Après un épisode spin-off à la réception plutôt tiède (alors qu'il s'agit tout de même d'un très bon jeu), Dante revient entre les mains d'une équipe interne à Capcom pour un nouvel opus numéroté de Devil May Cry. Découvrez notre avis sur ce qui est sûrement LE meilleur jeu de la licence.
Testé sur PC.
La rage de Dante
Nouvel épisode, nouveau cataclysme sur Red Graves City : cette fois c'est l'arbre démoniaque Qlipoth qui a pris racine dans la ville de Dante et ses potes. En son centre, une entité surpuissante attend sagement sur son trône de chair qu'un défi à la hauteur ne vienne se présenter, et devinez qui va s'y coller ? Jackpot, l'agence Devil May Cry, ainsi qu'un mystérieux personnage, V, dont l'identité ne sera que la première révélation d'une longue série. Car oui, DMC5 a des choses à nous dire et pour une fois, c'est fait de belle manière : la narration du jeu propose une timeline éclatée qui offe les points de vue des trois héros, qu'ils soient ensemble ou complètement séparés. Dans les faits, cela donne un premier run particulièrement agréable sans aucun sentiment de redite, puisque chaque environnement ne sera visité qu'une fois, à moins que vous ne décidiez de refaire certaines des missions disponibles avec plusieurs personnages. Petite feature amusante lors des missions croisées : les "missions connectées", qui permettent de passer certains stages aux côtés d'un autre joueur sans que vous ne le croisiez jamais vraiment. Par exemple, si vous contrôlez Nero, il est tout à fait possible que vous aperceviez un V contrôlé par un autre joueur, en train de se battre sur le bâtiment d'en face.
Au-delà de cette narration beaucoup plus soignée, de cette mise en scène toujours aussi folle et de ce scénario simple mais riche en twists, c'est surtout la façon dont la rejouabilité a été traitée : juste après les crédits, vous débloquerez de nouvelles features et de nouvelles armes, dont une en particulier qui va pouvoir déclencher des actions contextuelles inédites sur tous les types d'ennemis, y compris les boss. À noter que les modes de difficulté supérieurs (deux modes bonus à débloquer) peuvent être parcourus en New Game +, afin de continuer à améliorer vos personnages à 100%, ce qui vous demandera au bas mot plus de 30 heures (pour une durée de vie de 12 à 15 heures en ligne droite). DMC5 fait donc partie de ces jeux que vous recommencerez directement pour tester votre maîtrise sur des monstres encore plus forts et pourquoi pas, découvrir de nouveaux secrets.
V for Victory
Exit l'aller-retour infernal de Devil May Cry 4, cette fois vous incarnerez l'un des trois personnages en fonction du récit. Et Capcom a vu les choses en grand, très grand, puisque chacun d'eux jouit d'un arbre de compétences unique et surtout d'un gameplay complètement différent. Ci-dessous, une description succincte des trois manières de trancher du streum, ainsi que notre avis sur ces dernières :
- Nero : Privé du Devil Bringer, il peut désormais compter sur les Devil Breakers de Nico, son amie mécano. Il s'agit de bras armés à débloquer et dont les compétences peuvent renverser l'issue d'une bataille. On ne va pas vous faire la liste, mais par exemple Rag Time envoie une boule d'énergie qui ralentit le temps dans un petit périmètre. À cette technique de base vient s'ajouter une attaque chargée qui aura pour effet d'exploser le Devil Breaker concerné. Pour reprendre l'exemple du bras Rag Time, sa charge ralentira le temps, mais cette fois sur toute la zone de combat et pendant de longues secondes. Il est tout à fait possible de se configurer des "sets" de Devil Breakers, avec des séries de bras qui vous conviennent. À noter qu'il est également possible d'en trouver par terre au cours des missions et que certains d'entre eux servent à dévoiler des secrets du jeu. S'il dispose toujours des mêmes armes de base et que ces dernières n'ont finalement pas gagné tant de techniques que ça, l'ajout des Devil Breakers est une pure idée permettant de renouveler le gameplay régulièrement, tout en offrant un moveset appréciable pour Nero. Le jeune homme a également d'autres tours dans son sac, mais nous ne les évoquerons pas ici afin d'éviter tout spoiler.
- V : Le petit nouveau, proposant un gameplay totalement inédit. Ce personnage n'a quasiment jamais de contact avec l'ennemi, sauf pour le mettre à mort. Pour le reste, il laisse ses trois invocations Shadow, Griffon et le terrifiant Nightmare faire la sale besogne. Shadow assigné à Y/triangle est une panthère qui va au contact, Griffon assigné sur X/carré est un corbeau qui attaque à distance et enfin Nightmare, l'ultime, qui a sa propre conscience et défouraille tout sur son passage. Très déstabilisant de prime abord, V propose pourtant quelque chose de solide et follement original : de vrais combats d'invocation, contrebalancés par un personnage frêle qu'il faut passer son temps à éloigner de la bataille afin de laisser ses bêtes s'exprimer. Les combats de V sont cependant ceux qui vont le moins évoluer au cours de l'aventure : contrairement à ses deux compagnons, le mage ne va pas gagner de nouvelles armes et ne s'enrichira que grâce à l'achat de compétences.
- Dante : Le fils de Sparda nous fait la totale, en mixant ses quatre styles (trickster, swordster, gunslinger et royal guard) avec une vaste sélection d'armes, du lance-roquettes à la moto-scie. Ce qui compte avec lui, c'est l'expérimentation : jongler entre les styles, les armes au corps-à-corps et les armes à feu permet de découvrir de nouvelles techniques, encore et encore. Un vrai festival qui s'appuie sur une progression du personnage "à l'ancienne" : au fur et à mesure de son périple, Dante va gagner de nouvelles armes et ainsi de nouveaux arbres de compétences dans lesquels dépenser des démonites rouges. Il s'agit donc d'un personnage ultra-complet et soigné sur lequel l'aventure aurait pu complètement se reposer, un vrai "daron" que l'on prend encore énormément de plaisir à prendre en main, même après 40 heures de jeu.
Et voilà, nous y sommes : trois héros, trois gameplays qui s'appréhendent différemment mais qui ont en commun le fait d'être particulièrement jouissif à prendre en main. Une réussite à tous les niveaux, excepté sur un point important : les caméras. Dans les lieux étriqués ou les arènes un peu chargées, le ciblage devient assez souvent problématique, alors qu'il est nécessaire à l'exécution de certaines attaques spéciales.
On était vraiment à "ça" de la perfection point de vue gameplay, mais les équipes de Capcom semblent avoir eu du mal à chasser leurs propres démons. On pourrait également chipoter sur level design de certaines missions, qui ne sont que des successions d'arènes reliées par quelques couloirs, mais il s'agit sans doute du prix à payer pour ne pas avoir de redite entre chaque niveau. Le bestiaire aide également à dissiper tout cela, avec des designs bien connus et quelques inédits, mais surtout des boss de qualité, en nombre, dans la plus pure tradition Devil May Cry.
Nero Burning Romes
Testé sur PC, Devil May Cry 5 est une pure réussite technique grâce aux bienfaits du RE Engine inauguré par Resident Evil 7. On pourra toujours lui reprocher sa surabondance de couleurs froides et des textures vraiment limites au second plan, cependant tout est pardonné face à la modélisation des personnages bluffante et des effets pyrotechniques qui flambent l'écran à la moindre échauffourée. Les vingt missions du jeu sont habillées par une bande-son particulièrement variée, passant de l'euro-dance kitschouille à des morceaux beaucoup plus épiques et mélodieux dans le plus grand des calmes. On ne sait pas par quel miracle l'ensemble de cette bande-son dynamique tient debout, mais ça fonctionne et ce jusqu'au combat de boss final. Sur cet énième point, Devil May Cry 5 frappe juste et frappe fort : quand on vous dit qu'il s'agit de l'un des indispensables de ce début d'année...