Sorti il y a déjà quelques mois, STALKER 2 s'est avéré assez décevant. Même si on excuse volontiers ses développeurs ukrainiens, il faut tout de même trouver sa dose de survie en milieu radioactif quelque part. C'est là qu'arrive Atomfall, avec ses points communs, mais aussi des différences notables. Exit l'Europe de l'Est déprimante contemporaine, il est temps de mourir dans la campagne champêtre du Royaume-Uni d'après-guerre.
- Genre : FPS, Action-aventure, Immersive sim
- Date de sortie : 24 mars 2025
- Plateformes : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series
- Développeur : Rebellion Developments
- Éditeur : Rebellion Developments
- Prix : 49,99 € pour la version de base, 69,99 € pour l'édition Deluxe
- Testé sur : PC
Du polonium dans votre thé ?
L'histoire d'Atomfall démarre en 1956, lors d'un accident grave dans la centrale nucléaire de Windfell, située dans le nord de l'Angleterre. Une zone de quarantaine est établie et l'armée y a été envoyée en force pour régler la situation, mais étrangement, personne ne peut plus en sortir. Les hélicoptères s'écrasent et même les signaux radio sont coupés. Cinq années s'écoule sans la moindre résolution en vue, ce qui place cette catastrophe en seconde position, juste derrière le Brexit, en termes de gravité. On se réveille au fond d'un bunker abandonné de la zone. Le fait qu'on soit le protagoniste de cette histoire ne fait aucun doute, puisqu'on est amnésique.
Animé par un désir de découvrir ce qui est réellement arrivé et surtout, de s'extirper d'une région dépourvue du Wifi, on se lance à l'aventure. La situation est étrange, avec des cabines téléphoniques caractéristiques rouges vous laissant des messages cryptiques et un univers uchronique, puisque des robots de combat hostiles alimentés par des transistors parcourent la zone. Cela pourrait donner l'impression de jouer à Fallout London, si les lieux n'étaient pas aussi verdoyants et si les villageois n'oubliaient pas de prendre leur thé à l'heure. La culture spécifique de cette région et de la période suivant la fin de la Seconde Guerre mondiale s'avèrent dans tous les cas rafraichissants.
Tout ça a une explication qu'il vous faudra découvrir en explorant, en fouillant les archives et en interagissant avec les différentes factions. Entre les hors-la-loi, les militaires autoritaires, les civils désespérés, les druides adeptes d'un retour littéral à la terre et les monstruosités infectés, il y a de quoi faire. À vous de voir avec qui vous allez coopérer ou non, puisqu'il y a plus d'une manière de finir le jeu. Un nombre assez élevé de quêtes et d'intrigues vous attendent pendant que vous tentez de démêler les fils de l'histoire. Atomfall nous laisse même adopter une approche radicale, comme tous les PNJ importants liés à l'histoire et aux factions peuvent être tués sans se retrouver bloqué. Mais faire couler le sang n'est pas toujours la meilleure option, tant que vous gardez vos distances et que vous n'empiétez pas sur leur territoire, les autres humains ont tendance à vous laisser tranquille.
Preydaté
Atomfall n'est pas un jeu de survie en monde ouvert, mais plutôt une Immersive Sim. Le titre le plus proche venant en tête est l'excellent Prey, du studio Arkane, avec lequel il partage un nombre étonnant de similitudes : l'isolation dans une zone hostile dont il faut s'échapper, le fait de s'injecter un liquide suspect pour débloquer des compétences et surtout, la grande liberté d'action offerte. L'histoire ne va pas vous prendre par la main, c'est à vous de décider ou aller et que faire, en fonction des indices découverts et de vos envies.
Le monde du jeu est composé d'une série de grandes cartes complexes et de zones plus réduites aux interconnexions capables de faire rougir Dark Souls. Dénicher tous ces passages et leurs secrets est sans le moindre doute l'aspect le plus réussi d'Atomfall, trouver le bon outil ou la clé requise pour accéder à de nouvelles sections de la carte est toujours satisfaisant. Passer à côté de quelque chose n'est pas dramatique, puisqu'il y a toujours plusieurs façons de progresser, y compris en tuant tout le monde. Il faut tout de même faire attention où vous mettez les pieds, il n'y a pas d'anomalies invisibles dans Atomfall et les radiations sont trop rares, mais des spores mortelles et de très nombreux pièges vous attendent.
C'est d'ailleurs un de nos regrets, puisque les outils mis à notre disposition pour faire preuve de discrétion s'avère terriblement limités. On peut se baisser et se cacher dans les hautes herbes et des passages alternatifs privilégiant la discrétion existent. Mais on aurait apprécié d'avoir un meilleur moyen de distraire les gardes que de leur lancer un cocktail Molotov dans la figure ou de leur tirer une flèche dans les fesses. Profitons-en pour mentionner que le craft occupe une place assez importante dans Atomfall. Les combats sont très (trop ?) simples mécaniquement et les munitions sont très limitées. On est encouragé à trouver des matériaux et des recettes pour fabriquer divers consommables, ainsi que différents engins explosifs improvisés. Les armes peuvent aussi être améliorées de cette manière.
Pour revenir à l'IA, le fait qu'elle dispose d'une aussi bonne mémoire qu'un certain président des USA n'aide pas non plus. Les humains vont vous menacer et vous ordonner de garder vos distances, avant de se demander à voix hautes quelques secondes plus tard s'il y avait quelqu'un à proximité. Le fait qu'ils n'aient pas l'air capables non plus de franchir certains obstacles tels qu'un pont est décevant. Mentionnons aussi leur étrange tendance à garder leur distance avec une arme de mêlée, ce qui peut donner des combats à la difficulté irrégulière. Parfois, ils restent stupidement à découvert, ou ils vous foncent dessus d'une façon suicidaire, ce qui signe votre arrêt de mort s'ils parviennent en mêlée.
Comme on incarne un être humain à peu près normal, deux ou trois balles suffisent à nous tuer et le rythme cardiaque qui grimpe en flèche sert de limite assez stricte pour l'endurance. Sa gestion en fonction de vos actions (grimper, être en combat) est plutôt novatrice. On regrette surtout qu'en dehors des différentes factions, le bestiaire soit un peu trop pauvre. Il y a encore plus de vermine à éliminer que dans un jeu des années 90, avec des hordes de rats, de corbeaux, de chauve-souris et autres, alors que des ennemis plus imposants et redoutables manquent à l'appel. Les robots et les tourelles, qui devraient tenir ce rôle, ne sont une menace que lorsqu'ils parviennent à tirer à travers les murs.
Cherno-bill
En fonction de votre style de jeu et du niveau de complétion visé, terminer Atomfall une première fois peut demander entre 10 et 25 heures environ. Mais sa structure et ses différentes fins invitent à le refaire plusieurs fois pour tout découvrir. Il est dommage que ses différents défauts n'encouragent pas vraiment à la chose, puisque l'exploration aura perdu la majorité de son intérêt. C'est un jeu indépendant assez ambitieux, avec des graphismes modestes, sauvés par une direction artistique réussie et des doublages (en anglais) de qualité, mais il reste évidemment bien loin des AAA actuels. Le problème étant que son prix n'en est pas si loin, à quasiment 50 euros sur PC et 60 euros sur consoles, sans compter le supplément de l'édition Deluxe le portant à 70 euros et plus. C'est dommage, mais tous les gros jeux indé ne peuvent pas être comme Baldur's Gate 3.
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