Mario Kart 8 revient faire crisser ses pneus sur Switch avec une version Deluxe au doux air de definitive edition. Voici notre avis sur cette nouvelle mouture à paraitre le 28 avril en exclu sur Nintendo Switch.
- Genre : Jeu de course/kart
- Date de sortie : 27 avril 2017
- Plateforme : Nintendo Switch
- Développeur : Nintendo Entertainment Analysis & Development
- Éditeur : Nintendo
- Prix : 59,99 €
Le luxe a un prix
Maintenant que nous sommes nombreux à avoir arpenter les terres d'Hyrule de Zelda Breath of the Wild dans tous les sens, Nintendo dégaine une nouvelle exclusivité pas si "nouvelle" que ça, puisqu'il s'agit d'un portage accompagné de menues ajustements et ajouts d'un titre phare de la Wii U, Mario Kart 8. Salué comme étant l'un des meilleurs épisodes de la série, y compris dans nos colonnes, il est finalement assez logique de voir revenir rapidement le jeu de courses sur le devant de la scène dans cette édition : la WiiU ayant eu le succès somme toute très modeste qu'on lui connait, beaucoup de joueurs n'ont sans doute jamais eu la chance de poser leurs mains sur le volant de cet épisode. Nous avons donc le droit ici à une mouture complète du jeu WiiU, néanmoins avec quelques différences non-négligeables dont la plus conséquente est le retour d'un mode bataille digne de ce nom. Complètement insipide sur MK8 Vanilla, cette sorte de PVP Mario Kart-esque retrouve enfin ses lettres de noblesse ici avec différents modes de bataille allant de l'explosion de ballon, à la ruée meurtrière une plante piranha accrochée sur le devant de la carrosserie. Le tout est supporté par de nouvelles cartes et certains remakes de gloires passées, pour une mécanique qui retrouve enfin la voie du fun. Alors certes, on aurait pu attendre plus qu'un simple mode battle potable de ce Deluxe, cependant le plaisir de jeu reste intact et l'ajout direct des différentes coupes en DLC et autres personnages inédits réussit tout de même à adoucir le tableau de cette "simple" conversion.
Le grand 8
Démarrant sur une mélodie qui ferait presque passer Les Sardines de Patrick Sébastien pour une marche funèbre, l'accueil de Kart 8 nous met instantanément dans le bain. Sans fioritures, appelant à rentrer directement dans le vif du sujet, on fonce directement vers le mode championnat, en mode 150cc direct parce qu'on est pas des Mickey et en avant Guingamp. Le premier contact se fait bien entendu avec une sélection de personnages aux statistiques distinctes et histoire de ne pas se la jouer exotique dès le premier championnat, on se dirigera naturellement vers un pilote de la catégorie Medium (Luigi et Mario pour les starters). Idem pour la composition de notre véhicule, d'instinct, et parce que l'on est impatient d'y jouer, on se contentera d'un châssis, de pneus et d'une aile standard. Arrivé sur la grille de départ du Champidrôme, le premier circuit de la Coupe Champignon, le joueur averti ne pourra s'empêcher d'esquisser un petit sourire en voyant enfin Mario et ses potes dans une esthétique haute définition soignée, digne d'une console HD. Le départ est donné par Lakitu et c'est parti pour la foire d'empoigne sur un premier tracé plutôt classique, si on fait bien entendu abstraction de sa partie inclinée à près de 90° : ce plan incliné, c'est le gros ajout que les développeurs ont apporté à ce Mario Kart 8, l'anti-gravité n'étant pas seulement un simple élément visuel, mais aussi une mécanique de gameplay à part entière.
En effet, lorsque les roues des différents coureurs se replient, des collisions occasionnant de légers boosts sont possibles, les accélérations profitant alors aux deux parties. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais grâce aux petits bumpers antigrav placés au gré des pistes profitant le plus de cette nouveauté, ou encore des différentes voies que ce nouveau plan offre, les possibilités s'amoncèlent rapidement. Qui dit nouveau Mario Kart dit aussi nouveaux objets et les petits nouveaux, redoutables et amusants à utiliser, n'entachent pas les courses par leur surpuissance : la Plante Piranha gobe tout ce qui lui passe sous les dents en générant en même temps de légères accélérations, la Fleur Boomerang revient logiquement vers son envoyeur une fois lancée, le Super Klaxon produit une onde de choc autour du véhicule pouvant même contrer ces satanées carapaces bleues (que je les hais !) et enfin le Crazy 8, octroyant au joueur huit armes. Un petit mot pour finir sur les innovations, avec l'utilisation faite du Gamepad, qui comme à son habitude ne servira que de carte, d'écran pour jouer hors de l'écran principal ou pour activer le mode gyroscopique pour les nostalgiques du Wii Wheel de Mario Kart Wii.
Mélangé à une sorte de menu best-of des meilleures idées des derniers épisodes comme l'aspiration, le vol et les parties sous-marines, les pièces et bien entendu le fameux dérapage boost, MK8 peut se targuer d'avoir un gameplay touffu, facile à prendre en main et surtout fun en diable. Les amateurs de la série ayant l'habitude de creuser chaque nouvel épisode jusqu'à son noyau seront aussi ravis de constater que Nintendo a pensé à eux en rééquilibrant la formule frustrante de Mario Kart Wii, rendant l'expérience de jeu bien plus agréable. Ainsi, chaque chute ou objet pris de plein fouet n'immobilisera le joueur qu'une fraction de seconde, rendant l'erreur ou le manque de chance bien moins handicapant qu'auparavant. À la place, tout ça vous coûtera de précieuses pièces et donc de la vitesse, mais il sera quand même possible de repartir directement dans le feu de l'action.
Un gros effort a l'air d'avoir aussi été fait sur le choix des objets donnés aux joueurs et sur une quinzaine d'heures de jeu, les éclairs et autres étoiles se sont finalement faits assez rares. On pourra peut-être reprocher à Mario Kart 8 de ne pas être assez rapide, mais ce serait bien vite oublier les différents tremplins, boosters et autres champignons rouges : tous ces petits éléments faisant montre d'un circuit-design de haute volée font que le petit manque de sensation de vitesse ressenti lors des courses est largement compensé par une nervosité de tous les instants. Bon, on pourra toujours pester sur le fait de se prendre carapace rouge sur carapace rouge à certains moments et sur la frame d'invincibilité suivant une collision, qui est pour ainsi dire inexistante, mais peu importe, le gameplay de Mario Kart 8 est juste un petit bijou de maîtrise et une énième preuve du savoir-faire de Nintendo : le roi est de retour.
Multipass
Un système de jeu qui pousse mémé dans les orties c'est bien, mais avec à bloc de contenu pour en profiter, c'est encore mieux. De ce côté là, MK8 n'a pas trop de soucis à se faire : seize nouveaux circuits, seize autres tirés d'anciens opus mais complètement repensés pour coller à l'anti-gravité et aux nouveautés déjà présentes dans Mario Kart 7 et un mode miroir inversant la droite et la gauche pour au final un total de soixante-quatre courses. C'est une constante dans la série certes, mais il est agréable de constater qu'aucun contenu téléchargeable ne vient polluer ce charmant tableau en proposant la Rainbow Road à 2,50€ deux jours après la sortie. Attention cependant, la qualité des tracés est tout de même assez variable et l'excellent côtoie le "juste bon" : on citera par exemple le désert Toussec, pas très inspiré et la Route Arc-en-ciel inédite qui risque de faire débat.
Fort heureusement, ces quelques courses en deçà font office d'exceptions et globalement, les Coupes de Mario Kart 8 s'enchaînent sans lassitude avec même quelques surprises qui ne seront point spoilées dans ces lignes (mais peut-être ailleurs dans le dossier). Le choix des courses rétro fera sans doute battre la chamade au cœur des nostalgiques, avec la RR de Mario Kart 64 complètement métamorphosée, ou la Plaine Donut 3 du tout premier épisode : les développeurs nous servent ici une excellente sélection d'anciens parcours et leur donnent un bon coup de polish HD du plus bel effet, du tout bon.
En dehors de l'éternel Mode Championnat en solo, les joueurs n'ayant pas envie de sociabiliser tout de suite pourront s'adonner à un mode Time Trial fort addictif. Dans le TT de Mario Kart 8, le téléchargement des meilleurs ghosts mondiaux s'effectue très rapidement, le challenger pouvant essayer de tâter le temps de quatre personnes à la fois. Du coup en lançant le jeu tout en sachant n'avoir qu'une poignée de minutes devant nous, le TT est tout indiqué : choix de notre meilleur personnage, de nos meilleurs équipements puis d'un circuit, téléchargement du fantôme de Ricardo Mendosà basé au Chili ayant claqué un temps respectable mais néanmoins facilement surpassable, une petite course de trois minutes contre un mec n'étant pas physiquement présent et qui ne sera donc pas gêné par le fait qu'on l'insulte en allemand, victoire, extinction de la console, sentiment de satisfaction, puis de manque...
Et ré-allumage de la console. Les expérimentateurs quant à eux iront jouer aux petits chimistes dans course VS, permettant de modifier une flopée de paramètres avant de brûler l'asphalte. Enfin, dernier mode et pas le plus réussi : la bataille de ballons, qui fait son grand retour. Malheureusement sans arènes dédiées, on tourne bien vite en rond et la Vallée Yoshi, qui est encore à peu près le seul environnement potable pour ces joutes, finira elle aussi par lasser le Lakitu qui sommeille en chacun de nous.
Pour le multi local à quatre joueurs, chacune des propositions détaillées ci-dessus leurs sont aussi accessibles, excepté le Time Trial bien entendu. Inutile de dire que d'un coup, les courses VS voient leur intérêt grimper en flèche et que quelques batailles de ballon viendront tout de même s'improviser dans vos soirées beuveries/Mario Kart (spéciale dédicace à mes potos du 35, susu) même si comme dit plus haut, ce sera juste l'histoire d'un soir. Il est à noter que jouer en écran splitté fait chuter le framerate du jeu de 30ips. Est-ce grave ? Non, je dirai même plus qu'on s'en balance complètement : même à 30 images par seconde, le jeu reste très agréable à l’œil et il est normal que des concessions techniques aient dû être effectuées, surtout sur un hardware que l'on sait limité. Ce n'est en tout cas pas ça qui vous empêchera de vous gausser en bonne compagnie des heures durant, Mario Kart 8 respectant allègrement l'héritage du jeu fun à plusieurs par excellence.
Pour les gens n'ayant pas la chance ou les moyens de disposer de quatre amis et d'autant de wiimotes/manettes, il reste toujours le tout nouveau mode en ligne (accessible à deux depuis la même machine). Et là mes petites gens, votre serviteur avoue avoir levé les mains au ciel en s'écriant "Hallelujah, enfin un service online de qualité de la part de Nintendo !"... Non, je n'ai pas fait ça... Mais j'aurai pu ! Car oui bon sang de bois, le Nintendo Network nous montre enfin de belles choses : un online gratuit et stable, un choix de territoire régional ou mondial, une planification de tournoi entièrement personnalisable et clairement pensée pour l'expansion de la communauté, une sélection rapide d'adversaires parmi les dernières personnes croisées en ligne... Ouch.
Alors certes, ça existe chez la concurrence depuis bientôt dix ans, mais quel plaisir de voir que Nintendo ne loupe pas une énième fois le coche du multijoueur en proposant un environnement "en ligne" taillé pour le long terme. Pour le coup, ça donne vraiment envie de voir ce que la firme de Kyoto nous réserve pour le prochain Smash Bros. Enfin, dernière petite friandise à l'attention des gens accro au partage d'exploits et autres youtuberies : la MKTV. Proposant de revivre les temps forts des dernières échauffourées, ce petit éditeur vous permet de partager rapidement vos frasques avec le reste du monde. Sorte de replay en moins bien, cette feature semble tout de même avoir été incluse plus pour coller à l'ère du temps que pour réellement répondre à une attente des joueurs, puisqu'il ne s'agira ici que de morceaux choisis d'une course.
Techniquement, si on y regarde de trop près, on pourra trouver à redire au sujet de Mario Kart 8 : aliasing qui picote parfois les yeux, certaines textures pas toujours très heureuses. Mais qu'à cela ne tienne, le bougre se rattrape sur bien d'autres plans. On l'a évoqué par petites pointes dans ce test, mais la direction artistique et les différentes ambiances dépeintes dans les circuits du jeu sont sublimes. Coloré et baignant constamment dans des lumières aux couleurs chatoyantes, on sent que les artistes au travail sur MK8 se sont fait plaisir. Idem pour le MarioKart Band, qui octroie au jeu une bande-son majoritairement orchestrale du plus bel effet : violons, saxophones, guitares électriques et basses feront résonner vos enceintes et caresseront vos tympans. Pour faire simple : c'est une bombe visuelle et artistique et l'intégralité des circuits semble avoir bénéficié d'attentions toutes particulières.
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