Il a bousculé les frontières du jeu-service au point de devenir un phénomène de société. Quatre ans et 18 saisons plus tard, Fortnite Battle Royale continue de séduire de nouveaux adeptes, avec une formule simple : 100 joueurs largués sur une île, un œil du cyclone qui rétrécit la taille de la map jouable, et le dernier survivant qui est sacré vainqueur. Est-ce toujours suffisant pour rester parmi les plus grands jeux en ligne du moment ?
- Genre : Battle Royale / jeu de tir à la troisième personne
- Date de sortie : 21 juillet 2017
- Plateformes : PlayStation 4, Nintendo Switch, Android, iOS, PC, Xbox One, PlayStation 5, macOS, Xbox Series
- Développeur : Epic Games
- Éditeur : Epic Games
- Prix : Gratuit avec microtransactions optionnelles
- Testé sur : PC
La survie, c'est fun
Si vous êtes à la recherche d'un BR réaliste, où la stratégie patiente est récompensée, fuyez. Fortnite s'épanouit dans son aspect cartoon, avec un monde coloré, parfois délirant, et où tout est destructible. Le jeu s'apparente même par moments à un défouloir. On fracasse des décors à grands coups de pioche, puis on prend une voiture et on part combattre un adversaire non loin. En dépit de sa catégorisation de "TPS", il n'y a pas une goutte de sang dans Fortnite. Epic Games joue la carte du "tout public" jusqu'au bout. Les morts sont comme dissouts dans un halo digitalisé. Pas de cri de douleur, ni de blessure.
La carte où se déroulent les combats est très petite, à côté de celles d'autres BR de renom. L'île de Fortnite a même été rétrécie avec l'arrivée du chapitre 2. L'objectif est évident : limiter les attentes et les recherches d'adversaires, et favoriser les contacts.
Fréquemment renouvelé, l'arsenal du jeu invite aussi les joueurs à lâcher prise. Tremplins sauteurs, consommables anti-gravité, grappins... Pas le temps de souffler, on se déplace vite.
Même les cosmétiques, payants ou non, contribuent à orienter le jeu vers le "cartoonesque". Les fameuses emotes et danses, que les joueurs réalisent après avoir gagné leur duel, font presque partie intégrante du gameplay. Elles sont tout à la fois des moqueries à l'égards des adversaires, et des occasions de rigoler un bon coup entre amis. Epic games n'a pas hésité à plonger dans le second degré avec ces items. Même chose pour les skins, où l'on se noie entre les partenariats sci-fi et les créations burlesques, made in Epic.
Cardiaque Royale
Viser le sacro-saint top 1, c'est aussi rechercher ce fameux frisson de la victoire. Celui qui est absolument propre aux BR, et qui s'accentue à mesure que le nombre de joueurs encore en vie se réduit. Le tant attendu duel de fin de partie, souvent éprouvant, est un moment toujours riche en émotions et en adrénaline. Epic Games a d'ailleurs tout fait pour rendre ce moment accessible à tous. Non pas qu'il soit aisé de faire top 1, mais l'éditeur a quand même mis BEAUCOUP d'huile dans les rouages. Avatars bot grotesques dans les parties débutants, matchmaking favorable... Faire top 1 est certes toujours plaisant (avec ce petit slow motion au moment de la dernière balle, quel bonheur...), mais ce n'est plus un exploit.
Un menu sans sel s'il vous plait
En jeu, l'interface n'a rien à se reprocher. Tout est très fonctionnel, avec une carte très pratique, une boussole pour rapidement communiquer les contacts avec ses équipiers, et un inventaire ultra lisible. Le tout sans prendre trop de place à l'écran. Rien à dire non plus sur les textures et les jeux de lumières, qui s'améliorent de saison en saison. Ca reste un style cartoon, mais vraiment très fluide.
Il n'en est pas de même pour le menu principal et le lobby. Quelques bugs d'invitation récurrents sont à déplorer. Et on ne vous parle pas des problèmes sur le vocal, ou même sur le paramétrage de groupes, plutôt complexes, et qui peuvent déboucher sur l'apparition inopinée de joueurs totalement inconnus (et rarement sympas) dans votre lobby vocal. Avant même de convoquer ses alliés, quand on découvre le jeu, on a vite fait de se paumer entre l'onglet créatif, les modes de jeu recommandés par Epic et le Battle Royale, qui occupe pour ainsi dire une place presque insignifiante dans le menu principal.
Construire plus vite que son ombre
Ceci étant dit, l'étiquette de "BR simplet et cartoon" ne sied pas à Fortnite. Tout bonnement car il s'agit de l'un des jeux les plus exigeants mécaniquement. L'Aim n'est pas le seul vecteur de compétence pour devenir un bon joueur. Il vous faudra également devenir un pianiste de la construction, un excité de l'architecture. Créer un escalier, s'enfermer dans une box, ouvrir, tirer, refermer... Une partition diablement complexe, que la plupart des vétérans des TPS abhorrent. La construction, c'est à la fois l'originalité de Fortnite, et son repoussoir. Mécaniquement, c'est un vrai challenge, mais qui offre aussi une satisfaction réelle en cas de progrès.
L'importance de la construction est telle que chez les joueurs expérimentés, le boxfight devient un compartiment de jeu bien spécifique, mêlant habileté de construction et réflexe. Chez ces mêmes joueurs, les fins de partie donnent d'ailleurs souvent à voir des montagnes d'édifices, en lieu et place de la topographie "naturelle" de l'ile.
Mauvais à Fortnite, heureux sur le jeu
Et comment ça se passe au fait, quand on décide de persévérer sur l'île de Fortnite, et d'enchaîner les top 1 dans des lobbys de plus en plus corsés ? Nous voilà en plein milieu du précipice, entre les joueurs occasionnels bienheureux et les compétiteurs, littéralement abandonnés par Epic Games. Qu'ils soient pros ou qu'ils y aspirent, les plus talentueux joueurs de Fortnite ont de quoi se plaindre. A commencer par un mode classé sans queue ni tête, l'Arène, où l'on peut gagner des points et des places dans le classement en campant chaque partie dans un buisson, parce que les 3/4 des joueurs en lice ne pensent qu'à s'entretuer dans la première ville venue, sans chercher vraiment le top 1. Le classement en Arène ne reflète d'ailleurs pas spécialement le niveau des joueurs, et Epic ne fait rien du tout pour hyper son mode classé, qu'on pourrait imaginer être important dans un tel jeu.
On pourrait aussi vous parler des parties en tournois, qu'Epic peine tellement à rendre intéressantes qu'il leur a ajouté un système de Storm Surge, tuant les joueurs qui se cachent au lieu de se battre. Véridique. Si des joueurs parviennent à se faufiler tactiquement de cachette en cachette, le ciel leur tombe sur la tête.