent parfois assez décevants puisqu'ils peuvent être glitch (dans la version à laquelle nous avons eu accès tout du moins). En vous collant à certains d'entre eux ou en effectuant certains mouvements spécifiques une partie de ces ennemis normalement difficiles se contentent de lancer bêtement leurs compétences dans le vide, anéantissant presque complètement l'intérêt qui devrait leur être porté. Fort heureusement cela demeure assez rare, mais on a tout de même passé au moins deux boss (sur une vingtaine au bas mot) de cette façon !
L'art de l'infiniment grand, aussi terrifiant soit-il
Malgré sa difficulté et sa volonté de rappeler régulièrement au joueur qu'il n'est pas le roi du monde de Wraeclast, Path of Exile 2 propose malgré tout quelques outils à ses héroïnes et héros en devenir afin de les aider à gagner en puissance. C'est ainsi que les Gemmes de compétences font leur grand retour après avoir eu un certain succès dans le premier opus, mais sous une forme simplifiée cette fois. Oubliez la nécessité de farm un sort donné parfois des heures durant, ici chaque Gemme est dite "brute" et vous laisse le choix d'apprendre le sort de votre choix.
Seule vraie limitation : vos statistiques personnelles (Force, Dextérité et Intelligence notamment) ainsi que le niveau de la Gemme brute : il n'est pas possible d'apprendre une compétence de Rang 8 avec une Gemme brute de Rang 1, logique ! Certaines compétences, pas toutes, nécessitent également de pouvoir manier et d'avoir équipé un type d'arme en particulier. Pour pouvoir lancer des carreaux explosifs vous devrez manier une arbalète, là où le Salto glacial ne sera possible qu'en utilisant un arc par exemple !
Chaque compétence peut ensuite être renforcée à l'aide de Gemmes de soutien les améliorant à l'aide d'effets supplémentaires interchangeables et que vous avez la liberté de choisir ou pas parmi plusieurs disponibles. Le système est assez simple à comprendre, beaucoup plus que dans le premier opus tout du moins.
En parallèle, chaque nouveau niveau gagné au fil de points d'expérience durement acquis en venant à bout de monstres, de boss ou en terminant des quêtes vous garantira l'accès à un nouveau point de talent. Vous ouvrez alors votre arbre de talents et la même réaction nous vient alors souvent assez naturellement : "Mais qu'est-ce que c'est que cette horreur ?!". Parce qu'en la matière Path of Exile 2 n'y va pas avec le dos de la cuillère et vous propose un niveau de personnalisation de votre style de jeu presque infini : à moins de suivre un guide, sinon il est peu probable que quiconque joue exactement de la même façon que vous tant il y a de talents possibles !
Au-delà de la panique générée par cet arbre de talents terrifiant, on constate assez rapidement que les possibilités les plus intuitives s'avèrent souvent les plus efficaces en début de progression, avec seulement quelques variantes ultérieures (un Ranger pourra tirer des flèches de poison par exemple, ou bien s'orienter vers un style de jeu plus "tireur d'élite" axé sur les dégâts Physiques en particulier). On regrettera seulement que le coût de la réinitialisation de chaque point de talent soit aussi élevé et limite au final pas mal les possibilités de réattribution de ces points avant d'atteindre un niveau confortable en matière de génération de pièces d'or.
Les points de talent ne sont cela dit pas le seul moyen d'améliorer votre style de jeu. Durant l'Acte II vous découvrez tôt ou tard qu'une nouvelle forme de contenu, les Épreuves de l'Ascension, vous sont accessibles. Celles-ci prennent la forme d'une série de 8 à 9 épreuves variées que vous pouvez plus ou moins librement choisir à mesure que vous progressez dans les salles du défi. Si vous y mourrez ou que votre barre d'Honneur, exclusive à ce mode de jeu, tombe à zéro (elle diminue à chaque fois que vous subissez des dégâts, y compris de la part des créatures) alors vous êtes éjecté de l'épreuve et devez recommencer.
En revanche, si vous réussissez alors vous avez accès à l'ultime épreuve de l'Ascension : un boss, une fois n'est pas coutume ! En le tuant, si vous y parvenez, vous gagnez alors accès à une nouvelle salle où des trésors vous sont accessibles en fonction des clés ramassées à l'issue des salles que vous avez traversées précédemment au cours des épreuves, mais aussi et surtout à l'Autel de l'Ascension.
Celui-ci vous permet concrètement de choisir une spécialisation parmi deux accessibles pour chaque classe, et donc de préciser encore plus l'orientation de votre style de jeu. Dans le cas du Ranger par exemple vous avez la possibilité d'opter pour le Tireur d'élite, qui l'oriente alors vers des dégâts Physiques et la génération de charges de fureur, ou bien vers le Pisteur qui le spécialise davantage dans les dégâts magiques en particulier, et notamment les poisons.
Une très bonne idée qui pourrait cela étant là encore en agacer beaucoup : les épreuves de l'Ascension peuvent être très frustrantes et nécessitent parfois de vous y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à surpasser tous les défis qui s'offrent à vous. C'est en général l'un des instants où, durant le début de la progression, on remet en question le build pour lequel on a opté en cas d'échec. Verrouiller un tel gain de puissance derrière un défi potentiellement trop difficile pour une vaste partie des joueuses et joueurs pourrait s'avérer risqué, on a malgré tout grandement apprécié l'idée !
Cachez ce Diablo II que je ne saurais voir
Pour finir, aussi désolant que cela puisse être, il est très, très difficile de traiter le cas de Path of Exile 2 sans mentionner ses inspirations évidentes. Parce que si l'on parlait de son rapprochement flagrant avec le genre Souls-Like par le biais de certaines mécaniques et partis pris en matière de difficulté et de game design, lorsqu'on a passé un certain temps déjà sur les jeux de la franchise Diablo, et tout particulièrement Diablo II, on ne peut pas s'empêcher de voir d'où les artistes de Grinding Gear Games ont tiré leur inspiration.
Tout, absolument tout dans Path of Exile 2 vous rappelle ouvertement que ses développeurs se sont largement inspirés du très célèbre et renommé Diablo II. Et il n'est pas ici question de simples ressemblances constatables de temps en temps. Non, dès les premières créatures que vous rencontrez en jeu il est possible de faire ce constat, vous savez ces fameux "rats-épics" que l'on croisait dans les plaines de l'Acte I du jeu de Blizzard !
Ce fait palpable dès le départ n'a d'ailleurs pas tendance à s'amenuiser au fil de la progression puisque celle-ci est même pensée sur un schéma identique à celui du fameux Hack'n'Slash : un Acte I dans des plaines sombres culminant avec la découverte d'un cimetière et d'un monastère, un Acte II dans un désert infesté de bestioles à moitié démoniaques et un Acte III sur lequel on ne s'étendra pas mais se déroulant, roulements de tambour... dans une jungle en écho à Kurast et au Nahantu, évidemment !
L'ambiance, les animations de mort de nombreuses créatures et même la trame narrative des trois premiers Actes de Path of Exile 2 font ainsi des échos très réguliers et à peine cachés à l'oeuvre de Blizzard Entertainment. Et si les deux demeurent fondamentalement différents à bien des égards, on ne peut s'empêcher d'avoir un sourire un coin de temps en temps et nous dire "Rooh quand même, c'est autorisé ça ?" tant les similitudes sont parfois exagérées. Cela demeure plaisant, surtout pour un fan de Diablo II, on regrettera tout de même que le jeu de Grinding Gear Games ne se soit pas un peu plus émancipé de ce dont il s'inspire !
L'idée de s'inspirer autant d'un jeu aussi populaire tout en ayant su se réinventer et proposer quelque chose d'aussi fondamentalement différent surtout en matière de gameplay demeure grandement appréciable, soyons honnêtes. Et pas de panique : en jouant à Path of Exile 2 vous ne jouez pas à Diablo II, les développeurs feront simplement souvent appel à votre nostalgie tout au long de votre épopée, rien de beaucoup plus terrible que cela !