Développé par le papa du XCOM: UFO defense originel et financé via Kickstarter, Phoenix Point s'est aussi avéré être une des premières exclusivités sur l'EGS. Il nous faisait la promesse d'un renouveau du genre tactique, capable de concurrencer XCOM 2. Malheureusement, lors de sa sortie en décembre 2019, le jeu s'est avéré assez décevant, avec un design bancal, truffé de bugs et de problèmes d'équilibrage à bien des niveaux, et il était aussi assez pauvre. De nombreuses fonctionnalités annoncées n'étaient pas au rendez-vous, comme vous pouvez le découvrir dans notre test d'origine ci-dessous.
Mais, malgré tout cela, il disposait clairement de bonnes idées, ainsi que d'une base de départ solide sur laquelle greffer les fonctionnalités manquantes. Deux ans plus tard, après de nombreux patchs, la version console arrive avec le quatrième DLC payant, le moment est donc venu de faire d'une pierre deux coups et de juger à la fois si le portage est bon, et s'il a su évoluer autant que les monstruosités mutantes qu'il nous propose d'affronter.
- Genre : Stratégie, tactique au tour par tour
- Date de sortie : 1er octobre 2021
- Plateformes : Xbox One, PS4, bientôt Xbox Series et PS5
- Développeur : Snapshot Games
- Éditeur : Snapshot Games
- Prix : 39,99€
- Testé sur : PS4 et PS5
Une boîte de Pandore dans les rayons
Commençons par le portage, la bonne nouvelle est que le jeu dispose à présent d'un tutoriel enrichi avec un pseudo-protagoniste. Celui-ci nous enseigne les rudiments de la tactique, et surtout, les contrôles d'un jeu initialement conçus pour le combo clavier et souris, ensuite adaptés à la manette. N'espérez pas une prise en main instantanée, on tâtonne un peu au départ pour certaines fonctionnalités secondaires, comme la gestion de l'inventaire, mais on s'y fait et cela fonctionne bien, une fois les raccourcis retenus, et le jeu à la manette devient plaisant. C'est donc un bon point. La gestion de l'affichage des niveaux supérieurs des bâtiments est cependant un peu capricieuse par moment, mais cela semble être provoqué par un des nombreux bugs encore présents. Il n'est pas seul, puisque nous avons eu à relancer une mission après en avoir rencontré un autre qui bloquait nos actions. Les bugs sont moins nombreux qu'à l'époque, mais ils restent gênants. Un chargement est une punition suffisamment sévère dans le cas présent.
Ce n'est pas vraiment une surprise, mais les chargements sont terriblement longs sur PS4, souvent de plusieurs minutes. Chaque fois que vous lancez une mission, ou après en avoir terminé une, vous avez droit à un de ces chargements qui semblent interminables. Le pire étant que même sur PS5, ces chargements dépassent toujours la minute. Programmé à une date ultérieure, le patch Next-Gen censé débloquer le sacro-saint 4K/FPS sur cette console n'est pas encore disponible, nous ignorons donc si cela améliorera la vitesse des chargements, mais il ne faut pas trop compter dessus. Au moins, personne n'aura envie d'abuser du save scumming ici.
Bébé moche édition
La pluie de DLC est à la mode pour pas mal de gros jeux de stratégie et de 4X comme Civilization VI, Endless Space 2 et d'autres, et cela a la fâcheuse tendance à faire passer l'équilibrage à la trappe. La bonne nouvelle est que dans Phoenix Point, l'équilibrage était déjà mort ! La mauvaise nouvelle est qu'ensemble, les DLC déterrent son cadavre chacun à leur tour pour lui mettre une balle supplémentaire dans la tête, afin d'être bien sûr qu'il ne se relève pas, et vous allez devoir prolonger à l’excès votre campagne pour éliminer à l'usure chaque menace. La raison à cela ? D'un côté, ces quatre DLC inclus dans la Behemoth Edition enrichissent grandement le jeu, en ajoutant des types de mission, des tonnes d'ennemis, de l'équipement, des implants, et même un mini-jeu aérien, mais il est douloureusement évident qu'ils n'ont pas été pensés pour fonctionner tous en même temps, et en harmonie avec la campagne principale. Vous allez vous prendre une avalanche d'événements et de nouvelles histoires secondaires mal intégrés aux systèmes de jeu à gérer en simultané dès le début de votre partie, et vous n'allez plus savoir où donner de la tête avec cette espèce de créature de Frankenstein du DLC.
En plus de votre attention, ils vont aussi drainer sévèrement vos ressources. Par exemple, le troisième DLC, Ciels empoisonné, le contenu le plus problématique dans ce domaine, introduit la gestion de la défense aérienne si chère aux fans du premier XCOM, mais il le fait de la pire des manières possibles. Oubliez les chasseurs spécialisés pour défendre les cieux, à la place, vos véhicules de transport, complètement inadaptés à la chose, en ont la charge. On peut sentir le gros raccourci pris dans le développement, ce qui en fait une opportunité manquée de plus. Comme pour le reste du jeu, vos options d'évolution dans ce domaine sont ridiculement faibles, alors que chacune des dizaines de monstruosités volantes ennemies devient une forteresse volante surarmée. Vous n'avez pas non plus droit à des défenses anti-aériennes pour défendre vos bases. Cela va vous forcer à créer (ou plutôt voler à vos alliés) une véritable flottille de vaisseaux pour les avoir à l'usure, pendant que vous gérez la campagne et les événements des trois autres DLC. Heureusement qu'il est possible de les désactiver au lancement de la campagne au besoin, mais il est dommage d'en arriver là. Si ces systèmes avaient été pensés ensemble avec le jeu de base et intégrés harmonieusement, nous n'en serions pas là.
Encore inédit, le nouveau DLC intitulé Horizons Corrompus introduit de nouveaux ennemis un peu plus originaux comme l'Acheron qui va lâcher des spores toxiques, qui vont corrompre vos soldats, voire relever les ennemis morts. De nouvelles missions spéciales ainsi qu'une nouvelle classe de soldat avec d'importants bonus, mais aussi des contraintes importantes dans son utilisation : le mutoïde. Ces soldats créés en cuve avec des mutagènes peuvent adopter n'importe quelles compétences du jeu, qu'elles soient humaines ou pandoriennes, ce qui permet de créer des combinaisons potentiellement surpuissantes. Mais ils souffrent d'autres limitations en contrepartie, comme un nombre plus réduit de compétences, ou le besoin de consumer des mutagènes pour se soigner et développer d'autres capacités. Vous en aurez aussi besoin pour lutter contre la corruption qui va affecter vos soldats et leur santé mentale.
Au bout de la route
Malgré nos critiques acerbes, nous ne pouvons pas nier que Phoenix Point est tout de même dans un bien meilleur état qu'à sa sortie, à la fois au niveau des bugs et du contenu. Le jeu est plaisant voire satisfaisant en choisissant les bons réglages, ce qui en fait une alternative crédible à XCOM ou à Xenonauts. Mais il reste de nombreux problèmes d'équilibrage qui sapent tout cela, en particulier dans les modes de difficulté supérieurs, certains sont créés par les DLC, et d'autres présents depuis la sortie. L'évolution ridicule des ennemis en sacs à points de vie alors que les options de recherche et d'amélioration de l'équipement du joueur sont quasi-inexistantes en est un exemple. Le fonctionnement de la diplomatie et les relations avec les autres factions ne sont pas non plus très rentables ni cohérents, et il est toujours bien plus intéressant de les piller en boucle afin d'obtenir leurs technologies, leur équipement et leurs vaisseaux, plutôt que de vous allier à eux.
La gestion des véhicules est toujours aussi problématique, d'un côté, ils sont pathétiques, puisqu'ils ne peuvent pas recharger leurs armes après seulement quelques tirs durant une mission, alors qu'ils occupent la place de quatre soldats dans un transport, ce qui en fait un bien mauvais investissement. De l'autre, il est possible d'en abuser en chargeant/déchargeant vos soldats à chaque tour pour sniper les ennemis en toute impunité en faisant des allers-retours derrière un bâtiment. Le prochain patch d'équilibrage du jeu va chercher à améliorer certains des points listés plus haut, en particulier les plus gros abus du système diplomatique et de vol des factions. Il est prévu pour le 1er octobre sur PC, et pour fin octobre sur consoles, nous ignorons donc s'il va vraiment améliorer l'équilibrage général du jeu et son intérêt, ou s'il va se contenter de punir les joueurs contraints d'abuser des mécanismes du jeu en difficulté Légende. Un cinquième (et dernier ?) DLC serait aussi prévu pour cet hiver, mais il n'est pas inclus dans la Behemoth Edition. Si vous attendez depuis longtemps avant de décider de jouer, ou de relancer Phoenix Point, il peut être avisé de repasser plus tard.
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