C'est un gros cliché de sortir cette phrase, mais "Soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour se voir endosser le rôle du méchant" a rarement sonné aussi vrai dans le monde du jeu vidéo. Après CD Projekt Red avec Cyberpunk 2077, et Activision Blizzard pour une liste de raisons devenue trop longue pour être déroulée, c'est au tour de Rockstar de tomber de son piédestal avec GTA Trilogy Remastered Definitive Edition, qui explore de nouvelles profondeurs dans les notes Metacritic. Mais cela ne serait pas drôle si les choses s'arrêtaient là, comme avec les cas listés plus haut, une fois les vannes ouvertes, le flot ne s'arrête plus, à présent, c'est une affaire vieille de quelques mois qui a droit à un regain d'attention pour l'occasion.
Retour sur les faits
Les GTA sur PC bénéficient de longue date de projets de modding très ambitieux, ce qui a contribué à maintenir leur qualité, leur jouabilité et leur popularité depuis des années. Les vieux GTA 3D, qui remontent à l'époque de la PS2, en ont d'ailleurs grandement profité. Deux projets en particulier, nommés re3 et reVC, sont allés très loin dans le code de leur jeu correspondant afin de corriger des bugs, d'ajouter des contrôles, comme la caméra libre avec le second stick, d'enrichir le contenu, et de leur donner un coup de jeune graphiquement.
L'affaire remonte à quelques mois, Take-Two et Rockstar ont exigé au site Github via un DMCA que ces mods soient retirés pour violation de leurs droits d'auteur. Les équipes en charges de ces mods ne se sont pas laissées faire, et elles ont contesté la demande considérée comme abusive. Leurs mods ont alors pu être restaurés.
Début septembre, Take-Two est passé à l'étape suivante en attaquant en justice ces équipes, la raison invoquée étant que leurs mods visaient à distribuer des copies piratées de GTA 3 et Vice City. Des dommages et intérêts ont aussi été demandés, Take-Two accusant les responsables d'avoir copié, adapté et distribué le code source de ces jeux sans autorisation, ni permission.
Les arguments de la défense
Il convient de préciser qu'à l'époque de cette plainte, GTA Trilogy Definitive Edition n'avait pas encore été annoncé officiellement. Rétrospectivement, les motivations de Take-Two semblent on ne peut plus claires. Ces projets ont probablement été perçus comme des menaces pour leur remaster officiel. Et il est intéressant voire amusant de lire les arguments de la défense, transmis par leurs avocats. Les programmeurs attaqués par Take-Two n'ont visiblement pas tous l'intention de se laisser faire.
- Le principal argument est que ces mods n'ont utilisé le code source des jeux que pour s'assurer de leur bon fonctionnement, et qu'aucun élément copyrighted n'est présent à l'intérieur. Il faut être en possession d'une copie du jeu pour utiliser les mods. Ce sont des choses qu'ils ne fournissent pas, et qui justement, étaient vendues légalement sur les boutiques en ligne par Rockstar et Take-Two, ce qui au final est à leur avantage. Qui plus est, ces mods sont gratuits et n'ont jamais été commercialisés.
- Jusqu'à présent, le modding était encouragé par le développeur et l'éditeur. Ils ont même été mis en avant dans le Multi Theft Auto (MTA) par ce qui est devenu Rockstar North. Ces mods ayant utilisé les mêmes pratiques que les projets actuellement attaqués en justice, la défense considère que Take-Two ne peut pas utiliser cette raison.
- Pour finir, ces mods corrigent des bugs et proposent des mises à jour de contenu, choses que le studio a arrêté de faire il y a de nombreuses années. C'est particulièrement cocasse avec la sortie catastrophique du remaster il y a quelques jours, qui comprend tant de bugs qu'en faire des compilation est à la mode. De plus, des modders ont commencé à réparer les jeux à leur place afin d'assister les joueurs.
Il reste à découvrir si Take-Two va maintenir sa position, ce qui semble bien peu avisé dans le contexte actuel, ou s'il va faire amende honorable et tenter de réparer sa réputation et relation avec les joueurs et les modders. S'il y a bien une chose que l'année passée a prouvé, c'est qu'aucun développeur n'est indétrônable, et que la chute peut être aussi rapide que brutale.