Test de For Honor
Découvrez notre avis sur For Honor, le dernier titre axé multijoueur des studios Ubisoft Montréal disponible sur PC, PS4 et Xbox One.
Refaire l'Histoire
Le principe à la base de For Honor est on ne peut plus simple : «qui des chevaliers, des vikings ou des samouraïs sont les meilleurs guerriers de l'histoire». Pour justifier ce joyeux bazar guerrier, Ubisoft nous a préparé une guerre millénaire et une faction maléfique menée par Apollyon, la grande méchante du jeu. Le tout est conté dans une campagne solo typique des jeux orientés multijoueurs, à comprendre que si elle se laisse jouer et propose quelques séquences intéressantes, il ne s'agit finalement que d'un tutoriel grandeur nature vous permettant un premier contact scénarisé avec les différentes classes de héros. Le gros morceau de FH se situe donc dans ses batailles PVP, qui demanderont aux joueurs d'endosser l'un des 12 héros (4 par faction) dans des rixes chargées en sueur et en hémoglobine. Et comme pour accrocher un peu plus le joueur, les équipes de développement ont jugé bon d'ajouter une dimension loot / statistiques à la progression des différentes classes. Des composantes plutôt étonnantes et qui ne sont d'ailleurs actives que dans certains modes de jeu (tous ceux en 4V4), mais qui permettent, en quelque sorte, «d'en refaire une petite pour la route». Car pour améliorer son équipement, le joueur devra engranger un maximum d'acier et de composants et ainsi faire grimper le rang de ses meilleures pièces. S'il est plutôt courant de voir ce genre de personnalisation dans les jeux modernes, le bât blesse clairement du côté des micro-paiements et autres DLC.
Les moins dupes auront déjà décelé la supercherie dès les bêtas fermées : tout cet aspect leveling cache en fait un système de paiements subsidiaires particulièrement onéreux et nauséabond. Pour rappel, FH est un jeu vendu plein tarif, il n'est donc pas normal d'y voir concentrer toutes les pires pratiques du free-to play moderne : micro-transactions, contenus téléchargeables, statut premium accélérant la montée en expérience, season-pass... «Oui mais ce n'est pas nécessaire de payer puisque tu peux tout acheter avec l'argent du jeu», l'argument reste recevable pour le moment (et encore), reparlons-en dans quelques semaines lorsque les plus fortunés d'entre nous seront équipés comme des machines de guerre pendant que le reste du monde se forcera à se connecter quotidiennement pour gagner quelques pièces. En plus de laisser un goût amer en bouche, tout ce modèle économique gangréneux fait du Dominion (nous y reviendrons un peu plus bas) le concours de celui «qui a la plus grosse», un mode dans lequel les payeurs règneront probablement en maître d'ici quelques temps alors qu'il devait être le fer de lance de la stratégie en équipe dans For Honor. Tempérons tout de même en précisant qu'il est tout à fait possible de jouer sans les statistiques et les aptitudes dans les modes de partie personnalisées, en espérant que le compétitif, censé arriver dans le prochaines semaines, adoptera ce format «sans stuff».
La guerre des modes
For Honor propose 4 modes de jeu différents : le Dominion, le versus, la rixe et le 4V4. Le premier est clairement le plus original, puisqu'il propose de la capture de points teintée de quelques variantes, comme de la régénération de vie sur les bases alliés et une zone centrale dans laquelle il faudra bastonner du petit soldat pour espérer en prendre contrôle. Une fois qu'une équipe est à 1000, les adversaires n'auront alors plus aucune chance de respawn, à moins qu'ils réussissent à refaire passer les points sous le millier. En équipe organisée, le potentiel de ce mode est indéniable et permet des retournements de situation ajoutant encore un peu plus de tension aux parties, a fortiori si l'on ajoute la petite composante MOBA-esque des aptitudes se débloquant au fur et à mesure de vos assassinats. Le duel, comme son nom l'indique, propose quant à lui des affrontements en face à face classique à la manière d'un jeu de combat. La rixe repose sur le même principe mais avec 2 joueurs ce qui, mine de rien, permet quelques coups de Trafalgar bien sympas, comme d'ignorer l'ennemi qui vous fait face pour rusher sur son collègue sans demander son reste. Enfin, les modes en 4V4 proposent des cartes bardées de power-up placées de manière stratégique, favorisant ainsi les rebondissements et les remontées spectaculaires. A ce titre, ces parties nous sont apparues les plus propices à l'affrontement à un contre plusieurs, des situations qui ont souvent été considérées comme désespérées lors des différentes phases de test.
Il faut dire que pour le néophyte, le gameplay de For Honor est assez difficile d'accès et il est d'ailleurs hors de question d'espérer se jeter dans la mêlée sans avoir effectué les tutoriels proposés d'emblée en lançant le jeu pour la première fois. A vrai dire, For Honor est quasiment un nouveau genre de jeu à lui tout seul, tant il s'écarte des brawlers traditionnels, afin de proposer quelque chose plus posé, plus lourd et au final beaucoup plus riche que la concurrence. Les mécaniques s'articulent autour de 3 postures qui déterminent dans quelle direction vous allez frapper et dans laquelle vous vous défendez. On retrouve alors les notions d'attaques faibles et fortes, de parades timées et d'esquives, puisque de base, les affrontements sont pensés avant tout autour du duel. Autour de cette base du pierre, papier, ciseau guerrier viennent se greffer tout un tas de mécaniques enrichissant le gameplay de manière drastique. Chaque classe de héros dispose de ses propres techniques spéciales, de ses propres caractéristiques et de ses propres statistiques de base, allant de la vitesse de déplacement à sa résistance aux dégâts de blocage. Notons également le redoutable brise-garde permettant de stun un adversaire quelques secondes afin de lui asséner une attaque puissante ou de tout simplement l'envoyer valdinguer dans un ravin. L'ensemble est donc particulièrement riche et jouit d'une marge de progression très élevée, une prise de risque franchement réussie de la part d'Ubisoft Montréal, reste maintenant à déterminer si le jeu saura se montrer intéressant sur le moyen / long-terme, lorsque de nombreux joueurs auront acquis la pleine maitrise de leur héros de prédilection. A noter que FH propose un système de saison pour son mode guerre de factions cross-platform permettant d'attaquer ou défendre des territoires avec des ressources de guerre engrangées au combat : un mode à l'issue encore mystérieuse mais qui devrait, semble-t-il, laisser des marques indélébiles dans l'univers du jeu.
Clash royal
Testé sur PC, For Honor est juste un petit bijou techniquement parlant : les cartes fourmillent de détails et distillent des ambiances particulièrement réussies, tandis que les animations des guerriers sont criantes de réalisme, avec des coups portés à l'impact bien senti. Après différents tests et retours glanés sur le net, le titre d'Ubisoft Montréal est aussi très bien optimisé et reste flatteur pour la rétine, même avec une configuration plus modeste. Cependant, il manque quelques facteurs d'ambiance pour que l'extase soit totale, le jeu est par exemple dépourvu de toute musique, ou alors deux ou trois pistes lors des moments tendus, mais tellement oubliables que vous ne les remarquerez de toute façon pas. Peut-être est-ce volontaire, afin de laisser la place aux sons des combats, une donnée ô combien importante pour anticiper les assauts ennemis. Petite parenthèse sur les serveurs à l'heure actuelle : malgré une alpha et plusieurs bêtas, des déconnexions surviennent toujours et la déconnexion des joueurs au cours des parties cause parfois des freezes de l'action qui sera, en quelque sorte, rembobinée 2 à 3 secondes auparavant, ce qui peut être très, très frustrant. Enfin, les temps de chargement entre les parties sont encore trop longs et ne permettent pas d'enchaîner les parties de Dominion ou de 4V4 si trop de joueurs quittent le HUB, ce qui, on l'espère, sera corrigé lors d'un prochain patch.
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Les plus et les moins |
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Gameplay original et technique. | Modèle économique de f2p dans un jeu payant : micro-transactions + statut premium + season pass... |
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Techniquement sublime. | Campagne solo vite jouée, vite oubliée et à la connexion internet requise. | ||||
Optimisation sur PC réussie. | Un système d'équipement et de stats dont on se serait finalement bien passé. |
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Marge de progression très marquée. | Problèmes de serveurs, encore et toujours. | ||||
Quelques classes vraiment chouettes à jouer. |
Certaines aptitudes trop puissantes à l'heure actuelle (l'arc par exemple). |
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La promesse de nombreux contenus gratuits dans les prochains mois. |
Parfois brouillon, UI trop chargée en Dominion. |
Testé sur PC