L'héritier de Demon's Souls trouve enfin sa place auprès de nos claviers, après une pétition mémorable, From Software se décide enfin à nous offrir son jeu sur un support de choix, le pc.
- Éditeur : From Software
- Développeur : Namco-Bandai
- Plateforme : PC
- Date de sortie : 24 août 2012
Le voyage débute
C'est jeté dans une cellule rouillée que vous débuterez votre voyage, privé de votre précieuse vie vous retrouvant sous une force cadavérique maudite. C'est dans ce paysage de rouille et de putrescence que vous devrez progresser pour récupérer de quoi vous battre. Constatant que vous êtes dans le refuge des morts, assailli par vos congénères les « Carcasses », ayant eux perdu leur conscience ainsi que leur libre arbitre dans ce monde de folie.
Le début du jeu s'apparente à un tutoriel nécessaire à la maîtrise des commandes du jeu. La première constatation est que cette version pc ne s'avère pas vraiment exceptionnelle graphiquement. Toutefois, nous aurons le loisir d'y revenir plus tard lors de ce test. Tout semble facile au départ, les contrôles se prennant en main de manière intuitive... Enfin sur une manette digne de ce nom !
Lors de la première confrontation d'envergure, le boss surgira devant vous, immense et impressionnant. Il sera temps pour vous, d'apprendre une des fondamentales de Dark Souls, la retraite stratégique. Car ce n'est pas muni d'une épée brisée ainsi que de vêtements en lambeaux que l'on peut détruire un puissant démon. Le temps viendra où vous vous serez affranchi de cette épreuve, quittant votre doux cocon cadavérique pour rejoindre le sanctuaire de lige-feu... Ici même débutera réellement l'aventure, tout comme Dante l'avait vu inscrit aux portes de l'enfer, c'est ici vous abandonnez tout espoir...
Entre colère et désespoir...
La difficulté du titre commencera en douceur, pour finir par devenir hautement excessive. Les premiers boss s'avéreront simples, à condition que vous réfléchissiez un minimum avant de vous lancer dans la bataille. C'est plus tard que vous constaterez que ce n'est pas pour rien que cet action-rpg a usé les plus redoutables « gamers » du monde. Même le moindre petit fantassin dans ce jeu aura raison de vous si vous n'êtes pas vigilant. Toutefois un système de parades et de contres très bien ficellé vous aidera à combattre les hordes de morts-vivants et démons errants. Il s'agira soit d'user de sa barre d'endurance en tenant son bouclier droit devant, soit d'appuyer au moment judicieux sur le bouton contre pour asséner une riposte des plus redoutables, voire fatale.
Même avec la meilleure volonté du monde, la courbe de progression en dents de scie aura raison de vos nerfs. Malgré plusieurs heures de « farming » intensif d'âmes, les obstacles resteront coriaces. L'accumulation de niveaux d'ailleurs, s'avèrera ardue avec un système de mort cruel qui vous fera perdre vos précieuses âmes à l'emplacement de votre décès. Vous n'aurez droit qu'à un essai pour récupérer âmes et humanité, car la précieuse marque verte vous rendant votre butin s'effacera à la deuxième mort ! Du coup chaque pas est un effort dans cet univers de désolation et de chaos, il vous faudra être prudent et jouir d'une concentration de chaque instant.
Venons-en donc à l'équilibrage du jeu. Dark Souls s'octroyant le droit de ne posséder aucun mode de difficulté, c'est avec l'impression de commencer en mode difficile que l'on aborde les contraintes d'une jouabilité bien trop élitiste. Il réside certes un certain snobisme à dire : « Pour moi si un jeu est dur, c'est qu'il est bon ! ». Et bien non ! Stop ! Tromperie ! Il s'agit juste là de la plus vieille astuce du monde qui consiste à renforcer la durée de vie de façon artificielle. Effectivement, nombreux seront les moments où vous arpenterez les mêmes couloirs à tuer les mêmes monstres tout cela dans l'espoir d'avoir un centième de chance de plus de vaincre un boss incroyablement tenace. Ce dernier laissant des traces de griffures de frustration sur votre magnifique bureau. Même si chaque difficulté rencontrée doit être l'occasion d'un nouveau progrès comme le disait si bien Pierre de Coubertin, l'excessive moutarde qui vous montera au nez donnera tout simplement cette envie de tout envoyer valser. Vous aurez envie de dire à votre voisine de palier de ne plus frapper à votre porte lors d'un "bossfight", et que la disparition de son félidé, nous nous en moquons ! Car oui en plus de cela, le temps ne s'arrête pas lorsque vous pressez le bouton pause.
D'un autre point de vue, c'est le côté « hardcore » de Dark Souls qui en fait un titre exceptionnel, car oui c'est bien vrai, cela faisait longtemps que je n'avais pas bondi de ma chaise en finissant un horrible boss en hurlant à la mort : « J'ai réussi ! », arborant des étoiles dans mes yeux larmoyants de bonheur. Mais qu'il est dommage que beaucoup de personnes passent à côté d'un univers de fantasy aussi magique, mélancolique, mature et surtout sans aberrations à grandes oreilles ! (Oui je n'aime pas les elfes ! Et les nains vaincront !)
Un apparat de choix
Des coffres, vous aurez l'occasion d'en ouvrir et de l'équipement vous allez en accumuler. De nombreuses pièces d'armures améliorables joncheront votre inventaire. Cela ira de la robe de bure à l'armure la plus titanesque. Leur modélisation restant exemplaire et assez détaillée.
La meilleure défense restant l'attaque, des armes vous en trouverez aussi. Espadons, catalyseurs de sorcier, dagues, épées, haches, masses. Tout le parfait attirail pour briser démons et mort vivants afin de leur montrer que vous n'êtes pas ici pour cueillir des fleurs (comme un elfe !). Il deviendra même difficile de choisir parfois, car tout peut s'équiper en mode deux mains pour plus d'efficacité contre les boucliers ou ennemis munis d'écailles résistantes. Il vous faudra analyser les avantages et inconvénients de votre équipement à travers une feuille de personnage et une feuille d'inventaire très détaillées voire un peu trop parfois...
Féérique paysage de mort et de Désolation
L'un des points fort du titre de from Software, c'est l'univers, teinté de désespoir, et rappellant l'oeuvre de Kentaro Miura, Berserk. Nous serons immergés dans de la pure Dark Fantasy, et ne souperons pas de ces clichés de jeune homme devant s'octroyer le rôle de sauveur l'humanité. Ici nous incarnerons un être désemparé dans son enveloppe de chair putride, prenant la place de l'élu qui, agonisant, vous résumera brièvement votre tâche. Vous échappant du refuge des morts-vivants vous aurez l'occasion de voir des donjons s'engouffrant non loin du précipice des enfers, une forêt à la nature corrompue, une bibliothèque gigantesque possédant les grimoires les plus dangereux, des ruines et j'en passe.
C'est dans la puanteur de la mort que vous évoluerez, affrontant des spectres, des démons, des carcasses. Croisant le chemin de personnes perdues tout comme vous dans cet enfer. Ces personnages non joueurs auront aussi l'occasion de vous trahir, vous surprendre ou bien de vous apporter un maigre réconfort. L'histoire ici ne sera pas envahissante, les cinématiques seront rares et la trame principale se résumera à quelques lignes. C'est un univers qui vous envahira et c'est votre imagination qui fera le reste dans les recoins les plus obscurs et tristes de Dark Souls.
L'architecture de ce monde que vous parcourerez est en openworld, ce qui veut dire qu'il vous sera parfois possible de choisir par quel bout commencer, mais bon la difficulté de certains endroits vous fera vite rebrousser chemin. Donc contrairement à son prédecesseur Demon's Souls qui jouissait d'un endroit de repos nommé le nexus, vous ne vous sentirez donc jamais véritablement en sécurité. Même face à un feu de camp, lieu de sauvegarde et d'optimisation de votre personnage.
Dans son héritage cette licence garde la plupart de ses concepts. En effet le multijoueur ici est présent, mais d'une manière assez conceptuelle. Vous pourrez marquer au sol des indications pour vos collègues joueurs, ou bien les tromper. Et aussi suivre celles des autres errants, mais... parfois certaines s'avéreront trompeuse. Ah cruelle est l'humanité ! Il vous sera aussi possible d'envahir le monde et d'aller massacrer vos compères ou bien comme la plupart du temps vous faire occire par un spectre vêtu d'une aura écarlate. Pour cela il vous sera requis d'être en forme humaine, il vous faudra vous affranchir des humanités récoltés ça et là. Vous aurez aussi le loisir de coopérer via les marques d'invocation, vous pourrez appeler un collègue pour venir à bout des dangers. Attention toutefois, le jeu étant en « peer to peer » il sera difficile de collaborer avec vos véritables amis, le charme de ce concept résidant dans le silence et l'atmosphère de malaise engendrée par ces rares moments. Et rares seront ceux qui oseront coopérer... Car être en forme humaine c'est prendre un risque !
La version Prepare to Die ajoute son lot de nouvelles zones et boss, vous combattrez une magnifique chimère à quatre ailes, un chevalier qui avec sa lourde épée vous donnera des sueurs froides ou encore... un dragon véritablement agacé par votre présence. Faisant passer les boss d'origine pour des pucelles égarées étant donné leur difficulté atroce. Une belle rallonge d'une dizaine d'heures en somme.
Les affres de la conversion
Cette mouture pc d'ailleurs n'a rien d'exceptionnel : résolution basse obligatoire, un maigre anti-aliasing glissé par le développeur pour se donner bonne conscience, un framerate bloqué à trente images par seconde... et là c'est le scandale ! Je ne sais pas, peut-être que les gens finiront par croire que l'on ne peut percevoir que trente images par secondes, il serait en fait judicieux de leur poser cette question : « Vous savez ce qu'est un PC ? » et surtout : « Vous avez déjà joué à un jeu en cent images par secondes sur votre machine dépassant le millier d'euros? C'est pas le pied ? Non ?». Le jeu n'est donc pas fluide, véritable oisiveté de la part des développeurs ou envie d'innover en créant le premier émulateur Xbox360 ou ps3 à 40€ ?
Et si seulement le jeu était à trente images par seconde de manière constante... et bien non. Certaines zones tardives du jeu rament, il y a des boss qui se feront parfois en mode diaporama, dommage ! Disons que votre carte graphique sera en période de repos durant vos sessions de Dark Souls : Prepare to Die edition car il n'utilisera en aucun cas le potentiel de votre machine.
Venons-en à la maniabilité. Laissez moi vous briser vos espoirs tout de suite. Gamepad obligatoire et même fortement recommandé sur la page d'achat. Rien d'étonnant car en plus d'un curseur windows qui reste apparent dans le jeu, vous hériterez d'un joli mal de mer en manipulant la camera à la souris ( sans parler de la perte de focus involontaire sur une configuration en Dual ou Triple screen ). Encore une honte pour un titre qui méritait décidément mieux !