Près de 20 ans après la sortie de Shenmue premier du nom, Yu Suzuki va enfin pouvoir nous livrer la suite de l'histoire de sa saga débutée sur la vénérable Dreamcast de Sega. Dans ce dossier, nous reviendrons sur les personnages et les forces des deux premiers opus, afin de se souvenir pourquoi bon nombre d'entre nous sont tombés sous le charme des aventures de Ryo.
Yu Suzuki : Biographie
Né le 10 juin 1958 et élevé dans la préfecture d'Iwate au Japon, il est l'aîné d'une famille de deux enfants dont les parents sont tous les deux instituteurs. Dès son plus jeune âge Yu fut encouragé par son père à prendre goût à la musique et aux arts en général. Avant d'entrer au lycée, Yu Suzuki flirta avec l'idée d'entrer dans l'éducation, comme ses deux parents avant lui. Plus tard, il espéra devenir illustrateur puis dentiste, cependant il ne réussit pas à passer l'examen d'entrée pour cette dernière profession.
En constatant les similitudes entre les briques en plastique avec lesquelles il jouait lorsqu'il était enfant et l'architecture des circuits électroniques, Yu Suzuki décida de poursuivre des études de programmeur à l'université des sciences d'Okayama. Il en sortit diplômé en 1980.
Yu rejoint alors SEGA en 1983 en tant que programmeur. Au cours de sa première année, il créa un jeu de boxe arcade en 2D appelé Champion Boxing, qui fut ensuite porté sur la première console de salon de la marque japonaise : la SG-1000. Puis il commença à travailler sur un autre titre arcade, qui fut le premier tournant de sa carrière, le jeu de motos Hang-On, sorti en 1985. Une vraie révolution pour l'époque, puisque les mouvements traduits à l'écran étaient dictées par ceux du joueur dans une cabine en forme de vraie moto. Cette borne allait lancer la grande mode du motion gaming et des cabines hydrauliques utilisées dans de nombreux jeux d'arcade des années 80. Tournant sur le moteur Sega Space Harrier, Hang On fut aussi l'un des premiers titres à utiliser le Super Scaler de Sega, une technologie qui permettait de simuler un effet 3D, même à hautes fréquences.
Plus tard la même année, le programmeur se mit ensuite sur une déclinaison TPS de ce format 3D avec Space Harrier, puis sur un jeu de courses arcade mettant en scène des Ferrari (un constructeur automobile dont il est fan) appelé Out Run. Suzuki continua d'améliorer son expérience sur le Super Scaler et il sortit G-LOC, une shoot aérien se déroulant dans une cabine gyroscopique qui tourne sur 360°, donnant ainsi l'illusion aux joueurs d'être réellement plongé dans un cockpit.
Très intéressé par la 3D, il se mit à travailler sur un système arcade qui autoriserait un gameplay en trois dimensions et appelé SEGA Model 1. Ainsi, en 1993, AM2 sortit Virtua Racing, un des pionniers de la 3D et un titre considéré à l'époque comme étant le plus réaliste jamais réalisé. La même année, Yu Suzuki conçut Virtua Fighter, un jeu tournant sous le même système que Virtua Racing et qui devint un véritable phénomène dans les salles enfumées japonaises, il est aussi le jeu qui inspira des séries telles que Tekken ou Soul Calibur. Certaines personnes à l'origine du hardware de la première Playstation citent aussi Virtua Fighter comme une de leurs principales inspirations.
Lors de la conception du SEGA Model 2, Yu Suzuki acquit la technologie militaire de texture mapping appelée Lockheed Martin pour quelques millions de dollars et réussit à en tirer des puces coûtant aux alentours de 50$. Ces dernières furent introduites pour texturer les personnages en 3D de Virtua Fighter 2. Le jeu de baston introduisait aussi la motion capture, qui n'était auparavant utilisé que dans le domaine médical.
Rebelote avec le System 3 et son ambassadeur, Virtua Fighter 3, un titre techniquement impressionnant pour l'époque. Il est à noter que Yu Suzuki supervisait les portages de tous ces jeux de l'Arcade vers les consoles de salon. Il exerça aussi la profession de producteur sur des titres à succès comme le jeu de courses Daytona USA, ou Virtua Cop, le célèbre rail-shooter.
Mais le véritable coup de maître de Yu Suzuki n'est autre que la saga qui nous intéresse aujourd'hui : Shenmue. Avec Shenmue, le développeur souhaitait créer un tout nouveau type de jeu d'aventure en sortant le genre de ses poncifs. Suzuki avança alors le concept FREE (pour Full Reactive Eyes Entertainment) et qui permettrait, comme son nom l'indique, de donner aux joueurs un contrôle total de son environnement. Shenmue fut pendant très longtemps le jeu le plus cher jamais réalisé, avec un coût de production de plus de 70.000.000$. Pour la suite, rendez-vous dans les prochaines pages où nous nous attarderons sur tous les titres qui composent cette saga légendaire du jeu vidéo.