Financé sur Kickstarter en 2015, Battletech débarque enfin sur PC avec ses gros mechs ce 24 avril. Les fans de mechas à la sauce tactique sont gâtés cette année, puisque nous avions déjà eu droit à Into the Breach il y a peu. Comme mentionné plus haut, ce n'est pas la première fois que l'univers Battletech a droit à des jeux de type tactique/stratégie, puisque deux jeux étaient sortis respectivement en 1998 et en 2001 (oui ça remonte), alors que de leur côté, les jeux de pilotage, intitulés Mechwarrios, ont eu droit à plusieurs itérations. Voici finalement l'occasion de remettre cela avec un jeu moderne. Découvrez tout ce que nous en avons pensé ici.
- Genre : Tactique, Tour par tour, Gestion
- Date de sortie : 24 avril 2018
- Plateforme : PC
- Développeur : Harebrained Schemes
- Éditeur : Paradox Interactive
- Prix : 39,99 €
Mercschandising
Pour ceux qui ne connaissent pas bien l'univers de Battletech, la voie lactée est divisée entre de nombreuses maisons nobles rivales qui passent leur temps à comploter et à s'affronter. Les nombreuses tensions géopolitiques et le besoin de préserver une certaine face fait qu'elles ont souvent recours à des mercenaires pour faire leur sale boulot. C'est un de ces groupes de mercenaires que vous allez une fois encore avoir l'occasion d'incarner. En général, vous n'aurez ni cause ni loyauté en dehors des missions liées à l'histoire principale. Vous pourrez manger à tous les râteliers en choisissant parmi les différents contrats disponibles. Il est par exemple possible de se retrouver dans la position du défenseur, ou de l'attaquant pour la "même" mission en fonction de la faction choisie. Le paiement est ce qui compte le plus vu vos énormes difficultés financières, mais vous pourrez aussi choisir de monter votre réputation auprès de certaines maisons nobles afin d'obtenir des missions plus sensibles, des réductions et autres.
L'histoire principale est de bonne facture. Elle implique l'habituelle princesse en détresse qui veut rétablir la paix et la prospérité. Elle implique de nombreux personnages secondaires et de complexes discussions sur les machinations politiques de chaque faction. Vous pourrez librement discuter avec les nombreux personnages d'équipage et choisir entre plusieurs réponses au choix (même si cela n'a pas réellement d'impact). Cela risque de passer au-dessus de la tête de beaucoup, mais heureusement, la campagne principale n'est pas très envahissante, vous pourrez aller accomplir ses contrats spécifiques quand bon vous semblera. Vous serez donc rapidement libre d'errer dans une grande partie de la galaxie afin de travailler pour (ou d'affronter) presque toutes les maisons nobles de l'univers Battletech. Ce sera un excellent moyen pour mettre la main sur des technologies rares et leurs mechs spécifiques. Cette liberté est appréciable, même s'il est aberrants qu'il n'y ait aucune option pour accélérer ou passer les très (trop) nombreuses cinématiques de transition et d'animation de vol spatial. C'est tout simplement insupportable, le pire étant que vous allez avoir à les tolérer presque entre chaque mission, vu qu'il faut régulièrement changer de planète ou de système solaire. Même la touche "Echap" ne vous aidera pas dans certains cas. Espérons que cela sera rapidement modifié. Si on y ajoute le fait qu'il y a beaucoup de chargements ridiculement longs (même avec un SSD) entre le champ de bataille et le vaisseau, cela donne l'impression de passer son temps à attendre, ce qui est vite lassant.
Lors de vos nombreux voyages, vous aurez droit à des événements aléatoires similaires à de nombreux rogue-like ou à certains jeux de gestion, comme par exemple une attaque de pirates, une bagarre entre différents membres d'équipages, un appel de détresse, etc. À chaque fois, vous aurez à décider quoi faire, ce qui peut avoir des conséquences positives comme négatives. Il sera aussi possible de débloquer des événements et réactions spéciales en fonction des améliorations de votre vaisseau et de votre réputation auprès des factions. Même l'origine de votre personnage, choisie à sa création, a souvent un impact, on se croirait presque dans Pillars of Eternity. Ce petit côté aventure et vie quotidienne des mercenaires a son charme entre deux champs de bataille (et 10 transitions spatiales). Si après avoir payé vos factures, il vous reste de l'argent, vous pourrez en profiter pour acheter de meilleures pièces d'équipement dans les magasins, recruter de nouveaux mechwarriors, et améliorer votre vaisseau de différentes manières. Cet aspect gestion est assez sympathique et intéressant (surtout avec la négociation plutôt injuste des salaires des missions), sans être trop lourd et sans éclipser le cœur du gameplay : les combats.
Allons-y les mechs
Une fois le blabla et les chargements terminés, il est temps de découvrir le champ de bataille et ses protagonistes, les fameux mechs. Ces gigantesques monstres de métal bipèdes pèsent entre 20 et 100 tonnes et sont bardés d'armes. Les champs de bataille du futur ont bien changé grâce à eux (ainsi qu'avec l'interdiction des armes atomiques, biologiques, et des bombardements orbitaux). À mi-chemin entre l'infanterie lourde, le tank et la forteresse, ils impliquent d'adopter de nouvelles doctrines et tactiques de combat pour remporter la victoire. Le système de combat est au tour par tour, basé sur l'initiative de chaque mech et les compétences de son pilote. Il faudra faire usage des particularités propres aux mechs, qu'on ne retrouve généralement pas dans d'autres jeux tactiques. Ici, les couvertures n'ont que relativement peu d'impact, il faudra soit faire usage de l'agilité d'un mech pour esquiver les tirs grâce à sa vitesse, soit utiliser leurs énormes plaques de blindage pour éponger les dégâts. Après tout, il n'est pas difficile de toucher un robot de 15m de haut avec des missiles et des lasers. Une des tactiques de base qu'il vous faudra maîtriser est l'art de la rotation. En déplaçant et orientant bien vos mechs, vous pourrez forcer les tirs ennemis à toucher différentes parties qui ont encore toute leur armure ablative. De cette manière, vous pouvez préserver la structure interne de vos mechs, et en pratique n'avoir subi aucun dégât. Les plaques de blindage externe sont gratuites et changées automatiquement à la fin de chaque bataille (et sans délais), alors que les réparations sont à la fois extrêmement lentes et accompagnées d'un prix astronomique. Sans même parler de la possibilité de perdre définitivement des armes et composants rares.
Logiquement, vous allez vouloir faire l'inverse avec les mechs ennemis. Juste tirer sur un mech lourd depuis plusieurs directions ne va pas forcément accomplir grand chose à moins d'utiliser de nombreux tours de combat. Vous pouvez essayer de contourner le mech ennemi pour tirer dans le dos (où le blindage est très mince) ou concentrer vos tirs. Un peu comme dans un Fallout, vous pouvez ordonner à vos pilotes de viser une partie spécifique d'un mech ennemi. Toucher la tête pour tuer le pilote directement (et ainsi récupérer le mech presque intact) est tentant, mais extrêmement difficile et aléatoire. Par contre vous pouvez facilement toucher les jambes. En détruire une fera tomber le mech ennemi au sol, détruire la seconde le mettra hors de combat et permettra d'en récupérer une grande partie après la bataille. Si la situation est difficile, vous pouvez directement cibler le torse jusqu'à le faire exploser. Viser les bras peut aussi permettre de rapidement les désarmer et ainsi rendre un mech ennemi relativement inoffensif. Comme vous pouvez le voir, les options ne manquent pas, plusieurs approches sont fiables en fonction de vos priorités et besoins du moment. Les spécialisations de vos pilotes, mais aussi de vos propres mechs seront fondamentales pour décider dequelle approche utiliser. C'est un des points forts de Battletech : au premier abord les combats de mechs semblent assez superficiels, mais il y a plein de subtilités à maîtriser qui font toute la différence, comme la stabilité, la gestion de la chaleur, l'évasion, les senseurs, les tirs indirects, etc. De plus, il existe plus de 30 mechs différents, chacun ayant ses particularités en terme de poids, d'armement, de blindage, de mobilité et autres. Qui plus est, ils peuvent être lourdement modifiés dans l'atelier afin de les adapter assez librement. Vous pouvez transformer un mech en véritable plateforme lance-missiles à longue portée dénuée de blindage, ou le transformer en combattant de mêlée fait pour encaisser les coups par exemple.
Il faut un certain temps pour prendre tout cela en main, car il y a de nombreuses contraintes à respecter. Outre le poids maximum, il y a aussi les points d'attaque, et surtout la chaleur dégagée par les armes. Faire surchauffer son propre réacteur à fusion n'étant pas une riche idée, c'est ce qui limite grandement l'usage des armes à énergie, qui ont en contrepartie l'avantage d'être très légères. Les armes physiques conventionnelles, elles, ne dégagent que peu de chaleur, mais elles sont lourdes et demandent de prévoir des munitions (ce qui alourdit encore le mech). Si on ajoute à tout cela la gestion de l'armure pièce par pièce, des réacteurs de saut, des systèmes de refroidissement, le fan de mecha et l'ingénieur qui sommeillent en vous pourront s'en donner à cœur joie. Bien préparer ses mechs est donc vital pour dominer le champ de bataille. Il faudra concevoir une équipe adaptée à la mission ainsi qu'au lieu où celle-ci se déroulera. Vos mechs sont plus faciles à refroidir dans l'arctique que dans un désert. En jouant bien là-dessus, vous pourrez avoir d'énormes différences en termes de performances ou mettre en place des stratégies spécifiques. Par exemple, les armes physiques déstabilisent les mechs ennemis, avec assez de missiles et de tirs vous pouvez les faire tomber au sol sans avoir détruit les jambes, ils sont alors exposés à des tirs ciblés gratuits, ce qui est parfait pour les dessouder avec précision.
400 tonnes de stratégie
Une fois maîtrisée, la personnalisation des mechs est probablement une des facettes les plus intéressantes du jeu. Il est dommage que les développeurs se soient tiré une balle dans le pied en imposant une escouade fixe de seulement 4 machines. Non seulement c'est très peu, mais c'est en plus un coup mortel porté à la variété des mechs. Pour mémoire, dans MechCommander 1 et 2, vous aviez des limitations de poids pour chaque mission, vous pouviez par exemple embarquer jusqu'à 200 tonnes. Cela vous offrait une grande flexibilité tactique. Vous pouviez par exemple prendre un mech d'assaut de 100 tonnes pour la puissance de feu et encaisser les coups, un mech de reconnaissance de 20 tonnes avec des senseurs longue portée afin de repérer les ennemis de loin et avoir l'initiative, un mech moyen de 50 tonnes en support à longue distance, et un mech léger de 30 tonnes pour contourner les mechs ennemis et leur tirer dans le dos. Vous pouviez aussi prendre 2 mechs de 100 tonnes, ou 10 mechs de 20 tonnes, si telle était votre envie et votre stratégie. Chaque approche avait ses mérites. Ici, vous pouvez oublier tout ce que nous avons écrit au-dessus. Vous êtes forcé de prendre les mechs les plus lourds, et donc puissants, que possible. Les gains de mobilité des mechs légers n'ont une utilité qu'anecdotique dans le meilleur des cas. Les rares missions dans lesquelles leur mobilité permettrait d'accomplir l'objectif puis de fuir peuvent tout aussi bien être accomplies en détruisant tout sur son passage.
Choisir de ne pas prendre que des mechs ultra-lourds est uniquement se pénaliser soi-même, puisqu'avec l'avancée de la campagne, vos adversaires vont gagner en puissance. Prendre un mech léger est tout simplement prendre une pénalité, il n'a ni l'armure ni la puissance de feu requise pour affronter les nombreux mechs d'assaut que l'ennemi finit par vous envoyer. Il y a une limite à ce que les tactiques peuvent accomplir, après tout. Quand la différence en tonnage est trop élevée, il n'y a rien qui peut être fait. Tout cela pour dire, encore une fois, que les escouades imposées de 4 mechs sont une aberration absolue dans ce jeu. Une grande partie de la flexibilité, de la variété et des stratégies ont été tuées dans l'œuf. Le meilleur choix se résume donc à prendre 4 gros mechs d'assaut de 90 à 100 tonnes et à utiliser la force brute, car c'est la seule alternative viable dans 90% des missions, et la plus rentable dans 100% des cas, puisque vous avez droit à des récompenses additionnelles en tuant tous les ennemis. Quel gâchis ! Le problème n'est pas présent en multijoueur puisque vous ne disposez que d'un budget limité pour composer votre équipe, ce qui montre bien que les développeurs sont plus ou moins conscients du problème.
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