La série Monster Hunter est connue pour sa durée de vie monstrueuse, mais en pratique cela varie grandement d'un épisode à l'autre. Entre les épisodes de l'équipe "portable", ceux de l'équipe "principale", les jeux "rang Expert" et ceux "rang G/Maître", il y a de nombreuses différences que les nouveaux fans de la licence ignorent peut-être. Et même pour les vétérans, il est facile de passer à côté à moins de bien se renseigner sur les dessous du développement. Après Monster Hunter Generations Ultimate sur 3DS et Switch, qui a fait office de célébration des vieux opus de la licence avec une quantité de contenu monstrueuse, est arrivée la nouvelle génération, avec Monster Hunter World sur PS4, Xbox One et surtout sur PC. Un des reproches que nous avions fait au titre à sa sortie était son manque relatif de contenu, chose qui a été corrigée en partie avec les mises à jour et surtout avec Iceborne (puis ses propres mises à jour). Le manque de contenu de base avait été attribué au changement de moteur graphique et de plateformes, autrement plus exigeants que les petites consoles portables de Nintendo.
Rise too early
Le problème s'est néanmoins présenté à nouveau avec Monster Hunter Rise sur Switch, et ce, d'une façon encore plus prononcée. Bien que dotée d'un casting de monstres assez honorable, l'histoire du jeu abandonnait complètement le joueur après un cliffhanger scénaristique grossier, et les habituelles activités et monstres de haut niveau, qui incitent à farmer des dizaines voire des centaines d'heures additionnelles, manquaient complètement à l'appel. Cela a laissé beaucoup de joueurs sur leur faim, malgré les qualités indéniables du titre en termes de gameplay et d'ambiance. De nombreux éléments indiquent clairement que Rise est sorti avant d'être terminé, probablement pour tenir la date annoncée six mois auparavant. Le premier indice est quasiment un aveu de la part de Capcom qui a révélé une roadmap des mises à jour prévues avant même sa sortie. Leur contenu a même été révélé en partie, ce qui n'est normalement pas le cas afin de préserver la surprise, de ne pas éclipser la sortie du jeu, et de ne pas perdre le public moins attentif qui peut s'attendre à retrouver ces éléments directement en jeu.
Il y a fort à parier que comme tant d'autres jeux, Monster Hunter Rise a vu son développement affecté par la crise sanitaire. Annoncer que la nouvelle fin du jeu arrive dans deux mois avec un second patch montre que l'équipe de développement n'a pas eu le temps de terminer tout cela à temps, et que le retard a été anticipé. Et ce n'est pas tout, avec l'arrivée desdites mises à jour, on se rend d'autant mieux compte que de nombreuses fonctionnalités prévues pour le jeu de base avaient dû être coupées et intégrées plus tard. Citons par exemple le système de transmogrification d'armure, les nombreux joyaux manquants, les monstres supérieurs qui étaient déjà listés sur une fresque murale dans la zone d'entraînement, ou la façon dont les armures de la Narwa et l'Ibushi ont été conçues. Tout cela et bien plus encore a été parfaitement intégré en jeu dans les deux mois qui ont suivi la sortie, ce qui semble bien trop complexe et massif pour avoir simplement été conçu et développé tardivement. Même si Rise a beaucoup de défenseurs qui considèrent (ou considéraient) que le jeu était déjà "assez complet", les développeurs n'étaient visiblement pas de cet avis.
Jamais 2.0 sans 3.0
La quantité assez phénoménale de contenu dans les deux premiers patchs est un bon indicateur, surtout quand on les compare aux mises à jour de Monster Hunter World par exemple. Dans ce dernier, il a fallu attendre deux mois pour un monstre additionnel, le Deviljho, et un mois de plus pour Kulve Taroth (avec sa zone). En deux mois, Rise a introduit cinq nouveaux monstres, trois monstres supérieurs et un nouveau boss final, pour un total neuf monstres en comptant généreusement dans les patchs 2.0 et 3.0. Sans oublier toutes les fonctionnalités listées plus haut, le déblocage des rangs de chasseur, des tonnes d'armes et armures, et les monstres supérieurs en dehors du mode Calamité. Et ce n'est pas tout.
Les quatre dragons anciens introduits avec les deux mises à jour ne constituent pas l'intégralité des activités de haut niveau. Une fois ces combats terminés, de nouvelles quêtes apparaissent avec de nouveaux défis à relever, comme deux dragons anciens, ou trois gros monstres à chasser d'affilée en arène. Il n'y a pas de monstres alpha à la vie et aux dégâts gonflés, mais les monstres supérieurs sont autrement plus redoutables, d'autant qu'ils ignorent certains des mécanismes dont peuvent abuser les joueurs, comme la chevauchée de wyverne. Ils sont équivalents aux vieux déviants des titres précédents. Vous l'ignorez peut-être, mais les joueurs qui persévèrent suffisamment vont finir par débloquer une toute nouvelle zone qui fait office de super arène. Dans cette dernière, les combats les plus difficiles du jeu vous attendent, par exemple contre trois monstres supérieurs.
Tale of a Rise
L'air de rien, tout cela mit bout à bout devrait vous demander plus d'une centaine d'heures de jeu pour tout explorer, ce qui est déjà exceptionnel pour un jeu de base qui n'est ni open world, ni un jeu "à service". Et il y a évidemment moyen d'y passer bien plus de temps si vous décidez d'expérimenter avec les autres armes, ou pour le simple plaisir de la chasse. Même les plus vieux experts de la licence n'ont probablement pas l'impression d'approcher de la limite en termes de skill, tant elle est élevée. Le farming de Talismans aléatoires est aussi une très bonne idée au final, puisqu’obtenir le talisman ultime n'est absolument pas nécessaire afin d'avoir les talents requis pour un build, contrairement aux joyaux dans MHR. Cela reste en tout cas une quête éternelle qui apporte tôt ou tard une amélioration supplémentaire aux accros des performances, ou de nouvelles options d'équipement au minimum.
Même sans mise à jour additionnelle, on peut considérer que la version de base de Monster Hunter Rise est à présent complète avec ces deux mises à jour, et nous la trouvons très satisfaisante. Il y a encore quelques joueurs qui en attendaient davantage et qui espéraient probablement un système de contrats, de monstres alpha, d'expéditions à l'ancienne ou le retour d'un certain monstre. Mais même sans tout cela le jeu est déjà très complet, avec un roster de 46 monstres à l'heure actuelle, des quêtes difficiles, le mode Calamité, et les monstres supérieurs. Mentionnons aussi l'arène, les défis d'arène, et les quêtes événement qui arrivent régulièrement. C'est un peu dommage, mais si Monster Hunter Rise était sorti fin mai, directement en version 3.0, notre note aurait été bien meilleure. Il aura une chance de se rattraper sur la version PC en début d'année prochaine.
Quelques défauts et opportunités manquées
Pour mitiger un peu nos propos précédents, quelques éléments de MHR nous chagrinent tout de même un peu. Ce ne sont que des détails, mais les passionnés ont tendance à se concentrer sur ces derniers lorsqu'ils explorent le contenu de haut niveau qu'il propose. Pour commencer, citons l'absence de transmogrification des armes. Les armes de la Calamité sont les seules dont l'apparence peut être modifiée, ce qui semble être une distinction un peu arbitraire. Les chasseurs de la mode doivent choisir entre performance et look. Dans la même veine, l'équipement du boss final du jeu n'est vraiment pas terrible, même avec les améliorations apportées par le patch. Il est un peu décevant de bouder complètement ses armes et armures et de ne les voir que comme des composants à recycler pour créer davantage de talisman.
Ce que nous considérons comme le plus "gros" défaut dans le contenu de haut niveau actuel de Rise est l'absence d'ensembles d'armures pour les monstres supérieurs. Il n'y a pas d'autres raisons que la recherche de nouveaux défis à relever lorsqu'on va chasser les monstres supérieurs en dehors de la Calamité. C'est bien plus difficile, et généralement bien moins rentable. L'absence de récompenses exclusives afin de célébrer leur défaite dans des conditions normales est un peu décevant. Proposer des ensembles d'armures plus puissants, ou avec d'autres talents, ou au moins des visuels de transmogrification à l'effigie de ces monstres aurait permis de récompenser les chasseurs qui sont vraiment allés jusqu'au bout du jeu. Mais une fois encore, c'est un détail.
Qu'attendre à présent ? La roadmap et l'extension
Commençons par une mauvaise nouvelle, il ne faut probablement pas s'attendre à d'autres mises à jour de cette envergure pour Monster Hunter Rise. Outre le fait que le jeu soit "complet", ce n'est pas un jeu à service, et ce n'est pas dans les habitudes de l'équipe "portable" qui s'en est chargée. Le planning du contenu additionnel du jeu a clairement montré qu'aucune mise à jour de contenu n'est prévue avant le mois de septembre, au minimum. Des collaborations, des quêtes événement et des DLC cosmétiques vont arriver une à deux fois par mois, mais nous n'avons aucune information sur leurs projets au-delà du mois d'août. Ceux qui espéraient l'équivalent d'un Alatreon ou d'un Fatalis façon fin d'Iceborne vont probablement devoir attendre une nouvelle fois l'extension.
En effet, il est possible qu'il n'y ait pas de mises à jour de contenu avant l'extension, qui devrait suivre un modèle à peu près similaire à celui d'Iceborne si on se base sur les habitudes du studio : l'ajout d'un niveau de difficulté additionnel et tout ce que cela implique, avec de nouvelles zones, et de nouveaux monstres. Elle devrait arriver courant 2022 d'après les informations tirées des leaks ainsi que des extensions précédentes. Il faut en général compter un an et demi entre la sortie du jeu de base et celui de l'extension, ce qui nous amène directement à la rentrée 2022, voire à la fin d'année.
La version PC de Monster Hunter Rise devrait quant à elle arriver début 2022 sur Steam, sans plus de précisions. Nous ignorons quelle sera l'ampleur des améliorations graphiques. Le timing du déploiement de l'extension sur PC est d'autant plus trouble, nous ignorons totalement si cela sera en même temps que sur Switch, ou avec 6 mois à un an de retard comme cela avait été le cas avec Iceborne par exemple. Si cela peut vous rassurer un peu, avec la sortie simultanée de Monster Hunter Stories 2 sur Switch et PC le 9 juillet, Capcom montre clairement qu'il prend cette second plateforme au sérieux. Il ne reste plus qu'à patienter en espérant que le contrat d'exclusivité avec Nintendo ne concernait pas l'extension de Rise.
Il serait étonnant que des nouvelles soient données à ce sujet à l'E3. La sortie PC de MHR ne sera probablement pas mentionnée avant la Japan Expo en juillet, voire durant la Gamescom en août. Il est même possible que cela n'arrive pas avant la fin d'année, par exemple durant The Game Awards. Et il serait étonnant que l'extension soit annoncée avant la sortie PC, afin d'éviter de rendre la communication à leur sujet trop confuse. Il ne reste plus qu'à faire preuve de patience et à penser à autre chose, par exemple en se remémorant qu'Elden Ring et le remaster Bloodborne se font toujours attendre.