Nous y voilà. Pokémon Écarlate et Violet sortent ce vendredi 18 novembre sur Nintendo Switch et, après une année entière de teasing et d'informations, vous allez enfin savoir ce que valent vraiment ces deux nouvelles versions. Le monde ouvert est-il suffisamment intéressant ? Les graphismes et la technique, souvent décriés, sont-ils si rédhibitoires que ça ? Voici notre verdict complet sur la 9ème génération de Pokémon.
[Pour information, nous écrivons ce test au moment où les fonctionnalités multijoueur online n’ont pas encore été débloquées. Nous ne parlerons donc pas de cet aspect bien que nous ayons déjà pu le tester lors de notre preview.]
- Genre : Aventure, monde ouvert
- Date de sortie : 18 novembre 2022
- Plateforme : Nintendo Switch
- Développeur : Game Freak
- Éditeur : Nintendo
- Prix : 59,99€
- Testé sur : Nintendo Switch OLED (version Violet)
Paldea, pas l'idéal ?
Graphismes
Écarlate/Violet est-il vraiment plus beau que Légendes Pokémon Arceus ? Sur certains aspects, oui. Les design des personnages et les intérieurs de bâtiments sont particulièrement bien détaillés avec des couleurs et des ombrages parfaitement adaptés à un jeu Switch sorti en 2022. En revanche, dès qu'on sort dans le monde ouvert et qu'on observe de plus près les falaises ou le sol, les textures font franchement mal au cœur. Inutile de répéter ce que nous avions dit dans le test d'Arceus mais il en va de même ici : c'est frustrant. Frustrant de voir à quel point de jolies choses ont été conçues (comme la maison de départ qui vous ravira certainement) et que d'autres ont été volontairement laissées de côté, par manque de temps probablement. On le sait, Game Freak est soumis à un rythme de sorties effréné, ce qui l'empêche sûrement de peaufiner ses jeux.
Le mélange est alors étrange : tantôt on se retrouve avec des décors qui nous en mettent plein la vue, tantôt on se demande si nous ne sommes pas sur un jeu de 2006.
Une sensation de "non fini" s'en dégage en permanence et c'est dommage quand on voit le potentiel du gameplay proposé. Mais là encore, tout comme pour Arceus, nous n'allons pas nous éterniser sur cet aspect visuel, certes important pour certains, mais que vous avez déjà pu observer dans les trailers.
Technique
Non, ce qui nous choque le plus c'est bien sûr la technique. Que le jeu ne soit pas aux goûts de tout le monde c'est une chose, mais qu'il tourne le plus souvent à moins de 30fps en est une autre. Dans l'ensemble, les déplacements sont ultra fluides (et heureusement pour un monde ouvert aussi grand) mais les animations en arrière-plan sont affreusement saccadées, à tel point que notre regard ne peut pas en faire abstraction. Il y a un manque de finition certain notamment lors de la création de sandwich ou le fait qu'aucune des maisons dans les villages ne soient explorables. Les magasins, eux, proposent simplement un menu permettant de choisir les vêtements (quand ils veulent bien s'afficher) et les plats à acheter. Il est vrai qu'on perd un peu la saveur des anciens jeux où l'on pouvait entrer dans chaque maison et voir s'il n'y avait pas un petit quelque chose à ramasser. Là encore, cela s'explique par la grandeur du monde ouvert : des compromis ont visiblement dû être faits comme la distance d’affichage qui est bien trop courte. Impossible d’apercevoir les Pokémon à plus de 5 mètres au loin. En combat, notez qu'il est possible de bouger la caméra pour avoir presque la même sensation que dans Arceus, même si vous ne verrez pas votre personnage courir librement autour.
Toujours très agréable en revanche de profiter des améliorations ergonomiques comme l’accès au PC ou au changement de capacités directement via le menu ou encore l’auto-soin qui permet, en un seul clic, de redonner ses PV à votre Pokémon en utilisant les potions de votre sac.
Musique
Passés ces points noirs visuels, le plaisir de jouer à un Pokémon en monde ouvert prend évidemment le dessus. Nous avons plusieurs fois grimacé en voyant des bugs de texture par-ci par-là mais ces mauvaises surprises graphiques sont compensées par les infinités de choses à faire, à commencer par la complétion du Pokédex. L'animation de ce dernier est d'ailleurs splendide et donne sans cesse envie de découvrir de nouvelles espèces.
L'un des points forts de cet opus est sans aucun doute la musique. Une bande-son composée par Toby Fox (réputé pour Undertale) qui mélange vibes hispaniques à la guitare et morceaux plus relaxants. Seule la piste à l'Académie est barbante à la longue et oblige à couper le son si l'on reste trop longtemps sur place. Là encore, c’est très frustrant d’avoir une telle césure entre un sound design de qualité, des effets au poil et pourtant une technique et des graphismes qui pèchent encore et toujours chez Pokémon.
La grandeur au détriment de la fraîcheur ?
L'exploration du monde ouvert
Pokémon Écarlate / Violet est à la fois immense, complet et pourtant bizarrement vide. Il y a bel et bien énormément d'objets et de Pokémon à trouver dans le monde ouvert, ou encore de dresseurs à affronter, mais le jeu reste peu fourni en activités annexes comme on pourrait en trouver dans n'importe quel autre open-world. Pas de quêtes secondaires, pas de collectibles à collectionner comme c'était le cas dans Arceus par exemple (oui la comparaison avec LPA reviendra souvent). Un choix judicieux en vérité qui peut s'expliquer par la longueur des trois scénarios disponibles. Ici, pas question de simplement obtenir les 8 badges et battre la Ligue. Vous devrez vaincre plusieurs Dominants et enquêter sur les épices secrètes qu'ils consomment, mais aussi démanteler les repaires de la Team Star à travers tout le pays. À cela s'ajoute bien sûr l'exploration des zones aux environnements variés (plaine, désert, neige, plage, villes etc.,), la complétion du Pokédex et plus encore.
Concernant la carte en elle-même, nous ne savons plus trop quoi en penser. La mini-map est certes extrêmement pratique et les icônes sont parfaitement claires mais il est impossible de poser plusieurs marqueurs (un seul pour indiquer une destination) et, surtout, la région est divisée en immenses zones composées de routes sans nom. Difficile de s’y repérer.
Farming
Côté farming, devoir combattre des dizaines de Pokémon a son intérêt pour gagner de l’expérience bien sûr mais aussi des “échantillons” de monstres (poils, dents, terre, plumes etc.). Ceux-ci vous serviront à confectionner des CT pour apprendre de nouvelles capacités à votre équipe, mais vous pouvez aussi les échanger contre des Points de Ligue. Ces “PL” peuvent alors être utilisés comme des Pokédollars afin d’acheter n’importe quel objet utile à votre aventure, des vêtements ou encore des ingrédients.
Dans notre preview, nous avions justement peur que ce farm intensif ne serve pas à grand chose mais il n’en est rien. D’autant plus que, même si les premières arènes et autres épreuves sont très simples, la difficulté va crescendo jusqu’au moment où vous devrez forcément prendre quelques heures pour gratter des points d’XP et faire monter vos Pokémon en niveau. Les dernières épreuves de chaque scénario sont particulièrement difficiles et c’est sans parler de la Ligue.
Combats
En parlant des combats justement, ces derniers sont au tour par tour comme dans n'importe quel jeu Pokémon classique : il faut entrer en contact avec le monstre pour lancer le duel. Certains y verront une régression par rapport à Arceus mais la fonction "En Avant" est justement là pour nous rappeler qu'on peut envoyer son monstre de poche à tout moment foncer sur un adversaire pour le mettre K.O. En un seul clic (bouton R), il courra en ligne droite puis bifurquera dès qu'il verra un objet à ramasser ou bien un Pokémon à vaincre. Une option très pratique surtout pendant les phases d'Apparitions Massives ou les épreuves de la Team Star lorsqu'il faut terrasser des vingtaines de créatures à la suite.
La grande nouveauté concerne bien sûr la Téracristallisation : un phénomène puissant qui permet à un Pokémon de renforcer ses statistiques mais surtout ses attaques. Si ces dernières sont du même type que le Joyau Téracristal qu'il a au-dessus de la tête, alors elles seront encore plus puissantes. De base, les Pokémon ont un type Téracristal lié à leur propre type mais il est non seulement possible de croiser des créatures sauvages avec un type Téracristal différent mais aussi de modifier le type Téracristal de votre Pokémon dans un endroit spécial. Ces fameux Pokémon sauvages Téracristalisés peuvent être l'équivalent des Barons dans Arceus puisqu'ils sont bien plus puissants même s'ils font moins peur et que vous ne risquez pas de vous évanouir en vous faisant attaquer. C'est dommage que cette notion de danger n'existe plus tellement dans Écarlate/Violet.
Durée de vie et activités secondaires
C'est certainement le jeu Pokémon le plus copieux jamais réalisé. La durée de vie est colossale et bien que les missions des 3 scénarios soient redondantes, EV nous laisse découvrir tout son potentiel en seconde partie de jeu.
Bien qu’il n’y ait pas de quêtes annexes comme expliqué plus haut, ces nouvelles versions proposent toutefois quelques activités supplémentaires comme les fameux pique-nique qui s’avèrent très utiles. Ils permettent non seulement de soigner vos Pokémon facilement sans consommer d’objets mais aussi de les laver pour améliorer leur niveau de bonheur. Confectionner des sandwichs a également une importance capitale puisque c’est en mangeant de savoureux plats que vous obtiendrez ce qu’on appelle des Auras Gustatives. Une mécanique qui offre des bonus favorisant la capture de Pokémon d’un type spécifique, l’obtention d’échantillons, la chance de trouver un shiny, la rapidité pour faire éclore un œuf etc.
Une aventure pour bambin ?
Difficulté
Même si la difficulté est agréable en fin d’histoire, Pokémon reste un jeu pour enfant quoi qu’il arrive et Écarlate/Violet n’a évidemment pas échappé à cette ambition de le rendre encore et toujours plus accessible. Le Multi Exp n’est toujours pas désactivable par exemple, et, quand on tombe d’une falaise, notre smartphone (oui) nous empêche de nous écraser et de prendre des dégâts.
Ceci dit, on sent une réelle volonté d’apprendre aux plus jeunes que Pokémon est plus complexe que cela. Les cours de l’Académie ont été conçus pour apprendre aux dresseurs qu’il ne s’agit pas simplement de capturer des monstres à gogo et de récolter des badges : en plus des faiblesses de type, il y a des statistiques à prendre en compte, des effets, des calculs à faire etc. Et tout cela est très bien expliqué et donne envie de s’y intéresser. Ces cours vous permettent ensuite de passer des contrôles pour obtenir de belles récompenses et vous lier d’amitié avec les différents professeurs afin d’en apprendre plus sur leurs histoires. Ils sont passionnants pour la plupart et permettent aussi de faire une coupure pendant l’exploration intensive de Paldea.
Scénario
Dans l’ensemble, le scénario principal est bien plus profond et intrigant que peuvent laisser penser les premières heures de jeu. Même les trois activités annexes ont un message à faire passer, certes plus léger mais tout de même important. Il semble difficile de proposer un jeu à la fois amusant pour les enfants et pas trop gamin non plus pour les trentenaires nostalgiques. Pourtant, Game Freak a réussi haut la main cette fois encore : seuls les examens d’arène, des sortes de mini-jeux, sont trop enfantins.
Progression
Pokémon Écarlate/Violet a été conçu de telle sorte que chaque zone entourant l’Académie soit “facile” puisque vous avez le choix de commencer là où vous le souhaitez. En revanche, même si vous pouvez faire l’arène de Glace en premier si cela vous chante, vous n’arriverez pas à la cheville de sa championne puisqu’il faut des Pokémon au niveau 60 minimum. Si la linéarité n’est donc plus de la partie, vous ne pourrez pas aller si facilement là où vous le voulez. Un certain ordre est quand même nécessaire pour réussir à avancer sans encombres et débloquer les capacités nécessaires à votre monture pour qu’elle puisse voler, surfer ou grimper les falaises.
Concernant le level scaling, la difficulté des zones ne s'adapte pas selon votre niveau mais les personnages principaux qui reviennent régulièrement, si. Ce n'est pas déplaisant sauf quand on revient dans une zone de niveau 20 alors que tous nos Pokémon sont déjà au niveau 50.