Les G2 esports dominent indubitablement les LCS en Europe, après leur large victoire face aux UoL dimanche. Leur règne commence en 2016, lors de leur première participation au Spring Split qu'ils remportent haut la main en gagnant quinze des dix-huit matchs de la saison régulière. Pourtant, cette succes-story à l'européenne – on précise bien à l'européenne - prend du temps à démarrer. Le club créé en février 2014 par Carlos «Ocelote» Rodriguez rencontre plusieurs échecs sur son chemin vers la qualification aux LCS.
Il faut attendre deux ans pour que, comme un symbole, les G2 prennent la place de l'ancienne équipe de son fondateur, les SK Gaming, au cours d'un BO mémorable gagné trois à deux. G2 entame alors une phase de recrutement importante en signant Kikis, Emperor et Trick. Six mois plus tard, avant le début du Summer Split, ce sont Zven et Mithy, ex-Origen, qui renforcent l'équipe. Kikis, sur le point de partir chez Fnatic, est remplacé par Expect. Malgré ces bouleversements de roster, les G2 écrasent leurs concurrents lors du Summer Split, faisant totalement oublier les débuts difficiles du club.
Ocelote, ex-joueur pro et fondateur de G2 Esports
L'emprise des G2 sur l'Europe
Le succès durable de G2 sur la scène européenne s'explique à travers sa line-up. De façon assez évidente, la composition de l'équipe joue un rôle prépondérant. Chaque position est occupée par un joueur de très haut niveau, avec un pool de champion capable de s'adapter aux différentes méta. Ces aptitudes sont récompensées à la fin du Spring Split de 2016. Le jungler coréen Trick est élu MVP et, Perkz, le midlaner, est nommé meilleur jeune joueur. Les deux bot laners Zven et Mithy jouent ensemble depuis 2015 et peuvent être considérés, sans trop de débats possibles, comme le duo bot le plus fort en Europe.
La qualité de l'effectif du club espagnol, que toute la scène reconnaît, assure donc à l'équipe d'excellents résultats. Pourtant, cette réalité ne se traduit pas statistiquement. Les G2 jouent, en moyenne, quasiment les parties les plus longues avec 37,8 minutes. Un chiffre qui pourrait mettre en lumière leur relative faiblesse en début de partie... Mais sont-ils vraiment si faible en early ? S'ils n'affichent que 46% de premiers sangs (6e des LCS EU), ils prennent 64% des premières tours, le second meilleur ratio derrière H2k ! Ils ont aussi le 2e ratio pour le premier dragon pris, ainsi que le second meilleur pour les trois premières tours détruites. Ils ont donc corrigé le tir depuis le début du split.
La line-up des G2 depuis Janvier 2016
La confiance semble s'être accrochée aux épaules des G2. Ils remportent en moyenne 80% de leurs parties depuis début 2016 en saison régulière. Un signe qui ne trompe pas, les rencontres serrées tournent en leur faveur. Comme lors de la finale, ou même la demi-finale face aux Fnatic, où l'équipe réussit à résister aux stratégies ultra-agressives, et ne se laisse pas emporter par le jeu adverse. Calmes et calculateurs, les G2 ne laissent rien au hasard après un travail acharné.
L'équipe espagnole semble s'être consolidée grâce à ses expériences passées et de surcroît impressionne ses adversaires. Or, cette capacité, bien que très prolifique pour la scène européenne, semble au contraire tout à fait destructrice pour les compétitions internationales, puisque G2 ne réussit pas à évacuer son traumatisme du MSI 2016, et aligne depuis les mauvaises performances.
Perkz et Trick victorieux
Les G2 à l'étranger depuis 2016
Le Mid-Season invitational de 2016 provoque un déchaînement de critiques de la communauté européenne, déçue de voir la meilleure équipe du continent sombrer face aux concurrents étrangers. Les Gamers 2, coachés par le vétéran Youngbuck, ne remportent aucune partie contre les favoris, perdant deux à zéro contre SKT T1, CLG, Flash Wolves et Royal Never Give Up. En septembre 2016, les Worlds confirment le malaise. Bien que profitant d'un statut de first seed, les G2 ne parviennent pas à sortir des phases de groupe. Ils ne remportent qu'une victoire face aux Albus NoX Luna: un échec qui fait renaître les critiques adressées à la suite du MSI.
Les IEM Katowice de ce mois de février, bien que délaissés par les grosses écuries internationales, représentaient pour G2 un moyen de faire table rase du passé. Arrivant avec un statut de favoris, les G2 déçoivent (encore) en perdant la finale deux à zéro face aux Flash Wolves. Cette fois-ci, ils arrivent en finale mais plus de 10 heures de matchs consécutives pour les Européens peuvent expliquer cette finale si décevante.
Les G2 lors des IEM Katowice 2017
On compte 15 défaites et 7 victoires sur l'ensemble des parties disputées par G2 lors des événements internationaux auxquels l'équipe a participé depuis 2016. Un ratio déjà très faible, qui devient déplorable lorsqu'on sait que sur 7 victoires, 3 d'entre elles sont contre des équipes européennes rencontrées au cours de ces tournois internationaux - l'une d'entre elles issue des Wild Cards. G2 perd en moyenne 79% de ses matchs contre des équipes étrangères. Si l'on compare à son pourcentage de victoire en LCS en saison régulière qui atteint 80% sur les splits de 2016 et 2017, on se rend tout à fait compte de l'écart abyssal des performances de G2.
Expliquer de tels écarts paraît compliqué. Les G2, au style très orienté macro , jouent un jeu maîtrisé depuis 2016. Il n'est pas question de picks hors méta. Prenons les Worlds de 2016, les 3 champions les plus joués de la compétition sont Jhin avec 39 participations, Karma 37 et Lee Sin 37. G2 aligne à plusieurs reprises chacun de ces champions. Impossible de blâmer les mauvaises performances sur de mauvaises drafts donc. On pourra par contre leur reprocher d'être trop prévisible, s'appuyant justement beaucoup sur ces picks méta.
Il reste néanmoins réducteur de présenter G2 comme ayant pour seule stratégie d'atteindre le late game. On constate, par exemple, que les G2 ne sont que 6ème au classement des équipes jouant les matchs les plus longs lors du Summer Split. C'est ce manque de certitudes des G2 sur la scène internationale qui les empêche d'imposer leur style. Contrairement aux Origen de 2015 par exemple, moins méticuleux, mais plus imprévisibles et courageux (les picks d'Anivia d'xPeke) qui en venait à poser problème aux meilleures équipes.
Fan art des G2 avec un accessoire représentant leurs champions
Les récents IEM Katowice confirment l'incapacité de G2 à mettre en place sa macro game avec sérénité. L'équipe, performante pendant les parties longues, ne parvient pas à l'emporter comme elle le fait face aux Européens quand les minutes défilent. En finale, la première manche face aux Flash Wolves reflète cette difficulté pour G2 à profiter d'un secteur de jeu dans lequel ils excellent d'habitude. Passé les 30 minutes, G2 et FW ont un écart de gold inférieur à 4k. La situation tourne en faveur des Taïwanais qui contrôlent mieux la vision autour du Nashor et force des teamfights dans lesquels ils ont l'avantage. Battus à leur propre jeu, les G2 s'inclinent logiquement.
G2 eSports devra passer outre ces désillusions avant le MSI qui aura lieu au Brésil d'ici quelques semaines. Les spectateurs européens les attendent au tournant, et souhaitent voir l'équipe qu'ils regardent chaque semaine jouer enfin à son niveau.
Trailer de reprise du Spring Split LCS EU 2017 - League of Legends | |