Si Io Interactive a bien cru perdre les droits sur la licence Hitman suite à sa séparation avec Square Enix, le studio danois aura finalement bien conservé celle-ci et sera même parvenu, en faisant preuve de volonté, à achever Hitman 2 malgré la vague de licenciement générée par cette scission. C'est désormais aux côtés de Warner Bros Interactive Entertainment que continuera l'aventure du tatoué crânien à partir du 14 novembre 2018 sur PC, PS4 et Xbox One. Différentes éditions sont proposées, de l'Édition Standard (59,99 €) à l'Édition Collector (149,99 €) en passant par les Éditions Silver (79,99 €) et Gold (89,99 €), proposant plus ou moins de contenu additionnel et de goodies. Une Édition Legacy rajoutera même à l'Édition Gold le Pack Legacy regroupant tous les épisodes de la saison 1 dans une version remastérisée et améliorée avec toutes les fonctionnalités introduites dans la saison 2 (foule, végétation, miroirs, ...). Ces derniers seront d'ailleurs offerts gratuitement en téléchargement aux possesseurs de la saison 1 dès la sortie du jeu.
Comme toujours, il s'agit d'un jeu d'infiltration où la discrétion et l'efficacité silencieuse seront les maîtres-mots. Et ce dernier devrait vous occuper plus de 100 heures selon le studio, sans compter l'apport de contenu par les mises à jour gratuites et les futurs DLC qui ne sauraient faire faute. Et il faut encore ajouter à cela les modes multijoueurs introduits pour la première fois dans la série : l'Assassin Mode et le Ghost Mode. Cela fait maintenant bientôt 20 ans que nous marchons aux côtés de l'Agent 47, le tueur à gages le plus infaillible que l'on connaisse et nous commençons à bien le connaître, alors est-il encore capable de nous surprendre ? C'est ce que nous allons voir.
- Genre : Infiltration et exécution furtive
- Date de sortie : 14 novembre 2018
- Développeur : IO Interactive
- Éditeur : Warner Bros Interactive Entertainment
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Prix : 59,99 € (Édition Standard), 79,99 € (Édition Silver), 89,99 € (Édition Gold), 149,99 € (Édition Collector)
- Testé sur : PC
La discrétion est une vertu silencieuse (Louis Deniset)
Bien qu'il s'agisse du septième titre consacré au tueur au code barre, Hitman 2 prend en fait la suite de l'histoire initiée par Hitman, sorti en 2016. Les dernières missions avaient été commanditées par un client de l'ombre ayant désigné comme cibles des agents de Providence, une organisation invisible ayant infiltré les hautes sphères du pouvoir et dominant le monde. Mais un agent de Providence, le Constant, fit appel à Diana Burnwood, l'agent de liaison de 47 avec l'ICA (International Contract Agency), l'organisation fournissant les meilleurs services de mercenaires et d'assassins à toute personne dont le portefeuille est suffisamment bien rempli, pour traquer et éliminer le client de l'ombre. En échange, il lui propose de fournir toutes les informations qu'il a sur le passé trouble de l'agent 47. C'est ainsi que 47 se lance, sans le savoir, à la chasse de son ami d'enfance, l'agent 6 qui, lui, contrairement à 47, se souvient très bien de tout.
Hitman 2 poursuit donc l'aventure débutée il y a deux ans, avec toujours le même principe de jeu basé sur des chapitres aux environnements distincts que l'on nous invitera à refaire plusieurs fois en changeant de méthode à chaque nouvelle exécution, mais il n'en reprend pas le modèle économique. Exit les épisodes téléchargeables, Hitman 2 revient sous une forme plus classique incorporant dès le départ tous les chapitres, ainsi que pour la première fois, des missions multijoueurs et la promesse de mises à jour régulières apportant du nouveau contenu.
Le jeu se lance sur une phase introductive rappelant la situation alors que 47 approche d'une plage à bord d'un pneumatique. L'ICA, afin de remplir le contrat qui lui a été confié sur la tête du client de l'ombre, a réussi à localiser Alma Reynard, un de ses meilleurs lieutenants. Elle se tient actuellement à carreau avec son équipe dans une magnifique propriété de luxe sise en bord de plage à Hawke's Bay, en Nouvelle-Zélande. Celle-ci détenant peut-être des informations sur son employeur ou sur d'autres cellules, voire sur les intentions de la milice, 47 doit s'introduire dans la demeure pour récolter des indices. On finira ainsi par apprendre que Robert Knox, un agent de Providence, effrayé par la vague d'assassinats des agents de Providence, a décidé de changer de camp. Il ne nous restera plus qu'à éliminer Reynard avant de quitter discrètement les lieux.
De Tokyo, Diana annonce alors à son meilleur agent, qu'il a désormais carte blanche pour traquer la milice. Perdu dans ses souvenirs, 47 quittera donc Wellington pour rejoindre Miami où se tient la course automobile de la Global Innovation à laquelle participe l'équipe de Kronstadt Industries, l'entreprise de Robert Knox qui a mis au point le moteur RK Mark 2, en parallèle à ses activités dans l'équipement militaire. Sans scrupules, Knox et sa fille Sierra n'ont pas hésité à négocier eux-mêmes la vente de drones au dictateur Jin Po et se sont ainsi rendus complices de crime de guerre. Sierra Knox, sans cesse à la recherche de la reconnaissance de son père, pilote elle-même sur le circuit. Nous devrons donc faire en sorte d'approcher le père comme la fille pour les éradiquer silencieusement. Nous partirons ensuite en Colombie s'attaquer à des barons de la drogue et continuerons ainsi à parcourir le monde à la recherche du client de l'ombre, mais aussi de notre passé.
Chauve qui peut
L'histoire de Hitman 2 reste quelque peu difficile à suivre et s'avère être surtout là pour servir de liant aux différents chapitres. Il est ainsi difficile de ressentir une quelconque empathie pour les personnages que l'on ne fréquente que de loin, mais là n'est clairement pas le cœur du jeu. Ce que l'on veut, c'est exécuter proprement nos cibles en faisant preuve, si possible, de créativité. Et pour cela, le titre met les petits plats dans les grands. Pour commencer, de nombreuses améliorations ont été apportées, à commencer par une IA plus efficace. Il faut éviter d'avoir un comportement suspect sinon les PNJ se poseront des questions et commenceront à s'intéresser de plus près à ce que nous faisons, risquant ainsi de donner l'alerte. Il va donc falloir être le plus transparent possible pour ne pas attirer l'attention, surtout qu'une fois repéré, la traque sera effectuée avec sérieux. Heureusement, outre les malles, placards, poubelles ou autres endroits où se cacher, il est désormais également possible de se dissimuler dans la végétation ou encore dans la foule.
Au titre des autres nouveautés, on peut citer l'exploitation bien plus poussée des miroirs qui peuvent maintenant nous faire repérer, une nouvelle carte, de nombreux nouveaux outils, les traces de sang sur les vêtements qui peuvent nous empêcher d'utiliser ceux-ci comme déguisement, les angles de vue des caméras, le picture-in-picture permettant de voir en direct les corps découverts, le déclenchement des recherches, ou les victimes de nos pièges. Il y a bien sûr le retour de la mallette réclamée par la communauté et qui peut même désormais être utilisée pour le combat au corps-à-corps, tout comme moyen de distraction ou encore pour "faire transporter par des ennemis des objets hautement volatiles ou sensibles vers d'autres zones gardées". Mais surtout, la très grande force de Hitman 2 réside dans son level design, une nouvelle fois incroyablement bien pensé et qui permet de faire de l'assassinat une véritable œuvre artistique jouissive lorsqu'un plan se déroule à la perfection et que l'on repart tranquillement une fois le boulot accompli proprement.
Les niveaux et leur interactivité forcent peut-être le respect, mais qu'en est-il du moteur graphique vieillissant du titre ? C'est sans doute une crainte justifiée, mais le résultat est bluffant grâce à un très bon travail effectué sur les jeux de lumière et les particules. Le moteur Glacier se vante de pouvoir afficher plus de 100 PNJ dans un même environnement et il faut bien avouer qu'il le fait bien. Les différents niveaux semblent véritablement vivants et fourmillent de détails, au niveau graphique comme au niveau sonore d'ailleurs. Les cartes sont d'immenses terrains de jeu regorgeant de pièces et de niveaux (9 à Bombay), tant et si bien que pour ne pas se perdre et se repérer correctement, il faudra un certain temps. De même, pour tout bien repérer et tout trouver, il faudra être patient et méticuleux. En revanche, le jeu est assez gourmand en ressources et pourra générer quelques soucis de framerate sur les configurations un peu chétives.
Si les animations du grand chauve sont plutôt soignées, ce n'est pas toujours le cas pour les autres, à commencer par les PNJ, dont le rendu est d'ailleurs parfois assez moyen, et qui se déplacent comme des quilles montées sur roulettes lorsque l'on passe au milieu de la foule, sans même sembler se rendre compte de quoi que ce soit, ce qui est fort regrettable. Autre regret, l'absence de version française, il faudra se contenter des sous-titres. Certains pourraient également s'offusquer du prix pour seulement 6 missions (comme Hitman 1) et un mode multijoueur assez limité, surtout si l'on compare à la vingtaine de missions proposées dans les titres précédents (Silent Assassin, Absolution). Il n'en est rien, car la philosophie a changé depuis Hitman (2016). Il s'agit en effet de proposer des environnements où il ne faut pas se contenter de remplir la mission, mais où il faut ensuite revenir à plusieurs reprises pour remplir divers défis et tout découvrir. À vous donc d'essorer dans tous les sens Hawke's Bay (Nouvelle-Zélande), Miami (États-Unis), Santa Fortuna (Colombie), Bombay (Inde), la Crique de Whittleton (quartier résidentiel aux États-Unis), l'île de Sgàil (Atlantique Nord), et Himmelstein (Autriche) dans l'Assassin Mode.
Hitmanland
Hitman 2 est avant tout un jeu d'infiltration où nous devons passer le plus possible inaperçu pour atteindre notre objectif. Pour cela, nous pouvons nous aider de notre instinct qui permet de repérer les caméras de surveillance, les gardes, la cible, mais aussi les autres éléments importants tels que les cachettes (poubelles, placards, rideaux, congélateurs, malles, ...) pour dissimuler les ennemis assommés ou exécutés, ainsi que les éléments du décor susceptibles d'être transformés en arme, conformément au slogan du jeu qui vous invite à "faites du monde votre arme". On peut également tuer à mains nues, à l'aide de poisons, avec une arme traditionnelle (couteau, pistolet, fusil, explosif, ...) ou encore avec la classique corde de piano. Pour détourner l'attention des gardes ou les attirer dans un coin sombre, on pourra aussi utiliser des subterfuges comme lancer une pièce de monnaie, allumer une radio ou au contraire arrêter une machine comme faire sauter les plombs. Pour franchir les portes fermées, nous utiliserons un crochet, à moins de préférer le pied-de-biche ou de disposer des clés bien sûr.
On peut très bien élaborer son propre plan, et le jeu s'avère alors à ce titre être un grand bac à sable, mais il y a aussi la possibilité de suivre des intrigues (le nouveau nom des opportunités) ou de les découvrir sur le terrain pour nous guider, ce qui est plutôt une bonne chose pour ceux qui souhaiteraient un petit coup de pouce. C'est un jeu où l'on se déguise beaucoup aussi, mais attention, car certains personnages sont alors susceptibles de nous connaître et s'étonneront donc devant ce rasé tatoué d'un code-barre, mieux vaut donc les contourner. Attention aussi à ne pas tuer d'innocents, notre score final en serait pénalisé. Or, le jeu repose sur un système de niveau de maîtrise propre à chaque environnement qui permet de débloquer des armes, gadgets, costumes ou points d'entrée pour explorer différents angles d'attaque. Une fois la mission accomplie, on nous encourage en effet à la tenter à nouveau en essayant de remplir certains défis (assassiner d'une certaine manière, découvrir certains éléments, rester entièrement invisible, ne pas changer de costume, ...), et le jeu peut alors s'analyser comme une sorte de puzzle game. Seul regret, on peut très bien valider un défi sans réussir pour autant la mission. Par exemple, s'il s'agit de tuer la cible dans un certain costume, il suffit de se le procurer et de foncer dans le tas, arme à la main, même si la mort nous attend au bout. Il est également tout à fait envisageable de rusher le jeu en quelques heures, certaines missions pouvant même être accomplies en quelques minutes, mais comme Hitman 1, le titre a clairement été étudié pour être rejoué et cela est d'une incroyable efficacité.
Enfin, abordons maintenant la partie multijoueur du titre. Pour commencer, celui-ci propose l'Assassin Mode intitulé The Last Yardbird que l'on peut réaliser en solo ou en coopération à 2 joueurs. Nous nous retrouvons ici à Himmelstein, en Autriche, sur un promontoire face au manoir de Guillaume Maison où va se dérouler le mariage de la fille de Dorian Lang et où Doris Lee est l'invitée d'honneur. Il s'agit là de nos trois cibles, anciens membres du gang des YardBirds de Aleksander Kovak, célèbres voleurs auteurs de casses spectaculaires. Suite au braquage du Shamal Casino qui a mal tourné, ils sont traqués par un gang du crime organisé et ont décidé de cacher le magot avant de se volatiliser. Mais suite à la découverte du cadavre de Kalvin Ritter, le cinquième membre du gang, ils souhaitent récupérer celui-ci contre la volonté de Kovac qui, du coup, a passé un contrat auprès de l'ICA.
Immobile, nous devons exécuter stratégiquement gardes et cibles en coordonnant nos actions en cas de coopération. Dès qu'un corps est découvert, l'alerte est donnée et les cibles tentent de s'enfuir. Si l'une d'entre elles y parvient, la mission est avortée. Mais il est difficile de camoufler nos victimes à distance, à moins de parvenir à les projeter dans la végétation ou dans l'eau. De plus, tirer à distance entraîne un petit contre-temps entre le tir et l'atteinte de la cible qui n'est pas gênant si celle-ci est fixe, mais qui s'avère fâcheux dès qu'elle entre en mouvement. Comme d'habitude, les victimes civiles font perdre des points, mais pas les gardes dont il faut exécuter le plus grand nombre possible, et les head shots rapportent plus de points. Une fois les trois cibles exterminées, la mission continue d'ailleurs tant qu'il reste des gardes. Attention, ceux-ci finiront aussi par prendre la fuite un par un. On peut aussi utiliser le décor comme moyen d'exécution (lustres, statues, haut-parleurs...). Des défis sont également proposés et un niveau spécial "Sieger 300 ghost" permet de débloquer des améliorations pour notre fusil. Présenté comme une démonstration au départ, l'Assassin Mode, sans casser trois pattes à un canard, s'avère finalement assez plaisant à jouer.
L'autre option multijoueur, le Ghost Mode, mise, lui, sur la compétition en un contre un. Nous démarrons au même endroit, visons la même cible et disposons du même temps imparti pour l'atteindre, mais dans deux mondes parallèles. Ainsi, nos actions n'ont aucune conséquence sur l'environnement de l'adversaire et nous ne pouvons donc rien faire pour contrecarrer ses plans. Finalement, le principe de jeu revient au mode solo, on se contente de voir l'ennemi évoluer avec un teint blafard, d'où le titre du mode. L'objectif est de tuer la cible le plus vite possible sans se faire repérer pendant 10 secondes pour gagner un point et le premier à atteindre 5 points l'emporte. Chacun commence dans la tenue de son choix, mais sans arme. À nous ensuite de se procurer ce dont nous avons besoin le plus rapidement possible, car une fois le temps imparti écoulé, la cible change. Des caisses fantômes sont également disséminés sur le terrain et permettent d'obtenir des costumes ou des armes. Globalement, ce mode est plutôt une bonne idée, mais il mérite encore d'être amélioré pour être vraiment convaincant. En même temps, il faut dire que c'est le dernier élément ajouté à Hitman 2 et qu'il est encore en version bêta, tous les espoirs sont donc encore permis à son sujet.
Pour finir, rappelons que Hitman 2, comme l'opus précédent, évoluera continuellement dans ce que IO Interactive appelle le "World of Assassination". Au fur et à mesure, de nouveaux éléments et modes de jeu seront donc ajoutés à Hitman 2, ainsi qu'à destinations du jeu précédent pour ceux qui possèdent le Pack Legacy. On obtiendra ainsi de nouveaux contrats, de nouveaux challenges, mais il faudra aussi compter avec Escalation (challenges à difficulté croissante) et les Elusive Targets. Et la première cible fugitive, on le sait, arrivera le 20 novembre à Miami. Il s'agit de Mark Faba, un ancien agent du MI5 devenu assassin indépendant et connu pour être "The Undying" (Le Revenant) du fait de son habitude à simuler sa propre mort. Sachant que c'est Sean Bean (Le Seigneur des Anneaux, Game of Thrones) qui interprète Faba, il s'agit là aussi d'un clin d'œil aux rôles tenus par l'acteur britannique qui l'amènent régulièrement à trépasser. Pendant une durée limitée de 14 jours (du 20 novembre au 4 décembre pour The Undying), vous pourrez tenter d'assassiner la cible fugitive désignée, mais vous n'aurez qu'une seule chance d'y parvenir. En cas d'échec, vous ne pourrez pas retenter votre chance, alors commencez déjà à vous préparer.
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