Kingdom Come Deliverance 2 semble aujourd'hui avoir triomphé de toutes les polémiques nauséabondes qui polluaient sa sortie. Le RPG de Warhorse Studios vient de passer le cap des deux millions de copies écoulées, et il est tout autant salué par la critique que par les joueurs eux-mêmes. Pour Daniel Vávra, cofondateur de Warhorse et réalisateur de Kingdom Come Deliverance 2, c'est le moment de souffler un peu et de s'auto-congratuler sur la qualité de la narration du dernier blockbuster du studio. Le scénariste tchèque l'admet bien volontiers : l'histoire et la profondeur narrative sont parmi les points forts du jeu, puisqu'ils favorisent une réelle immersion à l'époque médiévale, au moins aussi efficacement que les graphismes ou les mécaniques de combat.
Mais le cadre de Warhorse en profite aussi pour fustiger justement la faible qualité narrative abritée par les jeux d'aventure les plus récents. Selon lui, les histoires et scénarios vidéoludiques contemporains sont pauvres, et n'aident pas à favoriser l'immersion chez les joueurs et joueuses.
Scénariser un jeu, c'est un métier
C'est sur le réseau social X (anciennement Twitter) que Daniel Vávra a vertement tancé une industrie qui ne fait plus grand cas d'une belle trame narrative. Le concepteur tchèque dresse une comparaison avec le milieu du cinéma qui, bien que lui aussi régi en profondeur par les enjeux financiers, repose en premier lieu sur des scénarios forts.
Or, dans le milieu vidéoludique, Daniel Vávra assène que la place de la narration n'est hélas pas aussi importante, et que les jeux sont d'abord imaginés comme des produits porteurs de gameplay divertissants et/ou novateurs. Et s'il est vrai que les trames scénaristiques peuvent être tout à fait secondaires dans certains jeux-services, voire dans les MMO, c'est une toute autre affaire pour les RPG... Vávra défend l'idée qu'un jeu d'aventure soutenu par des quêtes et une narration palpitantes et originales sera toujours plus à même d'absorber le joueur.
Kingdom Come Deliverance 2, dans les pas du Sorceleur ?
Dans son tweet, Daniel Vávra érige The Witcher 3 et Red Dead Redemption comme les exemples canonisés de RPG aux narrations brillantes. Difficile en effet de remettre en question la qualité scénaristique de ces deux œuvres cultes. Que ce soient les quêtes principales ou les intrigues annexes, quasiment toutes les missions de ces deux jeux sont palpitantes, et sortent parfois le joueur de son cadre de confort moral. Le hic, c'est que The Witcher 3 et Red Dead Redemption ont respectivement 10 et 15 ans d'âge... En l'espace d'une décennie, aucun blockbuster moderne n'est parvenu à réellement les tutoyer en matière de narration... jusqu'à Kingdom Come Deliverance 2 ?