S'il y a bien un métier de l'ombre qu'on oublie souvent de saluer quand on joue à un jeu vidéo c'est celui de traducteur. En réalité, il y a toute une équipe d'éditorialisation et de localisation derrière la traduction d'un jeu aujourd'hui, ce qui nous permet ensuite de pouvoir rire à quelques jeux de mots français sur Animal Crossing, par exemple, ou apprécier un nom de Pokémon pour son étymologie et ses références.
Quand on traduit du japonais ou de l'anglais, il s'agit également d'adapter le sens d'un mot pour le public auquel il est destiné. Aujourd'hui, j'aimerai revenir sur les traductions françaises de noms de Pokémon qui, selon moi, sont les meilleures. Que ce soit pour leur capacité à faire rire, leurs inspirations ou encore leurs sens cachés. J'aurai aimé ne sélectionner qu'un seul Pokémon par génération mais, pour être tout à fait franche, j'ai un faible pour les traductions de la 5G.
La 1ère génération : le commencement
Si vous êtes fan de la licence Pokémon depuis toujours, alors vous savez probablement que c'est grâce à Julien Bardakoff que nous avons aujourd'hui droit à une traduction française des monstres de poche. Et estimons-nous heureux car cela n'est pas courant ! Seuls quelques pays dans le monde traduisent les Pokémon. Si l'on pardonnera bien sûr l'erreur commise sur Canarticho (je vous invite à regarder cette interview pour plus de détails), on retiendra surtout le travail de Julien pour les innombrables jeux de mots présents dans les noms des Pokémon de la 1G. Voici mes préférés :
- Dardargnan : Tout simplement du génie. Posons-nous quelques secondes pour admirer le jeu de mot simple, mais efficace, derrière ce nom de Pokémon insecte. On retrouve d'abord le mot "dard" faisant référence à la longue aiguille de venin des guêpes puis "dardar" et enfin "dardargnan", un hommage au mousquetaire d'Artagnan.
- Bien sûr, la 1G regorge d'autres jeux de mots ou de mots-valise tout aussi bien pensés : Coconfort (pour cocon et confort), Bulbizarre (pour Bulbe et Bizarre), le duo de choc Kicklee et Tygnon (en référence à Bruce Lee et Mike Tyson), Chenipan (pour Chenille et Chenapan) ou encore Rapasdepic, que j'ai longuement hésité à mettre à la place de Dardargnan tant le jeu de mot est magnifique (rapace et as de pique).
La 2G : la confirmation
Avec la deuxième génération de Pokémon, l'équipe de traduction est restée sur de solides bases avec les mots-valise. On retrouve par exemple un jeu de mot simple mais efficace comme je les aime avec Lainergie. Un savant mélange entre la laine du Pokémon mouton et l'énergie électrique qu'il laisse échapper de son corps.
En 2G, Limagma (limace + magma) est également un très bon exemple, tout comme Débugant (débutant + gant). Mon préféré restera cependant Écrémeuh, un jeu de mot bien pensé entre le lait écrémée de la vache et son onomatopée "meuh". Leuphorie n'est pas mal non plus avec son "oeuf" mixé à l’euphorie.
La 3G et 4G : simples mais efficaces
Peu de noms de Pokémon m'ont marqué dans les troisième et quatrième générations. La même formule qu'en 1G et 2G a été conservée, avec cette histoire de mot-valise, mais aucune traduction ne m'a transcendée. Je parlerai tout de même de Bekipan (bec qui pend) qui me fera toujours un peu rire, de Chamallot (chameau et marshmallow), de Stalgamin (stalagmite et gamin), de Chaffreux ou encore d'Éoko (Éole et écho).
La 5G : la masterclass se trouve ici
C'est dans cette génération que se trouve, selon moi, le meilleur nom de Pokémon de tous les temps : Vivaldaim. Je pourrais épiloguer pendant des heures à son sujet tant celui ou celle qui a trouvé ce nom est un(e) génie. Si vous ne comprenez pas encore pourquoi, je vais vous expliquer :
En cinquième génération, Vivaldaim est un Pokémon daim qui change de fourrure selon la saison. Ainsi, il existe 4 formes différentes de Vivaldaim dans Pokémon : Printemps - Automne - Hiver - Été. Si vous vous y connaissez un minimum en musique classique, ces "4 saisons" vous feront indubitablement penser au célèbre compositeur Vivaldi. Et nous y voilà : Vivaldaim est le mélange parfait entre Vivaldi et le daim. Un jeu de mot qui se corrobore avec le changement de forme du Pokémon à chaque saison.
Si ma traduction de nom de Pokémon préférée est Vivaldaim, j'ai un faible certain pour la cinquième génération qui regorge de jeux de mots amusants. On commence avec Poichigeon par exemple (pois-chiche et pigeon) qui insiste fortement sur l'idiotie du Pokémon mais c'est surtout pour son innovation que j'aime la 5G. De nombreux Pokémon possèdent des noms évolutifs (qui changent en même temps que leurs évolutions). Prenons l'exemple de Charpenti. Le petit charpentier apprenti évolue alors en un ouvrier tout fier (Ouvrifier) puis en Chef de bétonneuse (Bétochef).
On retrouve la même chose avec Tritonde (un triton immonde), qui évolue en Batracné (un batracien rempli d'acné) puis en Crapustule (un crapaud plein de pustules). L'évolution se faire sentir physiquement mais aussi dans le nom du Pokémon et j'adore ça. Même exemple avec Crabicoque (un crabe et sa petite bicoque) qui évolue en Crabaraque (un crabe qui possède maintenant une vraie baraque).
Mentions spéciales pour Tutafeh (tout à fait) qui évolue en Tutankfer (tant qu'à faire), mais surtout Lewsor (référence à Roswel) qui évolue en Neitram (Martien).
La 6G : on mise encore sur les noms évolutifs
Pourquoi changer une formule gagnante ? En sixième génération, quelques Pokémon ont eux aussi droit à des noms évolutifs plutôt sympathiques. Je pense notamment à Cabriolaine (un parfait mélange entre le cabri, le petit de la chèvre, un cabriolet et la laine). Bref un triple jeux de mots qui évolue ensuite en Chevroum (Chèvre + "vroum") pour insister sur la référence aux voitures.
Sépiatop (c'est pas top) et Sépiatroce (c'est atroce), font directement échos à Tutafeh et Tutankafer de la 5G avec leurs noms, mais possèdent également une étymologie liée à la seiche (le "sépia" étant une sorte de seiche).
Mon duo préféré n'est autre que Brocélôme et Désseliande faisant directement référence à la forêt de Brocéliande en France. Un bel hommage quand on sait que la 6G se déroule à Kalos (France).
7G : la foire aux jeux de mots pourris
De plus en plus, Pokémon vise un public très jeune et, si de nombreux joueurs reprochent aux nouvelles versions d'être trop "simples", il faut bien avouer que l'on continue de se régaler des jeux de mots proposés par les traducteurs. Sans plus tarder, j'aimerai débuter par Froussardine (mélange de frousse et sardine), un Pokémon sardine qui est obligé de vivre en banc pour ne plus avoir peur.
Sovkipou (sauve qui peut + poux) est évidemment un autre très bon exemple, tout comme Chelours (chelou + ours) qui tente de surfer sur le vocabulaire des jeunes. Pour moi, le meilleur de la 7G restera à jamais Denticrisse. Non seulement parce que ce poisson est affreux et qu'il marque les esprits, mais surtout parce que son nom est un mélange de Dentrifrice et du verbe crisser.
La 8G : la consolidation des précédentes générations
Ici, pas de nouveautés extraordinaires mais on reste au moins dans un travail de jeux de mots, mots-valise et autres références subtiles. La 8G est un peu un mix de toutes les précédentes générations avec Ouistempo (ouistiti + tempo), par exemple, dont le nom lié au thème de la musique évolue en même temps que lui. Il devient alors Badabouin (badaboum + babouin) puis Gorythmic (Gorille + rythmique).
Mention honorable pour Pomdrapi également et son évolution Dratatin, tout deux liés à la pomme (pomme d'api et tarte tatin). Mais mon préféré, dans cette huitième génération, n'est autre que Grillepattes (griller + mille pattes).
Et voilà, j'ai bien hâte de retrouver la neuvième génération sur Pokémon Écarlate et Violet en fin d'année rien que pour le plaisir de découvrir de nouvelles traductions. Et vous, quel est le nom de Pokémon que vous appréciez le plus ? N'hésitez pas à me le dire en commentaire !