Steel Division 2 est le nouveau jeu d'Eugen Systems, studio français plutôt connu dans les jeux de stratégie, et dont il a souhaité cette fois se détacher de Paradox Studio et d’auto-publier son dernier bébé. Sorti ce 20 juin 2019 sur PC, le titre nous place (toujours) pendant la Seconde Guerre mondiale, mais cette fois-ci sur le front de l'est en Biélorussie, là où les forces de l'armée rouge poussent celles d'Hitler dans leurs derniers retranchements. Pour son nouveau war game, Eugen Systems a mis les petits plats dans les grands en proposant plus de cartes, plus d'unité, le tout à plus grande échelle. Mais, est-ce que ça en fait un bon jeu ?
- Genre : Stratégie, War Game
- Date de sortie : 20 juin 2019
- Plateforme : PC
- Développeur : Eugen Systems
- Éditeur : Eugen Systems
- Prix : 39,99€
Le Panzer de Rodin
Tout d'abord, il faut garder à l'esprit que Steel division 2 n'est pas à la portée de toutes les mimines. Il n'y a quasiment pas de tutoriels et vous êtes un peu lâché sans réelles indications. Cet épisode s'adresse directement aux fans du genre et du premier épisode, et nul doute que si vous prenez le train en cours de route, vous allez vous essuyer le front en continu, notamment dans le nouveau mode de jeu Army General. Ce mode n'est autre qu'une gigantesque table de campagne militaire qui vous mettra en contexte divers scénario de zone de guerre historique, se passant tous entre le 23 juin et le 9 juillet 1944, aux commandes des Allemands ou des Russes (chaque campagne pourra être faite dans les deux camps). Ces batailles se passeront sur plusieurs jours en tour par tour, il vous faudra bouger vos différentes compagnies, représentées par des pions, afin de prendre ou garder des positions, et ceci donnera alors lieu à des affrontements où il faudra choisir jusqu'à trois compagnies maximum pour y participer. Pour cela, elles devront être à proximité et, bien sûr, avoir les points d'action nécessaires, une ressource que chaque unité récupère à chaque tour, mais qui peut être affectée par vos actions, quand vous déplacez un pion par exemple, mais aussi celles de votre adversaire. Par exemple, des bombardiers pourront exécuter une frappe pour annihiler les points d'action d'une de vos compagnies (mais cette unité ne pourra pas attaquer ce tour-ci), permettant d'isoler une division particulière d'un futur affrontement. D'autres unités possèdent quelques compétences utiles au champ de bataille, vous pourrez faire planer un escadron de chasseurs au-dessus d'une zone pour éloigner les avions ennemis qui aimeraient prêter main-forte lors d'une bataille. Des choix minutieux qui pourront, s'ils sont bien utilisés, être décisifs sur vos différents plans d'attaque ou de défense.
Le mode Army General se présente avant tout comme un mode long et complexe. Il ne comporte, certes, que quatre scénarios (deux facile, un moyen, un difficile), qui peuvent être faits de deux manières différentes, mais chaque scénario vous prendra quelques dizaines d'heures. En effet, même si vous allez pouvoir régler quelques conflits automatiquement par l'IA (vous pourrez même ne contrôler qu'une compagnie parmi les trois lors d'une attaque ou d'une défense), il reste plus sûr de mettre les mains dans le cambouis et de se farcir les trente minutes (en moyenne) de partie où vous allez devoir placer vos unités en fonction de votre position (attaque ou défense) avant chaque bataille. Le jeu repose toujours sur un système de front à pousser à votre avantage, étalé sur trois phases (A, B et C) qui, chacune, débloqueront des renforts. Seulement, cette fois-ci, pour être un peu plus lisible, le front est aussi ponctué de points de capture. Ces points sont automatiquement sous votre bannière dès le moment où votre front l'atteint, ceci a pour cause de diriger un peu plus vos attaques ou vos défenses, mais les points sont suffisamment bien placés pour être cohérent et ne pas vous faire défendre un endroit inutile (il n'y aura jamais de points au milieu d'une forêt ou perdu dans un coin de carte). Comme dit plus haut, les parties seront assez longues, tout dépendra de votre efficacité. Lorsqu'une équipe perd trop de points de capture, son temps avant la défaite va se raccourcir, en passant d'une défaite mineure (peu d'impact sur ses unités) à une défaite totale (destruction totale de la compagnie). Il y a encore beaucoup de choses à dire sur le mode Army General, notamment que les unités détruites le restent et qu'il faudra régulièrement balancer celles-ci avec d'autres divisions lors de batailles pour éviter de démarrer en sous-nombre, mais ceci nous prendrait sûrement quatre paragraphes de plus (ce que ni vous, ni votre serviteur ne souhaitons).
Steel Panther Führer
Côté contenu, comme dit tout en haut de ce texte, Eugen Systems n'est pas resté avare et distribue de grandes choses. Tout d'abord, un mode batailles historiques, qui proposent, elles aussi, des contextes précis, mais ne se joueront que sur une partie. Seules six batailles sont proposées, mais peuvent être faites en ligne avec des copains ou des copines aussi tarés que vous pour se jeter dans un 3v3 au nord-est d'Orscha un 23 juin 1944. Les batailles historiques ont le mérite de proposer des contextes stratégiques particuliers, en vous imposant des divisions particulières et avec laquelle il faudra faire un peu de magie si on veut que ça passe (surtout quand l'IA avec vous manque un peu d'agressivité). À côté de ça, il y a évidemment le mode escarmouche, contre l'IA ou en ligne, qui vous permettra de vous affronter sur 28 cartes différentes (avec des variantes de tailles pour certaines) prenant place sur une bonne partie des plaines de l'est, avec, au programme, trois modes différents : Conquêtes, Conquêtes Rapprochées et Percée. Les deux premiers modes, plutôt explicites dans leurs noms, sont issus du premier opus. En revanche, Percée est tout nouveau et permet de créer une situation d'attaque-défense. Ce dernier est clairement le plus intéressant, notamment sur la défense, où vous pourrez placer vos unités sur 75% de la carte avec des solutions de retranchement plus développées grâce à la présence de barbelés, tranchées, bunkers équipés de MG42 ou PAK 75 et de nids à mitrailleuses. Vous ne pourrez poser ces défenses qu'en phase de préparation, au moment où vous placez vos unités, de quoi contre-balancer avec les attaquants qui, eux, auront un stock de ressource très important dès le début.
Mais une des forces de Steel Division, c'est avant tout son arsenal, avec pas moins de 350 unités disponibles dès le lancement, vous aurez tous les outils en main pour créer vos groupements. Comme on l'expliquait dans la preview, le système a été un peu revu, offrant plus de liberté. Vous pourrez maintenant personnaliser comme bon vous semble votre division, en choisissant d'abord le type (infanterie, blindés ou artillerie), puis vous allez devoir choisir des unités à placer parmi les différents rôles (reconnaissance, infanterie, char, support, etc.). Vous pourrez ensuite configurer votre unité comme bon vous semble en lui donnant un grade, sa phase de déploiement, et si possible, son véhicule de déploiement. Ces paramètres influeront notamment sur la quantité disponible de l'unité, par exemple, des Panzer IV H sans expérience en phase C auront un stock de 15, contre 5 en phase A. Ces paramètres (parfois bloqués) joueront comme des petits potards que vous toucherez pour arranger votre stratégie, et vous vous retrouverez régulièrement, après chaque partie qui ne s'est pas très bien passée, à ajuster et adapter l'arrivée ou le nombre de certaines unités afin de parfaire votre écrasante victoire. Il est à noter qu'Eugen Systems, en plus d'avoir retrouvé certaines archives pour reproduire les sons des différentes unités, s'est aussi payé le luxe de vérifier certaines choses avec des historiens concernant l'arsenal, afin de respecter les stocks d'armes et de véhicules. Enfin, dernier point pour les unités, les gens en possession du premier Steel Division se verront greffer au deuxième épisode toutes les unités dessus, soit quelque 300 soldats et véhicules de France, Canada, États-Unis et Royaume-Uni, de quoi enfoncer le clou une bonne fois pour toute pour accrocher le panneau de "plus gros arsenal pour un jeu de stratégie". En revanche, il faudra débourser 24,99€ pour les autres, ce qui ne rend pas la solution à la portée de toutes les bourses (et encore une fois, très repoussante pour les nouveaux joueurs).
Steel Division 2 se passant maintenant en Biélorussie, Eugen Systems s'est permis de quelque peu changer la direction artistique, en donnant des couleurs moins criardes notamment. Qu'on aime ou pas, ceci donne un ton plus dramatique à vos batailles. Derrière ça, ils ont aussi mis le paquet avec le moteur en l'améliorant de plus belle. Les unités et les cartes sont plus détaillées sans pour autant surcharger la machine, surtout que ces dernières sont bien plus grandes qu'avant (elles peuvent aller jusqu'à 150x100 Km en 4v4). Et qui dit changement de pays dit aussi changement de topographie, les bocages normands laissent place aux plaines Biélorusses, avec leurs lignes de vue dégagées, parfois interrompues par des forêts denses et parfois surplombées de petits plateaus, offrant un bonus de vision non-négligeable pour une position fixe. Ces changements pourraient être surfaits, mais pour quelqu'un qui a passé plus de temps que de raison sur le premier, cela devrait lui prendre un petit moment avant de s'habituer à ces nouveaux paramètres. Bien entendu, Steel Division 2 garde un core gameplay qui devrait faire sentir les vétérans du genre comme à la maison, que ce soit par le système de couverture, de suppression, les blindages différents des véhicules, les différents avantages et les faiblesses des unités et (surtout) les pathfindings hasardeux, maintenant marque de fabrique du genre (malheureusement).
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