Rogue Company est le dernier-né des studios Hi-Rez — notamment à l'origine de Paladins — : celui-ci se déroule dans une ville futuriste où il faut faire sa loi pour rendre le monde plus prospère. C'est un jeu à la troisième personne dans lequel vous pourrez incarner différents mercenaires dotés de compétences, d'armes et de gadgets qui leur sont propres. Il propose notamment de partir donc au combat par groupe de 4, dans différents modes de jeu arcade. Fait-il le poids face à tous les autres jeux de tir déjà présents dans la sphère du gaming ? Découvrez notre avis au travers de ce test.
- Genre : TPS
- Date de sortie : 21 juillet 2020 - lancement bêta fermée
- Plateforme : PC, PS4, Switch, Xbox One
- Développeur : First Watch Games
- Éditeur : Hi-Rez Studios
- Prix : free-to-play mais bêta ouverte payante
- Testé sur : PC
Comme à la vieille école
Rogue Company ne nous plonge pas dans des modes de jeu totalement inédits avec une identité propre, non. Les deux modes de jeu proposés sont très semblables à ceux que l'on peut retrouver sur CS:GO et Call of Duty. Après tout, c’est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures !
Assaut est un mode de jeu qui mélange à la perfection les MP emblématiques de Call of Duty : Match à mort par équipes et Domination. Pour remporter le round, il faut soit éliminer l’intégralité de l’équipe adverse ou bien terminer la capture du point. Nous avons un nombre de réapparitions limité, ce qui rend la partie de plus en plus tendue lorsque nous sommes dans les derniers slots de respawn.
Ici, le point à capturer est plus un “lieu de rencontre” entre les équipes, afin de ne pas tourner en rond sur la carte. En résumé, c’est un mode de jeu très dynamique qui ressemble énormément aux modes de Call of Duty.
Démolition est un mix entre le mode classique de CS:GO et le mode Recherche & Destruction de Call of Duty. Le but est très simple, vous devez poser une bombe/protéger un site de bombe tout en restant en vie. Les réapparitions ne sont pas possible, donc une fois mis K.O. vous ne pouvez plus jouer et devez attendre le prochain round. Rogue Company décrit ce mode comme étant le mode de jeu compétitif par excellence et on ne peut être plus d'accord. La moindre erreur ou un mauvais usage de votre personnage vous guidera vers la défaite.
Puisque nous parlons des personnages, Rogue Company propose de jouer une multitude de mercenaires qui ont une histoire, des compétences et des sets d’armes bien différents. C’est un trait de caractère que l'on peut retrouver sur Rainbow 6:Siege. Tout comme sur le célèbre jeu compétitif d’Ubisoft, les personnages sont atypiques, avec un rôle et des compétences bien précises qui auront une utilité au moment venu. C’est un choix qui n’est pas mauvais, car il est possible de vite s'identifier à un personnage et trouver celui qui convient le mieux à notre gameplay. Beaucoup de clins d’œil ont été effectués sur Rogue Company, notamment sur certaines compétences qui ressemblent fortement à des mécaniques qu'on retrouve sur Valorant et R6S.
Comme une impression de déjà-vu
Même si ça saute aux yeux, Rogue Company ne révolutionne pas le genre du FPS avec des nouveaux modes de jeu singuliers, mais tire du meilleur des jeux déjà présents dans la sphère. Il ne serait pas faux de penser qu’il s’agit d’un CS:GO/R6S-like, mais il est finalement bien plus agressif, à la manière d'un Call of Duty. Les parties se consomment assez rapidement, comme des parties d’arcade, ce qui retarde le sentiment de redondance.
Par rapport à CS:GO, la ressemblance est très troublante sur le système de boutique à chaque fin de partie. Dans ce shop, vous pourrez acheter deux armes, deux accessoires mortels/létaux et des atouts de survie - dites bonjour au système d’atout sur Modern Warfare ! - “totems” de votre personnage. Cette boutique est néanmoins casualisée : en effet, si l'on se retrouve éliminé durant la partie, les armes ne sont pas perdues. Au contraire, elles restent bien au chaud et il est même possible de les améliorer si les dollars prennent trop de place dans le portefeuille.
C’est un point qui pourrait décevoir les personnes aimant jouer à CS:GO ou Valorant, mais qui pourrait conforter ceux qui ont du mal avec ce système très punitif. Cependant, il est indéniable que l’équipe qui remporte la partie et qui fait le plus de performance aura beaucoup plus d’argent pour améliorer les armes et/ou acheter des items. La loi du plus fort, vous connaissez déjà la chanson.
Les parties sont bien rythmées, avec toujours la possibilité de retourner la game ou de réaliser un clutch. La question que l'on peut soulever est notamment l’impression très forte de déjà-vu, et si elle sert ou dessert le jeu. Concrètement : est-ce que reprendre les codes de certains jeux déjà leader sur la scène est une bonne idée ?
Pour le cas de Rogue Company (mais aussi de Valorant, qui reste très récent), on peut penser que c’est une bonne chose. En utilisant du vieux pour faire du neuf, cela empêche les joueurs d'être en terre totalement inconnue. Overwatch avait procédé à ce même système de recyclage pour certains modes de jeu — même s’il propose des modes plus atypiques maintenant — ce qui avait mis les joueurs dans un certain confort. Ainsi, les marques sont vite prises et les nouveautés ne sont pas trop longues à dompter. Car selon les joueurs et le jeu en question, il peut être assez frustrant de devoir se faire la main sur un nouveau gameplay en étant obligé de passer un nombre incalculable d’heures sur le jeu. C'était, au final, un choix audacieux, mais ça marche !
En route mauvaise troupe !
La prise en main n’est pas si compliquée en soi, puisque la vision TPS ne choque pas. Ce qui est le plus difficile, c'est de trouver l’excellence en terme de touches et de raccourcis pour savoir quoi faire au bon moment, et surtout le faire vite. Une fuite discrète ou une grenade bien placée peuvent totalement changer la donne.
Rogue Company requiert deux qualités, habituellement aux antipodes l'une de l'autre : la patience et l'agressivité. Le gameplay dans les différents modes de jeu requiert d’être assez prudent, mais pas comme sur CS:GO ou encore Valorant. La prudence doit surtout être de mise pour l’utilisation des accessoires, du temps de cover pour récupérer vos points de vie — encore une fois, toutes nos salutations à Call of Duty — et des déplacements sur la carte. Sinon, une fois le combat enclenché, les mauvais coups par-derrière ou les attaques un peu greedy sont permis et très souvent récompensés par une victoire dans le round.
Mais sans une bonne connaissance des mercenaires, vous ne pourrez pas jouer en toute tranquillité en pouvant faire confiance à vos mates. Il est primordial de maîtriser l’usage des compétences spéciales ainsi que leurs utilités. L'analyse de la situation et la communication sont — à notre sens — les clés de la victoire. Le choix des bonnes armes et surtout des bons atouts sont importants pour tenter de "clutch" les parties. En effet, les atouts proposés par votre personnage peuvent être des vrais counters à vos ennemis. De ce fait, prenez le temps de bien connaître les mercenaires pour éviter de mourir bêtement tout en étant surpris de la charge que vous venez de prendre de plein fouet.
Des tier lists ainsi que des stratégies de groupe seront à prévoir pour profiter pleinement du jeu. Certains personnages possèdent une excellente synergie entre eux, que ce soit en attaque ou en défense d’un point, et cela pourrait beaucoup plaire aux personnes attirées par la stratégie. En effet, les mercenaires ont des rôles bien différents et sont bien plus utiles soit dans la défense soit dans l’attaque d’un point, ce qui appuie encore l’argument de devoir bien connaître les personnages avant de jouer. Ceci pourrait éventuellement éviter du trashtalk sur le chat, qui arriverait plus vite qu'on ne le pense...
Quelques ratés
Certains éléments font défaut actuellement sur Rogue Company. Par exemple, il est important de connaître les cartes, pour pouvoir attaquer ou défendre efficacement. Malheureusement, certaines sont bien trop petites et donnent une vision très (trop ?) ouverte sur la zone de respawn lorsque l'on protège un point. Il est toujours fâcheux de se prendre une rafale et de mourir juste après sa réapparition. Dans le même genre, les zones de rez sont toujours les mêmes, ce qui ouvre la porte aux trolls qui aiment camper les zones de réapparition pour remporter la victoire sans trop de problèmes. Certaines cartes doivent être revues pour la release afin d’éviter la baisse de la qualité de vie des joueurs.
Il en va de même avec certains personnages qui ont des compétences assez incroyables comparées à d’autres. Ce genre de déséquilibre peut être un bon moyen pour tenter de counter le mercenaire problématique, mais les armes sont bien trop différentes selon les héros et — bien évidemment —, le personnage qui a la compétence la plus puissante se dote AUSSI des armes les plus destructrices. Une petite révision et séance d'équilibrage des personnages, notamment Chaac, pourraient être les bienvenues.
Pour finir, quelques bugs d’animation et de texture sont assez rageants, car on se retrouve de temps en temps face à l’ennemi sans le vouloir. Il existe un léger décalage entre les murs et les ouvertures qui est assez pénible, et qui permet à l’ennemi de nous toucher alors que l'on pense être à couvert. Néanmoins, ce sont des petits réglages qui devraient être corrigés lors d’un futur patch.
Du vieux pour faire du neuf ?
Concernant les graphismes et l’ambiance générale, Rogue Company a une bonne direction artistique, notamment en ce qui concerne les personnages, tous charismatiques et avec une identité et des valeurs qui leur sont propres. Le level design est tout à fait notable pour un TPS, et les textures des personnages et du décor sont plutôt réussies. L'environnement est agréable et ne donne en aucun cas la sensation de zones vides et sans vie. La sobriété est de mise pour les décors, mais les personnages sont hauts en couleur, ce qui donne un entre-deux plutôt réussi.
Au rayon des nouveautés, on note une fonctionnalité très intéressante : le cross-save, qui vous permettra de garder votre progression à tout moment et sur toutes les plateformes en liant votre compte. C'est une fonctionnalité qui pourrait plaire aux personnes qui comptent jouer sur PC, puis sur leur console de salon par exemple (ou portable avec la Switch).
Sans parler de la bande-son de Rogue Company qui est très entraînante, on se repasserait en boucle la présentation des personnages pour vivre encore et encore ce moment assez badass. On est clairement au-dessus de CS:GO ou de Valorant, mais on reste encore loin de Modern Warfare.
Des features restent néanmoins des "indémodables" et sont, pour le coup, très appréciées dans ce jeu : le système de ping — qui laisse encore à désirer en bêta — très utile pour prévenir de l'emplacement d'un ennemi, les roulades pour esquiver avec plus de style, le changement d'épaule pour la visée chose très peu vue sur les TPS et la réanimation — qui rate de temps en temps — pour renforcer l'aspect "esprit d'équipe". Côté modèle économique, Rogue Company est comme Paladins, c'est-à-dire qu'il sera free-to-play avec des achats intégrés. Vous pourrez avancer à votre rythme sans dépenser un sou — sauf pour des skins légendaires et autres cosmétiques —, mais les plus dépensiers pourront aussi choisir de faire chauffer la carte bleue.