Yogg Saron, la fin de l'Esport sur Hearthstone ?
Le rire de Ben Brode, le concepteur de carte en chef d'Hearthstone, résonne encore dans nos têtes lors du stream de présentation de l'extension des Dieux très anciens. En effet, apparaissant aux yeux de tous comme une douce folie totalement injouable en mode compétitif, la communauté hearthstonnienne a d'abord pris le parti de dénigrer le maître des bas-fonds d'Ulduar en raison de son "aléatoire" beaucoup trop important. Le temps a fait son œuvre laissant Trolden, Rage Orc ou encore Spark TV abonder dans notre fil d'actualité, rapportant quotidiennement les exploits de Yogg-Saron.
Ce dernier retournait donc les parties d'une main de maître, à l'avantage de celui qui avait osé demander son aide. Ainsi, les plaisanteries bon enfant de ses débuts ont rapidement laissé place à l'humour noir et à la rage incommensurable de joueurs comme Xixo, Xzirez ou encore de Kolento, frustrés de s'être fait éjecter d'un tournoi à cause de l'aléatoire de Yogg-Saron.
Le premier homme à avoir marché vers le Dieu très ancien fut Tars. Il remporta de nombreuses parties grâce à son deck Token Druide Yogg-Saron Pierre d'invocation devant plus de 100 000 spectateurs, ébahis et hilares l'ayant pris pour un fou.
Ce fut le premier coup d'éclat de Yogg-Saron en compétition. Cependant, il n'existait pas encore de deck suffisamment fort pour gagner un tournoi majeur. C'était sans compter le deckbuilder de renom J4CKIECHAN et sa version du Token Druide plus stable que celle de Tars avec laquelle il a pu ainsi accéder à la finale de la Seatstory Cup V pour finalement perdre contre l'Allemand Lifecoach. Il manquait donc un souffle, un brin de chance supplémentaire et notre bon Yoggy pouvait prétendre au titre du plus fort des Dieux très anciens. Le deck de J4ckie a rapidement été adopté et amélioré par les joueurs du Top ladder, notamment la version de l'allemand Senfglas, qui s'est imposée comme le nouveau standard de l'archétype.
Ce vent de fraîcheur ou de sang, à votre guise, fut Karazhan, la dernière extension de Blizzard qui rajouta neuf sorts, portant le total de sorts jouables à 225. Tous ces sorts ont des effets bénéfiques pour le joueur qui lance Yogg dans la bataille, avec notamment les Portails. Ajoutée à cela, l'arrivée des Géants arcaniques a permis, sous l'impulsion de Xixo, de faire évoluer le deck vers un Druide Malygos, capable d'infliger de lourds dégâts aux adversaires.
Coût : 10 780
Ce nouveau deck se base sur une multitude de sorts de gestion pour contrôler le début de partie, d'accélérateurs de mana pour sortir l'artillerie lourde plus rapidement, des grosses créatures pour mettre sous pression l'adversaire en la présence des géants et enfin Malygos pour achever notre adversaire. Là où le Druide Token péchait par manque de value ou par un plan de jeu trop linéaire, le Druide Malygos a, quant à lui, plusieurs win conditions installant une menace aveugle lors d'une partie.
Bien évidemment, il reste à évoquer une carte : Yogg-Saron. Il y occupe plusieurs postes : nettoyeur, piocheur et créateur. Son inconvénient serait donc son aléatoire mais, à y regarder de plus près, et après des milliers de parties, il semble possible de savoir ce qui va se produire. OUI OUI, prévoir l'aléatoire, vous avez bien lu ! Le site Hearthhead avait dressé une liste des sorts bénéfiques, risqués et néfastes lors de la sortie de l'extension des Dieux très anciens. Après quelques recherches et en ajoutant les nouvelles cartes de Karazhan, les pourcentages bénéfiques augmentent passant de 49% à 51%. Les pourcentages risqués ne bougent pas mais se révèlent en réalité souvent bénéfiques. Hearthhead a considéré le sort brut et non la mise en situation de Yogg-Saron. Ce dernier n'est pas joué lorsque nous avons le "board control". Il est joué avec maîtrise, au bon moment par les bons joueurs, lorsque Yogg affronte un board adverse fourni, lorsque notre main est faible et enfin quand l'adversaire n'a quasiment plus de points de vie (ce dernier cas reste rare). Ainsi, les sorts qui ciblent comme une Boule de feu, une Colère, un Siphonner l'âme ont plus de chance de se diriger vers une créature adverse que vers une des nôtres. De l'importance de l'article défini et indéfini.
On comprend que le pourcentage de sorts risqués peut se glisser dans la case des sorts bénéfiques. En considérant que Yogg est joué face à cinq créatures adverses. Cela fait 7 cibles. Il y a 40% environ de "sorts risqués" selon Hearthhead ce qui fait 28% de sorts favorables en arrondissant grossièrement. Ces pourcentages favorables passent désormais à 79% de chance de voir notre objectif atteint. Nettoyer le terrain pour placer les géants derrière ou Malygos, voilà le but de Yogg-Saron en plus de piocher s'il le veut. Fou ce Yogg ? Non pas vraiment...