Passé complètement inaperçu sur WiiU, Tokyo Mirage Sessions est pourtant la rencontre improbable entre deux mastodontes du RPG japonais : Fire Emblem d'un côté, et Shin Megami Tensei / Persona de l'autre. En ce début d'année, le titre d'Intelligent Systems se laisse une seconde chance, avec une itération Encore disponible tout bientôt sur Nintendo Switch.
- Genre : JRPG
- Date de sortie : 17/01/2020
- Plateforme : Nintendo Switch
- Développeur : Atlus
- Éditeur : Intelligent Systems
- Prix : 49,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : Nintendo Switch
SMT chez les Bisounours
Le pitch est on ne peut plus simple : des monstres provenant d'une dimension parallèle appelée idolasphère envahissent Shibuya pour d'obscures raisons. Fort heureusement, quelques adolescents acquièrent le pouvoir d'invoquer les Mirages, des entités représentant quelques personnages emblématiques de la licence Fire Emblem. La danse, le chant et le jeu d'acteur vont également jouer un grand rôle au cœur de l'histoire, puisqu'ils vont permettre aux personnages de tisser davantage de liens avec leurs invocations. Découpé en chapitres, #FE dispose d'une narration très classique à base de dialogues typiquement japonais et de moments de bravoure dignes des meilleurs shônen.
Là où le jeu se démarque un tantinet de la concurrence, c'est à chaque « intermission » : ces pauses entre les chapitres vont être l'occasion, pour vous, de suivre les histoires secondaires des membres de votre équipe, un peu à la manière de la série Persona et de ses fameux social links. Cependant, ne vous attendez pas à tomber à la renverse d'étonnement, le scénario est plutôt convenu, même si le thème est, pour le coup, très peu exploité dans le genre du J-RPG. Tout le scénario de Mirage Sessions repose sur la J-POP et son univers : agence marketing, concerts, entraînement... l'univers dépeint est à mille lieues des canons habituels, ce qui en fait à la fois sa force et sa faiblesse, puisque cela ne parlera qu'à une certaine niche de joueurs. Eh, il en faut bien pour tout le monde ! D'autant que la barrière de la langue s'évapore avec cette version Encore, puisqu'elle est dotée d'une localisation en français pour le coup assez moyenne, avec pas mal d'éléments non traduits.
Pour ceux qui en veulent #Encore
Car si les différents arcs scénaristiques peuvent être pris au second degré pour de bonnes crises de rire, beaucoup risquent de rester sur le carreau et de trouver le jeu au mieux ennuyeux, au pire horripilant. C'est d'autant plus dommageable que le jeu s'en sort très bien d'un point de vue gameplay, en proposant un dérivé de Persona (encore lui) avec des règles simplifiées. Point de gestion de démons dans #FE, mais des armes qui, une fois équipées, permettent aux Mirages d'apprendre de nouvelles compétences.
En combat, le fait de trouver le point faible d'un ennemi ne donne plus le droit à un tour gratuit comme il est de coutume dans les SMT, il s'agira ici de déclencher une attaque "chain" qui fait intervenir un autre membre de l'équipe, sachant que ce dernier devra disposer de la technique adéquate pour suivre celle de son partenaire. Ce principe d'enchaînement associé à une jauge de spécial commune au trio d'attaquants permet des combats suffisamment distrayants et accessibles pour agripper le joueur des heures durant. Pour ne rien gâcher, les donjons sortent de l'aléatoire pour proposer des environnements au level-design soigné, avec quelques petites énigmes bien vues et toujours aussi originales.
A ce titre, on ne crachera pas sur les quelques ajouts de cette version, qui attache un nouveau donjon et une intrigue inédite à l'expérience, mais aussi toute une batterie de nouveaux personnages prestigieux pour intervenir dans les Sessions. Honnêtement, si vous avez déjà retourné la version WiiU dans tous les sens, difficile de vous recommander de replonger pour ce rappel de #FE. il s'agit par contre d'une véritable aubaine pour tous ceux qui l'ont raté sur la console précédente de Nintendo, puisque le jeu n'avait été distribué qu'en des quantités très limitées, privant de nombreux réfractaires au dématérialisé de s'y essayer.
Ah weaboo c'est beau la vie !
Portage Switch d'un jeu WiiU réalisé avec un budget que l'on imagine rikiki, Tokyo Mirage Sessions est un titre graphiquement tout juste honnête, sauvé de justesse par sa direction artistique colorée et son interface agréable à l’œil, une sorte de marque de fabrique des productions Atlus. Les animations manquent de punch, les effets pyrotechniques peinent à convaincre, malgré un framerate enfin stable, encore heureux nous direz-vous.
Outre cette technique "petit bras", #FE enchaîne les compositions J-POP qui ne plairont surement qu'aux joueurs déjà acquis à la cause des idols. Avec un peu d'ouverture d'esprit, l'OST se laisse écouter, avec quelques thèmes originaux qui font mouche et quelques pistes exclusives à Encore dont le très rythmé She Is. A défaut d'être sans reproches, Tokyo Mirage Sessions a donc au moins le mérite d'être sincère dans sa démarche et de pousser son délire de stars super-héros jusqu'au bout. Un titre à réserver aux amateurs de productions purement japonaises, dans tous les sens du terme.