Les jeux de niche aussi moches qu'austères, mais avec une profondeur insondable, une rejouabilité quasiment infinie et une difficulté punitive sont nombreux sur PC. Citons Project Zomboid, RimWorld, Europa Universalis et FTL, par exemple. Battle Brothers entre dans cette catégorie, avec ses petits personnages qui ressemblent presque à de simples pions posés sur une grille hexagonale, cela ne fait pas envie, même quand on essaye de ne pas juger de l'intérêt d'un jeu à l'aune de ses graphismes. Depuis sa sortie en 2017, le jeu s'est bien étoffé en termes de contenu, avec 3 DLC d'extension, Beasts & Exploration, Warriors of the North et Blazing Deserts. Cela représente autant de nouveaux groupes de mercenaires originaux dont vous pourrez prendre les commandes (pour les envoyer à la mort), et pas mal de contenu supplémentaire afin d'agrémenter vos parties dans un monde généré de manière procédurale à chaque fois.
- Genre : Stratégie, RPG, Tactique au tour par tour
- Date de sortie : 13 janvier 2022
- Plateformes : PS4, Xbox One (Déjà disponible sur PC et Switch)
- Développeur : Overhype Studios
- Éditeur : Ukiyo Publishing
- Prix : 59,99€
- Testé sur : PS5
Battle Brothers, c'est quoi ?
Si vous aimez vous renseigner durant de longues heures en lisant des guides d'experts et en regardant des vidéos sur YouTube pour apprendre à jouer correctement, Battle Brothers est fait pour vous. Car si le gameplay en lui-même est assez simple et conventionnel en apparence, il possède deux grandes facettes. La première consiste à se balader sur la carte du monde pour trouver des ennemis et des contrats à remplir, explorer et de ravitailler, avec une gestion assez simple et automatique des ressources. Il y a aussi un aspect role play, en fonction de vos choix lors des différents événements et rencontres. Viennent ensuite les batailles, le cœur du jeu. Vous avez une grille hexagonale avec des effets de terrain classiques et un système de points d'action, les commandes ne sont pas compliquées non plus, vous avez juste à déplacer vos mercenaires quand c'est leur tour, et à choisir dans une liste assez minimale d'actions. Mais Battle Brothers est la quintessence du jeu facile à prendre en main, mais presque impossible à vraiment maîtriser, tant le nombre de paramètres intervenant dans les combats sont élevés. Il faut maintenir la bonne formation avec votre armée, sous peine de voir un soldat isolé être massacré par un groupe de gobelins pervers, et si le front est percé par la charge des orcs ou contourné par des unités rapides, vos archers vont passer un mauvais moment.
L'impact du terrain est important, tout comme les compétences et l'équipement. En résumé, il faut avoir recruté les bons soldats, les avoir bien entraînés dans un rôle précis, et avec l'équipement approprié, puis adopter la bonne tactique en fonction du terrain, de l'adversaire, et du moment de la journée. Il faut ensuite comprendre des mécanismes comme la fatigue, l'initiative, la perforation d'armure, le moral, etc. Bref, cela n'en finit pas, mais ces éléments ont le mérite de ne pas directement alourdir les combats, ils servent juste à déterminer l'issue. Qui plus est, le jeu admet volontiers être difficile, et même en mode débutant, vous allez perdre des "brothers" et enchaîner les défaites, même avec des centaines d'heures de jeu sous la ceinture, la moindre erreur ou la simple malchance peut coûter cher. Mais c'est aussi ce qui fait son charme auprès des fans de jeux tactiques, il faut être minutieux dans ses préparatifs et dans l'équipement de son groupe de mercenaire, et surtout, bien choisir où et quand il faut se battre. Il vaut mieux souvent prendre la poudre d'escampette plutôt que de livrer un combat qui risque de coûter la vie de certains de vos précieux mercenaires, même si vous pouvez en recruter d'autres facilement.
On se rend compte de l'importance de la gestion des risques quand on ne parvient pas à gagner une bataille, même en abusant des sauvegardes pour la redémarrer (le terrain change à chaque fois en prime). Dans ce domaine, le jeu est particulièrement cruel et exigeant envers ceux qui jouent en mode Ironman, avec une sauvegarde unique, cela revient à jongler sur un monocycle en roulant sur une corde raide au-dessus d'un volcan en éruption. Bien que facultatif, c'est aussi incroyablement satisfaisant de progresser en apprenant de ses erreurs et de ses défaites pour faire mieux la prochaine fois. On redémarre alors avec un nouveau groupe de mercenaires, que ce soit avec une origine différente ou non, et on tente de mettre sur pied un groupe de mercenaires légendaire, capable de sauver votre coin de continent médiéval fantastique d'une invasion de peaux vertes ou de morts-vivants. Ou à l'inverse, vous pouvez piller les caravanes, massacrer les villageois locaux, puis participer à la guerre entre les nobles pour piller leur équipement et vous remplir les poches. La génération procédurale de la carte et de ses événements, ainsi que la façon dont vous souhaitez jouer permettent vraiment d'avoir des parties très différentes les unes des autres. Cet aspect un peu bac à sable pour votre petite troupe, qui peut contenir de 12 à 25 mercenaires en fonction de votre origine, vous donne tous les outils pour vous amuser sans vous en lasser.
DLC : De la Sibérie au Sahara
Si vous connaissez déjà le jeu, ou si vous comptez l'acheter mais que vous hésitez à faire l'acquisition des coûteux DLC, ou de la très coûteuse Complete Edition de Battle Brothers (60 euros pour un jeu aussi moche, cela fait toujours mal), voici un point sur leur intérêt et leurs ajouts. Comme son nom l'indique, Beasts & Exploration ajoute un large bestiaire de monstres redoutables à affronter, ce qui vous permettra de fabriquer de nombreux objets et potions pour votre groupe de mercenaires. Il introduit aussi de nouveaux lieux légendaires à découvrir. Cela donne beaucoup de variété aux combats, même si cela va rendre la gestion de votre inventaire encore plus complexe. Le second, Warriors of the North, a un nom assez littéral aussi, puisqu'il ajoute les peuplades barbares du nord de la carte, ainsi que les différentes origines pour votre groupe de mercenaires. Commencer avec une large bande de 12 paysans dépenaillés n'a rien à voir avec l'expérience de jouer un unique chevalier solitaire et surpuissant qui décide de commencer à recruter un groupe, par exemple. Les pilleurs barbares et les cultistes qui sacrifient leurs propres hommes permettent aussi de jouer d'une manière inédite.
Pour finir, Blazing Deserts étend la carte au sud, avec des cités-état et des califats. Vous aurez la joie de vous battre jusqu'à l'épuisement dans le désert, ou dans l'arène. Cela ajoute un groupe de gladiateurs en tant qu'origine, de nouveaux ennemis humains ou non, de nouveaux lieux légendaires mortels, ainsi que des assistants pour votre groupe de mercenaires, comme un cuisinier, un éclaireur, un forgeron, etc. Pour finir, une nouvelle crise mondiale qui reproduit à sa façon les croisades vous donnera une nouvelle occasion d'affronter les armées conventionnelles des deux camps, lors des vastes batailles pour s'emparer des lieux saints. Chaque DLC a son charme et son intérêt, et il serait dommage de jouer sans, tant ils enrichissent le gameplay. Il peut néanmoins être approprié de faire une première partie sans, afin de voir si le jeu vous plaît, et afin de ne pas vous surcharger dès le départ.
Battle Brothers sur consoles : I'm not in the mod
Battle Brothers étant déjà sur Switch, nous savions à quoi nous attendre, et il est assez étonnant qu'il ait fallu si longtemps pour le sortir sur les autres consoles, vu le peu d'efforts additionnels réalisés dans ce domaine. Le jeu de base est clairement fait pour être joué à la souris et au clavier sur grand écran. La version consoles reprend quasiment telle quelle l'interface sur PC, en se contentant d'ajouter quelques raccourcis via les boutons du pad. Ce n'est vraiment pas très intuitif, même si on s'y fait. En parallèle, le jeu zoome tout au maximum par défaut, ce qui est probablement l'héritage de la version Switch, qui se devait d'être lisible sur l'écran en mode portable. L'interface prend alors une partie disproportionnée de l'écran. Malheureusement, l'onglet des options est lui aussi tronqué par rapport à la version PC, et il est impossible d'ajuster la taille de l'interface, ni même de réaffecter les raccourcis. Il serait généreux de dire que le service minimum a été assuré.
En dehors des limites de l'interface, il n'y a pas grand-chose à dire, cela reste fonctionnel et on peut s'amuser sans difficultés ou problèmes notables. En revanche, Battle Brothers est un jeu qui gagne grandement en accessibilité et en confort de jeu avec des mods, que ce soit pour voir les statistiques des recrues potentielles ou pour réinitialiser leurs talents sans avoir à affronter un des boss ultimes. N'oublions pas non plus l'ambitieux mod Battle Brothers Legends, qui enrichit et transforme en profondeurs le jeu. Comme souvent, pour les jeux sur consoles, il vous faudra probablement faire une croix dessus.
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