Orneval, c’est d’abord et surtout l’une des plus belles zones de World of Warcraft Vanilla – et donc de WoW Classic. La plus belle zone, selon votre humble servitrice, et à un moment donné, les mots manquent pour la résumer : majestueuse, sauvage, accomplie. Juste belle, b.e.l.l.e., dans le plus pur et le plus sensible sens du terme. Cet enchevêtrement d’arbres, de landes, de sous-bois, de clairières et de bosquets s’anime de reflets bleus et violets qui font du bien aux yeux, comme à l'âme, mais pas seulement, parce que les développeurs en ont progressivement fait un véritable spectacle son et lumière. Dépendamment de la partie de la zone dans laquelle vous vous trouvez, les tons changent, passant du bleu au violet de la magie, au rouge du feu et au jaune de la corruption. La musique, c’est celle d’une bande-son typique des Elfes de la Nuit enrichie de tous les bruits de la nature sauvage du lieu. En un mot comme en cent, Orneval est une zone grandiose.
Une fois qu’on a compris qu’Orneval est magnifique, il faut se résoudre à l’évidence ; de tous temps, tout Azeroth n’a eu qu’un seul objectif : la défigurer. Rarement une zone aura été aussi tourmentée, harcelée, prise d’assaut et cela, depuis une époque bien plus ancienne que celle à laquelle nous situe le début de WoW Vanilla – ou Classic, je ne sais jamais lequel je dois dire. Historiquement, c’est le berceau des Elfes de la Nuit, pour utiliser la formule consacrée, mais j’avais expliqué dans un article sur Teldrassil qu’avec le peuple nocturne aux grandes oreilles, il y a tellement d’origines différentes qu’il en devient difficile de savoir d’où proviennent leurs racines. Ceci étant dit, les portes monumentales, les petites loupiotes au bord de la route et les constructions dans les tons violets-bleus nous indiquent clairement qu’on est sur une terre d’Elune.
Le problème, c’est que, située entre les Tarides, Azshara et Sombrivage – Oui, il y a une frontière avec les Serres Rocheuses aussi, mais tout le monde s'en fout, Orneval est surtout une zone stratégique, une place forte à conquérir pour maîtriser le nord du continent. Et ça, la Horde l’a bien compris. D’une intrusion timide au départ, afin d’exploiter le bois au sud de la zone, elle est aujourd’hui très bien implantée sur toute la surface de la région, ce qui a activé ou réactivé un front ouvert entre les deux factions, bien avant BFA.
Et c’est là que la richesse d’Orneval nous explose à la figure. Cette zone est dense, l’une des plus denses du jeu. Le taux d’intrigues au km² est affolant. Il y a tellement à y faire qu’il faudra compter plusieurs heures pour vider toutes les quêtes du lieu – enfin, si vous l’avez "speedrun", n’hésitez pas à partager votre chrono en commentaires, ça m’intéresse particulièrement. Chaque recoin de forêt abrite un village, un poste avancé, des ruines possédées par une entité maléfique, des animaux rongés par la corruption… la situation y est tellement chaotique qu’il est impossible de détailler l’ensemble des intrigues qui s’y trament, surtout qu’elles se superposent souvent entre époques.
Globalement, dans l’entreprise de destruction collective d’Orneval, initiée par la Horde et quantité de forces obscures – notez que j’ai pas dit que la Horde était une force obscure – il y a un avant et un après Cataclysm, ainsi qu’un avant et un après BFA.
Avant Cataclysm, et c’est la situation que vous retrouverez dans WoW Classic, la tension était palpable, mais les Elfes de la Nuit maîtrisaient encore la quasi-totalité du territoire. L’Orneval de cette époque était relativement apaisé et propice à la contemplation. La zone étant large et déjà dense en intrigues et en ornements, sachez quand même que la réalisation des quêtes sans GPS, c’était un véritable sport. Cette semaine, Blizzard a révélé que parmi les retours sur la beta de WoW Classic, beaucoup de joueurs ont signalé l’absence de guidage sur la map comme un bug… Alors non, ce n'est pas un bug, on jouait en mode course d’orientation à l’époque, il fallait lire les quêtes pour comprendre où on devait aller. Est-ce que ça se passait bien ? Écoutez, une ou deux heures pour trouver un mob, en espérant que quelqu’un n’était pas déjà passé pour le tuer, ce qui vous obligeait à attendre pour qu’il repop – parce que oui, les délais de repop étaient plus longs aussi, ça va, c’était raisonnable…
Vous serez « heureux » d’apprendre qu’outre le donjon des Profondeurs de Brassenoire, le champ de bataille du Goulet des Chanteguerre, et quelques dragons élites légendaires qui vous aggro de super loin et qui vous one shot – sinon, c’est pas drôle, la zone contient… le Refuge des Saisons de Dor’Danil. Alors, oui, aujourd’hui, un refuge des saisons, c’est pas la mer à boire et ça se fait tranquillement. Mais dans WoW Classic, ça va être l’enfer sur terre – enfin, sous terre. Je vous renvoie à la description avant/après du Refuge des Saisons de Ban’Ethil sur Tedrassil pour vous donner une idée de la purge que constitue ce genre d’endroits.
Niveau faune, on partait sur une classique kalimdoresque, à base de Nagas et de Furbolgs, mais la variété et le Lore se pointaient très rapidement. Ce qui fait la richesse d’Orneval, toutes époques confondues, c’est précisément son ancrage dans le Lore de World of Warcraft. Si vous voulez découvrir ce Lore, son histoire, sa mythologie, ses héros, c’est la zone incontournable, tant elle a eu une importance stratégique à quasiment toutes les époques, y compris jusqu’à BFA.
Cataclysm vient… Ah pardon, j’ai oublié les hashtags : #AiledeMort, #destruction, #terraforming. Cataclysm, donc, vient éventrer la zone et envenimer les conflits qui s’y trament, mettant à feu et à sang la paisible bourgade d’Astranaar et créant le Pic-Tonnerre, un volcan gardé par Magmathar, un élémentaire de feu, à l’animation graphique plutôt plaisante, pouvant être repéré de loin. Pour les Elfes de la Nuit, c’est le début de la fin en Orneval. Assiégés par la Horde, ils perdent du territoire et nombre de leur anciens postes établis dans la zone sont proches de l’état de ruines. De prises de positions par les uns en reprises de positions par les autres, Orneval devient un chaos sans nom, dans lequel il est impossible de déterminer les vainqueurs et les vaincus, le tout évoluant en un étrange statu quo de combat permanent.
Le coup de grâce pour la zone viendra de BFA et de la Guerre des Epines. Si vous jouez côté Horde, vous aurez droit à une suite de quêtes très bien conçue dont le point de départ est Orneval. Afin de progresser jusqu’à Teldrassil, Sylvanas Coursevent requiert votre aide pour traverser les terres elfiques. Votre sens de la fourberie sera mis à l’épreuve à Astranaar, afin d’éliminer les gardes. Pas sûre qu’il était nécessaire de rajouter des malheurs à ce village, mais bon, c’était effectivement un passage obligé sur le chemin de la Horde. Orneval est maintenant transpercée de part en part par les forces hordeuses, pour le meilleur et pour le pire, car la corruption, les Satyres et les Nagas, eux, sont toujours là, prêts à frapper, prêts à tuer, prêts à pervertir. Finalement, Orneval nous rappelle que ce n’est pas parce qu’on ne voit plus le danger qu’il n’existe plus.