Après sa tentative complètement ratée de reboot au cinéma, Robocop avait l'air condamné à prendre la rouille quelque part au fond d'un commissariat. Mais le studio Teyon semble se faire une spécialité dans la création de jeux basés sur les licences de l'époque, comme le montre leur jeu précédent, Terminator: Resistance. Il est généralement considéré comme daté et médiocre, mais il semble grandement plaire aux fans de l'antagoniste de Robocop (voir Robocop vs. The Terminator de 1993). Robocop: Rogue City semble viser le même créneau, mais une surprise est toujours possible.
- Genre : FPS, Light-RPG
- Date de sortie : 2 novembre 2023
- Plateformes : PC, PS5, Xbox Series
- Développeur : Teyon
- Éditeur : Nacon
- Prix : 49,99€
- Testé sur : PC
L'ED-209 du jeu vidéo
Afin de vous faire gagner du temps, nous allons directement commencer par la question cruciale de la réalisation, qui a tendance à être le plus gros problème pour ces jeux qui ne sont pas des indés, mais loin d'être des AAA aussi. Graphiquement, Robocop: Rogue City est assez correct, voire plutôt joli par moments. On peut voir qu'il a au moins une génération de retard par rapport aux titres modernes, mais en étant généreux, on peut dire que cela contribue à son esthétique rétro sortie des années 80 qu'on retrouve dans les films. On ne peut pas en dire autant au niveau des visages, on reconnaît sans peine les acteurs des films d'époque, mais ils ont tendance à tomber dans l'Uncanny Valley, ce qui les rend toujours un peu déplaisants à regarder. La synchronisation labiale est aussi plus que douteuse, ce qui est d'autant plus dommage dans un jeu au nombre de dialogues surprenamment élevés.
En contrepartie, la démarche robotique du protagoniste n'est pas un problème pour une fois ! Les finitions laissent aussi à désirer, une fois de plus, on a droit à des performances assez inconstantes sur PC, malgré les graphismes datés. Si Starfield nous a montré que les développeurs ont tendance à oublier les claviers Azerty, Robocop va encore plus loin avec de nombreuses touches impossibles à affecter en raccourci, et d'autres qui ne peuvent pas être réattribués. Avoir la touche "Q" affectée au changement d'arme plutôt qu'au déplacement à gauche durant toute l'aventure s'est avéré assez douloureux, il est donc conseillé de jouer à la manette en attendant un éventuel patch. Quelques bugs assez gênants, voire bloquants ont aussi été rencontrés durant le test, même si nous avons fini par réussir à les résoudre.
Detroit Metal City
L'histoire de Robocop: Rogue City se déroule entre le second et le troisième film. Cela peut sembler étrange quand on a tout oublié des événements des films (on ne va pas vous le reprocher), mais c'est plutôt bien vu. Des événements majeurs se déroulent durant cette période, ce qui mène au point de départ de Robocop 3, mais ils étaient simplement mentionnés sans être développés. Le jeu a au moins le mérite de servir de transition et à s'incorporer harmonieusement avec le reste, ce qui devrait satisfaire ceux auxquels cela importe.
Un nouveau criminel d'envergure arrive à Detroit, et les différents gangs de la ville tentent de s'attirer ses faveurs. C'est à Robocop de l'arrêter, mais comme le jeu, il souffre de glitches gênants liés à son passé, venant compliquer sa tâche. L'OCP, le conglomérat ayant racheté la police de la ville brille toujours par son mélange d'incompétence et de cupidité sans limite va aussi lui mettre des bâtons dans les roues.
On ne se souvient pas des films Robocop pour leur scénario complexe et subtil, et on peut dire que le jeu reprend fidèlement l'univers, l'ambiance, les personnages et l'humour acerbe des films. Les personnages sont assez caricaturaux, avec des cadres de l'OCP ignobles, des criminels souvent de type punk toxicomanes et des motards qui lèchent presque leur couteau avant de torturer des innocents. Les flics sont bourrus, mais dévoués à la protection des citoyens, même lorsqu'ils ne sont pas payés et sacrifiés par leurs supérieurs. Robocop enchaîne aussi les petites phrases plus ou moins bien trouvées, propres aux films d'action de l'époque, avec sa pointe d'humour cybernétique très particulière. Le scénario mise bien sûr tous ces clichés et d'autres, et il parvient même à les exploiter d'une façon satisfaisante.
Vous aurez d'ailleurs de nombreuses occasions de découvrir tout cela et d'influencer sur son déroulement, puisque Robocop ne se contente pas de tirer sur tout ce qui bouge. Il y a un nombre conséquent de dialogues lors des quêtes secondaires et des mini-enquêtes menées par Alex Murphy. Différentes réponses peuvent être choisies, et l'issue peut même changer. Il faudra alors faire bon usage de son scanner, des indices et des talents sociaux, même si c'est assez léger. Cela va influencer les personnages principaux, le destin d'autres personnages, et dans une certaine mesure, la conclusion à la fin du jeu. Vous pourrez choisir de privilégier le côté humain de Robocop et d'aller à l'encontre de vos directives, ou de vous comporter comme une machine impitoyable.
Rail gun
Robocop est un protagoniste assez inhabituel, et ses limites ont été très bien intégrées au gameplay des combats. On retrouve la fameuse vision spéciale de Robocop qui met en surbrillance les ennemis et les éléments du terrain, afin de vous assister, et ce n'est pas du luxe puisqu'il est incapable de courir, de sauter, ou même de se baisser. Robocop est plutôt un tank, fait pour affronter frontalement des hordes d'ennemis avec son blindage et son gros flingue à la puissance de feu dévastatrice déclenchant des gerbes de sang et faisant éclater les crânes.
On se croirait presque dans un rail shooter à l'ancienne, tant les ennemis sont nombreux et suicidaires. Il n'est pas rare que chaque mission nous force à massacrer des centaines de criminels, avec du sang, des démembrements, des décapitations et des explosions dans tous les sens. La violence est poussée à l’extrême aussi, mais d'une façon assez jouissive et comique, on pourrait presque entendre des cris de Wilhelm. On se retrouve comme plongé dans les scènes d'action des films, et c'est très plaisant, du moins, quand c'est l'expérience recherchée.
Comme Robocop n'est pas très mobile et qu'il est aussi inflexible que la loi, vos options sont plutôt limitées durant les combats. Les obstacles derrière lesquels vous pouvez vous réfugier sont souvent destructibles d'une façon réaliste, ce qui force à faire bon usage de sa puissance de feu et des éléments explosifs, vous pouvez aussi attraper les ennemis par la gorge et les projeter sur leurs petits copains. Par la suite, on peut aussi investir dans différents talents, afin de débloquer un bouclier, le bullet time, de la régénération de vie via des kits de réparation, et même un bond en avant bienvenue. On finit par devenir une véritable machine de destruction capable de tuer des hordes d'ennemis en mêlée comme à distance, le tout sous une pluie de balles sans broncher. Les boss vous forceront à jouer plus subtilement, et ils peuvent s'avérer assez difficiles, au départ, si vous avez privilégié les talents sociaux de Robocop, plutôt que ceux combatifs.
Quelques axes de progression sont offerts en plus des différents talents, comme l'amélioration de l'Auto 9, le pistolet de base qui dispose de munitions infinies. Cela se présente sous la forme d'un circuit imprimé dans lequel placer des puces. Mais cela reste assez superficiel, et pas mal de fonctionnalités s'avère au final peu utilisées, voire inutiles comme la vision nocturne. On peut aussi saisir l'arme des ennemis, ce qui s'avère utile à l'occasion, lorsque que cela complémente le flingue de Robocop, comme un fusil de sniper ou un lance-roquettes. Les combats vont néanmoins très rapidement tourner en rond, même avec les coupures crées par l'exploration et la résolution des crimes dans les rues de Detroit.
Le jeu se présente sous le format classique de missions dans des zones dédiées, ce qui peut inclure des missions secondaires avec un retour au commissariat entre deux à chaque fois pour un debriefing, quelques dialogues et un semblant d'enquête. Le quartier du vieux Detroit est réutilisé plusieurs fois, tout comme ses sous-zones, ce qui renforce aussi rapidement la lassitude dans un jeu pourtant très court. Prévoyez entre 10 et 15 heures pour finir le jeu, même en prenant le temps de tout fouiller et de réaliser les activités annexes. Il faut dire que la lenteur caractéristique de Robocop rend l'exploration assez lente et laborieuse, et qu'il vaut mieux tirer le rideau rapidement avant que la nostalgie ne laisse complètement place à l'ennui. Mais en tant que fans, on en est ressortis plutôt satisfait.
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