Les vétérans de League of Legends ont remarqué que les design des champions ont beaucoup changé depuis la sortie du jeu. Ces modifications se voient à la fois dans les kits de sorts, mais également dans l'apparence des champions. Il y a de moins en moins de champions inspirés de créatures monstrueuses, tandis que la diversité ethnique est de plus en plus présente. Au point que certaines personnes n'hésitent pas à prétendre que Riot Games a cédé à une pression invisible, de la part de lobbys peu identifiables, devenant woke ou tout autre terme à la définition bien floue permettant généralement d'englober toute personne ne partageant pas l'avis de celui qui l'utilise. N'en déplaise aux amateurs de théories du complot, l'explication est bien plus simple.
L'explication la plus simple est souvent la meilleure
La semaine dernière, GalleGutsito de MGG Espagne a pu s'entretenir avec August, le Lead Champion Designer de League of Legends. Ce dernier a raconté que son premier pseudo était "Gypsylord", un nom choisi en hommage à son premier chien, Gypsy. Lorsque League of Legends s'est développé en Europe, il s'est rendu compte que le terme Gypsy (gitan en français) était connoté de racisme en Europe. Il a alors changé de pseudonyme pour "groovylord", puis en "jinxylord" et s'est finalement arrêté sur "Riot August". (source)
Affichant désormais ses pronoms dans sa biographie Twitter, il déclare : "L’un des plus grands changements que nous ayons faits ces dernières années et que je trouve incroyablement bien est que nous nous sommes concentrés sur la diversité et la représentation. League of Legends est un jeu mondial et nous pensons qu’il est important que, puisque nous sommes présents au niveau planétaire, les joueurs du monde entier puissent se reconnaître dans certains personnages. Il est important que vous puissiez jouer à LoL et qu’il y ait un champion pour vous. Il ne s’agit pas seulement de gameplay. Il s’agit de leur apparence, de leur langage ou de leur nature. Nous nous sommes beaucoup concentrés sur cela au cours des dernières années et cela a été un grand changement pour le développement des champions".
Bien qu’il y ait des occasions où les designers reçoivent des ordres d’en haut, un des aspects positifs de travailler chez Riot Games selon August est "d’avoir la liberté de faire des choses infinies" travaillant côte à côte "avec les artistes et les écrivains dès le premier jour". Oui l'apparence et le look des champions ont évolué. World of Warcraft a beaucoup influencé les premiers champions du jeu (qui reprenait à la base Defense of the Ancient, un mod de Warcraft 3), alors que des championnes plus récentes comme Gwen et Séraphine trouvent une partie de leurs inspirations dans des jeux comme Genshin Impact. Il n'y aucun complot derrière cela, juste des personnes qui découvrent de nouvelles choses et s'inspirent d'elles pour apporter de la nouveauté dans le jeu.
Zeri, Néon et Manille
D'après Kate Chironis, designeuse chez Riot Games, le studio est l'un des plus inclusifs qu'il lui ait été donné de voir. Même si l'équité n'est pas parfaite, il y a selon elle, des hommes et des femmes de toutes les origines à des postes importants, permettant à chacun d'exprimer son opinion. De son propre aveu, il y aurait encore du "chemin à parcourir", mais l'éditeur est sur "la bonne route". L’un des exemples les plus intéressants de cette situation est lié aux lancements de Zeri (League of Legends) et Neon (Valorant). Les équipes de conception des deux personnages ont échangé leurs fonctions au cours de leur création, en collaborant pour créer une histoire complémentaire basée sur l’électricité dans laquelle l’une représentait la charge positive et l’autre la charge négative. Une circonstance qui a aidé à faire comprendre dès le début que leur inspiration dans le monde réel prenait sa source aux Philippines et, plus probablement, dans la capitale : Manille.
Parmi les participants à ces deux projets figure August, mais Gem "Lonewingy" Lim, artiste originaire des Philippines, a joué a un rôle au moins aussi important que celui d'August dans leur création. Elle a non seulement eu une influence majeure sur la conception des deux personnages, mais aussi sur leur gameplay. Une de ses idées pour représenter les joueurs philippins était de faire allusion à une expérience partagée : les problèmes électriques des grandes villes du pays et leurs pannes de courant. Ainsi, Zeri dispose d’une biographie dans laquelle elle ne peut pas contrôler ses pouvoirs électriques volatiles et a donc besoin de son canon, tandis que Neon est limitée par une barre d’énergie qui s’épuise afin qu’elle n’ait pas toujours sa vitesse disponible.
Selon August, les postes importants restent quand même majoritairement occupés par des hommes, et certains biais restent inévitables. Néanmoins, si l'équipe n'avait pas compté Lonewingy dans ses rangs, alors Zeri et Neon auraient été très différentes. S'ouvrir à d'autres cultures permet de créer des champions encore plus intéressants comme Akshan (Inde), Samira (Perse), Neeko (Brésil) ou encore Viego (Espagne, époque des conquistadors). Cela ne veut pas dire non plus qu'il n'y a pas eu d'erreurs. Si la diversité est de plus en plus présente, que ce soit avec Zeri représentant les Philippines, ou Renata première femme d'âge mûr représentant la multiculturalité de Zaun, Riot Games a parfois oublié certaines de ses racines. Il conclut en disant que bientôt "un monstre encore plus monstrueux que ceux déjà présents" arrivera dans la Faille.
Interview originale réalisée par GalleGutsito pour MGG Espagne.