Débutée en 2001 et s'étalant sur 5 jeux maintes fois rééddités, la série Devil May Cry, créée par l'homme au compte twitter le plus drôle du monde, s'apprête vraisemblablement à recevoir une nouvelle entrée numérotée. A cette occasion, nous vous proposons un petit tour dans l'Enfer de Dante façon Japon, avec un retour sur tous les opus de la saga de Hideki Kamiya. Let's Rock, Baby !
Devil May Cry 1, les origines
L'anecdote est connue, mais toujours aussi cocasse : Devil May Cry devait être à l'origine un jeu Resident Evil sur PS1, puis sur PS2 sous le nom Resident Evil 4, avant d'être métamorphosé pour donner naissance à DMC, un projet nettement plus "original". A cette époque, où le débit internet se faisait rare, il n'y avait guère que les CD inclus avec les magazines papiers qui permettaient de voir ce qu'allait donner le bestiau en action, et ça faisait rêver. L'électro-métal à fond de balle, les animations classieuses du héros, ou tout simplement le fait qu'il puisse envoyer un monstre valdinguer pour le rattraper en l'air grâce à ses deux flingues (mécanique issue d'un bug graphique que Kamiya avait découvert dans Onimusha 1)… Pour l'époque, sur consoles, c'était du jamais vu.
Tout laissait donc espérer une petite tuerie, malheureusement, les joueurs PAL ont eu la "joie" de découvrir que le jeu n'était disponible qu'en 50HZ en Europe, soit limité à 50fps contre 60 dans le reste du monde grâce à la norme NTSC (FFX fera le même coup quelques mois plus tard). Du coup, à moins d'être amateur d'import, il était impossible de jouer "proprement" à Devil May Cry sur le Vieux Continent, ce qui lui valut un accueil plutôt tiédasse.
Fort heureusement, le bougre savait faire oublier cette grosse déconvenue grâce à son système de jeu technique et complet mais aussi grâce à Dante, qui était l'achétype même de l'anti-héros badass que l'on espérait voir crever l'écran en matant les trailers. Il faut dire que le bonhomme se traîne un passé sulfureux, entre son frère Vergil qui semble vouloir sa mort à tout prix et son père, Sparda, le légendaire chasseur de l'ombre, qui a à son tableau de chasse le sauvetage de l'humanité 2000 ans auparavant les événements de DMC.
Appelé pour une nouvelle mission via son agence privée "Devil May Cry", Dante va s'embourber dans une chasse aux démons visant à botter une nouvelle fois les fesses du malin, qui cherche encore à faire bobo à la veuve et l'orphelin.
Côté gameplay, Devil May Cry allait tout simplement montrer la voie à toute une génération de beat them all modernes et son empreinte est toujours bien visible sur les représentants actuels du genre, même 17 ans après. Concrètement, le jeu repose sur une mécanique de combos vous demandant de varier un maximum vos assauts afin d'être le plus "stylé" possible, le but étant d'atteindre la fameuse barre SSS, synonyme d'un bon paquet d'orbes si l'enchaînement était validé (un simple coup ennemi suffisait à faire repartir le combo à 0).
Ces fameuses orbes de couleur, permettaient ensuite d'acheter entre chaque de nouveaux mouvements afin d'enrichir le moveset de Dante et ainsi créer des enchaînements de plus en plus complexes. Outre ce système de progression désormais suranné, Devil May Cry pouvait parfois laisser apparaitre quelques cicatrices de son passé chez Resident Evil, avec des plans de caméra fixes, plus cinématographiques, et de petites énigmes à base de recherche d'objets à encastrer dans des portes. Malgré quelques erreurs de parcours et cette fameuse version PAL maudite, Devil May Cry 1 a rencontré un franc succès à l'échelle mondiale, avec plus de 2 millions d'exemplaires vendus.
Devil May Cry 2 : l'erreur de parcours
Très probablement l'épisode numéroté le plus décrié de la série, Devil May Cry 2 pouvait effectivement laisser une impression étrange. Sans doute était-ce à cause de ce Dante désormais bien trop sage pour son propre bien. Le personnage y paraissait effectivement un brin trop effacé, probablement pour laisser de la place au second protagoniste de l'aventure, Luna, qui était également le plus gros ajout de gameplay de ce second opus.
En outre, l'univers du jeu était d'une absurdité assez folle, avec des tanks possédés à trancher en quelques coups de sabre (tous ceux qui ont joué au jeu doivent s'en souvenir, c'est obligé) et une ambiance "moderne" qui tranchait radicalement avec l'île du premier jeu. L'autre gros sacrifice qui n'a pas plu à la communauté est la grosse baisse de difficulté entre DMC 1 et DMC 2, celle de ce dernier étant réduite à peau de chagrin (après que de nombreux joueurs se soient plaints de celle du 1, le schéma classique). La seconde mission de Dante rencontra tout de même un joli succès commercial, avec 1,7 million de copies écoulées.
Devil May Cry 3, le meilleur épisode ?
Retour aux sources pour Dante, et quel retour ! Terminés les combats ronflants contre des tanks zombies en pleine rue, DMC 3 revient à un thème beaucoup plus gothique qui lui sied à ravir. Dans cet épisode, aussi mentionné comme le 0 par ces trailers, le joueur allait pouvoir explorer les origines de l'enfant-démon et l'apogée de sa confrontation avec son frère Vergil.
Comme principal bouleversement de gameplay, l'ajout de "sets" d'armes qui permettaient de switcher d'équipement à la volée, mais aussi les "styles", permettant d'adapter les mouvements de Dante en fonction des préférences du joueur : des mécaniques qui ajoutent une profondeur bienvenue à des combats plus pêchus que jamais.
Tout aussi explosive, la mise en scène des cutscenes témognait également de ce "lâcher-prise" dans le nawak, pour le plus grand bonheur de nos rétines. Des années après, impossible de se sortir l'excellente séquence d'introduction du jeu de la tête. Allez, c'est purement subjectif, mais si on devait n'en garder qu'un Devil May Cry, ça serait clairement celui-ci
Devil May Cry 4, aller-retour gagnant
Premier Devil May Cry de la génération PS360, Devil May Cry 4 proposait de prendre le contrôle d'un nouveau héros, Nero, adoptant un look très proche de Dante, qui est d'ailleurs lui aussi bien présent dans le jeu, mais on y reviendra. Dans un univers plus heroic-fantasy que jamais, Nero va réussir à apporter sa petite touche au gameplay de la série : en lieu et place des styles introduits dans le 3, le p'tit nouveau va jouer du bras démoniaque, un nouvel outil multi-fonctions qui va lui permettre d'attirer ses ennemis vers lui ou de donner encore plus d'allonge à ses combos.
Nerveux, fluide et graphiquement à tomber, Devil May Cry 4 aurait pu, aurait dû être un grand jeu, mais la farce survenant à mi-parcours est resté en travers de la gorge de nombreux joueurs. Grosso-modo, et en spoilant le moins possible, un événement important dans la trame scénaristique nous fait prendre le contrôle de Dante, ramenant du même coup ses propres mécaniques de gameplay, pour une seconde partie d'aventure encore plus vénèr'.
Le hic, c'est que cette fameuse seconde partie consiste à réemprunter exactement le même chemin que Nero, mais en sens inverse, avec les mêmes boss, etc. Pour la faire courte : DMC4 est conçu comme un gigantesque aller-retour. Une bonne douche froide qui ne suffit pourtant pas à éclipser l'excellence de son système de jeu.
DmC : Devil May Cry, le mal-aimé
Le vilain petit canard, celui que le grand public aime détester, et qui n'est pourtant pas si mauvais, loin de là. Disons que cet épisode partait mal, rendez-vous compte : Dante était devenu un teenager anglais et, comble de l'horreur, il n'avait plus les cheveux blancs. Lorsque l'on connait la réaction de la communauté gamer dès que l'on se met à chatouiller ses petites habitudes, on imagine sans mal l'angoisse qui a dû s'installer chez Ninja Theory, le studio occidental qui avait été choisi par Capcom pour raffraichir l'une de ces licences cultes, une pratique assez courante à l'époque (Castlevania chez Mercury Steam, etc).
Effectivement, le contexte habituel de la série avait été complètement dévié pour passer à quelque chose de beaucoup plus "émo", mais à moins d'avoir une quelconque dent contre ce parti-pris, il faut bien reconnaitre que les artistes du studio anglais ont un sacré talent. Certaines portions du jeu, comme le Lillith Club valent clairement le coup d'oeil, le tout "bercé" par les compositions torturées du groupe Noisia.
Mise à part ce changement drastique d'ambiance, DmC reste DMC : le but est toujours de faire les enchaînements les plus classes possibles en trucidant des démons par douzaines. Cet épisode se permettait même d'introduire une petite variante avec l'ajout d'une dualité de couleurs façon Ikaruga, demandant au joueur de dédoubler son cerveau en cours de baston afin d'équiper l'instrument le plus adapté aux streums qui lui font face.
Bayonetta ou la revanche de Kamiya
Et oui, Bayonetta, une héroïne qui n'a pourtant aucun lien de près ou de loin avec l'univers de Dante, pourtant, les deux personnages sont étroitement liés et pour le comprendre, un brin d'histoire.
Après avoir été assigné au petit studio Clover au sein de Capcom, Hideki Kamiya va avoir bien du mal à renouer avec le succès du premier Devil May Cry. Ainsi, après l'échec commercial de l'excellent Okami, l'éditeur nippon va décider de fermer Clover Studios : Kamiya a donc quitté son employeur en de mauvais termes, ce qu'il va s'efforcer d'exprimer via de petites piques régulières à Capcom dans un tout nouveau beat them all, Bayonetta, créé dans un tout nouveau studio, Platinum Games (Vanquish, Nier Automata).
Développé par la Team Little Angels (en opposition à la Team Little Devils de Devil May Cry), Bayonetta est en quelque sorte l'aboutissement du beat them all 3D façon Hideki Kamiya, un titre aussi barré que plaisant à prendre en main. Le gros des mécaniques reprend le meilleur de la série DMC et lui apporte même quelques petits ajustements comme le Witch Time, un ralenti qui s'enclenche dès que le joueur réussit une esquive correctement timée.
Mais c'est surtout au moment de ses cutscenes hilarantes que la sorcière se rapproche le plus du chasseur de démon : on ne va pas en faire l'étalage ici, mais les références et autres vannes en direction de Capcom ou de Dante y sont légions, et particulièrement délectables lorsque l'on connait le passé qu'entretient Kamiya avec son ex-employeur.